Alors que les femmes médecins représentent aujourd’hui près de la moitié des effectifs, les différences avec leurs confrères persistent. Peuvent-elles s’expliquer par des pratiques professionnelles différentes ou encore une autre manière de mener leurs carrières ? Quel regard portent les patients lorsque c’est une praticienne ou un praticien ? L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est-il plus impacté chez la femme ? Quelle confiance ont-elles en leur leadership sur leur lieu de travail ?
Dans le cadre d’une enquête exclusive, Medscape a sollicité plus de 1000 praticiens et praticiennes français pour apporter des éléments de réponse à ces questions.
Dans le cadre d’une enquête exclusive, Medscape a sollicité plus de 1000 praticiens et praticiennes français pour apporter des éléments de réponse à ces questions.
Les femmes médecins peu reconnues par les patients
Lorsque les praticiens sont des femmes, 62% des patients adoptent un comportement plus familier : ils les tutoient, les appellent par leur nom ou leur prénom au lieu de les appeler « Docteur ». Ce type de comportement touche 51% des hommes. Plus de deux tiers des praticiennes sont confondues avec une professionnelle de santé moins qualifiée comme une infirmière ou une assistante médicale, contre 19% des hommes.
« 44% des femmes considèrent que leur sexe a une influence négative voire très négative sur leur carrière, et un quart sur leurs revenus » précise Véronique Duquéroy, Directrice, Medscape Editorial.
La majorité des femmes constatent que les hommes sont plutôt neutres quant à l’évolution des inégalités des sexes sur leur lieu de travail. Seulement un quart d’entre elles constatent qu’ils ont une opinion favorable. Ainsi, une urgentiste de 55 ans raconte : « Ce qui m'agace le plus souvent, c’est d’être obligée de préciser ma fonction au patient [...], surtout quand il y a aussi un homme dans l'équipe, qui à ses yeux est le médecin et moi l'infirmière. »
« 44% des femmes considèrent que leur sexe a une influence négative voire très négative sur leur carrière, et un quart sur leurs revenus » précise Véronique Duquéroy, Directrice, Medscape Editorial.
La majorité des femmes constatent que les hommes sont plutôt neutres quant à l’évolution des inégalités des sexes sur leur lieu de travail. Seulement un quart d’entre elles constatent qu’ils ont une opinion favorable. Ainsi, une urgentiste de 55 ans raconte : « Ce qui m'agace le plus souvent, c’est d’être obligée de préciser ma fonction au patient [...], surtout quand il y a aussi un homme dans l'équipe, qui à ses yeux est le médecin et moi l'infirmière. »
L’équilibre vie personnelle-vie professionnelle : un enjeu partagé aussi bien par les hommes que les femmes au regard des conditions de travail
Quand on les interroge sur leurs conditions de travail, le premier élément de réponse se porte sur l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle, un réel défi partagé aussi bien par les hommes que par les femmes. Cependant, les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes à souligner l’importance de pouvoir concilier travail et responsabilités en tant que parent.
Parmi les praticiens et praticiennes interviewés, 89% des hommes et 82% des femmes ont des enfants. En tant que médecin, 2 femmes sur 5, contre 1 homme sur 6 évoquent le fait que leur métier a une influence sur le choix d’avoir ou non des enfants ainsi que sur le nombre d’enfants qu’ils ont eu. « De nombreuses praticiennes ont exprimé des regrets sur le fait de ne pas avoir eu plus d’enfants ou encore sur le manque de temps qu’elles peuvent leur consacrer, notamment en raison des gardes. » précise Véronique Duquéroy, Directrice, Medscape Editorial.
Une cardiologue de 43 ans confirme : « On m’a proposé un poste de CCA [chef de clinique assistant] en me demandant de ne pas faire de bébé pendant ce temps [...] J’ai mis 10 ans pour avoir 2 enfants [...]. Mes collègues m’ont détestée, mon patron me reproche de prendre mes congés : inadmissible pour lui d’en prendre autant quand on travaille en CHU. »
48% des hommes versus 39% des femmes considèrent que leur métier de médecin, et par conséquent les horaires et les exigences que cela comprend, ont un impact négatif sur leur rôle de parent. Lorsqu’un enfant est malade, c’est plus souvent les femmes (21%) que les hommes (6%) qui restent à la maison pour s’en occuper.
Parmi les praticiens et praticiennes interviewés, 89% des hommes et 82% des femmes ont des enfants. En tant que médecin, 2 femmes sur 5, contre 1 homme sur 6 évoquent le fait que leur métier a une influence sur le choix d’avoir ou non des enfants ainsi que sur le nombre d’enfants qu’ils ont eu. « De nombreuses praticiennes ont exprimé des regrets sur le fait de ne pas avoir eu plus d’enfants ou encore sur le manque de temps qu’elles peuvent leur consacrer, notamment en raison des gardes. » précise Véronique Duquéroy, Directrice, Medscape Editorial.
