Connectez-vous S'inscrire

Le magazine de l'innovation hospitalière
Hygiène

Dr Romain Pimpie : « La PRI est un domaine passionnant et vraiment très vaste »


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 11 Décembre 2024 à 10:28 | Lu 507 fois


Pharmacien spécialiste en prévention du risque infectieux (PRI), le Dr Romain Pimpie exerce depuis plus de dix ans au sein de l’équipe opérationnelle d’hygiène hospitalière de l’hôpital privé Dijon Bourgogne, intervenant également à la Clinique Les Rosiers et la Polyclinique du Parc Drevon, autres établissements du groupe Ramsay Santé à Dijon. Il est aussi un membre actif de la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) et de sa commission des Jeunes professionnels de la prévention du risque infectieux (JePPRI). Rencontre.



Dr Romain Pimpie : « La PRI est un domaine passionnant et vraiment très vaste »
Pourriez-vous, pour commencer, revenir sur votre parcours ? 

Dr Romain Pimpie : Diplômé de la Faculté de Pharmacie de Dijon en 2013, j'ai pris mon premier poste en tant que praticien hygiéniste en octobre 2013 à Dijon, au sein de trois cliniques privées du Groupe Ramsay-GDS (Sainte-Marthe, Chenôve et Fontaine). En 2017, ces trois établissements se sont regroupés au sein d’une seule et même entité, l’Hôpital privé Dijon Bourgogne, appartenant au groupe Ramsay Santé. Le recrutement d’un praticien hygiéniste unique pour les trois cliniques avait d’ailleurs été effectué en prévision de cette fusion. Ces circonstances, et les spécificités du poste, m’avaient dès le départ intéressé. Et m’intéressent toujours, car je continue d’intervenir sur trois établissements, l’Hôpital privé Dijon Bourgogne, la Clinique Les Rosiers et, depuis le début de l’année 2024, la Polyclinique du Parc Drevon.

Pourquoi vous êtes-vous dirigé vers l'hygiène hospitalière ?

Après avoir obtenu le diplôme de docteur en pharmacie, je souhaitais initialement poursuivre mes études et m’orienter vers un double cursus pharmacie-médecine. Mais c’est alors que j’ai eu l’opportunité d’intégrer les cliniques de Sainte-Marthe, Chenôve et Fontaine en tant que praticien hygiéniste avec, en toile de fond, la fusion prochaine de ces trois structures. C’était pour moi l’occasion de participer à la constitution d’un nouvel établissement de soin, ce qui m’a poussé à me diriger pleinement vers la prévention du risque infectieux. J’ai d’ailleurs obtenu mon diplôme d’hygiène hospitalière dès 2014, et n’ai jamais regretté cette décision ! La prévention du risque infectieux est un domaine passionnant et vraiment très vaste. Nous intervenons au quotidien dans quasiment toutes les composantes d’un établissement de santé, y compris celles n’ayant pas de lien direct avec le soin. Cette diversité, dont j’ai réellement pris conscience qu’au fur et à mesure de mon expérience, participe à mon attrait pour la discipline et, au quotidien, à mon épanouissement professionnel. 

Quelles sont aujourd’hui vos missions au sein des cliniques où vous intervenez ? 

Chaque établissement est autonome et a des spécificités qui lui sont propres. En tant que praticien hygiéniste, mes interventions se font en lien avec les organes de gouvernance locaux, particulièrement la commission médicale d'établissement (CME) et le comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN), que je préside d’ailleurs pour la clinique Les Rosiers et la Polyclinique du Parc Drevon. Je participe également aux autres commissions en mettant en avant les aspects de la PRI, comme la Commission du médicament et des dispositifs médicaux stériles (COMEDIMS) pour la lutte contre l’antibiorésistance, ou la Commission de sécurité et des conditions de travail (CSSCT) pour, par exemple, la prévention des accidents d'exposition au sang. Mais ma mission ne s’arrête pas à ce volet institutionnel : je pilote également les équipes opérationnelles d’hygiène (EOH) sur site, dont les membres interviennent exclusivement, pour leur part, à l’échelle locale.

Prenez-vous part aux actions de ces EOH ? 

Bien entendu ! Au quotidien, nous travaillons de concert pour, par exemple, améliorer les indicateurs du risque infectieux, indispensable pour mettre en œuvre un pilotage efficace. Car, rappelons-le, les hygiénistes sont surtout des professionnels de la santé publique, qui ont donc besoin de recueillir de nombreuses données sur l'établissement. Ces indicateurs occupent une place centrale dans notre métier, que l’on pourrait d’ailleurs résumer en trois mots : surveillance, évaluation, formation. Sur ce dernier champ, nous intervenons auprès de l’ensemble des professionnels exerçant au sein d’une structure, qu’ils soient médicaux ou paramédicaux, bien sûr, mais aussi le personnel administratif, les agents d’entretien, etc. 

Comment organisez-vous votre temps pour être présent sur trois sites distincts ?

Cette gestion s’effectue en fonction des besoins de chaque établissement : l’Hôpital privé Dijon Bourgogne et la Polyclinique du Parc Drevon sont par exemple des établissements spécialisés en soins aigus de médecine, chirurgie et obstétrique (MCO), tandis que la Clinique Les Rosiers se consacre pour sa part aux soins médicaux de réadaptation (SMR). La diversité d’activité nous amène à adapter notre travail et nos interventions en fonction de l’environnement et du plateau technique de chaque structure – blocs opératoires, services d’oncologie médicale, blocs endoscopiques, où la réalisation d’actes d’endoscopie a un impact fort sur l’approche que nous pouvons avoir de la PRI.

