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Hygiène

Depuis un an, l’ARBS fédère les responsables du bionettoyage en santé


Rédigé par Joëlle Hayek le Lundi 7 Octobre 2024 à 18:07 | Lu 432 fois


Officiellement lancée à Valenciennes en octobre 2023, à l’occasion des Journées d’études de l’Union des responsables de blanchisserie hospitalière (URBH), l’Association des responsables Bionettoyage en santé (ARBS) fédère déjà 80 adhérents et prépare activement les 3èmes Journées d’études du bionettoyage, qui se tiendront cette année à Orléans du 9 au 11 octobre, toujours en marge du congrès de l’URBH. Nous avons rencontré sa présidente, Stéphanie Burel, par ailleurs responsable de la filière Bionettoyage et Gestion des déchets au CHU de Toulouse.



L’ARBS a vu le jour il y a bientôt un an. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Stéphanie Burel : Nous avons consacré les derniers douze mois à la structuration de l’association, avec par exemple le dépôt de nos statuts et la répartition des différentes missions entre les membres du conseil d’administration, afin de disposer d’un point de contact unique par item. Nous devrons également prochainement dévoiler notre site Internet et avons déjà mené un certain nombre d’actions pour nous faire connaître, auprès des éventuels partenaires techniques de nos Journées d’Études mais aussi de nos interlocuteurs dans le monde hospitalier. Nous avons ainsi mis à profit le dernier congrès de la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) pour aller à la rencontre des hygiénistes, d’ailleurs bien représentés au sein de notre CA, et sommes en train de nouer des liens avec les Centres d’appui pour la prévention des infections associées aux soins (CPias) pour justement évoquer le rôle du bionettoyage dans la lutte contre les IAS.

Vous entretenez également des liens étroits avec l’URBH…

Notre association a effectivement vu le jour avec son soutien, et l’URBH continue de nous accompagner afin que nous puissions poser des fondations solides. Ainsi, pour la troisième année consécutive, les responsables de blanchisserie hospitalière nous accueilleront sur leur congrès, et nous nous sommes, pour notre part, engagés à mobiliser une quinzaine de partenaires techniques – un objectif d’ailleurs dépassé ! Nous avons aussi tenu nos autres engagements auprès de l’URBH, par exemple sur le nombre d’adhérents avec des objectifs atteints en moins d’un an, preuve, s’il en est, que les acteurs du bionettoyage en santé étaient demandeurs d’une structure fédératrice. Nous travaillons désormais à l’obtention de la certification Qualiopi, que nous espérons pour le troisième trimestre 2025, à l’occasion des Journées d’études de La Rochelle. À cet égard, nous devrions prochainement signer une convention de partenariat avec le Réseau des acheteurs hospitaliers (Resah) pour lancer un premier module de formation d’ici la fin de l’année.

Êtes-vous confrontés à des difficultés particulières pour mobiliser les acteurs du bionettoyage en santé ?

Le principal écueil réside dans la grande variété des dénominations de poste, qui diffèrent grandement d’un établissement à l’autre. Mais nous sommes confiants, car l’ARBS trouve progressivement son public. Nous avons d’ailleurs déjà dépassé les frontières de la France : nous sommes par exemple en contact avec nos homologues québécois de l’Association hygiène et salubrité en santé, mais aussi avec des confrères dans les pays limitrophes, comme en Suisse avec les Hôpitaux universitaires de Genève. Les perspectives sont donc prometteuses, avec une belle dynamique vouée à s’accélérer.

Quelles thématiques avez-vous retenues pour vos 3èmes Journées d’études ?

Nous ferons notamment le point sur certaines solutions innovantes, avec un focus particulier sur la robotique au service du nettoyage des sols, qui continue de monter en puissance pour décharger les agents de certaines tâches rébarbatives, comme les interventions sur les grandes zones de circulation. Nous sommes conscients que ces technologies suscitent une certaine inquiétude quant à une éventuelle perte d’emploi. Il est donc important de rassurer les agents, d’autant qu’en ce qui nous concerne, il ne s’agit pas tant de robotique que de cobotique, c’est-à-dire d’une collaboration entre l’homme et le robot pour atteindre un objectif commun. L’humain y aura donc toute sa place, non seulement pour superviser le système automatisé, mais aussi pour se consacrer aux tâches que celui-ci n’est pas en mesure d’assurer, comme le nettoyage des surfaces hautes. Bien sûr, d’autres innovations seront à découvrir, par le biais de nos partenaires techniques.

D’autres temps forts ?

