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Le magazine de l'innovation hospitalière
Hygiène

La maîtrise des risques environnementaux, un enjeu majeur


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mardi 29 Août 2023 à 12:58 | Lu 1735 fois


Élément central dans la prévention des infections associées aux soins, la maîtrise de l’environnement hospitalier représente l’une des principales missions confiées aux professionnels de l’hygiène en milieu médical. Avec, pour objectif, de limiter au mieux les risques d’infections en formalisant et en mettant en œuvre des protocoles adaptés à la gestion de l’eau, de l’air et des surfaces.



Assurer un environnement sûr pour les usagers de l’hôpital fait partie des missions des services d’hygiène opérant au sein des établissements de santé. Surveillance de la ventilation, nettoyage des surfaces, maîtrise des réseaux d’eau… Les tâches qui y sont liées sont aussi variées que complexes, et nécessitent un réel savoir-faire pour les gérer de manière optimale et prévenir ainsi une grande partie des infections associées aux soins. Parmi les points d’intérêt en environnement hospitalier, l’hygiène de l’air, et donc les systèmes de ventilation associés, occupe une place particulièrement importante.  

« En termes de réglementation, la norme Afnor NF S90-351 [qui guide la conception, la réalisation, l’exploitation et la maintenance des installations de traitement d’air dans les salles propres et les environnements apparentés en milieu hospitalier - NDLR] a déterminé quatre classes de risques, avec pour chacune la préconisation des performances à atteindre en termes de critères d'élimination des particules, de propreté microbiologique, de pression ou de régime d'écoulement d'air », a indiqué, le 9 mars dernier, le Pr Jean-Christophe Lucet, lors d’un webinaire justement consacré à la gestion de l’air. Ancien membre de l’équipe de prévention du risque infectieux à l’hôpital Bichat - Claude Bernard (AP-HP), le spécialiste avait pris part à une série de conférences virtuelles organisées par les Jeunes Professionnels de la Prévention du Risque Infectieux (JePPRI), et intitulées Webi’mars.

Le cas des blocs opératoires

Classés pour la plupart en risque 3, les blocs opératoires doivent donc, selon la norme Afnor NF S90-351, opter pour un traitement d’air en ISO 7, soit l’installation d’un flux non unidirectionnel, ou flux turbulent. Dans le cas de salles d'orthopédie prothétique, de greffe d'organes ou d'opération sur grands brûlés, la réglementation prévoit un traitement de l’air plus spécifique, en ISO 5, avec un flux laminaire et un plafond soufflant. Classés en risque 2, les services de réanimation doivent pour leur part opter pour l’ISO 8, avec la nécessité de pouvoir mettre les pièces en surpression et un régime de ventilation de l'ordre de 6 v3/h. Néanmoins, dans le cas de la réanimation, « les modes de ventilation et les recommandations sont, pour l’instant, assez hétérogènes. Il faut donc prendre en compte la variété des patients pris en charge selon l'hôpital et l'unité », a noté le Pr Jean-Christophe Lucet.

L’aération des chambres « classiques », une problématique réelle

Dans les chambres d'hospitalisation conventionnelle, classées en risque 1, aucun système spécifique de renouvellement de l’air n’est recommandé par la norme Afnor. « Dans un hôpital, on peut donc avoir des chambres d'hospitalisation sans qu'il n’y ait de renouvellement d'air en dehors d'une VMC classique, intégrée par exemple dans le cabinet de toilette », a souligné le spécialiste en insistant néanmoins sur la nécessité de mettre en œuvre une surveillance particulière de la concentration de CO2 au sein de la pièce. Faisant écho à un enjeu largement mis en lumière par la crise sanitaire, le Haut Conseil pour la Santé Publique recommande depuis avril 2021 un taux de CO2 maximal de l’ordre de 800 ppm, et un renouvellement de l'air à 4 v3/h pour tout établissement recevant du public. Si les règlements sanitaires départementaux ne sont pas, pour la plupart, aussi stricts, « il est important de faire attention à cette donnée, et de pouvoir si besoin, ouvrir les fenêtres des chambres », a insisté l’hygiéniste.