Vous êtes aussi très impliqué au sein de la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H). Pourquoi avoir choisi de vous engager auprès de la société savante ?  

J’ai adhéré à la SF2H en 2015, soit peu de temps après l’obtention de mon DU d’hygiène hospitalière. Je souhaitais en effet garder un lien avec d’autres spécialistes de la PRI, et participer à un réseau de professionnels de la PRI. Puis, progressivement, j’ai commencé à m’impliquer davantage dans les travaux de la société savante, par exemple sur l’urologie en 2019 et 2020, en partenariat avec l'Association française d’urologie, ou sur les précautions complémentaires pour la prévention des transmissions par l’air, dont la publication est prévue prochainement. Je fais également partie de la commission des Jeunes professionnels de la prévention du risque infectieux (JePPRI) de la SF2H, que j’ai rejoint en 2022, soit peu de temps après sa création. Au début, les membres du bureau se partageaient toutes les tâches, puis nous avons opté pour une organisation plus spécialisée, afin que chacun ait un champ d’action mieux défini. J’y occupe aujourd’hui la fonction de secrétaire, et suis par exemple chargé de la gestion de l’adresse mail de contact, de la liste des adhérents, et de certains documents officiels, ou encore de la préparation de certaines réunions.

Le JePPRI s’implique beaucoup dans l’attractivité des métiers de la PRI…
Le JePPRI a pour fonction première de fédérer l'ensemble des jeunes professionnels de la PRI, mais effectivement, nous menons également de nombreuses actions pour promouvoir notre spécialité. La Commission « Jeunes » est ainsi très active sur les réseaux sociaux, pour communiquer sur ses actions et plus largement faire connaître l’hygiène hospitalière, de manière très explicite et très visuelle. Le JePPRI organise également plusieurs évènements autour de la PRI, comme les WebiMars qui, cette année, invitaient les participants à découvrir les métiers de la PRI  : praticiens, infirmiers, techniciens biohygiénistes… Toutes ces initiatives visent à mettre en lumière la richesse de notre discipline, mais aussi à en expliquer les missions et conditions d’accession. 

Pourquoi cette attention forte portée à l'attractivité de vos métiers ? Rencontrez-vous, au quotidien, des difficultés de recrutement ou de vocation ?

Je ne les observe pas directement, mais je ne suis pas non plus hospitalo-universitaire ; j’ai donc une vision limitée sur les vocations des étudiants en santé. Ce que je constate, en revanche, c’est le manque d’information autour de notre spécialité. Or les jeunes générations sont demandeuses d’éléments pour comprendre les métiers qui existent et les spécialités qui leur sont accessibles, par exemple via un cursus de pharmacie. Parallèlement, je me suis donc inscrit dans un programme de mentorat, qui met en relation des professionnels déjà actifs avec des étudiants ou des lycéens. Depuis que je m’y suis engagé en 2021, plusieurs dizaines d’étudiants, principalement en pharmacie, m’ont contacté pour avoir plus d’informations sur mon métier. Je réalise ainsi une vingtaine d’entretiens par an, pour répondre à leurs questions et essayer de les guider dans leur choix, qu’ils se dirigent ou non, par la suite, vers la PRI.  

L’hygiène hospitalière n’est pas seulement une discipline relativement méconnue. Elle fait également l’objet d’un certain nombre de préjugés. Ces actions de communication ne sont-elles pas, aussi, un moyen de lutter contre les idées reçues ?

Ces actions de promotion de la PRI participent évidemment à toucher les équipes via des supports adaptés aux codes de la communication d’aujourd’hui. Étant issu d’un cursus en pharmacie et n’ayant pas fait d’internat, j’ai donc à la fois découvert l’hôpital et les préjugés sur l’hygiène hospitalière au cours de mon exercice professionnel. Quand on est en charge de la gestion des risques et que l’on réalise des audits, on est souvent associé au jugement avec une connotation négative, du moins au début – sauf, peut-être, lorsque c’est l'équipe qui fait appel à nous. Ces audits sont une composante clé de notre travail et permettent de faire évoluer les pratiques. Je les réalise moi-même beaucoup et j’essaie d’adapter mon approche et ma communication car je suis conscient que l’audit peut être mal perçu par les équipes. Pourtant, comme tout spécialiste de la prévention du risque infectieux, mon objectif premier est de travailler main dans la main avec les équipes médico-soignantes… et sans jugement, pour qu’elles puissent intégrer tous les aspects de la prévention du risque infectieux dans leur quotidien. Je suis néanmoins également conscient que la PRI n’est pas l’unique préoccupation des soignants, qui gèrent aussi la douleur des patients, les soins, les transfusions… Leurs tâches sont nombreuses, mais ils ne peuvent pas, pour autant, en oublier le risque infectieux. Et c’est justement là mon objectif et celui des EOH. La communication pour cela est un outil indispensable qui nous aide à intégrer la PRI dans la pratique régulière des équipes et faire en sorte que cela soit à terme un réflexe.

> Article paru dans Hospitalia #66, édition de septembre 2024, à lire ici 
 






Nouveau commentaire :
Facebook Twitter






CONTACT

HOSPITALIA

Immeuble Newquay B / B35
13 rue Ampère
35800 Dinard 
Tél : 02 99 16 04 79
Email : contact@hospitalia.fr

Abonnement :
abonnement@hospitalia.fr