Dans quel contexte est né ce projet d’automation étendue de la biochimie ?
Dr Hervé Vermeulen : Tout a commencé en 2021 dans le cadre d’un renouvellement du marché des automates de biochimie. Nous travaillions alors déjà avec Beckman Coulter et maîtrisions totalement ses équipements et les quelque 120 méthodes associées, par ailleurs toutes accréditées par le COFRAC. Nous entretenions en outre de très bonnes relations avec ses équipes et étions, pour résumer, particulièrement satisfaits de cette collaboration. Aussi avons-nous souhaité poursuivre notre partenariat. C’est Beckman-Coulter qui a suggéré de mettre cette occasion à profit pour étendre l’automation de la biochimie. Nous y avons rapidement souscrit, pour optimiser encore plus nos processus, gagner en confort de travail et améliorer le service médical rendu aux patients.
Vous avez alors cherché à identifier les étapes manuelles qui pourraient être automatisées.
La centrifugation, le tri et la distribution des échantillons, en particulier, pouvaient en effet être directement pris en charge par la nouvelle chaîne DxA 5000 FIT. Capable de gérer jusqu’à quatre automates, celle-ci permet une automatisation complète et optimisée du flux pré-analytique, tout en intégrant un module de centrifugation et de convoyage intelligent pour garantir un délai de rendu des résultats, ou TAT (turn around time), rapide et constant. Le déploiement du système DxA 5000 FIT, et la migration vers le logiciel de pilotage Remisol Advance 2.0, se sont d’ailleurs remarquablement bien déroulés, malgré un contexte difficile, car encore marqué par l’épidémie Covid. Nous avons ainsi pu réduire jusqu’à 65 % des étapes manuelles, avec des bénéfices perceptibles dès le démarrage du nouveau système.
Pour autant, vous avez souhaité mener une évaluation chiffrée afin de prendre la pleine mesure de ces nouveaux outils. Pourriez-vous nous en parler ?
Effectivement. Bien que les techniciens du département de biochimie aient dès le départ fait part d’un confort de travail accru, il nous a semblé pertinent de mener une étude objective à un an d’utilisation afin de véritablement quantifier ces bénéfices, notamment sur le plan des TAT. Nous avons ici retenu une période comprise entre avril 2021 et mai 2022, avec un volume d’activité constant afin de pouvoir disposer de points de comparaison pertinents – soit une moyenne de 4 000 tests par paramètre étudié, ce qui est statistiquement significatif. En ce qui concerne justement les paramètres retenus : nous avons opté pour la recherche de la protéine C réactive, ou CRP, et le dosage sanguin du sodium (iono Na) et du potassium (iono K), des analyses effectuées tout au long de la journée, en routine comme en urgences. Nous y avons également ajouté la troponine, essentiellement demandée par les urgences et qui nous a donc paru pertinente pour évaluer l’amélioration du service médical rendu aux patients.
Quelles ont été vos conclusions ?
L’automation a sans conteste permis d’accélérer sensiblement le délai de rendu des résultats. Notre étude, dont les enseignements ont déjà été présentés lors du congrès EuromedLab à Rome et feront également l’objet d’un poster pour les JFBM, a montré une réduction du TAT au 90ème percentile à hauteur de 45 % pour la CRP, de 27 % pour les ionogrammes sanguins et de 55 % pour la troponine, ce qui est très significatif. Les écarts-types ont en outre été réduits de près de 80 %, tous paramètres confondus, avec des délais de rendu des résultats désormais standardisés et reproductibles. Il faut dire qu’auparavant, c’était le technicien qui chargeait l’automate en fonction de son taux d’occupation. Toute intervention humaine est synonyme de variabilité. Cette tâche est désormais automatiquement effectuée par le module de routage intelligent du DxA 5000 FIT, pour un traitement totalement optimisé. Pour résumer, si l’on considère le TAT à partir du moment où l’échantillon est posé sur le DxA 5000 FIT, l’amélioration du service médical rendu aux patients est bien réelle, quels que soient l’heure de la journée et le volume de charge des automates. Mais il convient aussi de rappeler que le TAT réel est également fonction du délai d’enregistrement manuel des dossiers reçus par le laboratoire, et donc de la disponibilité des équipes pour réaliser cette tâche. C’est d’ailleurs là un point à optimiser à l’avenir.
