Chères lectrices, chers lecteurs,
Si, dans notre précédente édition parue en septembre, nous évoquions la crise de l’hôpital public en faisant le vœu – pieux – que les autorités prennent rapidement la pleine mesure de la situation, force est de constater que les annonces récemment faites par le Premier Ministre, Édouard Philippe, ont suscité des réactions contrastées.
Certes, la reprise d’un tiers de la dette des hôpitaux, à hauteur de 10 milliards d’euros, est un geste à saluer, puisqu’il permettra de donner un peu d’oxygène financier à des établissements souvent pris à la gorge. L’augmentation des enveloppes allouées aux hôpitaux – 1,5 milliard d’euros supplémentaires sur trois ans – va également dans le bon sens, après des années de disette et de manque de visibilité budgétaire.
Mais le compte n’y est pas, en particulier pour les professionnels de santé réclamant, depuis bientôt neuf mois, une revalorisation de leur salaire : plutôt que les 300 euros mensuels demandés par les infirmiers de la fonction publique hospitalière, le gouvernement n’a prévu que quelques primes spécifiques, différentes selon le lieu d’exercice. Nos infirmiers restent donc en-deçà de la moyenne salariale de l’OCDE avec, d’ailleurs, un salaire moyen parmi les plus bas de l’Union Européenne… Les jeunes médecins verront bien, eux, leur salaire d’embauche amélioré de près de 300 euros – nous ne pouvons croire qu’il ne s’agisse que d’une manœuvre, somme toute peu subtile, pour diviser un mouvement qui n’en finit pas de fédérer. Aucune proposition directe n’a en outre été faite pour mettre fin à la fermeture des lits ou pour ouvrir de nouveaux postes, qui sont pourtant les deux autres revendications portées par les professionnels mobilisés. Verdict des organisations syndicales représentatives des communautés médicales et paramédicales, des collectifs Inter-Blocs, Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux, et des autres associations qui se sont positionnés comme le fer de lance du mouvement ? « Ces annonces sont très loin de répondre aux attentes des personnels ».
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts – si l’on peut dire. Et pas dans le sens attendu : début décembre, les internes, et donc futurs médecins, sont à leur tour montés au front, appelant à une grève illimitée pour dénoncer la dégradation des soins et réclamer une amélioration de leurs conditions de travail. Ces mobilisations, qui visent toutes à lutter contre le dépérissement de l’hôpital public, nous concernent tous. Et, n’en déplaise à certains oiseaux de mauvais augure qui les mettent sur le compte d’une génération éternellement insatisfaite, soixante-dix directeurs médicaux de départements hospitalo-universitaires ont, eux aussi, fait part de leur crainte de voir l’hôpital public atteindre « un point de rupture irréversible », dans une tribune collective publiée dans Le Monde. La situation est grave, alors même que l’hôpital public a été qualifié de « trésor national » par Agnès Buzyn. Il y a quelques mois, un triste soir de printemps, un autre trésor national a été ravagé par les flammes sous nos regards abasourdis. Le mouvement de solidarité qui s’en est suivi a été à la hauteur de cette immense tragédie.
Celle que vit aujourd’hui l’hôpital public devrait, elle aussi, susciter un même esprit de corps, de la part de nos concitoyens comme de nos grands mécènes, ne serait-ce que pour ralentir la casse, le temps que les alertes en provenance du terrain arrivent, enfin, à la bonne oreille.
Bonne lecture !
Si, dans notre précédente édition parue en septembre, nous évoquions la crise de l’hôpital public en faisant le vœu – pieux – que les autorités prennent rapidement la pleine mesure de la situation, force est de constater que les annonces récemment faites par le Premier Ministre, Édouard Philippe, ont suscité des réactions contrastées.
Certes, la reprise d’un tiers de la dette des hôpitaux, à hauteur de 10 milliards d’euros, est un geste à saluer, puisqu’il permettra de donner un peu d’oxygène financier à des établissements souvent pris à la gorge. L’augmentation des enveloppes allouées aux hôpitaux – 1,5 milliard d’euros supplémentaires sur trois ans – va également dans le bon sens, après des années de disette et de manque de visibilité budgétaire.
Mais le compte n’y est pas, en particulier pour les professionnels de santé réclamant, depuis bientôt neuf mois, une revalorisation de leur salaire : plutôt que les 300 euros mensuels demandés par les infirmiers de la fonction publique hospitalière, le gouvernement n’a prévu que quelques primes spécifiques, différentes selon le lieu d’exercice. Nos infirmiers restent donc en-deçà de la moyenne salariale de l’OCDE avec, d’ailleurs, un salaire moyen parmi les plus bas de l’Union Européenne… Les jeunes médecins verront bien, eux, leur salaire d’embauche amélioré de près de 300 euros – nous ne pouvons croire qu’il ne s’agisse que d’une manœuvre, somme toute peu subtile, pour diviser un mouvement qui n’en finit pas de fédérer. Aucune proposition directe n’a en outre été faite pour mettre fin à la fermeture des lits ou pour ouvrir de nouveaux postes, qui sont pourtant les deux autres revendications portées par les professionnels mobilisés. Verdict des organisations syndicales représentatives des communautés médicales et paramédicales, des collectifs Inter-Blocs, Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux, et des autres associations qui se sont positionnés comme le fer de lance du mouvement ? « Ces annonces sont très loin de répondre aux attentes des personnels ».
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts – si l’on peut dire. Et pas dans le sens attendu : début décembre, les internes, et donc futurs médecins, sont à leur tour montés au front, appelant à une grève illimitée pour dénoncer la dégradation des soins et réclamer une amélioration de leurs conditions de travail. Ces mobilisations, qui visent toutes à lutter contre le dépérissement de l’hôpital public, nous concernent tous. Et, n’en déplaise à certains oiseaux de mauvais augure qui les mettent sur le compte d’une génération éternellement insatisfaite, soixante-dix directeurs médicaux de départements hospitalo-universitaires ont, eux aussi, fait part de leur crainte de voir l’hôpital public atteindre « un point de rupture irréversible », dans une tribune collective publiée dans Le Monde. La situation est grave, alors même que l’hôpital public a été qualifié de « trésor national » par Agnès Buzyn. Il y a quelques mois, un triste soir de printemps, un autre trésor national a été ravagé par les flammes sous nos regards abasourdis. Le mouvement de solidarité qui s’en est suivi a été à la hauteur de cette immense tragédie.
Celle que vit aujourd’hui l’hôpital public devrait, elle aussi, susciter un même esprit de corps, de la part de nos concitoyens comme de nos grands mécènes, ne serait-ce que pour ralentir la casse, le temps que les alertes en provenance du terrain arrivent, enfin, à la bonne oreille.
Bonne lecture !