Et si les personnels soignants pouvaient eux-mêmes réaliser les analyses biologiques les plus urgentes ? C’est le pari qu’a fait il y a déjà plus de deux ans le Centre Hospitalier de Ploërmel, dans le Morbihan. « Pendant longtemps, tous les examens étaient sous-traités à un laboratoire privé. Il a ensuite été décidé de réintégrer l’activité de biologie médicale au sein du secteur public », explique le Dr Myriam Auger, biologiste médicale aujourd’hui responsable de cette antenne de biologie délocalisée. La réflexion menée en lien avec d’autres acteurs locaux, en particulier le Centre Hospitalier Bretagne Atlantique (CHBA), installé à Vannes et établissement support du GHT Brocéliande Atlantique, l’ARS Bretagne et l’Établissement français du sang, s’est donc attachée à réfléchir aux modalités de cette intégration au sein de l’hôpital public.
Rapidement, le CHBA s’est imposé comme l’établissement le mieux à même d’opérer ce partenariat. « Mais le Centre hospitalier de Ploërmel dispose d’un service d’accueil des urgences, d’une maternité et d’unités chirurgicales. Il est donc nécessaire de pouvoir prendre en charge rapidement certaines analyses. Plutôt que d’envoyer les prélèvements au CHBA, distant d’une cinquantaine de kilomètres, nous avons privilégié l’installation sur site d’une antenne délocalisée », poursuit la biologiste. L’hôpital de Ploërmel s’est donc équipé d’automates de biologie, qui permettent désormais à ses équipes soignantes d’effectuer certaines analyses en autonomie durant les heures d’absence des techniciens de laboratoire.
Rapidement, le CHBA s’est imposé comme l’établissement le mieux à même d’opérer ce partenariat. « Mais le Centre hospitalier de Ploërmel dispose d’un service d’accueil des urgences, d’une maternité et d’unités chirurgicales. Il est donc nécessaire de pouvoir prendre en charge rapidement certaines analyses. Plutôt que d’envoyer les prélèvements au CHBA, distant d’une cinquantaine de kilomètres, nous avons privilégié l’installation sur site d’une antenne délocalisée », poursuit la biologiste. L’hôpital de Ploërmel s’est donc équipé d’automates de biologie, qui permettent désormais à ses équipes soignantes d’effectuer certaines analyses en autonomie durant les heures d’absence des techniciens de laboratoire.
Huit automates et des usages simplifiés
Hématologie, coagulation, biochimie... Plusieurs types d’analyses urgentes sont aujourd’hui couvertes par les huit automates déployés à Ploërmel. « Le panel d’examens pris en charge dans ce cadre précis a été sélectionné avec les cliniciens lors de la mise en place de l’antenne de biologie délocalisée », indique la responsable. Plusieurs groupes de travail se sont donc réunis en amont pour cadrer le projet, depuis l’identification des locaux dédiés à l’antenne de biologie délocalisée jusqu’au choix des équipements, en passant par le système d’information, les modes de prescription ou encore le circuit des prélèvements. Une démarche qui a facilité l’adhésion des équipes concernées. Toutes ont d’ailleurs aujourd’hui trouvé leurs marques.
