Votre unité a déjà une expertise reconnue en matière de fabrication de médicaments. Pourriez-vous nous en parler ?
Dr Ian Soulairol : En effet, outre la préparation des chimiothérapies et des radiopharmaceutiques, qui sont pour nous des activités historiques, nous avons créé dès 2017 une unité pour la préparation de médicaments, stériles comme non stériles, répondant à des besoins non couverts par les laboratoires pharmaceutiques. Cette activité, qui faisait alors écho à mes travaux universitaires autour des matériaux et des procédés pharmaceutiques, a d’ailleurs mené le CHU de Nîmes à être l’un des premiers établissements de santé français à s’équiper d’une presse à comprimés. C’est également en 2017 que j’ai commencé à m’intéresser à l’impression de médicaments 3D. D’abord mené dans un cadre académique, le projet est entré dans sa phase clinique en 2022. Nous avons une fois de plus été précurseurs en étant la seule PUI, avec celle de l’Institut Gustave Roussy, à posséder une imprimante 3D.
Comment avez-vous préparé cette phase ?
Il a d’abord fallu trouver un équipement répondant aux exigences pharmaceutiques, puis réfléchir à son positionnement au sein de la PUI et surtout le qualifier, car les imprimantes 3D n’ont pas été à l’origine développées pour un usage pharmaceutique. Nous travaillons aujourd’hui sur une première formule à base de phénobarbital, pour le traitement des épilepsies pédiatriques. Habituellement, nous réalisons une préparation magistrale manuellement pour un patient donné, pour laquelle il est compliqué de contrôler la teneur avant sa dispensation. Pour répondre entre autres à cet enjeu, nous cherchons donc à produire des cartouches à partir desquelles pourraient être imprimées des séries aux doses souhaitées. Nous entendons d’ailleurs faire valider ce procédé par l’ANSM car il n’existe pas encore, ici, de standards dans la pharmacopée européenne. Nous pourrions alors contribuer à ouvrir ce champ pour d’autres établissements.
Quels sont à votre sens les avantages de l’impression 3D par rapport aux méthodes classiques ?
Cette technologie associe les avantages des formes solides et liquides, c’est-à-dire à la fois la possibilité de produire des unidoses et de faire varier les dosages, sans les inconvénients associés aux formes liquides – instabilité physicochimique et microbiologique, utilisation de conservateurs, risques d’erreurs accrus, etc. Les imprimés apportent donc une nouvelle sécurité et une nouvelle flexibilité, très utiles en contexte pédiatrique. Mais toutes les spécialités sont potentiellement concernées, et en premier lieu l’oncologie. Cette technologie permet en effet de disposer d’une réelle usine miniature capable de produire 10 unités comme 500 ou 1 000, et constitue à cet égard un réel changement de paradigme pour une médecine plus personnalisée et une meilleure observance des traitements. Plusieurs hôpitaux européens s’y intéressent donc de près, avec un parc installé qui devrait être multiplié par dix à l’horizon 2024. Mais tout est encore à défricher, et nous comptons bien apporter notre pierre à l’édifice en publiant une étude clinique d’ici début 2024. Les perspectives à venir sont en tout cas très enthousiasmantes !
Article publié dans l'édition de février 2023 d'Hospitalia à lire ici.
Dr Ian Soulairol : En effet, outre la préparation des chimiothérapies et des radiopharmaceutiques, qui sont pour nous des activités historiques, nous avons créé dès 2017 une unité pour la préparation de médicaments, stériles comme non stériles, répondant à des besoins non couverts par les laboratoires pharmaceutiques. Cette activité, qui faisait alors écho à mes travaux universitaires autour des matériaux et des procédés pharmaceutiques, a d’ailleurs mené le CHU de Nîmes à être l’un des premiers établissements de santé français à s’équiper d’une presse à comprimés. C’est également en 2017 que j’ai commencé à m’intéresser à l’impression de médicaments 3D. D’abord mené dans un cadre académique, le projet est entré dans sa phase clinique en 2022. Nous avons une fois de plus été précurseurs en étant la seule PUI, avec celle de l’Institut Gustave Roussy, à posséder une imprimante 3D.
Comment avez-vous préparé cette phase ?
Il a d’abord fallu trouver un équipement répondant aux exigences pharmaceutiques, puis réfléchir à son positionnement au sein de la PUI et surtout le qualifier, car les imprimantes 3D n’ont pas été à l’origine développées pour un usage pharmaceutique. Nous travaillons aujourd’hui sur une première formule à base de phénobarbital, pour le traitement des épilepsies pédiatriques. Habituellement, nous réalisons une préparation magistrale manuellement pour un patient donné, pour laquelle il est compliqué de contrôler la teneur avant sa dispensation. Pour répondre entre autres à cet enjeu, nous cherchons donc à produire des cartouches à partir desquelles pourraient être imprimées des séries aux doses souhaitées. Nous entendons d’ailleurs faire valider ce procédé par l’ANSM car il n’existe pas encore, ici, de standards dans la pharmacopée européenne. Nous pourrions alors contribuer à ouvrir ce champ pour d’autres établissements.
Quels sont à votre sens les avantages de l’impression 3D par rapport aux méthodes classiques ?
Cette technologie associe les avantages des formes solides et liquides, c’est-à-dire à la fois la possibilité de produire des unidoses et de faire varier les dosages, sans les inconvénients associés aux formes liquides – instabilité physicochimique et microbiologique, utilisation de conservateurs, risques d’erreurs accrus, etc. Les imprimés apportent donc une nouvelle sécurité et une nouvelle flexibilité, très utiles en contexte pédiatrique. Mais toutes les spécialités sont potentiellement concernées, et en premier lieu l’oncologie. Cette technologie permet en effet de disposer d’une réelle usine miniature capable de produire 10 unités comme 500 ou 1 000, et constitue à cet égard un réel changement de paradigme pour une médecine plus personnalisée et une meilleure observance des traitements. Plusieurs hôpitaux européens s’y intéressent donc de près, avec un parc installé qui devrait être multiplié par dix à l’horizon 2024. Mais tout est encore à défricher, et nous comptons bien apporter notre pierre à l’édifice en publiant une étude clinique d’ici début 2024. Les perspectives à venir sont en tout cas très enthousiasmantes !
Article publié dans l'édition de février 2023 d'Hospitalia à lire ici.