La crise Covid n’a pas été le seul événement marquant de ces deux dernières années pour le GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé. Pourriez-vous nous en parler ?
Marc Drezen : En effet, fin février 2020, soit quinze jours seulement avant la première vague épidémique, nous avions, à la demande de l’Agence Régionale de Santé, pris en charge le traitement du linge de quatre hôpitaux issus du GHT du Gers (GHT 32), qui sont venus s’ajouter aux établissements que nous desservions déjà dans le cadre du GHT de la Haute-Garonne et du Tarn Ouest (GHT 31). La crise est donc survenue alors que nous étions en pleine réorganisation pour absorber ces nouveaux volumes et pouvoir livrer, du lundi au samedi, des établissements situés à 1h15 de route. Nous sommes d’ailleurs, aujourd’hui, parmi les premiers GCS de blanchisserie hospitalière à effectuer les livraisons par semi-remorque. Toujours est-il que, malgré ce contexte particulier, lorsque l’épidémie est arrivée et que le CHU de Toulouse a commencé à accueillir ses premiers patients Covid, nos agents se sont mobilisés en masse pour y faire face, un engagement que je souhaite souligner et saluer.
Comment avez-vous répondu à cette situation inédite ?
En quelques jours, nous sommes passés de 15 000 à 21 000 tenues professionnelles à traiter quotidiennement. Toute l’équipe a bousculé son planning pour que la blanchisserie puisse répondre aux besoins des soignants, ce qui imposait alors de la faire fonctionner les soirs et week-ends. Mais cette réorganisation mise en œuvre dans l’urgence ne pouvait naturellement pas perdurer. C’est pourquoi, une fois la première vague passée, donc en juin 2020, nous avons créé 7 emplois supplémentaires pour pouvoir maintenir des horaires étendus, de 5h à 19h, et pouvoir ainsi absorber les nouveaux volumes à la fois issus du GHT 32 et du changement des pratiques en termes de gestion des tenues professionnelles et des surblouses.
C’est donc un changement de taille, mais qui s’inscrit in fine dans la continuité des évolutions que vous aviez connues ces dernières années…
Jusqu’en 2015, notre blanchisserie était en effet rattachée au CHU de Toulouse, pour le compte duquel elle traitait environ 12 tonnes de linge par jour. Nous avions néanmoins quelques clients extérieurs, qui représentaient autour de 4 tonnes de linge quotidien. Début 2016, nous avons mis à profit la loi Touraine pour nous restructurer en GCS, auquel le CHU et nos autres clients ont alors adhéré. Depuis, les volumes traités sont en évolution constante : en six ans, nous sommes passés de 16 à 24 tonnes/jour, développant 3,5 millions d’euros d’activités extérieures. Nos effectifs ont également augmenté, puisque 76 emplois salariés ont été créés depuis 2016 et l’agrandissement de nos locaux (+ 1 330 m2).
Cette croissance rapide a-t-elle eu un impact sur vos prestations ?
Au-delà de la disponibilité et de la mobilisation dont ils ont su faire preuve au plus fort de la crise sanitaire, nos agents ont toujours maintenu une qualité de haut niveau : notre blanchisserie est certifiée ISO 9001 depuis 2015, et dispose donc d’un système de management de la qualité couvrant à la fois les activités de production du linge propre et la préparation des commandes auprès des partenaires et clients. Fait notable, cette certification a été renouvelée en septembre dernier, alors que les vagues épidémiques s’enchaînaient et se suivaient depuis presque deux ans. C’est là un autre indicateur de l’engagement fort de nos équipes. Notre prochain défi consistera en l’obtention de la certification RABC, qui n’est certes pas obligatoire mais n’en permettra pas moins de valoriser le savoir-faire de nos opérateurs. Pour mieux préparer cette étape, nous avons mis en place un système de tutorat : les plus anciens partagent leur expertise avec les nouvelles recrues afin qu’elles puissent plus rapidement monter en compétence. Nous devrons être prêts d’ici fin 2023.
Sur un autre registre, le GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé se démarque à plusieurs égards. Que pouvez-vous nous en dire ?
