Dorothée Langlois, infirmière hygiéniste au sein de l’Équipe opérationnelle d’hygiène du Groupe Hospitalier du Havre. ©DR
Mesure centrale de la prévention des transmissions croisées, l’hygiène des mains par friction hydro-alcoolique peine pourtant à être appliquée de manière optimale par le grand public et les professionnels de santé. Véritable fer de lance des hygiénistes hospitaliers, cette thématique souffre de plusieurs freins dans sa mise en œuvre au quotidien. « L’application de la technique d’hygiène des mains par friction ne relève pas seulement d’un cadre réglementaire, des trajectoires sociales individuelles agissent aussi ». Partant de ce constat, Dorothée Langlois, infirmière hygiéniste intégrée à l’Équipe opérationnelle d’hygiène (EOH) du Groupe Hospitalier du Havre, a décidé de consacrer son mémoire de master à la description des barrières comportementales associées à l’hygiène des mains.
De nouvelles perspectives
Récompensée par la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H) en octobre dernier pour son « Étude prospective quantitative et qualitative de l’observance des gestes de désinfection des mains par friction chez les professionnels infirmiers et aides-soignants d’un service de médecine hospitalier », l’étudiante a intégré à ses travaux une large part de sociologie. Un choix atypique qui s’inscrit aussi dans un parcours peu classique : celui d’un master 1 en management et droit de la santé, suivi d’un master 2 en parcours Hygiène et qualité des soins. « J’ai découvert la sociologie en master 1, et cela m’a beaucoup apporté », se rappelle l’intéressée, qui a souhaité alors inclure cette matière dans ses futurs travaux. « La sociologie apporte certes des données non quantifiées, mais elle offre aussi de nouvelles perspectives, notamment sur le rapport de l'Homme au travail, qui a un rôle à jouer dans le processus étudié », ajoute-t-elle.
Pour mener à bien son étude, elle a mené un audit d’observation auprès de 17 paramédicaux d’un même service, y notant un taux d’observance de 57 % avec une qualité de friction à 8 % complète, 88 % partielle et 4 % insuffisante. « Il est toujours difficile de comprendre pourquoi ces gestes, qui semblent si simples, ne sont pas bien respectés », constate Dorothée Langlois, insistant ici sur « les facteurs intrinsèques à l'individu, à son environnement de travail et à son vécu » pour réaliser le geste attendu. Car l’hygiène des mains s’apprend bien avant un quelconque choix professionnel. Déjà à l’école ou en famille, les enfants apprennent à se laver les mains. « Ces construits doivent s’harmoniser avec les instruits hospitaliers », résume l’infirmière hygiéniste.
Pour mener à bien son étude, elle a mené un audit d’observation auprès de 17 paramédicaux d’un même service, y notant un taux d’observance de 57 % avec une qualité de friction à 8 % complète, 88 % partielle et 4 % insuffisante. « Il est toujours difficile de comprendre pourquoi ces gestes, qui semblent si simples, ne sont pas bien respectés », constate Dorothée Langlois, insistant ici sur « les facteurs intrinsèques à l'individu, à son environnement de travail et à son vécu » pour réaliser le geste attendu. Car l’hygiène des mains s’apprend bien avant un quelconque choix professionnel. Déjà à l’école ou en famille, les enfants apprennent à se laver les mains. « Ces construits doivent s’harmoniser avec les instruits hospitaliers », résume l’infirmière hygiéniste.
Une nouvelle approche…
En complément de l’audit d’observation, des entretiens qualitatifs semi-directifs ont été menés avec quatre agents précédemment audités. « Ces deux méthodes, basées pour l’une sur les pratiques observées et pour l’autre sur les pratiques déclarées, sont à la fois différentes et très complémentaires. Alors que la première partie de mon étude révélait un taux d'observance non optimal, la seconde a tenté de comprendre pourquoi », explique Dorothée Langlois. D’une durée d’une heure environ, l’entretien semi-directif permet en effet à l’hygiéniste de se rapprocher des sphères plus intimes de l’agent, afin de mieux connaître certains pans de son histoire. « Bien entendu, chacun est libre de répondre ou non lors de l'entretien », assure l’étudiante tout en indiquant que « les agents, à travers leurs trajectoires sociales, donnent des indices à exploiter pour réfléchir à notre positionnement en tant qu'hygiénistes ».
