Le projet Clean Hospitals a été lancé lors de la conférence ICPC 2019. De gauche à droite, les Docteurs Alexandra Peters (Suisse), Jon Otter (Royaume-Uni), Pierre Parneix (France) et Andreea Moldovan (Roumanie).©DR
Dans quel contexte le projet Clean Hospitals a-t-il vu le jour ?
Dr Pierre Parneix : Tout a commencé à l’initiative du Professeur Didier Pittet, médecin infectiologue et épidémiologiste aux Hôpitaux Universitaires de Genève, en Suisse, par ailleurs responsable du programme « Un soin propre est un soin plus sûr » pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En 2018, ce spécialiste du contrôle des infections a souhaité mettre en place un POPS (Private Organizations for Patient Safety, association de promotion pour la sécurité des patients) dédié à l’hygiène de l’environnement, sur le modèle de celui qu’il a créé, avec succès, pour l’hygiène des mains.
En quoi consiste plus concrètement ce POPS ?
L’idée est de réunir une équipe d’experts internationaux et d’industriels pour évoquer ce sujet complexe sous toutes ses dimensions – bio-nettoyage, traitement de l’air et de l’eau, stérilisation des instruments, gestion des déchets, etc. –, avec comme fil rouge une assise scientifique. Il s’agit donc à la fois de promouvoir les bonnes pratiques, y compris sur le plan normatif, et de favoriser l’innovation pour des hôpitaux toujours plus sûrs.
Le projet a été quelque peu ralenti par l’épidémie. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
La crise sanitaire n’a effectivement pas été sans impact sur notre calendrier initial, mais elle a, aussi et surtout, souligné avec force le rôle significatif joué par le bio-nettoyage dans la prévention du risque infectieux. Le projet Clean Hospitals est donc aujourd’hui plus pertinent que jamais. Le 10 octobre 2020, nous avons ainsi lancé le tout premier Clean Hospitals Day, une journée internationale suivie, le 20 octobre, d’une télé-classe* que j’ai co-animée avec Didier Pittet. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, issues d’une cinquantaine de pays sur quatre continents, l’ont suivi en direct – c’est dire si le sujet mobilise. Nous avons également collaboré aux deux dernières éditions du Interclean Healthcare Forum, fin 2020 à Amsterdam et en avril dernier à Pékin, et envisageons un Clean Hospitals Digital Day le 29 juin prochain.
Quels seront les prochains jalons ?
La dynamique s’accélère. Nous préparons ainsi une vidéo pour rappeler les fondamentaux de l’hygiène environnementale. Il n’y a pas ici de technique idéale, puisque chaque établissement a des spécificités qui lui sont propres, mais certains points sont universels, comme l’évaluation régulière des pratiques, l’ergonomie des outils, la sélection de produits à l’efficacité démontrée, etc. L’objectif étant, à terme, d’élaborer des recommandations applicables à grande échelle. Nous nous appuierons notamment sur les travaux actuellement menés par Alexandra Peters, une jeune chercheuse aux Hôpitaux Universitaires de Genève qui, pour sa thèse, effectue une revue de la littérature sur le rôle de l’environnement en matière de risque infectieux et les actions qui ont été efficaces pour le maîtriser. Un autre projet phare, qui devrait se concrétiser d’ici deux ans, vise à mettre à disposition des hôpitaux un outil d’auto-évaluation sur l’hygiène de l’environnement, sur le modèle de celui utilisé par l’OMS pour l’hygiène des mains. Ils pourront ainsi mieux mesurer leur performance et surtout s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue des pratiques.
Clean Hospitals soutient également le progrès technique. Comment vous positionnez-vous ici ?
Les technologies dont nous disposons pour maîtriser les risques infectieux liés à l’environnement sont en effet en constante évolution – plus ergonomiques, plus écologiques, etc. C’est pourquoi Clean Hospitals porte avec les industriels une réflexion commune sur les innovations en cours et la manière dont leur impact pourra être mesuré. Il faudra pour cela développer des normes internationales, sur le modèle de celles qui existent déjà en France et en Europe pour les procédés de désinfection des surfaces par voie aérienne, les produits biocides, les surfaces antimicrobiennes, etc. Cela est d’autant plus nécessaire que l’hygiène de l’environnement est un sujet qui une fois de plus dépasse les murs de l’hôpital. Les problématiques qu’il recouvre sont néanmoins complexes, d’où l’idée d’avancer par petits pas, en commençant par le bio-nettoyage et la désinfection avec quelques fondamentaux basés sur les données de la science.
