Quelle sera, à votre sens, la biologie médicale de demain ?
Pr Jean-Gérard Gobert : Ce sera une biologie 5P : prédictive, préventive, personnalisée, participative et de précision. Les biologistes médicaux devront donc dès à présent s’approprier leur futur, en formant des équipes soudées associant des hospitaliers et des libéraux. La création des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) représente un premier pas vers cette nécessaire mutualisation des ressources, des compétences et des moyens. Les biologistes hospitaliers doivent ici fortement s’impliquer dans l’élaboration des projets médicaux partagés et être forces de proposition, afin que leurs nouvelles modalités d’exercice soient en adéquation avec leurs attentes. Pour véritablement couvrir les besoins de santé d’un territoire, ils doivent s’unir avec leurs confrères de ville et travailler de concert pour mieux faire face aux mutations à l’œuvre. La Fédération Hospitalière de France (FHF) a, à ce titre, récemment publié un rapport qui formule un certain nombre de propositions intéressantes (voir encadré – NDLR).
Quels sont justement les enjeux auxquels la profession est confrontée ?
D’une part, le paysage sanitaire se modifie, avec le développement des hospitalisations courtes et des prises en charge ambulatoires, mais aussi des maisons de santé pluridisciplinaire. Les parcours de soins évoluent également, puisqu’il faut désormais prendre en charge une population de plus en plus âgée, polypathologique et souffrant d’affections chroniques – alors que la formation des biologistes médicaux est encore fortement centrée sur les pathologies aigües. La technologie, enfin, progresse à grande vitesse. La e-santé, la télémédecine, accélèrent la diffusion de l’information et facilitent les échanges avec l’ensemble des acteurs de la chaîne sanitaire. Il serait d’ailleurs heureux de soutenir le développement de la télébiologie, pour que les biologistes médicaux d’un territoire puissent s’appuyer sur un même système communicant, mais aussi qu’ils disposent d’objets connectés conversationnels pour échanger avec leurs collègues cliniciens voire, à terme, avec les patients. Notre discipline aura également tout à gagner du développement de l’intelligence artificielle, qui nous permettra d’interpréter les résultats plus rapidement, et avec plus de précision. Ce sont autant de changements auprès desquels nous ne pouvons pas passer, et que le dernier Colloque de Biologie Médicale a d’ailleurs abordés de front (voir encadré – NDLR). Il nous faut donc développer une nouvelle culture qui tienne compte de ces mutations.
Pr Jean-Gérard Gobert : Ce sera une biologie 5P : prédictive, préventive, personnalisée, participative et de précision. Les biologistes médicaux devront donc dès à présent s’approprier leur futur, en formant des équipes soudées associant des hospitaliers et des libéraux. La création des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) représente un premier pas vers cette nécessaire mutualisation des ressources, des compétences et des moyens. Les biologistes hospitaliers doivent ici fortement s’impliquer dans l’élaboration des projets médicaux partagés et être forces de proposition, afin que leurs nouvelles modalités d’exercice soient en adéquation avec leurs attentes. Pour véritablement couvrir les besoins de santé d’un territoire, ils doivent s’unir avec leurs confrères de ville et travailler de concert pour mieux faire face aux mutations à l’œuvre. La Fédération Hospitalière de France (FHF) a, à ce titre, récemment publié un rapport qui formule un certain nombre de propositions intéressantes (voir encadré – NDLR).
Quels sont justement les enjeux auxquels la profession est confrontée ?
D’une part, le paysage sanitaire se modifie, avec le développement des hospitalisations courtes et des prises en charge ambulatoires, mais aussi des maisons de santé pluridisciplinaire. Les parcours de soins évoluent également, puisqu’il faut désormais prendre en charge une population de plus en plus âgée, polypathologique et souffrant d’affections chroniques – alors que la formation des biologistes médicaux est encore fortement centrée sur les pathologies aigües. La technologie, enfin, progresse à grande vitesse. La e-santé, la télémédecine, accélèrent la diffusion de l’information et facilitent les échanges avec l’ensemble des acteurs de la chaîne sanitaire. Il serait d’ailleurs heureux de soutenir le développement de la télébiologie, pour que les biologistes médicaux d’un territoire puissent s’appuyer sur un même système communicant, mais aussi qu’ils disposent d’objets connectés conversationnels pour échanger avec leurs collègues cliniciens voire, à terme, avec les patients. Notre discipline aura également tout à gagner du développement de l’intelligence artificielle, qui nous permettra d’interpréter les résultats plus rapidement, et avec plus de précision. Ce sont autant de changements auprès desquels nous ne pouvons pas passer, et que le dernier Colloque de Biologie Médicale a d’ailleurs abordés de front (voir encadré – NDLR). Il nous faut donc développer une nouvelle culture qui tienne compte de ces mutations.
