Quels sont les axes de réflexion actuels du SNBH ?
Dr Xavier Palette : Nos travaux font écho à l’actualité de la profession, et plus particulièrement aux nouvelles préoccupations au cœur de l’exercice de la biologie hospitalière. Nos confrères sont en effet aujourd’hui sur plusieurs fronts, ce qui rend leur exercice d’autant plus difficile. Ainsi de l’accréditation selon la norme ISO NF EN 15189 : une large proportion de l’activité des LBM hospitaliers est couverte par 20% des prescriptions, ce qui permet d’atteindre assez aisément 50%, voire 70%, du volume d’examens accrédités. Mais chaque nouvelle méthode validée dans le cadre de l’accréditation génère des charges de travail supplémentaires et il reste encore très souvent plus de 60% des méthodes à accréditer. Or les effectifs au sein des LBM hospitaliers sont contraints, et notre inquiétude est totale quant à l’obtention de l’accréditation sur 100% des examens à l’horizon 2020. Ce délai nous semble impossible à tenir. Nous attendons donc des aménagements qui tiennent compte de la réalité sur le terrain, et sommes attentifs à ce que les pouvoirs publics entendent cet appel des biologistes hospitaliers.
Dr Xavier Palette : Nos travaux font écho à l’actualité de la profession, et plus particulièrement aux nouvelles préoccupations au cœur de l’exercice de la biologie hospitalière. Nos confrères sont en effet aujourd’hui sur plusieurs fronts, ce qui rend leur exercice d’autant plus difficile. Ainsi de l’accréditation selon la norme ISO NF EN 15189 : une large proportion de l’activité des LBM hospitaliers est couverte par 20% des prescriptions, ce qui permet d’atteindre assez aisément 50%, voire 70%, du volume d’examens accrédités. Mais chaque nouvelle méthode validée dans le cadre de l’accréditation génère des charges de travail supplémentaires et il reste encore très souvent plus de 60% des méthodes à accréditer. Or les effectifs au sein des LBM hospitaliers sont contraints, et notre inquiétude est totale quant à l’obtention de l’accréditation sur 100% des examens à l’horizon 2020. Ce délai nous semble impossible à tenir. Nous attendons donc des aménagements qui tiennent compte de la réalité sur le terrain, et sommes attentifs à ce que les pouvoirs publics entendent cet appel des biologistes hospitaliers.
Une autre préoccupation a trait aux Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT). Pouvez-vous nous en parler ?
L’inquiétude porte plus particulièrement sur la mise en œuvre des GHT dans un contexte où toutes les énergies sont focalisées sur l’accréditation. Comment relever de concert ces deux défis, tout en tenant compte des demandes des tutelles pour réduire les dépenses hospitalières – ce qui n’est pas sans impact sur les frais de fonctionnement des LBM ? Une précision s’impose : le SNBH ne souhaite pas mener de combats d’arrière-garde. Il n’est donc pas question pour nous de revenir sur les réformes qui ont été votées. Mais nous demandons avec force que celles-ci soient menées selon un calendrier raisonnable, adapté aux ressources dont disposent nos confrères pour leur exercice quotidien.
L’avenir professionnel des biologistes médicaux représente une troisième source d’inquiétude.
Cette préoccupation est en effet partagée par tous les biologistes, quel que soit leur mode d’exercice. De plus en plus de LBM de ville sont en effet rachetés par des sociétés financières plutôt que par des biologistes. Il est à craindre que cette tendance à l’industrialisation de la Biologie ne se traduise par une nouvelle concurrence entre LBM publics et privés, au détriment des structures hospitalières. L’inquiétude est donc légitime.
L’inquiétude porte plus particulièrement sur la mise en œuvre des GHT dans un contexte où toutes les énergies sont focalisées sur l’accréditation. Comment relever de concert ces deux défis, tout en tenant compte des demandes des tutelles pour réduire les dépenses hospitalières – ce qui n’est pas sans impact sur les frais de fonctionnement des LBM ? Une précision s’impose : le SNBH ne souhaite pas mener de combats d’arrière-garde. Il n’est donc pas question pour nous de revenir sur les réformes qui ont été votées. Mais nous demandons avec force que celles-ci soient menées selon un calendrier raisonnable, adapté aux ressources dont disposent nos confrères pour leur exercice quotidien.