L’antenne est ainsi majoritairement opérée par quatre techniciens de laboratoire, pour une plage de présence quotidienne comprise entre 12 heures le week-end et 15 heures en semaine. En leur absence – en particulier la nuit –, les infirmiers prennent le relais pour les analyses urgentes. « Les automates ont été spécifiquement choisis pour leur simplicité d’utilisation, afin que le personnel soignant puisse justement assurer la continuité des soins », précise le Dr Myriam Auger. Ces équipements se démarquent, par exemple, par l’absence de réactifs classiques, remplacés par des cassettes permettant de réaliser des analyses rapidement, quasiment « au lit des patients ». Et pour les examens non urgents ou non réalisables sur site, une navette, à raison de sept voyages par jour, a été mise en place pour transférer directement les échantillons au CHBA de Vannes
L’antenne est ainsi majoritairement opérée par quatre techniciens de laboratoire, pour une plage de présence quotidienne comprise entre 12 heures le week-end et 15 heures en semaine. En leur absence – en particulier la nuit –, les infirmiers prennent le relais pour les analyses urgentes. « Les automates ont été spécifiquement choisis pour leur simplicité d’utilisation, afin que le personnel soignant puisse justement assurer la continuité des soins », précise le Dr Myriam Auger. Ces équipements se démarquent, par exemple, par l’absence de réactifs classiques, remplacés par des cassettes permettant de réaliser des analyses rapidement, quasiment « au lit des patients ». Et pour les examens non urgents ou non réalisables sur site, une navette, à raison de sept voyages par jour, a été mise en place pour transférer directement les échantillons au CHBA de Vannes
Une antenne rattachée au CHBA
« La création de l’antenne délocalisée de biologie s’inscrit dans un projet de territoire impliquant une uniformisation des pratiques », résume Roger Monclin, cadre du laboratoire. Les deux établissements sont certes habitués à collaborer dans le cadre du GHT Brocéliande Atlantique ; mais cette coopération s’est encore renforcée depuis l’ouverture de l’antenne. Ainsi, bien qu’ils soient positionnés à Ploërmel, les techniciens de laboratoire font partie intégrante de l’équipe du laboratoire du CHBA. D’ailleurs, c’est l’antenne dans son ensemble qui est rattachée au CHBA. Les biologistes et cadres de santé du LBM s’y rendent donc régulièrement pour vérifier la qualité des analyses et maintenir le lien entre les deux sites.
« La situation est comparable à celle d’un laboratoire installé sur deux bâtiments distincts. Les techniciens missionnés à Ploërmel sont parfaitement intégrés à l’équipe du CHBA, ils suivent les mêmes formations et appliquent les mêmes protocoles », indique le cadre. Ces exigences concernent également les automates eux-mêmes, qui font l’objet de procédures de vérification et de certification équivalentes à celles des équipements déployés sur le site vannetais. « Au final, hormis les modèles des automates présents à Ploërmel, tout le reste est identique. Les logiciels, par exemple, sont les mêmes partout, garantissant ainsi un transfert optimal de l’information », ajoute Roger Monclin.
Cette « volonté d’homogénéisation » a présidé à la création de l’antenne, comme l’a souligné Roger Monclin. Avant même son entrée en fonction, les quatre techniciens embauchés pour l’occasion ont par exemple passé plusieurs semaines à Vannes « pour maîtriser l'organisation du laboratoire et les habitudes de travail de l'équipe. Ce temps de formation et ces liens noués sont essentiels pour que la dynamique soit par la suite fluide, avec la phase préanalytique prise en charge à Ploërmel et le reste du circuit opéré à Vannes », indique le cadre.
« La situation est comparable à celle d’un laboratoire installé sur deux bâtiments distincts. Les techniciens missionnés à Ploërmel sont parfaitement intégrés à l’équipe du CHBA, ils suivent les mêmes formations et appliquent les mêmes protocoles », indique le cadre. Ces exigences concernent également les automates eux-mêmes, qui font l’objet de procédures de vérification et de certification équivalentes à celles des équipements déployés sur le site vannetais. « Au final, hormis les modèles des automates présents à Ploërmel, tout le reste est identique. Les logiciels, par exemple, sont les mêmes partout, garantissant ainsi un transfert optimal de l’information », ajoute Roger Monclin.
Cette « volonté d’homogénéisation » a présidé à la création de l’antenne, comme l’a souligné Roger Monclin. Avant même son entrée en fonction, les quatre techniciens embauchés pour l’occasion ont par exemple passé plusieurs semaines à Vannes « pour maîtriser l'organisation du laboratoire et les habitudes de travail de l'équipe. Ce temps de formation et ces liens noués sont essentiels pour que la dynamique soit par la suite fluide, avec la phase préanalytique prise en charge à Ploërmel et le reste du circuit opéré à Vannes », indique le cadre.
Des soignants formés à l’utilisation des automates
Ces échanges renforcés entre un site et l’autre se font aussi à l’échelle locale. À Ploërmel, l’antenne de biologie délocalisée est installée à proximité du service d’accueil des urgences. Les techniciens bénéficient donc d’un contact rapproché avec le personnel soignant, et plus particulièrement les infirmiers des urgences. « Tout professionnel de santé ayant une question peut venir facilement s’entretenir avec un technicien », note Roger Monclin qui a vu naître, entre soignants et techniciens ploërmelais, « une réelle proximité ». Myriam Auger abonde : « Les soignants viennent tous les jours déposer des prélèvements, ils connaissent très bien les techniciens et communiquent facilement avec eux ».
