Quels ont été, cette année, les événements marquants pour la biologie médicale ?
Dr Carole Poupon : 2023 a été une année relativement calme pour les biologistes hospitaliers, à l’inverse de nos confrères de ville qui, ces derniers mois, ont multiplié les protestations contre la financiarisation de leur secteur. Notre problématique principale, à l’hôpital, porte surtout sur le déficit d’attractivité de notre spécialité. Le rapport commun des Académies de médecine et de pharmacie, publié en octobre 2022, avait d’ailleurs posé un constat alarmant, faisant à la fois état d’une baisse régulière du nombre de biologistes médicaux en France, et d’une très inquiétante désaffection de la part des internes à l’issue des épreuves classantes nationales (ECN).
Le SNBH a donc mené sa propre enquête auprès des CH et CHU…
Les réponses obtenues ont elles aussi mis en lumière d’importantes difficultés sur le plan démographique. 70 % des répondants ont d’ailleurs indiqué avoir du mal à recruter, ce qui n’était pas le cas il y a encore une décennie. Or la moyenne d’âge des biologistes hospitaliers en exercice est relativement élevée et, là où il n’était pas rare, auparavant, qu’un praticien hospitalier demeure en poste au-delà de l’âge de la retraite, cela n’est plus le cas aujourd’hui. Je quitterai d’ailleurs moi-même toute fonction prochainement, au CH de Gonesse où j’exerce, comme au SNBH. Pour résumer, au-delà de l’hémorragie désormais commune à tous les métiers et toutes les spécialités de l’hôpital, de nombreux départs en retraite sont attendus dans les prochaines années dans le champ de la biologie hospitalière, et le renouvellement de la profession n’est plus assuré du fait de la désaffection des internes. Sur ce dernier point, nous cherchons actuellement à mieux cerner la problématique, en lien avec la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et biologie médicale (FNSIP-BM).
Comment expliquez-vous ce désamour ?
La situation est particulièrement inquiétante du côté des internes en médecine : en 2021, la biologie médicale était au 43ème rang sur 44 spécialités possibles lors du choix à l’issue des ECN ! Peut-être est-ce dû à une méconnaissance de notre spécialité ? L’exercice hospitalier est pourtant tellement riche, et offre de telles possibilités… Nous devrons mieux communiquer à ce sujet auprès des jeunes générations, et ce sera certainement là une mission pour mon successeur à la présidence du SNBH. Cela dit, l’absence des internes n’est pas uniquement due à un déficit d’information.
Qu’entendez-vous par là ?
Le poids de l’accréditation a également fait beaucoup de mal à notre spécialité, même si les choses se sont enfin calmées sur ce front – notamment depuis mars 2021 et la publication de l’arrêté fixant les examens représentatifs et les compétences associées pour l’accréditation des lignes de portée des examens de biologie médicale. Bien sûr, il nous faut désormais mettre en œuvre la norme ISO 15189 dans sa version 2022, mais nos confrères sont désormais rodés à ce type de démarche. Pour autant, nous continuons de nous interroger sur les bénéfices réels de l’accréditation des laboratoires de biologie médicale (LBM) hospitaliers, en particulier lorsqu’ils sont rapportés au coût de cette accréditation. Le Conseil national professionnel de la biologie médicale avait ici questionné le directeur du COFRAC, sans obtenir de réponse véritablement satisfaisante. Aussi sommes-nous de plus en plus nombreux à plaider pour une évaluation chiffrée…
Dr Carole Poupon : 2023 a été une année relativement calme pour les biologistes hospitaliers, à l’inverse de nos confrères de ville qui, ces derniers mois, ont multiplié les protestations contre la financiarisation de leur secteur. Notre problématique principale, à l’hôpital, porte surtout sur le déficit d’attractivité de notre spécialité. Le rapport commun des Académies de médecine et de pharmacie, publié en octobre 2022, avait d’ailleurs posé un constat alarmant, faisant à la fois état d’une baisse régulière du nombre de biologistes médicaux en France, et d’une très inquiétante désaffection de la part des internes à l’issue des épreuves classantes nationales (ECN).