… plus individualisée
En conséquence, cette approche demande du temps, une ressource souvent précieuse à l’hôpital. « C’est un travail de longue haleine », comme aime à le décrire Dorothée Langlois. Pour autant, la jeune femme reste optimiste : « Certes, notre environnement ne permet pas de généraliser une telle démarche, mais elle peut être réalisée de façon ponctuelle, lorsque l’on croise l’agent par exemple ». Traitée comme un nouvel outil à la disposition des équipes d’hygiène, l’approche sociologique pourrait bien se développer dans les établissements de santé.
Au Havre, elle a déjà conquis plusieurs professionnels de l’Équipe opérationnelle d’Hygiène qui, au départ intrigués, ont rapidement pris part aux travaux de Dorothée Langlois. « De par son parcours et son approche, Dorothée a instigué une nouvelle manière de travailler tout à fait intéressante », relate Christine Candon, infirmière hygiéniste à l’EOH du Groupe Hospitalier du Havre. La professionnelle de santé, qui a participé aux relectures de l’étude, conclut en saluant « la nouvelle vision » apportée par la sociologie dans le positionnement de l’hygiéniste et son approche pédagogique.
Article publié dans l'édition de septembre 2022 d'Hospitalia à lire ici.
Au Havre, elle a déjà conquis plusieurs professionnels de l’Équipe opérationnelle d’Hygiène qui, au départ intrigués, ont rapidement pris part aux travaux de Dorothée Langlois. « De par son parcours et son approche, Dorothée a instigué une nouvelle manière de travailler tout à fait intéressante », relate Christine Candon, infirmière hygiéniste à l’EOH du Groupe Hospitalier du Havre. La professionnelle de santé, qui a participé aux relectures de l’étude, conclut en saluant « la nouvelle vision » apportée par la sociologie dans le positionnement de l’hygiéniste et son approche pédagogique.
Article publié dans l'édition de septembre 2022 d'Hospitalia à lire ici.
L’Équipe Opérationnelle d’Hygiène du Havre
Intervenant essentiellement sur demande des équipes, l’Équipe Opérationnelle d’Hygiène (EOH) du Groupe Hospitalier du Havre se rend auprès des différents services de soins pour les accompagner dans la gestion du risque infectieux. « Nos missions sont variées et s’articulent autour de cinq axes principaux : la prévention, l'évaluation, la formation, la gestion des crises et la surveillance », détaille Christine Candon, infirmière hygiéniste au sein de l’EOH. De l'accompagnement à la mise en place de précautions complémentaires en passant par la gestion de clusters, l'entretien de dispositifs médicaux ou encore la mise en place de processus d'évaluation et de formation…, les actions de l’EOH auprès des équipes hospitalières sont étendues et s’appuient sur un pôle de formation interne destiné aux soignants comme aux étudiants.
Intervenant essentiellement sur demande des équipes, l’Équipe Opérationnelle d’Hygiène (EOH) du Groupe Hospitalier du Havre se rend auprès des différents services de soins pour les accompagner dans la gestion du risque infectieux. « Nos missions sont variées et s’articulent autour de cinq axes principaux : la prévention, l'évaluation, la formation, la gestion des crises et la surveillance », détaille Christine Candon, infirmière hygiéniste au sein de l’EOH. De l'accompagnement à la mise en place de précautions complémentaires en passant par la gestion de clusters, l'entretien de dispositifs médicaux ou encore la mise en place de processus d'évaluation et de formation…, les actions de l’EOH auprès des équipes hospitalières sont étendues et s’appuient sur un pôle de formation interne destiné aux soignants comme aux étudiants.