Le 27 novembre 2019 restera gravé dans les mémoires du Centre Hospitalier du Mans. Après plusieurs années de projet et de travaux, le nouveau bâtiment de la Pharmacie à Usage Intérieur (PUI) du CH est inauguré. Totalement réhabilités, agrandis de 1 700 m2, ces nouveaux locaux s’inscrivent dans le projet de rénovation du processus pharmaceutique ayant mobilisé plusieurs millions d’euros, dont deux millions pour l’achat de nouveaux équipements. Lancée par les membres de l’établissement en 2015, « cette rénovation était devenue nécessaire », estime le Docteur Damien Bruel, chef de la PUI au CH sarthois. Élément important, la rénovation et l’agrandissement des locaux ne sont pourtant que l’une des étapes d’un projet articulé autour de quatre volets : la logistique interne, la modernisation des outils, l’organisation du travail et le développement de prestations auprès des services de soins.
Une logistique basée sur le principe de la marche en avant
Inscrite dans le premier de ces quatre volets, la rénovation des bâtiments a nécessité un peu moins de deux ans de travaux. « Cette période était très particulière, se souvient Damien Bruel. Les travaux étant menés par blocs, nous devions fréquemment déménager afin de pouvoir libérer les locaux tout en maintenant notre activité ». Aujourd’hui terminée, cette étape a permis à la PUI de se doter d’un accueil pour les patients externes dans le cadre de la rétrocession, d’un deuxième quai de chargement ainsi que d’un espace de stockage unifié. « Auparavant, nous n’avions qu’un seul quai de chargement et un seul monte-charge, pour accéder à une partie de notre stockage qui s’effectuait en sous-sol », continue Damien Bruel pour qui ces avancées ont permis à la PUI de gagner en « pertinence logistique ». Avec ses deux quais de chargement dédiés à l’entrée et à la sortie des produits, ainsi qu’une refonte totale du circuit interne, la nouvelle PUI s’inscriteffectivement dans une logique de marche en avant plus fluideque celle mise en place dans les anciens locaux datant des années 70.
Le personnel massivement impliqué en amont
Imposant une réorganisation logistique et humaine interne à la PUI, ces modifications ont engendré une réflexion des équipes sur leurs méthodes de travail. « Les pilotes du projet[Anne-Lise Tesson-Lecoq et Xavier Bordel-Cartan, NDLR] ont rapidement créé des groupes de travail par domaine d’activité », se souvient le responsable du service qui compte un peu plus de 50 salariés. Intégrant les membres du personnel ainsi que des responsables d’autres unités fonctionnelles, ces groupes de travail supervisés par un comité de pilotage ont permis d’associer au processus décisionnel tous les métiers concernés. « Cette démarche a également permis une meilleure acceptation du changement, car tous ont pu en être acteurs », poursuit Damien Bruel qui constate qu’avec l’automatisation, « beaucoup de postes ont changé de nature ».
La robotisation, un choix stratégique
Profitant de la rénovation de l’offre pharmaceutique, le CH du Mans s’est en effet équipé de deux robots : un automate de dispensation nominative et un automate de dispensation globale. « Ce dernier n’était pas prévu dans les premières ébauches du projet mais il a été nécessaire lors de l’obligation de sérialisation des boîtes », poursuit le pharmacien. Nécessitant une formation des agents, cet outil a ainsi permis aux préparateurs de gagner un temps précieux dans la lecture des codes sérialisés et ce, dès sa mise en fonction en 2019. Concrètement, dès qu’un service passe sa commande, un préparateur lance l’automate et complète ensuite l’allocation avec les produits non stockés dans ce système intelligent : les gros volumes, les produits fragiles ou ceux nécessitant une conservation au froid. Peu visible pour les autres services de l’hôpital, cette avancée a néanmoins contribué à dégager du temps de préparation pour développer la dispensation nominative. Autrefois effectuée par les services eux-mêmes, la confection des piluliers devrait être, à terme, assurée par la PUI. « Nous réalisons actuellement la dispensation nominative pour deux services, et devrions d’ici à la fin de l’année pouvoir en prendre en charge six », explique Damien Bruel pour qui cette montée en charge progressive s’effectuera « de façon plus étendue après la mise en service d’un nouveau bâtiment de l’hôpital », en novembre prochain.
« Nous allons bientôt refermer un cycle qui aura duré cinq années »
Cet appui aux services de soins, qui est d’ailleurs inscrit dans le quatrième volet du projet de rénovation, est aujourd’hui en plein développement. Parallèlement à la prise en charge de la dispensation nominative, il sera complété par la mise en place d’un système en plein-vide pour les infirmiers. Ce système de double bac, qui implique la passation d’une nouvelle commande dès lors qu’un bac est vide, « permet à l’équipe soignante de ne plus avoir à compter régulièrement les médicaments dont elle dispose ». Le gain de temps attendu sera donc loin d’être négligeable pour les soignants, qui pourront également compter sur la PUI pour prendre en charge la totalité des dispositifs médicaux du nouveau bâtiment des consultations. « Un arsenal centralisé permettra à l’hôpital de rationaliser sa gestion tout en allégeant la charge de travail des différents services », ajoute le responsable de la PUI. Dernières étapes du projet de rénovation, ces changements devraient s’opérer dans les prochaines semaines. « Nous allons bientôt refermer un cycle qui aura duré cinq années », poursuit le docteur, qui le sait bien, les projets ne sont pour autant pas terminés au sein du CH. Ouverture d’un nouveau bloc, futur centre de cancérologie, mutualisation d’activités à l’échelle du GHT… les perspectives ne manquent pas. Après la PUI, ce sera d’ailleurs au tour du service de stérilisation, dont les locaux datent des années 80, d’être rénové. « Même si cela n’aura pas le même impact puisque seules sont ici concernées les activités chirurgicales, les projets d’amélioration de notre outil de travail ne sont jamais vraiment finis », conclut Damien Bruel.
Article publié sur le numéro de septembre d'Hospitalia à consulter ici.
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