Vous avez évoqué l’évaluation régulière des pratiques à travers, notamment, l’outil en cours de développement. Que pouvez-vous déjà préconiser ?
Maîtriser un risque infectieux, quel qu’il soit, impose en effet une approche multimodale, avec la mise en place d’un bouquet de mesures pratiques, des évaluations, de la pédagogie – ces deux dernières allant de pair – etc. Avec une règle simple : pour progresser, il faut commencer par contrôler ce que l’on fait. Or, pour le bio-nettoyage par exemple, les hôpitaux français privilégient les contrôles visuels aux contrôles microbiologiques, peut-être pour des raisons financières. Or il n’est pas nécessaire de mettre en œuvre une stratégie coûteuse. La fluorescence représente à ce titre une piste intéressante, à la fois peu onéreuse et facile à déployer. Elle permet d’appuyer à peu de frais une approche pédagogique pour réorganiser le bio-nettoyage en se recentrant en priorité sur les surfaces les plus contaminées. C’est ce type de message que nous essayons de porter à travers la démarche Clean Hospitals mais aussi via le RéPias, dont la mission MATIS**, coordonnée par le CPias Nouvelle-Aquitaine, a lancé il y a quelques mois une campagne « fluo » consacrée à la maîtrise du risque fécal. Cela dit, et comme je l’évoquais précédemment, il n’y a pas d’action miracle. La tâche sera d’ailleurs immense, eu égard à la transversalité du sujet et à la grande variété des problématiques à couvrir. Nous en sommes bien conscients, mais nous sommes également résolus à relever ce nouveau défi.
Dr Pierre Parneix : Tout a commencé à l’initiative du Professeur Didier Pittet, médecin infectiologue et épidémiologiste aux Hôpitaux Universitaires de Genève, en Suisse, par ailleurs responsable du programme « Un soin propre est un soin plus sûr » pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En 2018, ce spécialiste du contrôle des infections a souhaité mettre en place un POPS (Private Organizations for Patient Safety, association de promotion pour la sécurité des patients) dédié à l’hygiène de l’environnement, sur le modèle de celui qu’il a créé, avec succès, pour l’hygiène des mains.
En quoi consiste plus concrètement ce POPS ?
L’idée est de réunir une équipe d’experts internationaux et d’industriels pour évoquer ce sujet complexe sous toutes ses dimensions – bio-nettoyage, traitement de l’air et de l’eau, stérilisation des instruments, gestion des déchets, etc. –, avec comme fil rouge une assise scientifique. Il s’agit donc à la fois de promouvoir les bonnes pratiques, y compris sur le plan normatif, et de favoriser l’innovation pour des hôpitaux toujours plus sûrs.
Le projet a été quelque peu ralenti par l’épidémie. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
La crise sanitaire n’a effectivement pas été sans impact sur notre calendrier initial, mais elle a, aussi et surtout, souligné avec force le rôle significatif joué par le bio-nettoyage dans la prévention du risque infectieux. Le projet Clean Hospitals est donc aujourd’hui plus pertinent que jamais. Le 10 octobre 2020, nous avons ainsi lancé le tout premier Clean Hospitals Day, une journée internationale suivie, le 20 octobre, d’une télé-classe* que j’ai co-animée avec Didier Pittet. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, issues d’une cinquantaine de pays sur quatre continents, l’ont suivi en direct – c’est dire si le sujet mobilise. Nous avons également collaboré aux deux dernières éditions du Interclean Healthcare Forum, fin 2020 à Amsterdam et en avril dernier à Pékin, et envisageons un Clean Hospitals Digital Day le 29 juin prochain.
Quels seront les prochains jalons ?