Le SNBH a donc mené sa propre enquête auprès des CH et CHU…
Les réponses obtenues ont elles aussi mis en lumière d’importantes difficultés sur le plan démographique. 70 % des répondants ont d’ailleurs indiqué avoir du mal à recruter, ce qui n’était pas le cas il y a encore une décennie. Or la moyenne d’âge des biologistes hospitaliers en exercice est relativement élevée et, là où il n’était pas rare, auparavant, qu’un praticien hospitalier demeure en poste au-delà de l’âge de la retraite, cela n’est plus le cas aujourd’hui. Je quitterai d’ailleurs moi-même toute fonction prochainement, au CH de Gonesse où j’exerce, comme au SNBH. Pour résumer, au-delà de l’hémorragie désormais commune à tous les métiers et toutes les spécialités de l’hôpital, de nombreux départs en retraite sont attendus dans les prochaines années dans le champ de la biologie hospitalière, et le renouvellement de la profession n’est plus assuré du fait de la désaffection des internes. Sur ce dernier point, nous cherchons actuellement à mieux cerner la problématique, en lien avec la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et biologie médicale (FNSIP-BM).
Comment expliquez-vous ce désamour ?
La situation est particulièrement inquiétante du côté des internes en médecine : en 2021, la biologie médicale était au 43ème rang sur 44 spécialités possibles lors du choix à l’issue des ECN ! Peut-être est-ce dû à une méconnaissance de notre spécialité ? L’exercice hospitalier est pourtant tellement riche, et offre de telles possibilités… Nous devrons mieux communiquer à ce sujet auprès des jeunes générations, et ce sera certainement là une mission pour mon successeur à la présidence du SNBH. Cela dit, l’absence des internes n’est pas uniquement due à un déficit d’information.
Qu’entendez-vous par là ?
Le poids de l’accréditation a également fait beaucoup de mal à notre spécialité, même si les choses se sont enfin calmées sur ce front – notamment depuis mars 2021 et la publication de l’arrêté fixant les examens représentatifs et les compétences associées pour l’accréditation des lignes de portée des examens de biologie médicale. Bien sûr, il nous faut désormais mettre en œuvre la norme ISO 15189 dans sa version 2022, mais nos confrères sont désormais rodés à ce type de démarche. Pour autant, nous continuons de nous interroger sur les bénéfices réels de l’accréditation des laboratoires de biologie médicale (LBM) hospitaliers, en particulier lorsqu’ils sont rapportés au coût de cette accréditation. Le Conseil national professionnel de la biologie médicale avait ici questionné le directeur du COFRAC, sans obtenir de réponse véritablement satisfaisante. Aussi sommes-nous de plus en plus nombreux à plaider pour une évaluation chiffrée…
Quid du financement de la biologie hospitalière ? Est-ce là un autre sujet de préoccupation ?
Bien sûr. Les règles de financement de la biologie hospitalière ne sont pas, et ne doivent pas être, identiques à celles de la biologie privée. Je pilote d’ailleurs le groupe de travail de la Fédération hospitalière de France (FHF) dédié à cet enjeu, d’autant que se pose également ici la question des actes innovants hors nomenclature de biologie et d’anatomocytopathologie. Ceux-ci, essentiellement effectués dans les CHU et les Centres de lutte contre le cancer (CLCC), ont un poids financier non négligeable pour les établissements qui en sont demandeurs. Une réforme du Référentiel des actes innovants hors nomenclature (RIHN) est souhaitable, et nous sommes nombreux à œuvrer en ce sens.
Évoquons à présent les 6èmes JFBM, qui s'étaient tenues à Antibes. Quel en était le fil rouge ?
Nous n’avons volontairement pas souhaité de thématique centrale, pour pouvoir proposer un programme qui saura fédérer nos confrères, quels que soient leurs centres d’intérêt. Je m’attarderai toutefois sur ce temps fort qu’a été la session inaugurale, en présence cette année de Jean Léonetti, maire d’Antibes Juan-les-Pins, mais aussi ancien Ministre et surtout promoteur de la loi du 22 avril 2005 relative à la fin de vie, qui porte son nom. C'était donc l’occasion d’évoquer les rapports entre éthique et médecine, et leurs impacts sur nos sociétés. Cette même session a aussi accueilli Alain Bernard, premier champion olympique français du 100 mètres nage libre, et Denis Auguin, son entraîneur au sein de la Fédération française de natation, pour parler de résilience et d’esprit d’équipe, deux valeurs également partagées par les biologistes hospitaliers. Les congressistes ont ensuite pu directement rejoindre les ateliers, que nous avons voulus proches des pratiques quotidiennes dans chacune de nos disciplines. Face au succès rencontré l’an dernier, nous avons d’ailleurs réitéré les sessions « pour les nuls », qui entendent favoriser la mise à niveau des connaissances dans le cadre des astreintes de biologie médicale et de la gestion des urgences.
