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Pharmacie

L’ampleur de la perte de confiance des Français dans l’innovation thérapeutique révélée par une étude


Rédigé par Rédaction le Mercredi 1 Décembre 2021 à 15:12 | Lu 1010 fois


APCO Worldwide, cabinet de conseil en affaires publiques et communication, publie les résultats de la première étude réalisée sur la confiance des Français dans l’innovation thérapeutique (rapport complet disponible en ligne). Cette enquête, réalisée en partenariat avec la plateforme de recherche Dynata sur un échantillon représentatif de la population française, avait pour objectif d’analyser les réticences de la population française vis-à-vis de la campagne de vaccination contre la COVID-19 et de déterminer si elle constituait un phénomène ponctuel ou la manifestation d’une perte de confiance structurelle dans l’innovation thérapeutique, qui laisserait présager de réticences similaires pour d’autres traitements innovants.



Premier enseignement, les vaccins contre la COVID-19 sont toujours source d’angoisses et d’incompréhensions malgré les efforts inédits de pédagogie des autorités publiques et la croissance récente du taux de vaccination.

52 % de l’échantillon croit à au moins une théorie pouvant être qualifiée de « complotiste » sur les vaccins contre la COVID-19.
40 % estiment ne pas avoir assez d’informations fiables pour se faire une opinion sur les vaccins contre la COVID-19.
54 % seulement des participants estiment que les vaccins contre la COVID-19 sont sûrs et efficaces.

Cette étude démontre également qu’au-delà des vaccins contre la COVID-19, ce sont bien les innovations thérapeutiques en général qui font l’objet d’un phénomène de rejet d’une large partie de la population.

33 % de l’échantillon se déclare sceptique en général envers tout nouveau traitement pharmaceutique.
31 % estiment que les médecines alternatives telles que l’homéopathie sont souvent plus efficaces que les traitements.

Pour explorer ce phénomène de rejet, l’étude prend un exemple concret : la thérapie génique, archétype de l’innovation thérapeutique qui a récemment connu un gain de visibilité important lié au développement des vaccins à « ARN messager », certaines théories en déduisant que ces vaccins représentaient en réalité des « thérapies géniques cachées ».

Les résultats obtenus confirment ainsi que les thérapies géniques sont aujourd’hui sources d’angoisses pour la population française.

36 % des participants craignent que les enfants des patients développent des mutations génétiques à cause de ces thérapies.
52 % des participants refuseraient de recevoir une thérapie génique si elle leur était recommandée.
34 % des participants chercheraient à convaincre les membres de leurs familles ou des amis de ne pas recevoir une thérapie génique.

Qu'est-ce que la thérapie génique ? Ciblant notamment des maladies génétiques rares, les thérapies géniques consistent, d’après l’INSERM, à « introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie. À l’origine, cette approche a été conçue pour suppléer un gène défectueux en cas de maladie monogénique (c’est-à-dire qu’un seul gène est défectueux). Mais au cours des deux dernières décennies, l’évolution rapide des connaissances et des technologies a permis de démultiplier les stratégies possibles et d’élargir leur utilisation à de très nombreuses indications ».

« Au-delà des enjeux de confiance qui affectent tous les traitements innovants, il est certain que les thérapies géniques représentent un sujet complexe et peu tangible pour la majeure partie de la population, ce qui facilite d’autant plus une certaine défiance, précise Alexandre Marie Saint Germain, Directeur de la practice santé d’APCO Worldwide Paris. À cela s’ajoute une part de fantasme autour d’une technologie souvent interprétée comme sans limite et sans contrôle possible dans sa capacité à changer le corps humain ».
 

Une polarisation forte des opinions et une fracture générationnelle après 45 ans

En analysant le profil des répondants, l’étude démontre également une polarisation idéologique des opinions en groupes homogènes « pro » et « anti » innovations, matérialisée par la forte corrélation identifiée entre opinions négatives sur les vaccins contre la COVID-19 et opinions négatives sur les traitements innovants en général.

78 % des participants qui pensent que les médecines alternatives telles que l’homéopathie sont souvent plus efficaces que les traitements pharmaceutiques croient à au moins une théorie pouvant être qualifiée de « complotiste » sur les vaccins contre la COVID-19.
80 % de ceux qui pensent que les thérapies géniques sont inefficaces croient à au moins une théorie pouvant être qualifiée de « complotiste » sur les vaccins contre la COVID-19

Plus surprenant, la catégorie des 18-44 ans est systématiquement surreprésentée dans les réponses les plus antagonistes aux traitements innovants développés par l’industrie pharmaceutique.

« De toutes les variables que nous avons pu tester, telles que la catégorie socio-professionnelle, le niveau d’étude ou le genre, c’est l’âge qui engendre le plus de variations en matière d’opinions sur les traitements innovants, explique Adelina Rashkova, Directrice associée d’APCO Insight. L’un des facteurs explicatifs mis en lumière par cette étude pourrait être la plus grande propension des 18-44 ans à faire confiance aux informations trouvées sur les réseaux sociaux en matière de traitements ».

23 % des 18-44 ans pensent que les vaccins contre la COVID-19 injectent des micro- puces cachées, contre 7 % des plus de 45 ans.
42 % des 18-44 ans estiment que les médecines alternatives telles que l’homéopathie sont souvent plus efficace que les médicaments des laboratoires pharmaceutiques, contre 22 % des plus de 45 ans.
50 % des 18-44 craignent que les thérapies géniques ne causent des mutations génétiques non souhaitées, contre 40 % des plus de 45 ans
 

Une situation qui pourrait impacter l’accès des patients aux traitements innovants

Un degré de méfiance de la population française aussi important envers les innovations thérapeutiques, et en creux envers les acteurs qui sont censés en garantir le contrôle, est en soi préoccupant. Il le devient d’autant plus si on le met en perspective avec les conséquences qu’il pourrait avoir pour notre système de santé. La sédimentation des méfiances envers l’innovation thérapeutique pourrait en effet impacter négativement l’accès des patients aux traitements innovants compte-tenu de trois dynamiques identifiées :

❱ Tout d’abord par le refus du patient ou sa volonté de retarder l’initiation d’un traitement innovant en dehors des situations de vie ou de mort (par exemple en présence d’un traitement chronique alternatif), par conviction personnelle ou parce qu’il a été convaincu par un proche, un professionnel de santé ou un tiers.

❱ Ensuite par un ralentissement de la mobilisation des acteurs institutionnels en faveur de l’accès des patients aux thérapies géniques soit par un inversement du rapport coût/ bénéfice politique perçu, soit du fait de candidats précisément élus sur une base idéologique sceptique vis-à-vis de l’innovation thérapeutique.

❱ Enfin par une hésitation des biotechs de demain à se constituer en France ou à lancer prioritairement leurs traitements sur le territoire compte-tenu des difficultés envisagées pouvant entraver un lancement rapide, nécessaire pour ces structures.

« Chaque acteur a un rôle à jouer pour rétablir la confiance des Français dans l’innovation thérapeutique, que cela soit par des actions sur des problématiques précises ou par des campagnes plus larges sur les technologies à la base de ces traitements », conclut Alexandre Marie Saint Germain.
 

À propos de l’étude

Cette étude a été réalisée par le département d’étude d’APCO Worldwide en partenariat avec la plateforme de recherche Dynata au troisième trimestre 2021 sur un échantillon de 1000 personnes âgées de plus de 18 ans, représentatif de la population française.

Consulter le rapport complet.






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