Nous porterons aussi une attention particulière aux enjeux managériaux, auxquels nos adhérents sont tous confrontés. Nous aborderons par exemple la cohésion d’équipe, et surtout la gestion des restrictions physiques dans le domaine du nettoyage. Nous sommes en effet nombreux à disposer de postes aménagés – qui concernent par exemple 17 % des agents au sein de mon équipe au CHU de Toulouse –, ce qui nous impose de revoir régulièrement les fiches de postes, en collaboration avec les préventeurs et la médecine du travail, afin d’assurer le maintien dans l’emploi. Il s’agit donc d’une tâche complexe, a fortiori dans la fonction publique hospitalière, et il nous a semblé utile de nous y pencher pour donner certaines clés aux congressistes.

Les enjeux environnementaux bénéficieront également d’un important coup de projecteur…

Nous nous attarderons plus particulièrement sur la désinfection vapeur des siphons, qui sont, comme vous le savez, d’importants réservoirs de bactéries multi-résistantes (BMR), mais aussi sur la récupération des eaux de nettoyage, en partenariat avec le CCTN-IREN et en écho à la thématique phare retenue cette année par l’URBH – à savoir la gestion optimale des ressources d’eau. Cela étant dit, nous constatons quotidiennement à quel point les acteurs du bionettoyage sont préoccupés par les enjeux environnementaux, à l’instar d’ailleurs des autres métiers de l’hôpital. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux de prendre le virage du nettoyage des sols sans chimie, qui a aujourd’hui montré sa pertinence. Cette tendance a notamment été portée et promue par le Dr Philippe Carenco, médecin hygiéniste au CHU de Nice et de longue date engagé pour une meilleure prise en compte du développement durable dans les processus hospitaliers. Nous aurons d’ailleurs le plaisir de l’accueillir pour une intervention dédiée à l’hygiène hospitalière, de même que le Dr Virginie Morange, responsable de l’Équipe opérationnelle d’hygiène du CHRU de Tours.

Vous évoquiez justement plus haut vos échanges avec la SF2H. Comptez-vous travailler sur des thématiques particulières ?

La SF2H et l’ARBS s’impliqueront toutes deux auprès de l’Éducation nationale pour la refonte du bac professionnel Hygiène, Stérilisation et Bionettoyage. En ce qui nous concerne, nous comptons contribuer activement à l’élaboration des nouveaux programmes pédagogiques en partageant notre vision du métier, mais aussi notre connaissance de l’environnement hospitalier, par essence très évolutif. Il n’est en effet pas rare d’accueillir des apprentis qui ont certes des notions théoriques sur l’hôpital, mais qui ne sont absolument pas préparés à la réalité du terrain. Il nous semble donc important de mieux les former aux contraintes auxquelles ils seront confrontés, ainsi qu’aux technologies avec lesquelles ils seront amenés à travailler.

Le mot de la fin ?

La formation des agents de demain est un enjeu certes important, mais encore faut-il pouvoir les attirer à l’hôpital. Or les métiers du bionettoyage ne sont pas assez valorisés. Nous sommes le premier maillon de la chaîne de soins, mais en queue de peloton des métiers de la santé sur le champ de l’attractivité. Une réflexion est donc à mener ici, et ce sera l’une des missions de notre association.

Le conseil d’administration de l’ARBS

• Présidente : Stéphanie Burel, responsable de la filière Bionettoyage et Gestion des déchets, CHU de Toulouse
• Vice-président : Mathieu Guerinet, responsable Bionettoyage et Fonction hôtelière, CHU de Montpellier
• Secrétaire : Clémence Bories, encadrante Bionettoyage, CHU de Toulouse
• Secrétaire adjoint : Patrick Vulcano, responsable Hygiène et Environnement, CH de Valence
• Trésorière : Elisabeth Pinson, cadre de santé hygiéniste, CHU de Tours
• Trésorière adjointe : Béatrice Odin, responsable Hôtellerie générale, CH de Libourne
• Membres du CA :
Barbara Acedo, responsable Entretien, Lingerie et Développement durable, CH de Chartres
            Marie Grenier, responsable Bionettoyage, CHU de Nîmes
            Alexandra Joubert, infirmière hygiéniste, CHU de Tours
            Delphine Mammeri, infirmière hygiéniste, CH de Nevers
            Nelly Sabatier, responsable Bionettoyage, CHU de Nîmes
            Fernand Sanchez, responsable Bionettoyage, AP-HM
            Laurine Théau, encadrante Bionettoyage, CHU de Toulouse

> Article paru dans Hospitalia #66, édition de septembre 2024, à lire ici 
Depuis un an, l’ARBS fédère les responsables du bionettoyage en santé






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