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Blanchisserie

À Sarreguemines, une rénovation exemplaire


Rédigé par Joëlle Hayek le Mercredi 27 Mars 2024 à 15:00 | Lu 1385 fois


Implantée à Sarreguemines, la Blanchisserie territoriale de Moselle Est a été entièrement rénovée grâce à une importante subvention européenne. Après six mois de travaux réalisés en site occupé, elle a ainsi pu doubler sa capacité de production et prendre le virage du tout-séché. Nous découvrons cette « prouesse industrielle, organisationnelle et technique » avec Loïc Maignan, directeur adjoint du CH de Sarreguemines en charge des achats, de la logistique et des investissements.



© Blanchisserie territoriale de Moselle Est
© Blanchisserie territoriale de Moselle Est
Pourriez-vous nous présenter la blanchisserie ? 

Loïc Maignan : Construite en 2007, celle-ci traitait, à l’origine, le linge du Centre hospitalier spécialisé (CHS) de Sarreguemines, un établissement public de santé mentale. En 2009, elle a également pris en charge le linge du Centre hospitalier (CH) de Sarreguemines, qui venait d’être reconstruit en mitoyenneté du CHS, et celui du Centre hospitalier intercommunal (CHIC) Unisanté+ de Forbach Saint-Avold, également membre du Groupement hospitalier de territoire (GHT) de Moselle Est tout juste constitué. Soit un total de 4,5 tonnes de linge par jour pour une structure alors dénommée « Blanchisserie interhospitalière (BIH) de Sarreguemines », qui employait 26 équivalents temps plein (ETP). En 2020, nous avons lancé une réflexion autour de la performance et la résilience de la fonction linge. L’inscription de la BIH dans une approche territoriale s’est rapidement imposée, afin de positionner la fonction linge comme vecteur d’amélioration de la qualité des soins, a fortiori dans un contexte de raréfaction des ressources paramédicales. 

Vous avez alors souhaité prendre le virage du tout-séché.

Cette organisation nous semblait effectivement pertinente dans le contexte de l’après-Covid. Mais elle imposait le renouvellement quasi complet de notre parc de machines, et le remplacement du linge plat classique par des articles en jersey, ce qui allait modifier les habitudes de travail des soignants. Il s’agissait donc d’un projet de restructuration totale, nécessitant des investissements à hauteur de 6 millions d’euros. Face à ce défi financier, nous avons obtenu une subvention, d’abord de 1,7 million d’euros réévaluée à 4,6 millions d’euros, via le plan de relance REACT EU. Le coût total de l’opération a donc été financé à 80 % par l’Union européenne, ce qui est suffisamment rare pour être souligné ! Mais nous avions des exigences à respecter pour bénéficier de cette aide.

Lesquelles ?

Il nous fallait finaliser les travaux avant la fin de l’année 2023, et donc parvenir à doubler nos capacités de production sans toucher à l’enveloppe extérieure du bâtiment, car le dépôt d’un permis de construire aurait rallongé la durée des travaux. Nous avons alors eu l’idée de modifier entièrement l’intérieur de la blanchisserie pour créer un rez-de-chaussée et un premier étage, et augmenter ainsi la surface utilisable. Les travaux, qui ont démarré en juin 2023, ont été réalisés en site occupé, et la production n’a été interrompue que deux jours. Six mois plus tard, en décembre 2023, le nouveau process entrait en production.

Comment avez-vous réussi cette prouesse ?

En créant une dynamique vertueuse, associant toutes les parties prenantes ! Les agents de la blanchisserie et les soignants ont notamment pu bénéficier d’un accompagnement de proximité, pour bien appréhender les enjeux du projet, mais aussi échanger sur leurs contraintes respectives afin que chacun puisse mieux saisir sa contribution à la fluidité des organisations. Notre volonté de rechercher des solutions en collégialité a certainement aussi permis de renforcer la mobilisation générale, de même que l’appui apporté par les partenaires sociaux. Pour résumer, le défi a pu être relevé car nous avons tous travaillé de manière constructive et en bonne intelligence. À savoir aussi, nous avons bénéficié d’une assistance technique à maîtrise d’ouvrage par Marc Drezen, le responsable du GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé, qui dispose d’équipements similaires à ceux que nous étions en train de mettre en place. Nos équipes ont ainsi pu mieux se préparer à la mise en production.

