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La santé participative à l'essai dans 26 structures


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 8 Février 2023 à 11:38 | Lu 1257 fois


En 2021, Olivier Véran, alors ministre des Solidarités et de la Santé, lançait une première expérimentation dans six quartiers prioritaires autour de la santé participative. Élargie au début de l’année 2022, cette démarche est aujourd’hui déployée dans 26 centres et maisons de santé, partout en France. C’est notamment le cas de l’association Avenir Santé Villejean Beauregard de Rennes, qui compte sur ce projet pour « promouvoir la prévention et la prise en charge précoce des soins ».



Johanna Abolgassemi, directrice de la MSP rennaise et Marie-Noëlle Proust, orthophoniste et co-présidente de l’association Avenir Santé Villejean Beauregard. ©AP
Johanna Abolgassemi, directrice de la MSP rennaise et Marie-Noëlle Proust, orthophoniste et co-présidente de l’association Avenir Santé Villejean Beauregard. ©AP
En plein essor, la notion de médecine 4P (personnalisée, préventive, prédictive et participative) concentre les attentions depuis déjà quelques années, à l’hôpital comme chez les praticiens de ville. Ministre des Solidarités et de la Santé alors en exercice, Olivier Véran a lancé le 1er août 2021 une expérimentation spécifiquement axée sur la « santé participative », et associant six centres et maisons de santé à Toulouse, Marseille, Saint-Denis, Strasbourg, Échirolles (38) et Vaulx-en-Velin (69). Bénéficiant d’un budget de 30 millions d’euros, celle-ci a été élargie en mars 2022, mobilisant vingt structures supplémentaires situées dans des quartiers prioritaires partout en France.
 
« Les structures de santé participatives que nous déployons sont une réponse éprouvée et adaptée à des populations qui ont besoin de se soigner, mais qui se trouvent éloignées de notre système de santé pour de nombreuses raisons. C’est une méthode nouvelle, au croisement du sanitaire et du social, que nous mettons en place », avait déclaré Olivier Véran lors du lancement de l’expérimentation. Création d’espaces de parole au sein des quartiers, mise en œuvre d’actions de médiation en santé, développement de services d’interprétariat professionnels… Prévue pour durer deux ans, l’expérimentation s’attache à multiplier les moyens pour mieux impliquer les populations locales dans le soin et la prévention.

Les rencontres de terrain, un point central

À Rennes, l’association Avenir Santé Villejean Beauregard, qui gère la Maison de Santé Pluriprofessionnelle (MSP) Rennes Nord-Ouest Avenir Santé Villejean Beauregard, est l’une des structures ayant répondu à l’Appel à Manifestation d’Intérêt publié par le ministère, avec pour objectif de notamment développer ses actions de médiation en santé, d’accompagnement des personnes en difficulté et d’interprétariat. Sur ce dernier point, l’association bénéficie depuis 2021 d’un financement de la Fondation de France pour mettre en place un dispositif d’interprétariat téléphonique. « Grâce à l’expérimentation Santé Participative, ce dispositif a largement été élargi, rendant même possible l’accès à l’interprétariat physique programmé », indique Johanna Abolgassemi, directrice de la MSP rennaise.
 
Et c’est loin d’être la seule réalisation de l’association dans le cadre de l’expérimentation : un autre projet, intitulé « La Boussole », est en cours de développement. Centré sur l’accompagnement psychologique et la création de points d’écoute hebdomadaires dans les quartiers de Villejean et de Beauregard, il prévoit l’intervention d’une psychologue, de professionnels de santé et de bénévoles dans le cadre d’ateliers et d’activités « prétextes à des échanges », précise Johanna Abolgassemi. « Ces rencontres de terrain offrent la possibilité d’engager le dialogue avec des personnes parfois éloignées du soin », abonde Marie-Noëlle Proust, orthophoniste et co-présidente de l’association Avenir Santé Villejean Beauregard. Habitués aux rencontres de terrain – en étant par exemple présents sur le marché hebdomadaire du quartier Villejean –, les membres de l’association comptent notamment ainsi « dédramatiser le recours à un psychologue », résume Johanna Abolgassemi qui constate encore certaines appréhensions freinant la consultation de ces professionnels de santé. « Nous avons déjà organisé plusieurs rencontres de ce type et savons qu’elles ont un réel impact auprès de la population locale : elles font parfois office de porte d’entrée pour l’accès aux soins », note la responsable, persuadée que ce type de projet « favorise une nouvelle dynamique autour du concept de partenariat-patient, lequel doit aussi se développer en ville ».

Diversifier les approches pour toucher le plus d’habitants possible

Également portée par Nadia Hai, alors ministre déléguée chargée de la Ville, l’expérimentation Santé Participative s’inscrit en effet à la croisée des chemins entre professionnels de ville, patients, monde de la santé et secteur social. Au sein de la MSP Rennes Nord-Ouest, les financements reçus dans le cadre de l’expérimentation permettent ainsi d’avoir recours à des professionnels extérieurs, tels que des éducateurs, pour accompagner les patients ou monter avec eux des projets. La MSP dispose à ce titre d’une chargée de mission Santé Participative, dont le rôle est de faire le lien entre ces professionnels, les membres de l’association et les habitants des quartiers ciblés, afin justement d’identifier les besoins exprimés lors des animations et rencontres sur le terrain.
 
« Pour toucher le plus de monde possible, nous essayons de diversifier les approches, en développant par exemple des ateliers coopératifs », explique Marie-Noëlle Proust, qui cite notamment l’atelier bibliothèque, assimilable à une permanence tenue par une orthophoniste de l’association dans les médiathèques des quartiers. « En tant que soignante, je suis convaincue par cette démarche et plus largement par le concept de santé participative qui, en favorisant la proximité entre les patients et les professionnels de santé, facilite la prise en charge précoce et donc le soin », poursuit la co-présidente. Ce constat semble partagé par les pouvoirs publics, qui ont affirmé leur volonté de poursuivre l’expérimentation pendant encore plusieurs mois afin de « créer les conditions de ce modèle » et atteindre « 60 centres et maisons de santé participatifs en 2024 ».

Article publié dans l'édition de décembre 2022 d'Hospitalia à lire ici.

L’association Avenir Santé Villejean Beauregard
 
Créée en 1979 sous le nom d’Avenir Santé Villejean, en référence au quartier où elle était historiquement implantée, l’association désormais dite Avenir Santé Villejean Beauregard a progressivement élargi ses activités au quartier de Beauregard. La MSP Rennes Nord-Ouest Avenir Santé Villejean Beauregard, pour sa part rattachée à l’association en 2015, compte aujourd’hui 25 sites répartis dans ces deux quartiers et desservant leurs 21 000 habitants. La structure, opérée par sept salariés (soit 5,6 Équivalents Temps Plein), regroupe actuellement une centaine de professionnels de santé. Les usagers ne sont pas en reste : depuis quelques années, le conseil d’administration de l’association compte également une dizaine d’habitants des quartiers rennais de Villejean et de Beauregard.






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