Plusieurs sujets préoccupent aujourd’hui le SNBH. Pouvez-vous nous en parler ?
Dr Xavier Palette : Ces derniers mois n’ont en effet pas été de tout repos pour notre spécialité. À l’instar des autres professionnels de santé, les biologistes hospitaliers ont par exemple tenté de prendre part aux débats autour de projet de loi « Ma Santé 2022 ». En février dernier, nous avons même transmis 12 propositions (1) au gouvernement, en nous inscrivant dans la continuité des engagements pris par le Président de la République. Nous avons balayé un certain nombre d’enjeux structurants pour notre avenir – communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), hôpitaux de proximité, groupements hospitaliers de territoire (GHT), accréditation, valorisation de l’acte de biologie, numérique, … – pour montrer que les biologistes médicaux étaient prêts à répondre aux nouveaux défis de la santé publique. Mais nos propositions n’ont eu aucun écho auprès des pouvoirs publics. Nous avons d’ailleurs du mal à nous faire entendre par ces derniers.
Dr Xavier Palette : Ces derniers mois n’ont en effet pas été de tout repos pour notre spécialité. À l’instar des autres professionnels de santé, les biologistes hospitaliers ont par exemple tenté de prendre part aux débats autour de projet de loi « Ma Santé 2022 ». En février dernier, nous avons même transmis 12 propositions (1) au gouvernement, en nous inscrivant dans la continuité des engagements pris par le Président de la République. Nous avons balayé un certain nombre d’enjeux structurants pour notre avenir – communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), hôpitaux de proximité, groupements hospitaliers de territoire (GHT), accréditation, valorisation de l’acte de biologie, numérique, … – pour montrer que les biologistes médicaux étaient prêts à répondre aux nouveaux défis de la santé publique. Mais nos propositions n’ont eu aucun écho auprès des pouvoirs publics. Nous avons d’ailleurs du mal à nous faire entendre par ces derniers.
Pourquoi ?
Sans doute parce nous ne parlons pas le même langage. Les pouvoirs publics se focalisent, aujourd’hui, sur la réalisation d’économies – une tendance qui dépasse le seul cadre du Ministère de la Santé. La biologie médicale estdès lors uniquement perçue comme une source de coûts, et non comme un moyen d’accélérer le diagnostic et de raccourcir les durées moyennes de séjour, générant par là même des économies importantes. Ce sont justement ces arguments essentiels dans les parcours de soins que nous, biologistes, mettons en avant. Mais ils ne font pas le poids, semble-t-il, contre la vision purement économique du gouvernement. Il n’existe aujourd’hui aucune étude qui démontre l’impact économique de la biologie sur le coût global des soins. C’est là un enjeu dont il faudrait que nous nous saisissions. En tout état de cause, les 12 propositions dévoilées par le SNBH cherchent à positionner la biologie médicale comme une spécialité structurante pour l’organisation-même du système de santé.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Prenez la prévention primaire : à la différence des pharmaciens, les biologistes médicaux ont rarement été associés aux campagnes de prévention et de dépistage, alors qu’ils sont présents sur tout le territoire et sont tout à fait en mesure d’orienter les patients vers une prise en charge médicale adaptée. Les biologistes hospitaliers ont, eux, un rôle à jouer dans le cadre de la prise en charge des urgences et des soins non programmés : ils assurent un service 24h/24 et sont parfaitement rodés à la prise en charge des urgences biologiques, là où de nombreux laboratoires de biologie médicale (LBM) privés ne sont souvent plus que des centres de prélèvement. Si les LBM de ville restent les correspondants naturels des CPTS, pourquoi ne pas mettre également à disposition de ces mêmes CPTS le ou les plateaux techniques d’un GHT lorsque cela répond à un besoin ? Il serait également opportun de positionner les LBM du GHT comme les structures de référence des futurs hôpitaux de proximité, ne serait-ce que pour favoriser la comparabilité et le suivi des résultats des patients à l’échelle d’un territoire.