Notre blanchisserie est en effet, aujourd’hui, une référence importante au niveau national dans le domaine des Distributeurs Automatiques de Vêtements (DAV) : chaque jour, pas moins de 9 000 tenues professionnelles sont ainsi automatiquement distribuées au CHU de Toulouse, une organisation qui a d’ailleurs contribué à la gestion de la crise sanitaire en améliorant la disponibilité des tenues de travail et l’hygiène des pratiques. À la demande de la communauté médicale, le CHU a donc accepté de financer la généralisation des DAV qui devraient, à terme, couvrir 15 000 tenues/jour. L’hôpital Rangueil devrait être entièrement équipé d’ici la fin 2022, suivi en 2023 par l’hôpital des enfants, les urgences et Paule de Viguier de Purpan, et en 2024 par les autres sites. Autre innovation adoptée de longue date : l’emploi d’exosquelettes pour diminuer la pénibilité de certains postes, en particulier en ce qui concerne le port de charges lourdes en zone sale. Ces outils font partie intégrante de notre politique QVT, elle-même axée sur la sauvegarde et le maintien de nos compétences. Nous avons d’ailleurs, pour cette même raison, mis en place des revalorisations salariales à destination des métiers critiques et financé une complémentaire santé pour tous nos agents.
D’autres exemples ?
Notre structure utilise depuis 6 ans le lavage l’ozone pour le traitement du linge des résidents, qui représente actuellement 800 kg/jour – contre 100 en 2016. Un procédé qui a permis de faire des gains de productivité mais aussi d’améliorer la qualité globale de prestation via la réduction des incidents de lavage de produits fragiles. Cette activité est d’ailleurs elle aussi en augmentation. Nous avons donc investi 1,8 million d’euros pour la construction d’un bâtiment dédié, équipé d’un tunnel de finition pour l’automatisation du tri, d’un plieur automatique, etc. Une fois ce nouvel atelier finalisé – a priori en octobre 2022 – trois adhérents supplémentaires devraient se joindre à nous. J’évoquerai pour finir une autre spécificité de notre GCS : plutôt qu’un fonctionnement au prix global, comme cela se fait habituellement, nous avons choisi de fonctionner par périmètre de prestation, en proposant plusieurs niveaux de service afin de mieux répondre aux besoins de chaque adhérent et de chaque client. C’est là à mon sens un réel enjeu d’avenir pour les blanchisseries hospitalières, qui doivent faire preuve d’imagination pour continuer à se développer dans un environnement non seulement très concurrentiel, mais aussi et surtout marqué par les contraintes budgétaires auxquelles font face les établissements de santé – et qui elles-mêmes se répercutent sur les fonctions support.
Article publié dans l'édition de février 2022 d'Hospitalia à lire ici.
Marc Drezen : En effet, fin février 2020, soit quinze jours seulement avant la première vague épidémique, nous avions, à la demande de l’Agence Régionale de Santé, pris en charge le traitement du linge de quatre hôpitaux issus du GHT du Gers (GHT 32), qui sont venus s’ajouter aux établissements que nous desservions déjà dans le cadre du GHT de la Haute-Garonne et du Tarn Ouest (GHT 31). La crise est donc survenue alors que nous étions en pleine réorganisation pour absorber ces nouveaux volumes et pouvoir livrer, du lundi au samedi, des établissements situés à 1h15 de route. Nous sommes d’ailleurs, aujourd’hui, parmi les premiers GCS de blanchisserie hospitalière à effectuer les livraisons par semi-remorque. Toujours est-il que, malgré ce contexte particulier, lorsque l’épidémie est arrivée et que le CHU de Toulouse a commencé à accueillir ses premiers patients Covid, nos agents se sont mobilisés en masse pour y faire face, un engagement que je souhaite souligner et saluer.
Comment avez-vous répondu à cette situation inédite ?