Une cardiologue de 43 ans confirme : « On m’a proposé un poste de CCA [chef de clinique assistant] en me demandant de ne pas faire de bébé pendant ce temps [...] J’ai mis 10 ans pour avoir 2 enfants [...]. Mes collègues m’ont détestée, mon patron me reproche de prendre mes congés : inadmissible pour lui d’en prendre autant quand on travaille en CHU. »
48% des hommes versus 39% des femmes considèrent que leur métier de médecin, et par conséquent les horaires et les exigences que cela comprend, ont un impact négatif sur leur rôle de parent. Lorsqu’un enfant est malade, c’est plus souvent les femmes (21%) que les hommes (6%) qui restent à la maison pour s’en occuper.
Les femmes médecins expriment un manque de confiance en elles au travail
61% des hommes se sentaient plus confiants dans leur rôle de direction contre 49% des femmes : une sur 5 exprimant même des doutes sur leurs capacités.
Un anesthésiste de 34 ans reconnait : « Pendant un temps (bref) de responsable de zone, j'ai constaté que je sous-estimais la différence de comportement au niveau de la hiérarchie envers les femmes. Mes collègues femmes, à compétence/poste égal se retrouvaient bien plus souvent contestées que les hommes... alors même que le haut de la hiérarchie était majoritairement féminin. Je ne me croyais pas naïf, mais je ne mesurais pas l'ampleur de la chose ».
Ce manque de confiance se traduit également dans leur négociation d’une augmentation de salaire puisque 50% des femmes s’estiment malhabiles contre 29% des hommes. Dans le cadre de leurs activités, les femmes sont amenées à solliciter des mentors pour des conseils professionnels mais elles font deux fois plus souvent appel à des référents ou mentors de sexe féminin que les hommes (10% vs 5%).
De ce fait, 61% femmes pensent devoir changer leur personnalité ou encore leur comportement pour être davantage prises au sérieux au travail. Ainsi, une généraliste de 50 ans admet : « pour réussir, j’ai dû adopter les codes masculins et surtout ne jamais montrer ma vulnérabilité en tant que femme. C’est désolant, mais cela perdure encore en 2021 pour mes jeunes collègues. »
Un anesthésiste de 34 ans reconnait : « Pendant un temps (bref) de responsable de zone, j'ai constaté que je sous-estimais la différence de comportement au niveau de la hiérarchie envers les femmes. Mes collègues femmes, à compétence/poste égal se retrouvaient bien plus souvent contestées que les hommes... alors même que le haut de la hiérarchie était majoritairement féminin. Je ne me croyais pas naïf, mais je ne mesurais pas l'ampleur de la chose ».
Ce manque de confiance se traduit également dans leur négociation d’une augmentation de salaire puisque 50% des femmes s’estiment malhabiles contre 29% des hommes. Dans le cadre de leurs activités, les femmes sont amenées à solliciter des mentors pour des conseils professionnels mais elles font deux fois plus souvent appel à des référents ou mentors de sexe féminin que les hommes (10% vs 5%).
De ce fait, 61% femmes pensent devoir changer leur personnalité ou encore leur comportement pour être davantage prises au sérieux au travail. Ainsi, une généraliste de 50 ans admet : « pour réussir, j’ai dû adopter les codes masculins et surtout ne jamais montrer ma vulnérabilité en tant que femme. C’est désolant, mais cela perdure encore en 2021 pour mes jeunes collègues. »
Autres résultats clés de l’enquête
La place des femmes dans les congrès et les publications scientifiques
- Plus d’un quart des femmes médecins estiment que leur sexe constitue un obstacle au fait d’être invitée à présenter des résultats de recherche dans des congrès médicaux. Pour plus d’une sur 5, cela a aussi une influence négative sur leurs possibilités de publier dans des revues scientifiques.
La discrimination sur leur lieu de travail
- Plus de 2 femmes médecins sur 5 (contre 4 hommes sur 50) rapportent avoir été victimes de discriminations en raison de leur sexe sur leur lieu de travail actuel. Cela concerne en majorité les femmes de moins de 45 ans (55%).
La place des femmes dans les congrès et les publications scientifiques
- Plus d’un quart des femmes médecins estiment que leur sexe constitue un obstacle au fait d’être invitée à présenter des résultats de recherche dans des congrès médicaux. Pour plus d’une sur 5, cela a aussi une influence négative sur leurs possibilités de publier dans des revues scientifiques.
La discrimination sur leur lieu de travail
- Plus de 2 femmes médecins sur 5 (contre 4 hommes sur 50) rapportent avoir été victimes de discriminations en raison de leur sexe sur leur lieu de travail actuel. Cela concerne en majorité les femmes de moins de 45 ans (55%).