Sans doute parce nous ne parlons pas le même langage. Les pouvoirs publics se focalisent, aujourd’hui, sur la réalisation d’économies – une tendance qui dépasse le seul cadre du Ministère de la Santé. La biologie médicale estdès lors uniquement perçue comme une source de coûts, et non comme un moyen d’accélérer le diagnostic et de raccourcir les durées moyennes de séjour, générant par là même des économies importantes. Ce sont justement ces arguments essentiels dans les parcours de soins que nous, biologistes, mettons en avant. Mais ils ne font pas le poids, semble-t-il, contre la vision purement économique du gouvernement. Il n’existe aujourd’hui aucune étude qui démontre l’impact économique de la biologie sur le coût global des soins. C’est là un enjeu dont il faudrait que nous nous saisissions. En tout état de cause, les 12 propositions dévoilées par le SNBH cherchent à positionner la biologie médicale comme une spécialité structurante pour l’organisation-même du système de santé.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Prenez la prévention primaire : à la différence des pharmaciens, les biologistes médicaux ont rarement été associés aux campagnes de prévention et de dépistage, alors qu’ils sont présents sur tout le territoire et sont tout à fait en mesure d’orienter les patients vers une prise en charge médicale adaptée. Les biologistes hospitaliers ont, eux, un rôle à jouer dans le cadre de la prise en charge des urgences et des soins non programmés : ils assurent un service 24h/24 et sont parfaitement rodés à la prise en charge des urgences biologiques, là où de nombreux laboratoires de biologie médicale (LBM) privés ne sont souvent plus que des centres de prélèvement. Si les LBM de ville restent les correspondants naturels des CPTS, pourquoi ne pas mettre également à disposition de ces mêmes CPTS le ou les plateaux techniques d’un GHT lorsque cela répond à un besoin ? Il serait également opportun de positionner les LBM du GHT comme les structures de référence des futurs hôpitaux de proximité, ne serait-ce que pour favoriser la comparabilité et le suivi des résultats des patients à l’échelle d’un territoire.
Le rôle des biologistes des hôpitaux semble aujourd’hui quelque peu méconnu…
Cette méconnaissance se traduit dans la manière-même dont est rémunéré un examen ou un bilan de biologie médicale : le forfait actuel recouvre simultanément et indistinctement l’acte technique et la prestation intellectuelle, qui fait pourtant appel à l’expertise du biologiste et représente sa réelle valeur ajoutée. Aussi le SNBH propose-t-il de mettre en œuvre un financement au forfait qualité-activité, qui distinguerait ces deux actes de manière à reconnaître et valoriser l’interprétation contextuelle ainsi que la prestation de conseil du biologiste médical. Il nous faut ici refondre la nomenclature, mais c’est là un chantier que nous sommes prêts à porter.
Cette meilleure reconnaissance du biologiste médical a également donné lieu à la publication d’un document recensant ses 20 principales missions (2).
C’est en effet un acte important : sous l’impulsion du Conseil National Professionnel de Biologie Médicale, un travail commun des organismes professionnels avec l’Ordre des Médecins et la section G de l’Ordre des Pharmaciens a abouti à la rédaction de ce document de référence, véritable socle à partir duquel la profession doit inventer son avenir pour accompagner la médicalisation de notre profession, telle que voulue par le législateur, loin des sirènes de la financiarisation. En avril, l’Autorité de Concurrence a par exemple recommandé d’ouvrir totalement la participation au capital des LBM privés pour les investisseurs non biologistes, ou du moins de relever le plafond actuel, ce qui accentuera l’industrialisation de la biologie médicale en la réduisant à une activité de services. Nous avons protesté contre ces propositions auprès du Premier Ministre avec nos collègues libéraux, qui sont vent debout contre cette proposition : une fois les LBM privés entre les mains des grands groupes financiers, les LBM publics seront à n’en pas douter la cible suivante.
Deux autres enjeux retiennent aujourd’hui votre attention : la mise en place d’une biologie « hors les murs », et le calendrier de l’accréditation, dont l’échéance finale est prévue au 1er novembre 2020. Pouvez-vous nous en parler ?