Le Pr Jean-Gérard Gobert, Président de la FNSPBHU, Professeur émérite à la Faculté de Pharmacie (Paris V), et membre de l’Académie Nationale de Pharmacie Paris-Descartes
Ne faut-il alors pas faire évoluer la formation des jeunes biologistes ?
Il faut effectivement que la formation initiale et continue des biologistes intègre un important volet numérique, qu’ils soient formés aux nouvelles technologies, aux objets connectés, à l’intelligence artificielle, et qu’ils aient des notions de programmation. Il faudrait également qu’ils apprennent à intégrer l’e-patient expert, respectueux de la médecine fondée sur les preuves, dans leurs organisations et à mieux communiquer avec lui. Au-delà des seuls biologistes, la communauté médicale semble désormais saisir l’intérêt des objets connectés pour faire évoluer les échanges soignant-soigné. En janvier, l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) a par exemple, annoncé la création du « Digital Medical Hub », première plateforme d’évaluation et d’analyse des objets connectés en santé (voir encadré – NDLR). Ces outils nous permettront incontestablement de nous rapprocher de nos patients à l’hôpital. Mais ce n’est pas suffisant : il faut également que le e-patient expert trouve sa place dans nos facultés, pour qu’il puisse ensuite jouer le rôle central qui est le sien dans les organisations sanitaires.
Mobilisés autour de ces nouveaux enjeux, les biologistes hospitaliers n’en ont pas moins d’autres défis à relever.
En effet, outre leur activité quotidienne (interprétation des examens, réunions professionnelles, etc.) et leur participation à la mise en place des GHT, les biologistes hospitaliers et hospitalo-universitaires doivent poursuivre leurs travaux dans le cadre de l’accréditation selon la norme NF EN ISO 15189, qui portent essentiellement aujourd’hui sur les examens spécialisés. Il s'agit de la dernière ligne droite, qui promet d'être plus légère : les premières étapes de l'accréditation ont été menées avec succès. Ils doivent également tenir compte de leurs nombreux travaux de recherche, qu'ils publient dans des revues internationales. Arrive de plus désormais le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Sa mise en œuvre est essentielle pour continuer de communiquer avec les cliniciens et les patients. Mais elle sera complexe et demandera du temps et de l’énergie – c’est d’ailleurs là un chantier sur lequel se penche la Société Française d’Informatique de Laboratoire (SFIL). À cela s’ajoute la future stratégie de transformation du système de santé, où les biologistes doivent être forces de proposition pour ne pas se laisser dépasser par les orientations futures.
Comment mener tous ces combats de front ?
Les effectifs au sein des laboratoires de biologie médicale sont ici clairement insuffisants. Il nous faut 10% de biologistes hospitaliers supplémentaires. Il nous faut également plus d’internes, à la fois issus des Facultés de Pharmacie et de Médecine – les jeunes médecins semblent toutefois de moins en moins intéressés par la dimension technique de notre métier. Les professionnels de terrain font leur possible pour être à la hauteur des enjeux. Mais les pouvoirs publics ne peuvent multiplier les exigences sans nous donner les moyens d’y faire face. À nous, organisations professionnelles, de les convaincre des besoins de santé publique en biologie médicale, dont les résultats interprétés sont pris en compte dans près de 70% des diagnostics.
Il faut effectivement que la formation initiale et continue des biologistes intègre un important volet numérique, qu’ils soient formés aux nouvelles technologies, aux objets connectés, à l’intelligence artificielle, et qu’ils aient des notions de programmation. Il faudrait également qu’ils apprennent à intégrer l’e-patient expert, respectueux de la médecine fondée sur les preuves, dans leurs organisations et à mieux communiquer avec lui. Au-delà des seuls biologistes, la communauté médicale semble désormais saisir l’intérêt des objets connectés pour faire évoluer les échanges soignant-soigné. En janvier, l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) a par exemple, annoncé la création du « Digital Medical Hub », première plateforme d’évaluation et d’analyse des objets connectés en santé (voir encadré – NDLR). Ces outils nous permettront incontestablement de nous rapprocher de nos patients à l’hôpital. Mais ce n’est pas suffisant : il faut également que le e-patient expert trouve sa place dans nos facultés, pour qu’il puisse ensuite jouer le rôle central qui est le sien dans les organisations sanitaires.
Mobilisés autour de ces nouveaux enjeux, les biologistes hospitaliers n’en ont pas moins d’autres défis à relever.
