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Ped.Urg, ou la pédiatrie vulgarisée


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 26 Juin 2024 à 12:55 | Lu 639 fois


Pédiatre aux urgences du CHU de Rouen, le Docteur Jules Fougère est aussi très présent sur les réseaux sociaux, sous le pseudonyme « Ped.Urg ». Depuis bientôt cinq ans, il s’y adresse au grand public pour vulgariser la médecine et « éduquer à la santé ». Portrait.



© Astrid di Crollalanza
© Astrid di Crollalanza


Un bain froid est-il utile pour faire baisser la fièvre d’un bébé ? Comment se passe une radio à l’hôpital ? Qu’est-ce qu’un purpura rhumatoïde ? Qu’entend le médecin dans son stéthoscope ? …  Les interrogations des parents et des enfants sur le monde de la santé sont nombreuses. Pour y répondre « en touchant le plus de monde possible », Jules Fougère a fait le choix des réseaux sociaux. Devenu Ped.Urg, il poste régulièrement sur Instagram, Tik Tok et YouTube des vidéos autour de la pédiatrie et destinées au grand public. 

« Rassurer et expliquer »

« J’ai créé Ped.Urg en deuxième semestre d’internat. Alors tout jeune interne en pédiatrie, je voulais proposer des cas pratiques aux étudiants en médecine », se souvient l’intéressé qui, partant des situations qu’il rencontrait dans son exercice, reprenait des photos trouvées sur internet pour détailler des cas cliniques et questionner les étudiants. Bien qu’il ait déjà rencontré un certain succès, il décide, au bout de quelques mois, de revoir sa copie pour publier des vidéos de vulgarisation plutôt destinées à un public moins averti. « Je suis parti en voyage avec ma famille, dont mes jeunes nièces. Et je me suis rendu compte que personne, à part moi, ne savait comment réagir en cas de noyade ou de fausse route de l’un des enfants », raconte-t-il. Le constat est sans appel : « Il faut éduquer le grand public à la santé »

Une première vidéo naît de cette expérience, centrée, sans trop de surprise, sur les gestes de premiers secours à effectuer auprès d’un enfant en cas de noyade ou de fausse route. Rapidement, le succès est au rendez-vous. Depuis – cela fera bientôt cinq ans –, le pédiatre multiplie les vidéos de vulgarisation sur les réseaux sociaux et compte aujourd’hui près de 250 000 abonnés sur Instagram et 71 000 sur Tik Tok. « Tous les jours, notre quotidien de pédiatre nous amène à rassurer et à expliquer. Ces vidéos me permettent de parler à un public plus large », constate le Dr Jules Fougère, qui officie également aux urgences pédiatriques du CHU de Rouen, une ville à laquelle il est très attaché. 

La pédiatrie, une spécialité transversale

« Originaire de la région parisienne, j’ai fait mes études de médecine à Rouen. La ville m’a plu, j’y suis resté », confie, avec un sourire, le pédiatre qui reconnaît avoir choisi sa spécialité pour « pouvoir allier amusement, humour et santé ».« En pédiatrie, faire sourire l’enfant et gagner sa confiance est particulièrement important pour pouvoir l’ausculter plus facilement. Par rapport aux autres spécialités, l’approche est donc assez différente », explique-t-il, en insistant aussi sur l’aspect « très transversal » de la spécialité : « Après avoir passé tant d’années à étudier la médecine, je ne voulais pas m’enfermer dans un appareil. Même si elle se concentre sur une tranche d’âge, la pédiatrie permet de continuer à exercer sur des sujets très différents ».   

Toujours en mouvement, le jeune médecin met à profit sa pratique aux urgences pédiatriques rouennaises pour trouver des sujets à aborder dans ses vidéos, « lorsqu’une thématique, ou des interrogations, reviennent fréquemment lors des consultations ». Pour autant, si l’exercice médical inspire la création de contenu, l’inverse est également vrai. « Certains internautes postent en commentaire des questions, ou exposent des peurs qu’ils n’oseraient pas exprimer en face-à-face », constate le pédiatre, qui découvre alors des interrogations auxquelles peuvent aussi être confrontés ses patients. « Mes deux activités vont finalement de pair et s’alimentent l’une l’autre », résume-t-il. 

Pour les mener de front, le médecin ne compte pas ses heures, alternant entre sa présence à l’hôpital et la réalisation des vidéos, qui chacune demande entre deux et quatre heures de travail. « Mais cette durée peut varier en fonction de la qualité de la vidéo, et surtout du sujet traité », indique celui qui effectue toutes les tâches de réalisation : de l’écriture du script à la mise en ligne, en passant par le tournage et le montage. Il participe aussi à des projets plus vastes, collaborant avec d’autres créateurs de contenu ou même, plus récemment, avec une émission de santé, la Health Academy, aux côtés du kinésithérapeute « Major Mouvement », de « Charline Sage-femme » et de la médecin et ancienne Miss France Marine Lorphelin. 

Pédiatre et écrivain

Approché par plusieurs maisons d’édition, Jules Fougère s’est même lancé dans l’écriture, publiant, en janvier dernier, son livre Mon guide anti-panique, qui compile cinquante fiches pratiques sur les premiers soins, les symptômes courants, les maladies infantiles, les coups et blessures, les maux digestifs et urinaires, ou encore les gestes d’urgence. « Étant très tourné vers la vidéo, je n’avais pas forcément l’idée de sortir un livre. Mais le projet m’a plu : ce nouveau format, pérenne, permet de toucher une cible encore plus large », confie l’intéressé qui, pour alimenter l’ouvrage, a repris les idées et les recherches rassemblées pour la création de ses vidéos. Coloré, imagé, constitué de paragraphes courts parfois accompagnés de photographies, Mon guide anti-panique est clairement pensé pour « les moldus de la médecine », sourit-il.

À ses consultations aux urgences pédiatriques et la réalisation des vidéos s’ajoute donc désormais la promotion de son livre. Les journées du pédiatre sont déjà bien remplies et pourraient l’être plus encore à l’avenir, car il n’exclut pas d’intervenir de temps en temps à la télévision. Au point de devoir, dans le futur, réduire son temps de pratique médicale ? Jules Fougère ne se l’interdit pas. « Je ne compte pas arrêter ce métier qui me plaît tant et pour lequel j’ai étudié. Mais en me libérant ne serait-ce qu’une journée par semaine, je pourrais me professionnaliser davantage dans la création de contenu », confie le médecin qui espère bien continuer à allier ses deux passions pendant encore plusieurs années. 

> Article paru dans Hospitalia #65, édition de mai 2024, à lire ici 
 






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