L’avenir professionnel des biologistes médicaux représente une troisième source d’inquiétude.
Cette préoccupation est en effet partagée par tous les biologistes, quel que soit leur mode d’exercice. De plus en plus de LBM de ville sont en effet rachetés par des sociétés financières plutôt que par des biologistes. Il est à craindre que cette tendance à l’industrialisation de la Biologie ne se traduise par une nouvelle concurrence entre LBM publics et privés, au détriment des structures hospitalières. L’inquiétude est donc légitime.
Comment le SNBH appréhende-t-il aujourd’hui le défi des GHT ?
Nous avons réalisé une première enquête cet été auprès de nos confrères hospitaliers, afin d’adapter nos actions à leurs préoccupations réelles. Notre stratégie est actuellement en cours d’élaboration. Mais, si l’on s’en tient aux quelques retours dont nous avons déjà eu écho, la perception des GHT est fonction des conditions locales. Lorsque les biologistes ont été associés à l’élaboration du projet médical partagé et qu’ils sont soutenus par leurs directions générales, les restructurations apportées par le GHT sont dans l’ensemble assez bien vécues. Mais lorsque le périmètre géographique du groupement est perçu comme incohérent, ou lorsqu’il n’y a que peu de synergies entre les différents LBM, il est vécu comme une contrainte, ce qui peut complexifier la mise en place de projets de coopération. Il n’y a pas, ici, de modèle prédéfini qu’il suffirait d’appliquer tel quel. Chaque GHT a des spécificités qui lui sont propres, et chaque projet de biologie territoriale doit se construire en cohérence avec ces spécificités et en lien avec les professionnels concernés.
Comment articuler cet enjeu des GHT avec celui de l’accréditation ?
C’est justement tout le problème. Il est déjà difficile, sinon impossible de but en blanc, de faire fusionner deux systèmes qualité pour n’en faire plus qu’un : il faut d’abord définir une stratégie de convergence, puis probablement faire fonctionner les deux systèmes en parallèle le temps de finaliser la réunion des documents et aboutir à ce nouveau système unifié. Or il est rare qu’un GHT n’associe que deux LBM… Un groupe de travail spécifique a à ce titre été créé au sein du COFRAC, et le SNBH y participe aux côtés d’autres instances professionnelles. La constitution des GHT soulève d’ailleurs une autre question : quid de l’interopérabilité des Systèmes d’Information de Laboratoire (SIL) ? Peu de SIL sont aujourd’hui communicants à l’échelle d’un GHT, alors qu’il s’agit là d’une condition essentielle pour créer des filières territoriales. Or la mise en œuvre de cette convergence informatique n’est pas du ressort des biologistes, mais des directions des systèmes d’information, en lien avec le schéma directeur partagé des SI. De la même manière, quid des achats groupés ? À compter du 1er janvier 2018, l’établissement support du GHT devra assurer la fonction achats pour le compte des établissements parties. Quel contrôle auront les biologistes sur les achats les concernant ? Ce sont là autant d’interrogations légitimes, sur lesquelles se penche aujourd’hui le SNBH.
L’année 2018 sera donc celle de nouveaux combats.
Elle sera plutôt placée sous le signe d’échanges suivis avec les pouvoirs publics, afin qu’ils entendent les inquiétudes des biologistes hospitaliers. La montée en charge de l’accréditation sans tenir compte des autres contraintes auxquelles sont confrontés les biologistes hospitaliers ne peut, aujourd’hui, se faire dans les délais requis sans dégrader nos conditions d’exercice. C’est un des messages que nous souhaitons faire passer aux tutelles. Et nous sommes ouverts à la discussion !