Qu’entendez-vous par là ?
L’idéal serait de pouvoir mener une nouvelle étude une fois que nous aurons déployé un système de prescription connectée. Mais ces premiers résultats n’en sont pas moins éloquents, et témoignent bien des bénéfices de l’automation. D’autant qu’il me faut également évoquer un dernier constat, et non des moindres : nous disposons désormais d’une réserve de production intéressante, à hauteur de 47 % en période de pointe et de plus de 85 % lors des astreintes, alors même que la biochimie et l’hématologie représentent 52 % de l’activité quotidienne de notre laboratoire.
Justement, quel a été l’impact de cette automation étendue sur l’organisation du laboratoire ?
En passant de 20 étapes manuelles à seulement 7 aujourd’hui, nous avons pu libérer du temps pour redéployer les techniciens sur des tâches à meilleure valeur ajoutée, en amont et en aval de la chaîne automatisée. Ils peuvent ainsi mener des vérifications plus approfondies des dossiers, et consacrer également plus de temps à la validation technique et la libération des résultats. L’automation étendue nous a en outre permis de consolider l’activité du département de biochimie. Par exemple la procalcitonine, qui était auparavant effectuée sur un automate dédié, est désormais gérée par le DxA 5000 FIT, avec des gains notables sur le plan décisionnel. Le système traite également un nouveau panel ajouté à la demande de notre centre d’aide médicale à la procréation, AMH et DHEAs, pour le plus grand bénéfice des patients de notre territoire. En tout état de cause, nous avons eu raison de renouveler et d’étendre notre partenariat avec Beckman-Coulter, d’autant que l’amélioration du service médical rendu aux patients fait partie des attendus de la norme ISO 15189 version 2022.
> Plus d'informations sur le site de Beckman-Coulter
> Article publié dans l'édition de septembre d'Hospitalia à lire ici.
Dr Hervé Vermeulen : Tout a commencé en 2021 dans le cadre d’un renouvellement du marché des automates de biochimie. Nous travaillions alors déjà avec Beckman Coulter et maîtrisions totalement ses équipements et les quelque 120 méthodes associées, par ailleurs toutes accréditées par le COFRAC. Nous entretenions en outre de très bonnes relations avec ses équipes et étions, pour résumer, particulièrement satisfaits de cette collaboration. Aussi avons-nous souhaité poursuivre notre partenariat. C’est Beckman-Coulter qui a suggéré de mettre cette occasion à profit pour étendre l’automation de la biochimie. Nous y avons rapidement souscrit, pour optimiser encore plus nos processus, gagner en confort de travail et améliorer le service médical rendu aux patients.
Vous avez alors cherché à identifier les étapes manuelles qui pourraient être automatisées.
La centrifugation, le tri et la distribution des échantillons, en particulier, pouvaient en effet être directement pris en charge par la nouvelle chaîne DxA 5000 FIT. Capable de gérer jusqu’à quatre automates, celle-ci permet une automatisation complète et optimisée du flux pré-analytique, tout en intégrant un module de centrifugation et de convoyage intelligent pour garantir un délai de rendu des résultats, ou TAT (turn around time), rapide et constant. Le déploiement du système DxA 5000 FIT, et la migration vers le logiciel de pilotage Remisol Advance 2.0, se sont d’ailleurs remarquablement bien déroulés, malgré un contexte difficile, car encore marqué par l’épidémie Covid. Nous avons ainsi pu réduire jusqu’à 65 % des étapes manuelles, avec des bénéfices perceptibles dès le démarrage du nouveau système.
Pour autant, vous avez souhaité mener une évaluation chiffrée afin de prendre la pleine mesure de ces nouveaux outils. Pourriez-vous nous en parler ?