En effet, outre leur activité quotidienne (interprétation des examens, réunions professionnelles, etc.) et leur participation à la mise en place des GHT, les biologistes hospitaliers et hospitalo-universitaires doivent poursuivre leurs travaux dans le cadre de l’accréditation selon la norme NF EN ISO 15189, qui portent essentiellement aujourd’hui sur les examens spécialisés. Il s'agit de la dernière ligne droite, qui promet d'être plus légère : les premières étapes de l'accréditation ont été menées avec succès. Ils doivent également tenir compte de leurs nombreux travaux de recherche, qu'ils publient dans des revues internationales. Arrive de plus désormais le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Sa mise en œuvre est essentielle pour continuer de communiquer avec les cliniciens et les patients. Mais elle sera complexe et demandera du temps et de l’énergie – c’est d’ailleurs là un chantier sur lequel se penche la Société Française d’Informatique de Laboratoire (SFIL). À cela s’ajoute la future stratégie de transformation du système de santé, où les biologistes doivent être forces de proposition pour ne pas se laisser dépasser par les orientations futures.
Comment mener tous ces combats de front ?
Les effectifs au sein des laboratoires de biologie médicale sont ici clairement insuffisants. Il nous faut 10% de biologistes hospitaliers supplémentaires. Il nous faut également plus d’internes, à la fois issus des Facultés de Pharmacie et de Médecine – les jeunes médecins semblent toutefois de moins en moins intéressés par la dimension technique de notre métier. Les professionnels de terrain font leur possible pour être à la hauteur des enjeux. Mais les pouvoirs publics ne peuvent multiplier les exigences sans nous donner les moyens d’y faire face. À nous, organisations professionnelles, de les convaincre des besoins de santé publique en biologie médicale, dont les résultats interprétés sont pris en compte dans près de 70% des diagnostics.
« Renforcer le lien ville-hôpital », le nouveau rapport de la FHF pour le développement des coopérations entre acteurs
Présenté le 9 mars dernier et réalisé par le Docteur Jean-Pierre Jardry, médecin généraliste libéral et administrateur de la FHF, le rapport sur le lien ville-hôpital se développe en quatre grands axes : faciliter le lien ville-hôpital, investir pour la ville, territorialiser les enjeux de santé, et organiser la gouvernance ville-hôpital. Il formule 17 recommandations illustrées par des initiatives locales de coopérations réussies.
Parmi ses propositions les plus innovantes, citons l’identification d’un interlocuteur institutionnel pour simplifier les échanges entre l’hôpital et les professionnels libéraux, l’investissement dans un système d’information commun dans le cadre des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), l’expérimentation d’un financement à la population soignée en fonction d’objectifs de santé publique définis localement, ou encore l’élargissement de la gouvernance des GHT à la médecine de ville.
À découvrir ici.
Le Colloque annuel de Biologie Médicale
Organisé par la FNSPBHU, la Fédération Hospitalière de France (FHF) et le Syndicat des Jeunes Biologistes Médicaux (SJBM), le Colloque de Biologie Médicale se tient chaque mois de décembre à la Faculté de Pharmacie de Paris.
Consacrée à « La biologie médicale française dans la nouvelle Europe : quelle place et quel rôle dans le parcours de santé ? », l’édition 2017 a notamment associé le Collège National de Biochimie-Biologie Moléculaire Médicale, la Société Française de Biologie Clinique (SFBC), et les Fédérations internationale (IFCC) et européenne (EFLM) de biochimie clinique et médecine de laboratoire.
Citons, parmi ses temps forts, des interventions consacrées aux nouveaux défis de la révolution numérique, à la santé connectée, aux articulations entre biologie médicale et cabinet médical du futur, au financement des actes innovants, et à la place du e-patient expert dans l’enseignement en faculté et à l’hôpital.
Compte-rendu sur le site du Syndicat des Laboratoires de Biologie Clinique.
Le « Digital Medical Hub » (DMH) de l’AP-HP
Créé à l’hôpital Bichat - Claude Bernard, le DMH s’inscrit dans un projet d’intérêt public : améliorer la qualité des soins par les objets connectés et leurs applications mobiles de santé, dont l’usage et la pertinence seront évalués et validés scientifiquement. Situé au sein du département de Physiologie-Explorations Fonctionnelles de l’établissement, sous le pilotage du Professeur Marie-Pia d’Ortho, cheffe de service, il ambitionne de se positionner comme un centre de référence pour le développement et la validation clinique de ces objets.
En janvier 2018, le DMH a lancé sa première étude, EOLE-VAL, portée par le Pr Gabriel Thabut, pneumologue. Celle-ci évaluera, sur deux ans, la qualité des objets connectés de santé pour le suivi des patients transplantés pulmonaires à l’hôpital Bichat, ainsi que leur impact sur la pratique des soins et sur la relation professionnels / patients.
Plus d’informations.