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Un hôpital plus vert et plus durable prend corps à Foch


Rédigé par Joëlle Hayek le Mercredi 25 Octobre 2023 à 15:25 | Lu 1787 fois


Récemment labellisé THQSE (Très Haute Qualité Sociale et Environnementale) niveau Or, l’hôpital Foch continue de se mobiliser en faveur d’un hôpital plus vert et plus durable. Cet établissement de santé privé d’intérêt collectif, implanté à Suresnes dans les Hauts-de-Seine, multiplie les initiatives vertueuses, désormais inscrites dans une dynamique collective et encore vouée à s’élargir. Reportage.



Le Dr Florent Huang, Julie Swaenepoël, Julien Lagarde et Michaël.
Le Dr Florent Huang, Julie Swaenepoël, Julien Lagarde et Michaël.
« Début 2023, nous avons dévoilé un grand plan stratégique RSE, visant à mieux structurer les actions transversales mises en œuvre dès 2021 par les directions fonctionnelles de l’hôpital, et celles initiées à partir de 2022 dans les différents services de soins. Rapidement, nous avons également souhaité nous engager dans le référentiel THQSE, car celui-ci recoupe un certain nombre de volets inscrits dans le champ de la RSE », indique Julie Swaenepoël, directrice de la qualité, des risques et de la logistique. L’audit, réalisé en mars dernier, repose sur quatre piliers, économique, social, environnemental et sociétal, pour lesquels l’hôpital Foch obtient un score moyen de 98 %. « La labellisation THQSE niveau Or pour la période 2023-2026 est venue confirmer l’efficience et la pertinence de notre démarche en faveur de la responsabilité sociale et environnementale, qui se matérialise à travers un grand nombre d’initiatives menées à tous les étages de notre établissement », poursuit-elle. 

Un comité et des ambassadeurs Développement durable

Cette dynamique vertueuse bénéficie de l’appui d’un Comité développement durable particulièrement actif, créé dès 2011 et qui se réunit quatre fois par an pour évaluer, ré-évaluer ou proposer de nouveaux projets. Multidisciplinaire et pluriprofessionnel, il fédère tout autant des membres de l’équipe de direction que des médecins, des cadres et des soignants, des techniciens et des fonctions supports. « Depuis quelques mois, nous avons également créé un réseau d’Ambassadeurs développement durable, intervenant au sein des services de soins afin de favoriser la prise de conscience, faciliter le déploiement des projets, mais aussi soutenir la mise en œuvre de micro-actions simples à mener et dont les bénéfices sont rapidement visibles », décrit Julie Swaenepoël en soulignant que le recrutement d’une soixantaine de volontaires s’est effectué « très facilement »

Chacun a été doté d’un « carnet de bord » composé de fiches d’actions autour de thématiques diverses, comme la gestion des déchets, l’optimisation des consommations d’eau, la sobriété énergétique et numérique ou encore la gestion de la mobilité. Ce dispositif, qui entend « mieux fédérer les initiatives individuelles pour que leur somme puisse nourrir la dynamique collective », comme le note le Docteur Florent Huang, médecin cardiologue et lui-même Ambassadeur développement durable, a rapidement fait l’objet d’une adhésion forte sur le terrain. « Dans le service de cardiologie par exemple, tous les professionnels approchés se disent très motivés. Nous nous attendions déjà à un accueil favorable de la part des jeunes générations, qui ont aujourd’hui des exigences réelles en matière de développement durable. Mais le constat est tout aussi positif chez les professionnels plus âgés, qui y voient l’occasion de faire évoluer leur métier et leurs pratiques. Tous sont conscients d’avoir un rôle à jouer pour contribuer à l’avènement d’un hôpital plus vert, et tous le font bien volontiers », sourit-il. 

Des DASRI transformés en déchets inertes

Un hôpital plus vert et plus durable prend corps à Foch
Les fonctions supports et services techniques ne sont pas en reste, multipliant eux aussi les actions visant à limiter l’impact environnemental des activités hospitalières. À cet égard, un projet lancé au printemps dernier a particulièrement placé l’hôpital Foch sous les projecteurs : l’internalisation du traitement des déchets issus des activités de soins à risque infectieux (DASRI), soit 300 tonnes par an, des volumes qui nécessitaient jusque-là le passage d’un camion de ramassage six fois par semaine. « Cela générait régulièrement des embouteillages à fort risque accidentogène aux abords de l’hôpital », note Julien Lagarde, responsable des services généraux. Bénéficiant d’un soutien de l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise énergétique, désormais Agence de la transition écologique, l’établissement s’est, en avril, doté de deux machines de production lui permettant de transformer les DASRI en broyat solide, pour un volume réduit de près de 80 % et un poids divisé par quatre. « Les seringues, les compresses, les champs opératoires, le verre médical – une large part des DASRI en somme, à l’exception des cytotoxiques et des pièces anatomiques – sont désormais traités en interne, dans ces machines qui, pour schématiser, fonctionnent comme un micro-onde. Désinfectés à 110°C, ils deviennent, en sortie, des déchets inertes assimilés aux ordures ménagères », explique-t-il. Les copeaux ainsi produits sont désormais récupérés par camion une fois par semaine – soit cinq fois moins de passage qu’auparavant –, et incinérés au centre de traitement d’Argenteuil pour alimenter les réseaux de chauffage urbain.

