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Pharmacie

Le PAAM est déjà une réalité au Centre cardiovasculaire Bois-Gibert


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mardi 4 Mars 2025 à 14:48 | Lu 173 fois


L'évolution de la réglementation concernant l'administration des médicaments enjoint les établissements de santé à s’orienter vers le dispositif « Patient en auto-administration de ses médicaments », dit PAAM. Si la démarche fait désormais l’objet d’un guide pratique, publié en 2022 par la Haute Autorité de santé, certains établissements ont sauté le pas depuis déjà plusieurs années.



L’arrêté du 10 octobre 2022, modifiant l'arrêté du 6 avril 2011, relatif au management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse et aux médicaments dans les établissements de santé, a fait évoluer la réglementation concernant l'administration des médicaments, qui promeut désormais l’auto-administration de ses médicaments par le patient en cours d’hospitalisation. Encore peu appliqué en France, le dispositif PAAM (Patient en auto-administration de ses médicaments) est pourtant déjà une réalité dans quelques établissements sanitaires. 

C’est notamment le cas du Centre cardiovasculaire Bois-Gibert, installé à Ballan-Miré, non loin de Tours. Cet établissement de santé privé d'intérêt collectif (ESPIC), intégré au Groupe Vyv, dispose de deux services principaux : un service de soins de suite, et un service de réadaptation, d’une capacité de 55 lits. Au sein de ce dernier, le centre de réadaptation cardiovasculaire a opté il y a maintenant une vingtaine d’années pour le dispositif PAAM. 

Le PAAM au quotidien

« Le Centre Bois-Gibert étant largement orienté sur la réadaptation, l’éducation thérapeutique et l’autonomisation du patient y sont des sujets primordiaux. Le dispositif PAAM s’intègre donc tout à fait dans nos objectifs », indique le Dr Emmanuel Cirot, pharmacien gérant et président de la Commission médicale d’établissement (CME) du Centre Bois-Gibert. Sa mise en œuvre est bien rodée : une fois un patient admis dans le service de réadaptation, l’équipe soignante évalue la possibilité de mettre en place un PAAM et, le cas échéant, le propose au patient. 

Après l’explication de ses différents traitements par les soignants et la signature d’un contrat moral, celui-ci reçoit alors, tous les matins, un pilulier regroupant ses différents médicaments pour la journée. « Le dispositif prend en compte plusieurs niveaux d’implication du patient et s’adapte donc aux capacités et besoins de chacun, mais aussi aux différentes étapes de la prise en charge », poursuit le pharmacien, qui précise qu’une évaluation « est réalisée de manière hebdomadaire pour s’assurer du bon déroulement de la médication »

Une sécurisation accrue

Adepte du dispositif depuis plusieurs années, le centre de réadaptation a néanmoins choisi de l’appliquer dans un seul de ses deux services, mais de la manière la plus large possible. « C’est une décision qui a été prise pour limiter les risques, en restreignant le nombre d’organisations au sein du service bénéficiant de la PAAM », précise Izaline Dreux, responsable Qualité et Gestion des risques au sein de l’établissement. Car, s’il laisse au patient une relative autonomie – ainsi, au centre Bois-Gibert, les patients n’ont accès à leurs médicaments que pour la journée –, le dispositif PAAM n’en engage pas moins une réflexion collective sur la sécurisation du circuit du médicament. 

Chaque jour, les piluliers sont préparés par la pharmacie à usage interne de l’établissement. Ils sont ensuite livrés dans le service de réadaptation et contrôlés par les infirmiers de nuit, avant d’être confiés, le matin, aux patients hospitalisés. « Le PAAM a un impact fort sur le parcours du patient et sur son autonomisation. Mais il ne fait pas s’y tromper, c’est une activité chronophage qui implique toute une série d’actions de sécurisation supplémentaires », résume le Dr Emmanuel Cirot. Le centre a, par exemple, récemment investi dans des tiroirs sécurisés pour stocker les médicaments dans les chambres. 

Une nouvelle réglementation et encore quelques freins

« À la suite de la parution du guide de la HAS [voir encadré, NDLR] nous avons repris toutes les étapes pratiquées au sein de notre établissement pour nous mettre en conformité avec les recommandations de la puissance publique », indique Izaline Dreux. Le centre de réadaptation a donc dû faire quelques changements, comme justement l’installation de ces tiroirs sécurisés. « C’est une problématique que nous n’avions pas identifiée, mais il est vrai que des visiteurs peuvent entrer dans les chambres. Il est donc plus sûr que les médicaments soient stockés dans un lieu sécurisé », explique le Dr Emmanuel Cirot qui identifie encore des points d’améliorations pour optimiser le PAAM : « L’un des principaux freins actuels est la problématique de la traçabilité de l’administration dans le DPI »

Dans le dispositif PAAM, l’infirmière reste responsable de l’acte d’administration, mais le délègue au patient. « Elle ne procède pas elle-même à cet acte, qui est donc tracé dans le DPI par l’infirmière selon les dires du patient », complète le pharmacien qui imagine l’utilisation, à terme, d’un « module patient ou de tout autre dispositif qui permettrait au patient de valider lui-même la prise en un clic ». Ce constat est aussi partagé par l’OMéDIT (Observatoire des médicaments, dispositifs médicaux et innovations thérapeutiques) Centre-Val de Loire, qui accompagne les établissements sanitaires de la région dans la mise en place d’initiatives PAAM.

« Le dispositif PAAM est un outil réellement intéressant pour l’optimisation du parcours patient et l’implication de ce dernier dans ses soins », résume le Dr Adeline Boudet, pharmacienne à l’OMéDIT Centre-Val de Loire. Prévue pour être inscrite en critère avancé dans le prochain référentiel de certification de la HAS, la mise en place de ce dispositif suscite un intérêt croissant. « Le changement de paradigme est néanmoins très important, et beaucoup d’établissements s’intéressent aujourd’hui à la pratique sans pour autant sauter le pas », constate la pharmacienne, qui reste néanmoins confiante : « l’inscription au référentiel de la HAS, la mise en avant des dispositifs déjà en place, et les bénéfices palpables pour les patients sont autant d’arguments en faveur du PAAM, particulièrement dans les services où les patients, comme les diabétiques, doivent être autonomes et acteurs de leur santé »

> Article paru dans Hospitalia #68, édition de février 2025, à lire ici 
 

Le guide PAAM de la HAS

Faisant suite aux évolutions réglementaires, la HAS a publié en 2022, un guide sur « Le patient en auto-administration de ses médicaments en cours d’hospitalisation (PAAM) ». Mis à jour en janvier 2025, l’ouvrage de 75 pages s’accompagne d’une boîte à outils incluant des supports d’information, des fiches, des exemples d’engagements, une grille d’audit… 

> En savoir plus sur le site de la HAS.






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