Désinfection et nettoyage des surfaces

Toujours dans les chambres d’hospitalisation conventionnelle, une attention forte doit également être portée aux surfaces : au niveau des sols, bien sûr, mais aussi et surtout des zones de contacts tels que les accoudoirs, les poignées, les télécommandes, les sanitaires… Plusieurs technologies existent pour assurer ici un traitement efficace, allant du nettoyage à la microfibre et l’eau jusqu’à la DSVA (Désinfection des Surfaces par Voies Aériennes), en passant par l’usage de détergents chimiques, de système de nettoyage par la vapeur ou encore de désinfection par rayons UV.

Pour justement comparer ces différentes techniques, les équipes de l’hôpital de Haguenau, dans le Nord Alsace, ont mené une série d’expérimentations autour de la chimie et de ses alternatives. Elles ont ainsi enregistré une réduction de la charge bactérienne de 0,93 log sur les surfaces utiles lors de l’utilisation d’un détergent seul. Un chiffre qui passe à 1 log, voire au maximum à 1,21 log, lors du recours à un détergent-désinfectant, et à 1,84 log pour ce qui est d’une eau de javel à 0,48 % de chlore actif. Pour aller plus loin encore, les hygiénistes du CH de Haguenau ont également testé la DSVA, qui a porté cette réduction à 2,25 logs, et les UV, qui rajoutent 1 log par rapport à un nettoyage classique. La vapeur seule arrive quant à elle à un peu plus d’un log, alors que son adjonction à un nettoyage classique permet de dépasser les 2 logs. « L’eau et la microfibre, ou le nettoyage vapeur, accompagnés si besoin d’une DSVA ou d’UV peuvent suffire au traitement des surfaces », a résumé, le 16 mars dernier, le Dr Olivier Meunier, lors du Webi’mars consacré aux surfaces. Le responsable de l’EOH au CH de Haguenau a surtout insisté sur la nécessité de former au mieux les professionnels, car « les gestes sont aussi importants pour assurer un bon bionettoyage ».

- Les webinaires de la série Webi’mars seront disponibles en replay à partir de l’été 2023 sur le site de la SF2H : https://www.sf2h.net/  

Article publié dans l'édition de mai 2023 d'Hospitalia à lire ici.

L’eau et le risque de légionellose

Bactéries pouvant entraîner une infection respiratoire aigüe potentiellement mortelle, les légionelles se développent particulièrement bien à l’intérieur de nos réseaux d’eau modernes, dans les domiciles, les hôtels, les campings et même les hôpitaux. Ces derniers, qui réunissent davantage de personnes à risques, sont sans surprise soumis à des contrôles et une réglementation stricts en matière d’hygiène des réseaux d’eau. « Trois textes sont ici essentiels : la circulaire du 22 avril 2002, l'arrêté du 1er février 2010, et la circulaire du 21 décembre 2010 », a décrit le Dr Didier Lecointe, chef du service d’hygiène, de prévention et de contrôle des infections pour le CH Sud Francilien, lors du dernier Webi’mars consacré à cette problématique.
Ces textes détaillent ainsi les différentes mesures à mettre en place pour prévenir le risque de légionelle avec, en premier lieu, un contrôle strict de la température de l’eau. « L’eau doit être au moins à 55°C en départ de boucle, ne doit pas avoir plus de 5°C de différence avec le retour de boucle, et la température doit être de plus de 50°C au niveau des points d'usage », a résumé l’hygiéniste. Au moins une fois par an, il est également prévu de réaliser des analyses de recherche et de dénombrement des légionelles dans les réseaux. Pour une prévention plus facile, ces réseaux doivent d’ailleurs être pensés pour réduire les risques. « On privilégiera de faibles tailles de boucles, des réseaux de distribution équilibrés », a indiqué Didier Lecointe, insistant également sur la nécessité de bien désinfecter et détartrer la robinetterie ainsi que les pommeaux de douches via, notamment, la réalisation de purges régulières.
 






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