Le Dr Ludwig-Serge Aho-Glélé, praticien hospitalier au Service d’épidémiologie et d’hygiène hospitalière du CHU Dijon Bourgogne. ©DR
En matière d’hygiène hospitalière, quels sont les principaux changements dont vous avez été témoin au cours des quinze dernières années ?
Dr Ludwig-Serge Aho-Glélé : Je distinguerais ici les années “avant” et “après” la pandémie de Covid-19. Avant même le déclenchement de la crise sanitaire, le changement d’approche dans l’élaboration des recommandations de bonnes pratiques médicales a été particulièrement important. L’arrêt des conférences de consensus organisées par les sociétés savantes, suivies ou non d’une validation méthodologique par la Haute Autorité de Santé, ont représenté une évolution marquante. De même, la mise au point de grandes études randomisées et leur publication dans des revues médicales de renom ont eu un impact important dans le développement de notre spécialité. L’arrivée de la pandémie il y a plus de deux ans a pour sa part mis sous le feu des projecteurs des pratiques courantes, mais méconnues du grand public. Vaccination, équipements de protection individuels, masques et appareils de protection respiratoire… Les modalités de prévention des infections associées aux soins (IAS) ont été fortement mises en avant. J’espère que les effets de cette sensibilisation à grande échelle perdureront encore plusieurs années.
Cette prévention des IAS ne représente-t-elle pas le principal enjeu de votre spécialité ?
Oui, mais ce n’est pas le seul. La nouvelle « Stratégie Nationale 2022-2025 de Prévention des Infections et de l’Antibiorésistance » intègre d’ailleurs deux volets : les infections associées aux soins et la prévention de l'antibiorésistance. La volonté des pouvoirs publics et des tutelles est donc d’accentuer les actions pour la maîtrise de l’antibiorésistance, tout en poursuivant les travaux sur les IAS et notamment sur les infections associées aux dispositifs médicaux et à la médecine interventionnelle. Les pratiques et les recommandations ont ici beaucoup évolué. À l’avenir, si les interventions hors hôpital se multiplient, une attention plus forte devrait également être portée à la médecine de ville, afin d’y limiter le risque d’IAS.
D’autres évolutions viendraient-elles à votre sens modifier l’avenir de l’hygiène médicale ?
De manière générale, je pense que nous devrons continuer à faire évoluer les recommandations pour les adapter à des actes médicaux de plus en plus techniques. Nous devrons également nous adapter au vieillissement de la population et à l’accroissement des fragilités, qui seront plus marqués encore au cours des prochaines années. Or la maîtrise des IAS a un impact fort sur la santé des populations, et plus encore des populations âgées. Nous devrons d’ailleurs certainement renforcer nos missions auprès des pôles de gérontologie et des EHPAD. Comme je l’ai évoqué plus haut, une partie du chemin a ici été effectuée durant la crise sanitaire. Elle a modifié notre exercice, valorisé les missions de notre spécialité, et permis de sensibiliser la population générale à l’importance des mesures barrière. J’espère que cet élan se maintiendra car nous pourrons ainsi mieux faire face aux enjeux à venir.
Article publié dans l'édition de septembre 2022 d'Hospitalia à lire ici.
Dr Ludwig-Serge Aho-Glélé : Je distinguerais ici les années “avant” et “après” la pandémie de Covid-19. Avant même le déclenchement de la crise sanitaire, le changement d’approche dans l’élaboration des recommandations de bonnes pratiques médicales a été particulièrement important. L’arrêt des conférences de consensus organisées par les sociétés savantes, suivies ou non d’une validation méthodologique par la Haute Autorité de Santé, ont représenté une évolution marquante. De même, la mise au point de grandes études randomisées et leur publication dans des revues médicales de renom ont eu un impact important dans le développement de notre spécialité. L’arrivée de la pandémie il y a plus de deux ans a pour sa part mis sous le feu des projecteurs des pratiques courantes, mais méconnues du grand public. Vaccination, équipements de protection individuels, masques et appareils de protection respiratoire… Les modalités de prévention des infections associées aux soins (IAS) ont été fortement mises en avant. J’espère que les effets de cette sensibilisation à grande échelle perdureront encore plusieurs années.
Cette prévention des IAS ne représente-t-elle pas le principal enjeu de votre spécialité ?
Oui, mais ce n’est pas le seul. La nouvelle « Stratégie Nationale 2022-2025 de Prévention des Infections et de l’Antibiorésistance » intègre d’ailleurs deux volets : les infections associées aux soins et la prévention de l'antibiorésistance. La volonté des pouvoirs publics et des tutelles est donc d’accentuer les actions pour la maîtrise de l’antibiorésistance, tout en poursuivant les travaux sur les IAS et notamment sur les infections associées aux dispositifs médicaux et à la médecine interventionnelle. Les pratiques et les recommandations ont ici beaucoup évolué. À l’avenir, si les interventions hors hôpital se multiplient, une attention plus forte devrait également être portée à la médecine de ville, afin d’y limiter le risque d’IAS.
D’autres évolutions viendraient-elles à votre sens modifier l’avenir de l’hygiène médicale ?
De manière générale, je pense que nous devrons continuer à faire évoluer les recommandations pour les adapter à des actes médicaux de plus en plus techniques. Nous devrons également nous adapter au vieillissement de la population et à l’accroissement des fragilités, qui seront plus marqués encore au cours des prochaines années. Or la maîtrise des IAS a un impact fort sur la santé des populations, et plus encore des populations âgées. Nous devrons d’ailleurs certainement renforcer nos missions auprès des pôles de gérontologie et des EHPAD. Comme je l’ai évoqué plus haut, une partie du chemin a ici été effectuée durant la crise sanitaire. Elle a modifié notre exercice, valorisé les missions de notre spécialité, et permis de sensibiliser la population générale à l’importance des mesures barrière. J’espère que cet élan se maintiendra car nous pourrons ainsi mieux faire face aux enjeux à venir.
Article publié dans l'édition de septembre 2022 d'Hospitalia à lire ici.