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Biologie

Biologie Sans Frontières : "Inscrire nos actions dans la durée"


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 4 Janvier 2023 à 11:17 | Lu 2438 fois


Fondée en 1992, l’association Biologie Sans Frontières (BSF) intervient chaque année dans plusieurs centres de santé de pays en voie de développement. Amenant son expertise et du matériel faisant souvent défaut aux acteurs locaux, dispensant des formations, elle participe ainsi à une progression « durable de la biologie médicale », comme nous l’expliquent Chantal Rich et le Dr Bernard Massoubre, respectivement présidente et vice-président de BSF.



Pourriez-vous nous présenter BSF en quelques mots ?
 
Chantal Rich : Cette association reconnue d’utilité publique depuis dix ans, a été créée en 1992 par des biologistes et des internes des Hospices Civils de Lyon. Bien qu’elle conserve encore de fortes attaches avec sa région d’origine, elle a depuis déployé de nouvelles antennes dans les Hauts-de-France, en Île-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Auvergne, et en Bretagne - Pays de la Loire. Au cours de ses trente années d’existence, et grâce à ses 300 adhérents, BSF a pu mener quelque 350 missions pour développer des structures liées à la biologie médicale.
 
Dr Bernard Massoubre : Pour des raisons principalement liées à la langue, nous travaillons essentiellement dans les pays francophones d'Afrique de l'Ouest, à Madagascar. Et un peu en Asie du Sud-Est, dans des pays anglophones. Mais nous n’intervenons pas dans l'urgence, et réservons nos déplacements à des zones et des projets définis à l’avance. Nous accordons d’ailleurs une attention toute particulière aux choix des destinations, afin d’éviter que nos bénévoles ne soient présents dans les « zones rouges » telles qu’identifiées par le ministère des Affaires étrangères.
 
Comment sélectionnez-vous les projets sur lesquels vous intervenez ?
 
Dr Bernard Massoubre : Présents depuis maintenant 30 ans sur le terrain, nous sommes connus par plusieurs structures de santé, entreprises, mais aussi autorités de tutelle ayant déjà travaillé avec nous. Ce sont donc souvent les porteurs de projets sur place qui nous contactent avec une demande précise. Nous avons par exemple récemment reçu plusieurs requêtes, de la part du Cameroun, du Burundi et du Bénin, notamment. Certaines portent sur des demandes de partenariat avec BSF, d’autres concernent également des collaborations avec d’autres structures, comme la Fondation Mérieux ou l’Aide Française au Développement (AFD), avec lesquelles nous sommes fréquemment amenés à travailler.
 
Chantal Rich : Toujours est-il que chaque projet est étudié par la vingtaine de membres de notre conseil d’administration. Si la demande est validée, le centre de santé concerné est inscrit dans la liste des structures bénéficiaires de l’aide BSF. S’en suit alors une phase d’audit, indispensable pour mettre au jour les besoins locaux et les apports possibles de l’association. Des missions peuvent en outre y être régulièrement organisées : pendant une dizaine de jours, deux biologistes ou techniciens bénévoles interviennent sur place pour un projet précis. Ce mode de fonctionnement permet d’inscrire nos actions dans la durée. Certains centres de santé sont d’ailleurs suivis depuis déjà plusieurs années.
 
Les membres de l’association récupèrent et fournissent également du matériel…
 
Dr Bernard Massoubre : En effet, BSF a pour habitude de récupérer du matériel dans des laboratoires français, que nous contrôlons et testons avant tout envoi. C’est une part importante de notre activité, mais force est de constater qu’avec les regroupements de laboratoires en France, les équipements désormais proposés sont bien trop imposants pour les dispensaires et hôpitaux de campagne dans lesquels nous intervenons. Nous nous tournons donc de plus en plus vers l’achat, pour pouvoir continuer à fournir le matériel indispensable.
 
Chantal Rich : Nous sommes très vigilants en ce qui concerne les équipements envoyés à nos interlocuteurs dans le reste du monde. Le matériel doit, bien sûr, fonctionner correctement, mais il doit aussi être adapté aux spécificités et besoins locaux. Les coûts de maintenance et d’achat des consommables, notamment, ne doivent pas être trop importants. Ce sont là des points auxquels nous sommes particulièrement attentifs, car il s’agit bien souvent de populations à faibles revenus, voire démunies. Nous menons donc toujours une analyse des coûts en amont, afin de nous assurer que le prix de revient ne soit pas trop important pour la population locale, pour qu’elle puisse se soigner et pour éviter de mettre la structure de santé en péril. D’autant qu’il est possible de proposer des examens peu coûteux, notamment pour le paludisme, véritable fléau qui sévit surtout dans certaines régions d'Afrique. Les technologies actuelles permettent de poser un diagnostic rapide et à peu de frais, il suffit d’un microscope et de quelques colorants pour obtenir des résultats fiables. Cette simplicité permet de lever assez facilement les freins relatifs au diagnostic de la maladie. Et c’est justement là notre objectif lorsque nous intervenons dans des régions touchées pour installer du matériel et développer des laboratoires de biologie médicale.
 
Plus concrètement, quelles actions menez-vous sur le terrain ?
 
Chantal Rich : Elles s’articulent autour de trois orientations principales : la formation de techniciens ou de formateurs, la création de petits laboratoires au sein de structures de santé préexistantes, et le soutien apporté aux petits centres locaux de biologie, afin qu’ils puissent faire évoluer leurs infrastructures en y intégrant notamment de nouvelles analyses. Toutes ces initiatives visent à apporter une aide à un instant T ou sur un projet particulier. Mais elles associent étroitement les équipes de santé et de biologie locales et sont pensées pour elles, car l’objectif, à plus long terme, est de favoriser le développement d’une biologie opérationnelle, même dans des lieux parfois difficiles d’accès.
 
Un dernier mot sur vos actions 2022 ?
 
Chantal Rich : Plusieurs missions de BSF ont pu cette année se dérouler dans de nombreux pays, la Guinée, Madagascar, le Togo, le Laos, la Mauritanie, le Bangladesh… Après ces derniers mois difficiles, où la pandémie a limité notre champ d’action, nous reprenons progressivement un « rythme normal ». Et constatons que dans de nombreuses zones, la crise sanitaire a ralenti les soins : les habitants ne venaient plus au centre de santé par peur d’attraper le Covid. Certaines maladies, telles que le paludisme, ont alors progressé, rendant plus que jamais nécessaires nos actions dans ces territoires.

> Plus d’informations sur le site de BSF : https://biologiesansfrontieres.org/

Article publié dans l'édition de décembre 2022 d'Hospitalia à lire ici.






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