Effectivement. Bien que les techniciens du département de biochimie aient dès le départ fait part d’un confort de travail accru, il nous a semblé pertinent de mener une étude objective à un an d’utilisation afin de véritablement quantifier ces bénéfices, notamment sur le plan des TAT. Nous avons ici retenu une période comprise entre avril 2021 et mai 2022, avec un volume d’activité constant afin de pouvoir disposer de points de comparaison pertinents – soit une moyenne de 4 000 tests par paramètre étudié, ce qui est statistiquement significatif. En ce qui concerne justement les paramètres retenus : nous avons opté pour la recherche de la protéine C réactive, ou CRP, et le dosage sanguin du sodium (iono Na) et du potassium (iono K), des analyses effectuées tout au long de la journée, en routine comme en urgences. Nous y avons également ajouté la troponine, essentiellement demandée par les urgences et qui nous a donc paru pertinente pour évaluer l’amélioration du service médical rendu aux patients.
Quelles ont été vos conclusions ?
L’automation a sans conteste permis d’accélérer sensiblement le délai de rendu des résultats. Notre étude, dont les enseignements ont déjà été présentés lors du congrès EuromedLab à Rome et feront également l’objet d’un poster pour les JFBM, a montré une réduction du TAT au 90ème percentile à hauteur de 45 % pour la CRP, de 27 % pour les ionogrammes sanguins et de 55 % pour la troponine, ce qui est très significatif. Les écarts-types ont en outre été réduits de près de 80 %, tous paramètres confondus, avec des délais de rendu des résultats désormais standardisés et reproductibles. Il faut dire qu’auparavant, c’était le technicien qui chargeait l’automate en fonction de son taux d’occupation. Toute intervention humaine est synonyme de variabilité. Cette tâche est désormais automatiquement effectuée par le module de routage intelligent du DxA 5000 FIT, pour un traitement totalement optimisé. Pour résumer, si l’on considère le TAT à partir du moment où l’échantillon est posé sur le DxA 5000 FIT, l’amélioration du service médical rendu aux patients est bien réelle, quels que soient l’heure de la journée et le volume de charge des automates. Mais il convient aussi de rappeler que le TAT réel est également fonction du délai d’enregistrement manuel des dossiers reçus par le laboratoire, et donc de la disponibilité des équipes pour réaliser cette tâche. C’est d’ailleurs là un point à optimiser à l’avenir.
Qu’entendez-vous par là ?
L’idéal serait de pouvoir mener une nouvelle étude une fois que nous aurons déployé un système de prescription connectée. Mais ces premiers résultats n’en sont pas moins éloquents, et témoignent bien des bénéfices de l’automation. D’autant qu’il me faut également évoquer un dernier constat, et non des moindres : nous disposons désormais d’une réserve de production intéressante, à hauteur de 47 % en période de pointe et de plus de 85 % lors des astreintes, alors même que la biochimie et l’hématologie représentent 52 % de l’activité quotidienne de notre laboratoire.
Justement, quel a été l’impact de cette automation étendue sur l’organisation du laboratoire ?
En passant de 20 étapes manuelles à seulement 7 aujourd’hui, nous avons pu libérer du temps pour redéployer les techniciens sur des tâches à meilleure valeur ajoutée, en amont et en aval de la chaîne automatisée. Ils peuvent ainsi mener des vérifications plus approfondies des dossiers, et consacrer également plus de temps à la validation technique et la libération des résultats. L’automation étendue nous a en outre permis de consolider l’activité du département de biochimie. Par exemple la procalcitonine, qui était auparavant effectuée sur un automate dédié, est désormais gérée par le DxA 5000 FIT, avec des gains notables sur le plan décisionnel. Le système traite également un nouveau panel ajouté à la demande de notre centre d’aide médicale à la procréation, AMH et DHEAs, pour le plus grand bénéfice des patients de notre territoire. En tout état de cause, nous avons eu raison de renouveler et d’étendre notre partenariat avec Beckman-Coulter, d’autant que l’amélioration du service médical rendu aux patients fait partie des attendus de la norme ISO 15189 version 2022.
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> Article publié dans l'édition de septembre d'Hospitalia à lire ici.