En quelques jours, nous sommes passés de 15 000 à 21 000 tenues professionnelles à traiter quotidiennement. Toute l’équipe a bousculé son planning pour que la blanchisserie puisse répondre aux besoins des soignants, ce qui imposait alors de la faire fonctionner les soirs et week-ends. Mais cette réorganisation mise en œuvre dans l’urgence ne pouvait naturellement pas perdurer. C’est pourquoi, une fois la première vague passée, donc en juin 2020, nous avons créé 7 emplois supplémentaires pour pouvoir maintenir des horaires étendus, de 5h à 19h, et pouvoir ainsi absorber les nouveaux volumes à la fois issus du GHT 32 et du changement des pratiques en termes de gestion des tenues professionnelles et des surblouses.
C’est donc un changement de taille, mais qui s’inscrit in fine dans la continuité des évolutions que vous aviez connues ces dernières années…
Jusqu’en 2015, notre blanchisserie était en effet rattachée au CHU de Toulouse, pour le compte duquel elle traitait environ 12 tonnes de linge par jour. Nous avions néanmoins quelques clients extérieurs, qui représentaient autour de 4 tonnes de linge quotidien. Début 2016, nous avons mis à profit la loi Touraine pour nous restructurer en GCS, auquel le CHU et nos autres clients ont alors adhéré. Depuis, les volumes traités sont en évolution constante : en six ans, nous sommes passés de 16 à 24 tonnes/jour, développant 3,5 millions d’euros d’activités extérieures. Nos effectifs ont également augmenté, puisque 76 emplois salariés ont été créés depuis 2016 et l’agrandissement de nos locaux (+ 1 330 m2).
Cette croissance rapide a-t-elle eu un impact sur vos prestations ?
Au-delà de la disponibilité et de la mobilisation dont ils ont su faire preuve au plus fort de la crise sanitaire, nos agents ont toujours maintenu une qualité de haut niveau : notre blanchisserie est certifiée ISO 9001 depuis 2015, et dispose donc d’un système de management de la qualité couvrant à la fois les activités de production du linge propre et la préparation des commandes auprès des partenaires et clients. Fait notable, cette certification a été renouvelée en septembre dernier, alors que les vagues épidémiques s’enchaînaient et se suivaient depuis presque deux ans. C’est là un autre indicateur de l’engagement fort de nos équipes. Notre prochain défi consistera en l’obtention de la certification RABC, qui n’est certes pas obligatoire mais n’en permettra pas moins de valoriser le savoir-faire de nos opérateurs. Pour mieux préparer cette étape, nous avons mis en place un système de tutorat : les plus anciens partagent leur expertise avec les nouvelles recrues afin qu’elles puissent plus rapidement monter en compétence. Nous devrons être prêts d’ici fin 2023.
Sur un autre registre, le GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé se démarque à plusieurs égards. Que pouvez-vous nous en dire ?
Notre blanchisserie est en effet, aujourd’hui, une référence importante au niveau national dans le domaine des Distributeurs Automatiques de Vêtements (DAV) : chaque jour, pas moins de 9 000 tenues professionnelles sont ainsi automatiquement distribuées au CHU de Toulouse, une organisation qui a d’ailleurs contribué à la gestion de la crise sanitaire en améliorant la disponibilité des tenues de travail et l’hygiène des pratiques. À la demande de la communauté médicale, le CHU a donc accepté de financer la généralisation des DAV qui devraient, à terme, couvrir 15 000 tenues/jour. L’hôpital Rangueil devrait être entièrement équipé d’ici la fin 2022, suivi en 2023 par l’hôpital des enfants, les urgences et Paule de Viguier de Purpan, et en 2024 par les autres sites. Autre innovation adoptée de longue date : l’emploi d’exosquelettes pour diminuer la pénibilité de certains postes, en particulier en ce qui concerne le port de charges lourdes en zone sale. Ces outils font partie intégrante de notre politique QVT, elle-même axée sur la sauvegarde et le maintien de nos compétences. Nous avons d’ailleurs, pour cette même raison, mis en place des revalorisations salariales à destination des métiers critiques et financé une complémentaire santé pour tous nos agents.
D’autres exemples ?