Amenés à effectuer certaines analyses en autonomie, les infirmiers des urgences ont néanmoins fait l’objet d’une attention particulière, d’autant qu’il ne s’agit pas là de leur cœur de métier. « Tous ont été formés en amont à la prise en main des automates. Ces sessions, dispensées par un médecin biologiste ou un technicien de laboratoire, durent une demi-journée pour que chacun puisse bien comprendre le fonctionnement des cinq familles d’équipements », indique la responsable de l’antenne. Chaque année, une session de rappel animée par les techniciens est également organisée à destination de ces personnels. Et si un nouvel infirmier est amené à travailler de nuit, « une formation lui est systématiquement dispensée avant cette prise de poste nocturne », assurent les responsables.
Amenés à effectuer certaines analyses en autonomie, les infirmiers des urgences ont néanmoins fait l’objet d’une attention particulière, d’autant qu’il ne s’agit pas là de leur cœur de métier. « Tous ont été formés en amont à la prise en main des automates. Ces sessions, dispensées par un médecin biologiste ou un technicien de laboratoire, durent une demi-journée pour que chacun puisse bien comprendre le fonctionnement des cinq familles d’équipements », indique la responsable de l’antenne. Chaque année, une session de rappel animée par les techniciens est également organisée à destination de ces personnels. Et si un nouvel infirmier est amené à travailler de nuit, « une formation lui est systématiquement dispensée avant cette prise de poste nocturne », assurent les responsables.
Un changement aujourd’hui « salué par tous »
En matière de communication interne, l’antenne de biologie délocalisée du CH de Ploërmel s’est en outre dotée, dès sa création, d’un dispositif de prescription dématérialisée. Décrit par les deux responsables comme « un gain de temps, de qualité et de sécurité », il a aujourd’hui emporté l’adhésion des équipes du laboratoire, comme des médecins et des soignants. « Cette expérimentation étant concluante, le dispositif sera progressivement étendu à tout le CHBA », indique d’ailleurs Myriam Auger. Quant à l’antenne en tant que telle, malgré une certaine appréhension initiale de la part des équipes soignantes, « ce changement d’organisation est aujourd’hui salué par tous », constate-t-elle : « La disponibilité d’une activité de biologie médicale de proximité, l’accès à une expertise immédiate, la réalisation en quasi-temps réel des analyses urgentes, la prescription connectée et l’accès aux résultats directement depuis dossier patient informatisé, mais aussi une meilleure analyse de la pertinence des prescriptions notamment pour la gestion des examens redondants, et un délai de rendu plus rapide pour les résultats d’analyses spécialisées, ont su convaincre les équipes des deux centres hospitaliers ».
Article publié dans l'édition de mai 2023 d'Hospitalia à lire ici.
Article publié dans l'édition de mai 2023 d'Hospitalia à lire ici.
Des investissements mais aussi des économies à la clé
De l’aménagement d’un local à proximité des urgences à l’achat des matériels et logiciels, en passant par le recrutement de quatre techniciens, la création de l’antenne de biologie délocalisée a nécessité près de 120 000 euros d’investissements, auxquels s’ajoutent 20 000 euros annuels pour la location des automates. « Une étude médico-économique, réalisée en amont du projet, avait néanmoins révélé la réalisation d’économies pour le Centre Hospitalier de Ploërmel », indique le Dr Myriam Auger. Des prévisions qui se sont depuis réalisées : en plus de deux ans, le CH de Ploërmel et le CHBA estiment « réaliser un gain net de plus de 500 000 euros par an ».
De l’aménagement d’un local à proximité des urgences à l’achat des matériels et logiciels, en passant par le recrutement de quatre techniciens, la création de l’antenne de biologie délocalisée a nécessité près de 120 000 euros d’investissements, auxquels s’ajoutent 20 000 euros annuels pour la location des automates. « Une étude médico-économique, réalisée en amont du projet, avait néanmoins révélé la réalisation d’économies pour le Centre Hospitalier de Ploërmel », indique le Dr Myriam Auger. Des prévisions qui se sont depuis réalisées : en plus de deux ans, le CH de Ploërmel et le CHBA estiment « réaliser un gain net de plus de 500 000 euros par an ».