Chères lectrices, chers lecteurs,
À l’heure où nous bouclons cette édition de décembre 2024, nous ne pouvons que constater, dépités et affligés, que nous en sommes au même point que lors de la sortie du numéro précédent, en septembre : un pays sans gouvernement, et une nouvelle attente pour connaître le nom de notre futur(e) ministre de la Santé, le ou la neuvième depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, et le ou la troisième pour cette seule année 2024 – record battu. La situation serait risible si ce n’était pas dramatique, tant les dossiers en suspens sont nombreux. Annoncé à grandes pompes pour cette fin d’année, le désengorgement des urgences hospitalières est renvoyé aux calendes grecques. L’accès aux soins, enjeu prioritaire de la ministre sortante, la crise de l’hôpital public, sur laquelle avait prévu de se concentrer son prédécesseur, ne trouveront décidément pas de réponses de sitôt, emportés par une instabilité politique qui a tôt fait d’installer une ambiance de fin de règne.
Ne souhaitant pas, pour notre part, rejouer la même pièce d’une édition à l’autre, nous avons, pour cette fin d’année, souhaité mettre en lumière des solutions qui rendent l’hôpital plus performant, en donnant la parole à leurs porteurs et utilisateurs. Car, bien que nous ne l’ayons pas, ou peu, évoquée frontalement jusque-là, la quête de la performance à l’hôpital est plus que jamais devenue une nécessité stratégique pour garantir la pérennité de notre système de santé. Le terme de performance peut heurter, tant il peut sembler en inadéquation avec ce qui fait l’essence de l’hôpital public. Mais être performant, ce n’est pas (seulement) optimiser les coûts ou maximiser les rendements ; c’est avant tout placer le patient au centre de chaque décision. Reposant sur un équilibre subtil entre efficacité organisationnelle, qualité des soins, satisfaction des équipes, et maîtrise budgétaire, la performance hospitalière appelle des solutions multiples et interconnectées, qui s’appuient sur trois piliers principaux.
D’abord, les outils numériques, levier incontournable de la transformation digitale qui est elle-même, et sans conteste, l’un des moteurs clés de la performance hospitalière. Mais pour que ces technologies tiennent leurs promesses, elles doivent être choisies et déployées avec soin, afin d’apporter des réponses pertinentes à des besoins concrets, et surtout faciliter le travail des équipes. Ensuite, l’innovation organisationnelle car, si le numérique est essentiel, il ne peut se substituer à une réflexion de fond pour s’adapter rapidement aux changements – ce qui impose de mettre en œuvre un pilotage agile, basé sur des indicateurs de performance précis et des outils de simulation permettant d’anticiper les impacts des décisions. Enfin, l’implication de l’écosystème auprès des professionnels de santé car – il est toujours utile de le rappeler –, aucune solution ne peut porter ses fruits sans l’adhésion des professionnels de santé. La performance hospitalière passe par la reconnaissance de leur rôle central, la valorisation de leurs compétences, et l’amélioration de leurs conditions de travail. Les décideurs hospitaliers ont ici un rôle clé à jouer pour porter et défendre cette vision, afin de bâtir un système capable de répondre efficacement aux défis d’aujourd’hui, tout en se préparant aux exigences de demain. Ce chemin, bien que complexe, est essentiel pour que nos hôpitaux restent des lieux d’excellence et de confiance, au service de la santé de tous.
Bonne lecture !