Nous avons réalisé une première enquête cet été auprès de nos confrères hospitaliers, afin d’adapter nos actions à leurs préoccupations réelles. Notre stratégie est actuellement en cours d’élaboration. Mais, si l’on s’en tient aux quelques retours dont nous avons déjà eu écho, la perception des GHT est fonction des conditions locales. Lorsque les biologistes ont été associés à l’élaboration du projet médical partagé et qu’ils sont soutenus par leurs directions générales, les restructurations apportées par le GHT sont dans l’ensemble assez bien vécues. Mais lorsque le périmètre géographique du groupement est perçu comme incohérent, ou lorsqu’il n’y a que peu de synergies entre les différents LBM, il est vécu comme une contrainte, ce qui peut complexifier la mise en place de projets de coopération. Il n’y a pas, ici, de modèle prédéfini qu’il suffirait d’appliquer tel quel. Chaque GHT a des spécificités qui lui sont propres, et chaque projet de biologie territoriale doit se construire en cohérence avec ces spécificités et en lien avec les professionnels concernés.
Comment articuler cet enjeu des GHT avec celui de l’accréditation ?
C’est justement tout le problème. Il est déjà difficile, sinon impossible de but en blanc, de faire fusionner deux systèmes qualité pour n’en faire plus qu’un : il faut d’abord définir une stratégie de convergence, puis probablement faire fonctionner les deux systèmes en parallèle le temps de finaliser la réunion des documents et aboutir à ce nouveau système unifié. Or il est rare qu’un GHT n’associe que deux LBM… Un groupe de travail spécifique a à ce titre été créé au sein du COFRAC, et le SNBH y participe aux côtés d’autres instances professionnelles. La constitution des GHT soulève d’ailleurs une autre question : quid de l’interopérabilité des Systèmes d’Information de Laboratoire (SIL) ? Peu de SIL sont aujourd’hui communicants à l’échelle d’un GHT, alors qu’il s’agit là d’une condition essentielle pour créer des filières territoriales. Or la mise en œuvre de cette convergence informatique n’est pas du ressort des biologistes, mais des directions des systèmes d’information, en lien avec le schéma directeur partagé des SI. De la même manière, quid des achats groupés ? À compter du 1er janvier 2018, l’établissement support du GHT devra assurer la fonction achats pour le compte des établissements parties. Quel contrôle auront les biologistes sur les achats les concernant ? Ce sont là autant d’interrogations légitimes, sur lesquelles se penche aujourd’hui le SNBH.
L’année 2018 sera donc celle de nouveaux combats.
Elle sera plutôt placée sous le signe d’échanges suivis avec les pouvoirs publics, afin qu’ils entendent les inquiétudes des biologistes hospitaliers. La montée en charge de l’accréditation sans tenir compte des autres contraintes auxquelles sont confrontés les biologistes hospitaliers ne peut, aujourd’hui, se faire dans les délais requis sans dégrader nos conditions d’exercice. C’est un des messages que nous souhaitons faire passer aux tutelles. Et nous sommes ouverts à la discussion !
Un nouveau calendrier pour l’accréditation des LBM
Appelés par la loi du 30 mai 2013 à être accrédités par paliers, les LBM sont tenus, à terme, de l’être sur 100 % des examens de biologie médicale à l’échéance du 1er novembre 2020.
Le palier initial de l’accréditation sur 50% des examens réalisés sur au moins un examen par famille devait entrer en vigueur à compter du 1er novembre 2016. Il a été reporté au 31 décembre 2017.
Le deuxième palier d’accréditation, qui était fixé au 1er novembre 2018 et qui devait porter sur 70% des examens, a pour sa part été supprimé par un cavalier législatif introduit dans la loi Sapin 2.
Le palier initial de l’accréditation sur 50% des examens réalisés sur au moins un examen par famille devait entrer en vigueur à compter du 1er novembre 2016. Il a été reporté au 31 décembre 2017.
Le deuxième palier d’accréditation, qui était fixé au 1er novembre 2018 et qui devait porter sur 70% des examens, a pour sa part été supprimé par un cavalier législatif introduit dans la loi Sapin 2.
Par Joëlle Hayek. Article publiée dans le numéro 39 d'Hospitalia, magazine à consulter en intégralité ici.