Une démarche d'amélioration continue

« Cette nouvelle organisation n’a eu aucun impact sur les modalités de collecte des DASRI dans les services de soins, si ce n’est un léger changement dans la forme du bac, dont la couleur jaune caractéristique a toutefois été conservée », indique le responsable des services généraux. Mis en production au début du mois de mai, le circuit est désormais bien rodé : les bacs ramassés dans les unités de soins sont conduits au sixième sous-sol de l’hôpital, où ils sont pris en charge par Michaël, un agent mis à disposition de l’établissement par une entreprise adaptée partenaire. Celui-ci n’opère toutefois qu’une manutention légère, les opérations lourdes – pesées avant et après traitement, déversage des DASRI dans la machine, etc. – étant totalement automatisées. Concrètement, le contenu de chaque bac de collecte (d’une capacité de 360 litres) est soumis à un cycle de broyage durant une durée moyenne de 28 minutes. Le broyat est récupéré dans un sac hermétique tous les deux cycles et déposé dans les conteneurs d’ordures ménagères, tandis que le bac est désinfecté et stocké « selon le principe de la marche en avant », précise Julien Lagarde, avant de repartir dans les unités de soins.

Plus d’une quinzaine de tonnes de DASRI a été traitée en seulement deux mois avec ce nouveau système, qui permet également de disposer de données détaillées sur chaque cycle effectué (tonnage, température de désinfection, durée de traitement, etc.). « Nous analysons actuellement ces informations pour identifier de nouvelles marges de progression, par exemple un potentiel ramassage du broyat tous les 15 jours, pour améliorer encore notre empreinte carbone », poursuit-il. Observée avec attention par de nombreux établissements de santé, cette initiative n’est pourtant pas la seule mise en œuvre par l’Hôpital Foch pour optimiser la gestion des déchets. « Nos 31 filières sont inscrites dans cette démarche d’amélioration continue. Actuellement, nous nous concentrons par exemple sur la filière métal au bloc opératoire, où nous sommes en train d’affiner la typologie des déchets et d’en évaluer la volumétrie, afin de réfléchir à de nouvelles modalités de traitement. Ce travail a déjà été effectué en restauration, pour les déchets du self, donc issus des repas des salariés », souligne-t-il.

Recyclage et valorisation

Rénové en 2020, le self de l’établissement disposait en effet déjà d’une belle zone de tri, arrêtée par le projet architectural. « Les différents déchets pouvaient donc être triés en filières spécifiques tout au long de la chaîne, qu’il s’agisse des cartons, des canettes et bouteilles en plastique, du marc de café ou, bien sûr, des biodéchets. Pour ne pas démultiplier les interlocuteurs, nous avons donc recherché un prestataire pouvant proposer une approche groupée mettant le recyclage au cœur du processus », explique Julien Laborde. Mis en œuvre depuis deux ans, le projet a déjà permis de valoriser cent tonnes de déchets. « Les canettes deviennent des vélos, le marc de café des allume-feux et des bûchettes pour cheminées, les tétrapacks des essuie-tout », détaille-t-il. En parallèle, l’établissement s’est équipé d’une presse à balle, sorte de compacteur permettant de compresser et de conditionner les cartons, dont le volume est ainsi réduit de moitié. « Nous avons commencé par les cartons issus des activités de restauration, avant d’élargir à ceux récupérés dans les unités de soins et, depuis peu, dans les blocs opératoires », poursuit-il. Désormais, tous ces déchets triés et reconditionnés sont collectés deux fois par semaine, contre six auparavant. « Nous cherchons maintenant à réduire l’usage du plastique dans le self, en réfléchissant à la mise à disposition de contenants en verre consignés », ajoute le responsable des services généraux.

Éco-conception des soins

Associée à cette démarche visant à mieux valoriser les déchets hospitaliers, la communauté médico-soignante mène également, comme nous l’avons vu plus haut, un certain nombre d’actions en propre. Notamment, plusieurs services ont engagé une réflexion autour de l’éco-conception des soins. « Cela fait longtemps que les professionnels de santé travaillent sur la pertinence des soins, qui se rapproche de l’éco-conception des soins sur certains points. Mais elle va aussi plus loin », souligne Julie Swaenepoël. L’éco-conception des soins impose en effet la mise en œuvre d’une approche transversale, portant aussi bien sur les pratiques que sur le cycle de vie des produits et dispositifs utilisés dans le cadre d’une prise en charge donnée. « Les sociétés savantes commencent à s’intéresser à ce concept, qui a déjà fait l’objet de thèses en médecine », ajoute Florent Huang. La maternité, où la demande des patientes est particulièrement forte, s’est par exemple activement engagée sur cette voie qui devrait lui permettre, à terme, d’obtenir le label Écomaternité.

« Au niveau institutionnel, nous nous appuyons sur toutes les volontés individuelles pour chercher à les aligner avec nos enjeux stratégiques en matière de développement durable et RSE. La labellisation THQSE niveau Or est un jalon important, mais notre démarche est continuellement vouée à s’enrichir et s’élargir. D’ailleurs, une nouvelle version du label THQSE est sortie depuis peu et impose des objectifs supplémentaires, plus ambitieux. Nous y réfléchissons », indique Julie Swaenepoël. La force de l’Hôpital Foch réside dans cet alignement des volontés et des objectifs, y compris au niveau de la direction générale dont le soutien a permis d’impulser et de maintenir la dynamique. « Le développement durable n’est pas seulement une démarche de préservation des générations futures ; c’est aussi une démarche d’auto-préservation. Ce message, les équipes de notre établissement l’ont entendu et mettent tout en œuvre pour y répondre », conclut-elle.

> Article publié dans l'édition de septembre d'Hospitalia à lire ici.
 






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