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Hygiène

Les infirmiers, un rôle clé dans la prévention du risque infectieux


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 30 Octobre 2024 à 09:06 | Lu 124 fois


Cadre supérieur en prévention et contrôle des infections à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, où elle intervient au quotidien dans les différents services, Corinne Tamames est aussi membre du conseil scientifique et du conseil d’administration de la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H). Rencontre.



Pourriez-vous nous présenter l’équipe de prévention et contrôle des infections (PCI) de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) ? 

Corinne Tamames : Celle-ci est composée d’un chef de service pour 0,2 équivalent temps plein (ETP), de deux praticiens, un à temps plein et un à mi-temps, de trois cadres, d’une infirmière anesthésiste, de deux agents administratifs et de moi-même, la cadre supérieure. Nous sommes donc cinq paramédicaux au sein de l’équipe PCI pour les 1 700 lits et places de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ce ratio ne nous permet pas d’être présents autant que nous le souhaiterions dans les différents services, mais nous y intervenons néanmoins le plus souvent possible, pour accompagner les équipes soignantes dans la prévention du risque infectieux. 

Quelles sont vos missions au sein de l’équipe de PCI ? 

Mes missions, et plus largement celles de l’équipe, sont très variées. Nous ne nous ennuyons jamais ! Nous intervenons, par exemple, dans le cadre d’épidémies ou d’alertes particulières, telles que la présence de Legionella pneumophila dans des douches, pour enquêter et limiter au maximum le risque de transmission. Pour autant, bien qu’elles soient essentielles, ces interventions ne représentent qu’une partie de nos tâches. Nous sommes également très actifs dans la surveillance des infections associées aux soins. Nous mettons ici en place différents indicateurs se focalisant chacun sur un point précis, comme la consommation de solutions hydro-alcooliques, le nombre de personnes vaccinées contre la grippe, la mise en place des précautions complémentaires auprès des patients qui le nécessitent… En fonction des données recueillies et de leurs enseignements, nous pouvons ensuite mener des actions et des audits, sur des thématiques spécifiques telles que la pose ou la gestion des cathéters veineux ou de sondes urinaires, ou encore l’hygiène des mains. Sur ce dernier point, nous réalisons un audit général sur l’hôpital tous les deux ans, en lien avec les étudiants de l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de l’hôpital. 

Vous intervenez d’ailleurs aussi à l’IFSI… 

Nous intervenons dans plusieurs instituts de formation : l’IFSI, mais aussi l’Institut de formation des aides-soignants (IFAS), la Faculté de médecine, et même, pour ma part, l’institut de formation des infirmiers de bloc opératoire de Paris. Dès les premières années de leur cursus, les professionnels de santé sont ainsi sensibilisés au risque infectieux. Mais ce rôle pédagogique ne s’arrête pas là. Nous poursuivons cette mission en intervenant dans les services en fonction des besoins recensés par les cadres, ou pour répondre à un plan d’action mis en place en réponse à une situation spécifique. Ces actions de formation sont d’ailleurs couplées avec une communication forte auprès des professionnels, mais aussi des patients et de leur famille. Car, en matière de prévention du risque infectieux, tout le monde est acteur et doit être impliqué.

Quel est plus spécifiquement le rôle des infirmiers et des cadres hygiénistes, dans la prévention du risque infectieux ? 

Notre rôle est vaste. Nous portons déjà les différentes missions que j’ai citées : la surveillance, la réponse à incident ou encore la formation. Nous intervenons auprès des professionnels, qu’ils soient infirmiers, agents hospitaliers, aides-soignants ou médecins. Le binôme médical-paramédical prend ici tout son sens dans l’articulation des équipes de prévention du risque infectieux. En tant que cadre et infirmier, l’échange avec nos pairs est facilité, et il en est de même pour les praticiens hospitaliers qui s’adresseront plus facilement à des médecins ou des pharmaciens. Ces échanges sont essentiels pour optimiser la prévention du risque infectieux. Et pour les maintenir, nous sommes présents chaque jour sur le terrain. 

Quels sont les principaux messages de vos actions ? 

Certains sujets reviennent fréquemment. Depuis 22 ans que je suis engagée dans la prévention du risque infectieux, j’ai l’impression de me battre sans fin contre les bijoux : bagues, alliances, et maintenant aussi les montres connectées que certains gardent au poignet pour compter leurs pas ou consulter rapidement leurs messages. Ce n’est toutefois pas le seul sujet récurrent. On peut ici citer plus largement l’hygiène des mains ou le mésusage des gants. Nous avons dernièrement beaucoup travaillé sur ce sujet, entraînant quelques réussites et notamment un meilleur usage constaté en réanimation. Mais c’est un travail quotidien pour changer ces habitudes. Nous pouvons compter ici sur le relais des cadres des services et des référents en hygiène, qui sont essentiels dans toutes nos actions pour une meilleure prévention du risque infectieux.  

Corinne Tamames

Infirmière de bloc opératoire, Corinne Tamames a exercé en cancérologie et pendant plusieurs années au bloc opératoire, en chirurgie orthopédique et neurochirurgie pédiatrique. Après l’obtention du diplôme de cadre de santé, elle enseigne à Institut de formation des infirmiers de bloc opératoire avant d’obtenir un diplôme universitaire en hygiène. Passionnée par cette nouvelle spécialité, la cadre exerce ensuite dans un centre de rééducation fonctionnelle, un petit hôpital parisien et, pendant quelques mois, dans l’ex-CCLIN Paris-Nord. Après dix années passées au sein de ces structures, elle rejoint l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière où, depuis maintenant douze ans, elle officie en tant que cadre infirmière pour la prévention et le contrôle des infections.

Adhérente à la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H), Corinne Tamames est membre depuis 2021 du conseil d’administration et du conseil scientifique de la société savante. Elle participe à différents travaux, notamment au sein de la commission Désinfection et de la commission Formation. Pendant deux ans, la cadre francilienne a aussi pris part aux travaux du Haut conseil pour la santé publique (HCSP) dans le cadre du groupe de travail Mesures universelles d’hygiène. 

> Article paru dans Hospitalia #66, édition de septembre 2024, à lire ici 






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