Comment avez-vous, en parallèle, préparé les équipes soignantes ?

Nous avons mis en œuvre une véritable conduite du changement. Dès l’été 2022, chaque service, au sein de chacun des trois établissements alors desservis par notre blanchisserie, a ainsi eu l’opportunité de tester les nouveaux articles jersey trois semaines durant, ce qui a permis d’ajuster notre offre en fonction des retours locaux. Nous avons en outre travaillé sur de nouveaux modèles de chariots de nursing, créé des chambres tests, réorganisé les lingeries locales, etc. Par exemple, il n’y a plus, aujourd’hui, de stocks tampons, ce qui nous permet de mieux maîtriser les flux. Pour lisser les volumes et gagner en productivité, nous avons toutefois élargi les horaires de fonctionnement de la blanchisserie, qui devrait à terme être opérée par 40 ETP.

Un mot, peut-être, sur la dimension territoriale évoquée précédemment ?

Forte de sa nouvelle capacité de 9 tonnes/jour, la blanchisserie devrait progressivement desservir tous les établissements de santé publics et privés non lucratifs de l’est de la Moselle. Et nous nous sommes véritablement donné les moyens de cette ambition. Par exemple, là où notre ancien tunnel de lavage ne pouvait traiter que 45 kg à la fois, le nouvel équipement est configuré pour 60 kg, alors même qu’il est plus compact. C’est d’ailleurs loin d’être le seul impact positif lié à la modernisation de nos machines ! Nous avons déjà sensiblement diminué notre consommation d’eau, et devrons également pouvoir réduire notre consommation de produits lessiviels.

Ce volet écologique était l’un des objectifs du projet. Pourriez-vous nous en parler ?

La nouvelle blanchisserie s’inscrit en effet dans une démarche de Responsabilité sociale et environnementale (RSE). Sur le plan environnemental, une partie de notre consommation électrique sera à terme produite par des panneaux photovoltaïques, la chaleur produite par nos machines devrait chauffer le self des salariés des CH et CHS de Sarreguemines, et une partie des eaux en sortie de lavage devrait être réutilisée pour nos process. En termes d’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT), le tout-séché a déjà permis de mettre en œuvre un tri au propre, pour limiter l’exposition de nos agents à des organismes potentiellement pathogènes et réduire la pénibilité de leur travail. Nous avons également déployé un nouveau convoyeur automatique pour le transport du linge propre, travaillons sur l’automatisation de l’ouverture des sacs de linge sale, et testons l’utilisation d’un exosquelette pour continuer de limiter le port de charges lourdes. 

Le mot de la fin ?

Entre 2022 et 2023, nous nous sommes surtout concentrés sur le respect de l’échéance imposée par le programme REACT EU. Maintenant que cette première marche a été passée avec succès, nous pouvons désormais lancer d’autres projets inscrits dans une démarche d’amélioration continue. Toutes nos équipes continuent de se mobiliser pour relever ces nouveaux défis, et je salue une fois de plus leur implication. Les retours de nos agents, de même que ceux des soignants, des patients et des résidents, sont d’ailleurs aujourd’hui très positifs, preuve, s’il en est, que nous avons visé juste. En ce qui me concerne, je suis heureux d’avoir pu montrer qu’il était possible, à l’hôpital, de mener des projets ambitieux et complexes dans des délais extrêmement courts, en créant un cadre de confiance qui permette à chacun de se sentir concerné par la construction d’une dynamique collective.

> Article paru dans Hospitalia #64, édition de février 2024, à lire ici 
 






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