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Hygiène

La mission Spiadi veut aussi impliquer les patients


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 12 Février 2025 à 11:19 | Lu 162 fois


Dédiée à la surveillance et à la prévention des infections associées aux dispositifs invasifs, la mission Spiadi publie chaque année les résultats de son programme de surveillance des bactériémies liées à un cathéter. Bien que les chiffres s’améliorent d’une année à l’autre, elle n’en a pas moins identifié deux principaux chantiers sur lesquels concentrer son attention pour maîtriser toujours mieux ces risques : l’hygiène des mains et l’implication des patients.



Faisant partie des cinq missions nationales confiées au RéPIA, le Réseau de prévention des infections et de l’antibiorésistance, la mission Spiadi se concentre plus spécifiquement sur la surveillance et la prévention des infections associées aux dispositifs invasifs, dont les cathéters. Chaque année, elle invite donc les établissements à renseigner leurs données en la matière. Mais les équipes chargées de la prévention locale du risque infectieux sont aussi incitées à observer les pratiques des soignants. Ces données font partie intégrante du projet Observa4, qui se focalise sur trois champs : la préparation cutanée avant la pose d'un cathéter, la manipulation des dispositifs intravasculaires, et la réfection des pansements de cathéters centraux. 

Une évolution dans les observations

Cet automne, à l’occasion de la journée nationale Spiadi, les membres de la mission ont dévoilé les indicateurs et faits marquants pour l’année 2024. Au 2 octobre, 616 établissements avaient ainsi clôturé leurs déclarations. « Environ un tiers des établissements français surveillent les pratiques. Cela représente 600 à 700 établissements, dont un peu plus de 300 qui effectuent aussi des observations de terrain », détaille le Dr Nathalie Van der Mee-Marquet, responsable du CPias Centre-Val de Loire et de la mission Spiadi, dont il est le porteur, en rappelant toutefois le caractère non obligatoire de ces déclarations. 

Les services « prioritaires », soit les services de réanimation, de médecine, de cancérologie et de chirurgie, sont ici naturellement plus représentés : plus de 20 % d’entre eux ont ainsi mené cette observation des pratiques professionnelles dans le cadre du programme Observa4. Et les retours sont encourageants, les indicateurs montrant une évolution positive dans plusieurs domaines, comme l’utilisation accrue de CHL alcoolique à 2 % pour la préparation cutanée avant la pose d’un cathéter central. 71 % des cas ont été observés en 2024, contre 37,6 % en 2020. « C’est un très bon résultat, qui va de pair avec une plus grande et une meilleure utilisation de l’antiseptique alcoolique pour la préparation cutanée dans la pose de cathéters périphériques », souligne Nathalie Van der Mee-Marquet. Pour autant, si les indicateurs montrent une évolution positive dans la prévention des infections sur cathéters, plusieurs axes de travail restent présents avec, en premier lieu, l’hygiène des mains des opérateurs avant une pose de cathéter ou une manipulation. 

L’hygiène des mains, un enjeu central

« Les observations des hygiénistes sur le terrain sont ici essentielles pour que nous puissions nous rendre compte des écarts réels entre les recommandations et les pratiques, et ainsi adapter les outils pédagogiques ou en créer de nouveaux », explique la responsable qui veut « prouver biologiquement » la nécessité d’une hygiène des mains renforcée pour « faire bouger les lignes » et « débanaliser ces gestes pour les rendre plus techniques ». Car cette technicité est effectivement de mise lors de la pose et de la manipulation d’un cathéter central, le médecin devant, notamment, effectuer au préalable une désinfection chirurgicale. 

Alors, pour sensibiliser les soignants à ces gestes experts, les membres de la mission Spiadi multiplient les actions avec, par exemple, la réalisation en 2022 de l’étude CleanHand4 centrée sur « l’impact d’une stratégie de formation sur l’amélioration de l’hygiène des mains lors de la pose d’un cathéter veineux périphérique court ». Mais l’équipe n’en reste pas là : « nous nous sommes rapprochés de Matis [Mission d’appui transversale à la prévention des infections associées aux soins, relevant également du RéPia - NDLR], travaillant notamment avec une psychosociologue pour développer de nouveaux outils et faire évoluer les pratiques sur ce sujet central », détaille Nathalie Van der Mee-Marquet.  

En 2025, un nouveau groupe de travail dédié aux patients

Et c’est loin d’être le seul axe de travail qui, ces prochains mois, mobilisera les équipes de Spiadi. En 2025, la mission lancera également une enquête sur la bonne réalisation du rinçage pulsé, avec là aussi des observations réalisées sur le terrain par les équipes opérationnelles d’hygiène œuvrant au sein des établissements de santé. « Ce recueil nous permettra d’obtenir une photographie des pratiques à un instant T pour, si besoin, proposer des outils spécifiquement en lien avec le rinçage pulsé », explique l’hygiéniste. 
En cette année 2025, la mission Spiadi devrait aussi proposer de nouveaux outils plus particulièrement destinés aux patients. Depuis un an, ses équipes travaillent en effet à la création d’un groupe Patient, réunissant une dizaine de patients partenaires et autant d’hygiénistes pour développer des outils adaptés, relatifs notamment à l’hygiène des mains, y compris celle effectuée par les malades eux-mêmes, mais aussi aux bonnes pratiques ou encore à la surveillance des cathéters à l’extérieur du champ hospitalier. « Les infections graves sur cathéters centraux interviennent essentiellement de manière tardive, et sont donc, pour la majorité des cas, dues aux manipulations externes », explique l’hygiéniste. Constatant qu’une infection sur 10 survenait en ville, les membres de Spiadi ont ainsi décidé de s’adresser aussi aux professionnels de santé libéraux appelés à manipuler les cathéters. 

« Notre objectif est ici de mieux impliquer les patients dans la prévention de ces infections, en leur proposant des outils qui soient les plus opérationnels possibles, à l’hôpital comme en ville, mais aussi facilement transportables, comme des applications », indique la responsable. Plusieurs collaborations sont d’ores et déjà prévues pour matérialiser ces supports. « Le Dr Laure Roux, médecin hygiéniste au CHU de Nîmes, travaillera avec le groupe Patient pour le développement d’une application mobile, qui sera activée au moment de la pose et permettra de répondre aux questions du patient, tout en suivant l’historique du cathéter », illustre le Dr Van der Mee-Marquet, qui espère pourvoir, à travers toutes ces initiatives, « prévenir au maximum le risque infectieux associé à ces dispositifs invasifs »

> Article paru dans Hospitalia #67, édition de décembre 2024, à lire ici  
 

Actu-Spiadi

Il y a deux ans, la mission Spiadi a lancé Actu-Spiadi, une série de webinaires dédiés aux infections associées aux dispositifs invasifs, organisés un jeudi par mois, de 14h à 15h. Ces conférences, qui peuvent être suivies en direct, sont également enregistrées et par la suite publiées sur le site de la mission. Les webinaires des deux dernières années sont d’ailleurs consultables sur https://www.spiadi.fr.  






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