Le 2 septembre dernier, dans le cadre de son pacte de refondation des urgences, la Ministre de la Santé a en effet proposé de déployer des automates dans les cabinets médicaux ou centres de santé afin d’y réaliser des examens de biologie délocalisés. Les représentants de la biologie médicale, internes, biologistes hospitaliers et biologistes libéraux, lui répondent « Chiche ! » (3) – bien qu’il soit à notre sens plus pertinent de commencer par rééquiper les laboratoires de proximité d’automates d’urgences avant d’équiper chaque cabinet. Les biologistes médicaux sont prêts à prendre leurs responsabilités pour organiser la filière de biologie d’urgence, en ville comme à l’hôpital. Encore faut-il les concerter pour adopter des mesures courageuses. Quant à l’accréditation, l’échéance du 1ernovembre 2020 prévue par la loi du 30 mai 2013 n’est pas réaliste, d’autant que le COFRAC lui-même ne dispose pas de suffisamment d’évaluateurs pour mener l’ensemble des visites dans les délais impartis. Le 28 février, le SNBH a déposé une proposition d’amendement autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnance pour revoir les conditions règlementaires de l’accréditation. Nous n’avons une fois de plus pas été entendus…
Suivez l’actualité du SNBH sur www.snbh.asso.fr et sur le fil Twitter @lesnbh.
Cette méconnaissance se traduit dans la manière-même dont est rémunéré un examen ou un bilan de biologie médicale : le forfait actuel recouvre simultanément et indistinctement l’acte technique et la prestation intellectuelle, qui fait pourtant appel à l’expertise du biologiste et représente sa réelle valeur ajoutée. Aussi le SNBH propose-t-il de mettre en œuvre un financement au forfait qualité-activité, qui distinguerait ces deux actes de manière à reconnaître et valoriser l’interprétation contextuelle ainsi que la prestation de conseil du biologiste médical. Il nous faut ici refondre la nomenclature, mais c’est là un chantier que nous sommes prêts à porter.
Cette meilleure reconnaissance du biologiste médical a également donné lieu à la publication d’un document recensant ses 20 principales missions (2).
C’est en effet un acte important : sous l’impulsion du Conseil National Professionnel de Biologie Médicale, un travail commun des organismes professionnels avec l’Ordre des Médecins et la section G de l’Ordre des Pharmaciens a abouti à la rédaction de ce document de référence, véritable socle à partir duquel la profession doit inventer son avenir pour accompagner la médicalisation de notre profession, telle que voulue par le législateur, loin des sirènes de la financiarisation. En avril, l’Autorité de Concurrence a par exemple recommandé d’ouvrir totalement la participation au capital des LBM privés pour les investisseurs non biologistes, ou du moins de relever le plafond actuel, ce qui accentuera l’industrialisation de la biologie médicale en la réduisant à une activité de services. Nous avons protesté contre ces propositions auprès du Premier Ministre avec nos collègues libéraux, qui sont vent debout contre cette proposition : une fois les LBM privés entre les mains des grands groupes financiers, les LBM publics seront à n’en pas douter la cible suivante.
Deux autres enjeux retiennent aujourd’hui votre attention : la mise en place d’une biologie « hors les murs », et le calendrier de l’accréditation, dont l’échéance finale est prévue au 1er novembre 2020. Pouvez-vous nous en parler ?
Le 2 septembre dernier, dans le cadre de son pacte de refondation des urgences, la Ministre de la Santé a en effet proposé de déployer des automates dans les cabinets médicaux ou centres de santé afin d’y réaliser des examens de biologie délocalisés. Les représentants de la biologie médicale, internes, biologistes hospitaliers et biologistes libéraux, lui répondent « Chiche ! » (3) – bien qu’il soit à notre sens plus pertinent de commencer par rééquiper les laboratoires de proximité d’automates d’urgences avant d’équiper chaque cabinet. Les biologistes médicaux sont prêts à prendre leurs responsabilités pour organiser la filière de biologie d’urgence, en ville comme à l’hôpital. Encore faut-il les concerter pour adopter des mesures courageuses. Quant à l’accréditation, l’échéance du 1ernovembre 2020 prévue par la loi du 30 mai 2013 n’est pas réaliste, d’autant que le COFRAC lui-même ne dispose pas de suffisamment d’évaluateurs pour mener l’ensemble des visites dans les délais impartis. Le 28 février, le SNBH a déposé une proposition d’amendement autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnance pour revoir les conditions règlementaires de l’accréditation. Nous n’avons une fois de plus pas été entendus…
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