Notre structure utilise depuis 6 ans le lavage l’ozone pour le traitement du linge des résidents, qui représente actuellement 800 kg/jour – contre 100 en 2016. Un procédé qui a permis de faire des gains de productivité mais aussi d’améliorer la qualité globale de prestation via la réduction des incidents de lavage de produits fragiles. Cette activité est d’ailleurs elle aussi en augmentation. Nous avons donc investi 1,8 million d’euros pour la construction d’un bâtiment dédié, équipé d’un tunnel de finition pour l’automatisation du tri, d’un plieur automatique, etc. Une fois ce nouvel atelier finalisé – a priori en octobre 2022 – trois adhérents supplémentaires devraient se joindre à nous. J’évoquerai pour finir une autre spécificité de notre GCS : plutôt qu’un fonctionnement au prix global, comme cela se fait habituellement, nous avons choisi de fonctionner par périmètre de prestation, en proposant plusieurs niveaux de service afin de mieux répondre aux besoins de chaque adhérent et de chaque client. C’est là à mon sens un réel enjeu d’avenir pour les blanchisseries hospitalières, qui doivent faire preuve d’imagination pour continuer à se développer dans un environnement non seulement très concurrentiel, mais aussi et surtout marqué par les contraintes budgétaires auxquelles font face les établissements de santé – et qui elles-mêmes se répercutent sur les fonctions support.
Article publié dans l'édition de février 2022 d'Hospitalia à lire ici.
GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé : les chiffres clés
• 24 tonnes de linge traitées chaque jour pour le compte de 12 partenaires et 9 clients, soit 6 200 lits à équiper par jour, 20 000 personnes à habiller… et 500 rolls livrés quotidiennement.
• 110 salariés répartis entre la production, la maintenance, la logistique, l’administratif et les missions de référent linge chez les adhérents (10 personnes)
• Un atelier pour le traitement du linge des résidents et crèches, soit 800 kg/jour
GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé : les équipements
• 2 tunnels de lavage et 2 laveuses (40 kg et 140 kg)
• 1 système de convoyage aérien au sale et au propre pour la manutention des charges
• 6 séchoirs rotatifs d’une capacité de 120 kg
• 2 sécheuses-repasseuses haute productivité pour le grand plat, 1 sécheuse-repasseuse petit plat
• 1 tunnel de finition pour le linge en forme 2000 p/H avec double robot et 1 tunnel de finition DAV 1200 p /h (Distributeur Automatique de Vêtements)
• 2 plieurs éponges, 2 plieurs couvertures
• 1 emballeuse pour le linge protégé, et 1 ensacheuse
• 2 tunnels de lavage/désinfection des rolls, 2 cercleuses
• Un atelier linge de résident composé de 5 laveuses à l’ozone et 5 séchoirs dédiés, de casiers à tri.
• 24 tonnes de linge traitées chaque jour pour le compte de 12 partenaires et 9 clients, soit 6 200 lits à équiper par jour, 20 000 personnes à habiller… et 500 rolls livrés quotidiennement.
• 110 salariés répartis entre la production, la maintenance, la logistique, l’administratif et les missions de référent linge chez les adhérents (10 personnes)
• Un atelier pour le traitement du linge des résidents et crèches, soit 800 kg/jour
GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé : les équipements
• 2 tunnels de lavage et 2 laveuses (40 kg et 140 kg)
• 1 système de convoyage aérien au sale et au propre pour la manutention des charges
• 6 séchoirs rotatifs d’une capacité de 120 kg
• 2 sécheuses-repasseuses haute productivité pour le grand plat, 1 sécheuse-repasseuse petit plat
• 1 tunnel de finition pour le linge en forme 2000 p/H avec double robot et 1 tunnel de finition DAV 1200 p /h (Distributeur Automatique de Vêtements)
• 2 plieurs éponges, 2 plieurs couvertures
• 1 emballeuse pour le linge protégé, et 1 ensacheuse
• 2 tunnels de lavage/désinfection des rolls, 2 cercleuses
• Un atelier linge de résident composé de 5 laveuses à l’ozone et 5 séchoirs dédiés, de casiers à tri.