Quelles étaient les nouveautés de l’édition 2023 ?
J’en retiendrai plus particulièrement deux : d’une part, l’organisation d’ateliers syndicaux, pour permettre aux congressistes de se former aux particularités de nos statuts hospitaliers ; et d’autre part, une ouverture plus affirmée à la biologie médicale libérale, avec notamment la participation du syndicat Biomed - Les Biologistes Médicaux. En tout état de cause, cette 6ème édition des JFBM était très prometteuse, avec un programme scientifique attractif, une exposition technique riche en découvertes, et plusieurs temps d’échanges conviviaux. Sans oublier, bien sûr, le renouvellement du conseil d’administration du SNBH et l’élection du nouveau bureau national, qui a pris la relève pour les trois prochaines années.
> Pour connaître l’actualité du SNBH, rendez-vous sur son nouveau site web https://snbh.org et sur ses pages X-Twitter (@lesnbh), Facebook et LinkedIn.
> Article publié dans l'édition de septembre d'Hospitalia à lire ici.
Bien sûr. Les règles de financement de la biologie hospitalière ne sont pas, et ne doivent pas être, identiques à celles de la biologie privée. Je pilote d’ailleurs le groupe de travail de la Fédération hospitalière de France (FHF) dédié à cet enjeu, d’autant que se pose également ici la question des actes innovants hors nomenclature de biologie et d’anatomocytopathologie. Ceux-ci, essentiellement effectués dans les CHU et les Centres de lutte contre le cancer (CLCC), ont un poids financier non négligeable pour les établissements qui en sont demandeurs. Une réforme du Référentiel des actes innovants hors nomenclature (RIHN) est souhaitable, et nous sommes nombreux à œuvrer en ce sens.
Évoquons à présent les 6èmes JFBM, qui s'étaient tenues à Antibes. Quel en était le fil rouge ?
Nous n’avons volontairement pas souhaité de thématique centrale, pour pouvoir proposer un programme qui saura fédérer nos confrères, quels que soient leurs centres d’intérêt. Je m’attarderai toutefois sur ce temps fort qu’a été la session inaugurale, en présence cette année de Jean Léonetti, maire d’Antibes Juan-les-Pins, mais aussi ancien Ministre et surtout promoteur de la loi du 22 avril 2005 relative à la fin de vie, qui porte son nom. C'était donc l’occasion d’évoquer les rapports entre éthique et médecine, et leurs impacts sur nos sociétés. Cette même session a aussi accueilli Alain Bernard, premier champion olympique français du 100 mètres nage libre, et Denis Auguin, son entraîneur au sein de la Fédération française de natation, pour parler de résilience et d’esprit d’équipe, deux valeurs également partagées par les biologistes hospitaliers. Les congressistes ont ensuite pu directement rejoindre les ateliers, que nous avons voulus proches des pratiques quotidiennes dans chacune de nos disciplines. Face au succès rencontré l’an dernier, nous avons d’ailleurs réitéré les sessions « pour les nuls », qui entendent favoriser la mise à niveau des connaissances dans le cadre des astreintes de biologie médicale et de la gestion des urgences.
Quelles étaient les nouveautés de l’édition 2023 ?
J’en retiendrai plus particulièrement deux : d’une part, l’organisation d’ateliers syndicaux, pour permettre aux congressistes de se former aux particularités de nos statuts hospitaliers ; et d’autre part, une ouverture plus affirmée à la biologie médicale libérale, avec notamment la participation du syndicat Biomed - Les Biologistes Médicaux. En tout état de cause, cette 6ème édition des JFBM était très prometteuse, avec un programme scientifique attractif, une exposition technique riche en découvertes, et plusieurs temps d’échanges conviviaux. Sans oublier, bien sûr, le renouvellement du conseil d’administration du SNBH et l’élection du nouveau bureau national, qui a pris la relève pour les trois prochaines années.
> Pour connaître l’actualité du SNBH, rendez-vous sur son nouveau site web https://snbh.org et sur ses pages X-Twitter (@lesnbh), Facebook et LinkedIn.
> Article publié dans l'édition de septembre d'Hospitalia à lire ici.