La dynamique s’accélère. Nous préparons ainsi une vidéo pour rappeler les fondamentaux de l’hygiène environnementale. Il n’y a pas ici de technique idéale, puisque chaque établissement a des spécificités qui lui sont propres, mais certains points sont universels, comme l’évaluation régulière des pratiques, l’ergonomie des outils, la sélection de produits à l’efficacité démontrée, etc. L’objectif étant, à terme, d’élaborer des recommandations applicables à grande échelle. Nous nous appuierons notamment sur les travaux actuellement menés par Alexandra Peters, une jeune chercheuse aux Hôpitaux Universitaires de Genève qui, pour sa thèse, effectue une revue de la littérature sur le rôle de l’environnement en matière de risque infectieux et les actions qui ont été efficaces pour le maîtriser. Un autre projet phare, qui devrait se concrétiser d’ici deux ans, vise à mettre à disposition des hôpitaux un outil d’auto-évaluation sur l’hygiène de l’environnement, sur le modèle de celui utilisé par l’OMS pour l’hygiène des mains. Ils pourront ainsi mieux mesurer leur performance et surtout s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue des pratiques.
Clean Hospitals soutient également le progrès technique. Comment vous positionnez-vous ici ?
Les technologies dont nous disposons pour maîtriser les risques infectieux liés à l’environnement sont en effet en constante évolution – plus ergonomiques, plus écologiques, etc. C’est pourquoi Clean Hospitals porte avec les industriels une réflexion commune sur les innovations en cours et la manière dont leur impact pourra être mesuré. Il faudra pour cela développer des normes internationales, sur le modèle de celles qui existent déjà en France et en Europe pour les procédés de désinfection des surfaces par voie aérienne, les produits biocides, les surfaces antimicrobiennes, etc. Cela est d’autant plus nécessaire que l’hygiène de l’environnement est un sujet qui une fois de plus dépasse les murs de l’hôpital. Les problématiques qu’il recouvre sont néanmoins complexes, d’où l’idée d’avancer par petits pas, en commençant par le bio-nettoyage et la désinfection avec quelques fondamentaux basés sur les données de la science.
Vous avez évoqué l’évaluation régulière des pratiques à travers, notamment, l’outil en cours de développement. Que pouvez-vous déjà préconiser ?
Maîtriser un risque infectieux, quel qu’il soit, impose en effet une approche multimodale, avec la mise en place d’un bouquet de mesures pratiques, des évaluations, de la pédagogie – ces deux dernières allant de pair – etc. Avec une règle simple : pour progresser, il faut commencer par contrôler ce que l’on fait. Or, pour le bio-nettoyage par exemple, les hôpitaux français privilégient les contrôles visuels aux contrôles microbiologiques, peut-être pour des raisons financières. Or il n’est pas nécessaire de mettre en œuvre une stratégie coûteuse. La fluorescence représente à ce titre une piste intéressante, à la fois peu onéreuse et facile à déployer. Elle permet d’appuyer à peu de frais une approche pédagogique pour réorganiser le bio-nettoyage en se recentrant en priorité sur les surfaces les plus contaminées. C’est ce type de message que nous essayons de porter à travers la démarche Clean Hospitals mais aussi via le RéPias, dont la mission MATIS**, coordonnée par le CPias Nouvelle-Aquitaine, a lancé il y a quelques mois une campagne « fluo » consacrée à la maîtrise du risque fécal. Cela dit, et comme je l’évoquais précédemment, il n’y a pas d’action miracle. La tâche sera d’ailleurs immense, eu égard à la transversalité du sujet et à la grande variété des problématiques à couvrir. Nous en sommes bien conscients, mais nous sommes également résolus à relever ce nouveau défi.
* À réécouter sur www.webbertraining.com/recordingslibraryc4.php (en anglais).
** MATIS : Mission d’Appui Transversal à la prévention des Infections associées aux Soins. RéPias : Réseau de Prévention des Infections Associées aux Soins.
Plus d’informations sur https://cleanhospitals.com.
Article publié dans le numéro de mai d'Hospitalia à consulter ici
Plus d’informations sur https://cleanhospitals.com.
Article publié dans le numéro de mai d'Hospitalia à consulter ici