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Coronavirus : la télémédecine, un outil précieux pour les patients et les soignants


Rédigé par Rédaction le Jeudi 30 Avril 2020 à 14:24 | Lu 1538 fois


Tribune de Miriam Fettache pour le Groupe SQUARE.



Coronavirus : la télémédecine, un outil précieux pour les patients et les soignants
Depuis sa mise en place suite au décret du 19 octobre 2009, la télémédecine restait jusqu’ici une pratique marginale au sein du corps médical. Face à la conjoncture sanitaire actuelle, l’usage de la téléconsultation a connu une forte croissance car le personnel soignant a dû s’adapter afin de continuer à proposer une offre de soins en cette période de pandémie due au virus Covid-19.

À l’origine imaginée pour répondre à la déficience d’offre de soins ou apporter une solution aux personnes ayant des difficultés à se déplacer, la télémédecine constitue aujourd’hui une réponse au défi auquel est confronté le secteur médical. Elle représente une autre manière de soigner avec les mêmes exigences de qualité et de sécurité, et elle englobe cinq actes que sont la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance, la téléassistance et la régulation médicale. Le personnel médical doit juger de la pertinence d’une téléconsultation, le médecin peut ainsi estimer qu’elle n’est pas adaptée à la situation clinique du patient. À l’heure actuelle, elle constitue une alternative efficace afin de limiter les contacts physiques et de lutter contre la propagation du virus.

Une adoption renforcée par la crise du coronavirus

Alors que le plan Santé 2022 du Gouvernement visait à accélérer le recours à la télémédecine, il semble que ce soit la crise du Coronavirus qui renforce son adoption. Le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a annoncé dans le décret du 9 mars un assouplissement des conditions de téléconsultation afin de faire face à l’épidémie. De son côté, la plateforme Doctolib, leader de la téléconsultation en France, a proposé son service gratuitement afin de répondre à la crise du Covid-19. Depuis le début de l’épidémie, des centaines de demandes d’accès au service ont été réalisées par les médecins utilisateurs, et le directeur de la plateforme annonce déjà un doublement du nombre de médecin utilisant la téléconsultation. Par ailleurs, de nombreux acteurs proposent leur solution de télémédecine, ce qui laisse une crainte quant à l’utilisation des données de santé. Pour répondre à cela, le ministère de la santé a publié une liste des solutions de télémédecine auxquelles une note a été attribuée en fonction du niveau de sécurité.

La télémédecine présente bien d’autres avantages et constitue une pratique plus étendue. En effet elle concerne de plus en plus d’actes médicaux (la téléimagerie, la téléneurologie, la télédermatologie, la médecine fœtale et l’imagerie cérébrale néonatale). Cette méthode permet d’une part l’amélioration de l’efficience des organisations de santé et à la fluidification du parcours de soins. D’autre part, elle contribue à juger de la pertinence de certaines réhospitalisations et permet d’éviter les engorgements au sein des hôpitaux. Selon une étude réalisée par IQVIA, l’usage de la télémédecine permet de réduire les coûts de 6% à 21% selon les pathologies, soit jusqu’à 356 millions d’euros d’économies concernant les coûts des consultations, les frais de transport et les arrêts de travail liés au suivi. La télémédecine offre également un accès direct à l’ensemble des données accessibles, ce qui permet une optimisation de la gestion des activités autour du parcours de soins.

Des freins à lever pour pouvoir véritablement améliorer l'efficience du système de santé

Les données du baromètre Ipsos indiquent que la télémédecine permettrait de mieux gérer le nombre de demandes de consultations pour 70% des médecins, et 59% d’entre eux y voient un levier pour améliorer la prise en charge des patients chroniques. Alors qu’il est évident aujourd’hui que la télémédecine vise à améliorer l’efficience du système de santé, elle reste cependant confrontée à de nombreux freins auxquels il faut tenter de remédier.

Il existe des obstacles financiers et culturels concernant l’harmonisation des systèmes d’information et les changements dans la façon de travailler qui devient plus mobile via l’utilisation des smartphones et objets connectés. Par ailleurs, il faut gérer l’organisation du temps de travail des professionnels de santé afin de contrôler les flux liés à la télémédecine. Il convient donc de former et de sensibiliser les patients et professionnels de santé. Dans le cadre du développement de « l’Espace Numérique en Santé » piloté par la DNS, un tour de France de la e-santé est prévu afin de rencontrer les usagers et de les faire participer à la co- conception de cet espace numérique.
 

Sécurité et interopérabilité, deux enjeux de taille

Dans ce contexte d’urgence sanitaire, il semble que le virage du numérique en santé s’accélère fortement. Une explosion des données de santé est à prévoir, il est donc nécessaire d’avoir recours au dossier médical partagé (DMP) pour stocker les données qu'il sera utile de partager tout au long du parcours. Cependant la multiplicité des services et outils numériques proposés à la fois par différents acteurs public et privé ne sont pas articulés entre eux. L’enjeu majeur est d’assurer l’interopérabilité pour permettre la continuité du parcours de soins, la mise en place d’un bouquet de services par les pouvoirs publics permettra une homogénéisation accrue entre les systèmes d’information et de mieux connaitre l’offre de services numériques disponible.

L’un des grands défis du numérique est de valoriser la donnée puisque l’analyse des données de santé est primordiale pour faire avancer la recherche et elle facilite la réalisation des études épidémiologiques. Pour cela, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques du ministère des Solidarités et de la Santé (DREES), pilote le lancement du Health Data Hub dont la mission est de permettre une analyse des données à grande échelle. Le recours à la télémédecine et au numérique est aujourd’hui inévitable et doit se faire dans un respect de l’éthique et de façon sécurisée.

Ainsi face aux vulnérabilités des systèmes d’information, les professionnels doivent utiliser des outils respectant le règlement général sur la protection des données (RGPD), la réglementation relative à l’hébergement des données de santé (HDS). Pour l’heure, un gros travail est attendu du côté des autorités afin de renforcer la sécurité des systèmes et de mettre en place une cyber-surveillance concernant l’utilisation des données personnelles par ces outils.


NDLR : les inter-titres sont de la rédaction.






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