Véritable révélateur de l’importance de l’hygiène dans notre société, l’épidémie de SARS-CoV-2 a également été le théâtre, du moins dans les premières semaines, d’un usage exceptionnel de produits d’entretien. « Dans ce climat de tension, certains ont eu ce que l’on pourrait appeler une vraie “frénésie de la désinfection”, allant bien au-delà du nécessaire », constatait ainsi le Docteur Philippe Carenco, praticien hygiéniste à Hyères, dans le Var, en septembre 2020. Une situation qui a poussé de nombreux acteurs du secteur à recommander un « usage raisonné » de la chimie, tant pour le nettoyage et le bio-nettoyage que pour la bio-désinfection des sols et des surfaces.
Des enjeux sanitaires et environnementaux
Bien que différents, ces procédés sont en effet habituellement réalisés avec des produits pouvant nuire à « la santé des utilisateurs, patients comme agents », expliquait en 2017 le Docteur Marie-Noëlle Bartholomei, pharmacienne et cheffe de projet en recherche clinique. Asthme professionnel, dermatites de contact, conjonctivites ou rhinites touchent tous les usagers, et en premier lieu les équipes de nettoyage. À ces risques sanitaires s’ajoutent ceux liés aux rejets dans les effluents, en particulier en ce qui concerne les désinfectants. Ainsi, les rejets hospitaliers annuels de produits utilisés pour l’entretien des locaux seraient, pour un établissement de 1 000 lits, compris entre 5 et 10 m3. Or, comme l’a récemment encore rappelé Philippe Carenco, « une fois dans l’environnement, ces produits sont dilués dans l’eau des rivières et de la mer. Les agents pathogènes peuvent alors développer des résistances ». Une situation plus que problématique à l’heure où la lutte contre l’antibiorésistance représente déjà un défi majeur de santé publique.
La microfibre et l’eau, une alternative au cœur de toutes les attentions
Pourtant, l’utilisation systématique de la chimie « n’est pas forcément nécessaire » et doit, estiment désormais certains hygiénistes, se limiter aux zones à risques comme les blocs opératoires. Cet usage restreint fait peu à peu son chemin dans les esprits, et les établissements de santé sont chaque jour plus nombreux à privilégier les méthodes sans chimie. C’est notamment le cas du nettoyage à la microfibre et à l’eau qui, en reprenant le principe du cercle de Sinner, compense l’absence d’action chimique par une plus forte action mécanique. Mais l’efficacité de cette méthode sera fonction de la qualité-même du produit microfibre, et plus particulièrement de ses capacités capillaires à retenir les salissures. C’est là un réel point de vigilance. Certains fabricants ont ainsi apporté la preuve d’une efficacité in situ à travers des tests effectués par des laboratoires indépendants, d’autres s’en tiennent à une simple déclaration de foi. Une sélection attentive devra donc être effectuée en amont pour que les résultats escomptés soient réellement au rendez-vous.
Article publié dans l'édition de septembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.
Article publié dans l'édition de septembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.