Connectez-vous S'inscrire
Le magazine de l'innovation hospitalière
Actu

Un Tour de France hospitalier à pied pour sensibiliser à la souffrance des soignants face à la mort


Rédigé par Rédaction le Mardi 25 Mars 2025 à 13:44 | Lu 290 fois


Chaque jour, des milliers de soignants subissent ou accompagnent des patients jusqu’au bout de leur vie, souvent au prix d’une détresse silencieuse. Derrière les portes des hôpitaux et des cabinets, un combat invisible solitaire se joue et laissant des cicatrices indélébiles, épuisement (burn-out), stress post-traumatique, anxiété… Pour briser le tabou et agir, le Professeur Thibaud Damy, cardiologue à l’UPEC & AP-HP – GHU Henri Mondor, avec le soutien du GICC-SFC, de Cardio-online, de l’ARCOTHOVA et de la SFAP, lance une initiative inédite : un Tour de France à pied reliant 7 hôpitaux.



Un périple de plusieurs semaines et de centaines de kilomètres au cœur du territoire et des établissements de soins, pour créer l’inattendu, prendre le temps de la rencontre avec des soignants et des habitants, leurdonner la parole et alerter l’opinion publique sur un enjeu de santé trop longtemps ignoré.

"La médecine évolue, se rationnalise, s’accélère et se fragmente. La technicité s’est imposée, devenant la principale source de financement de la médecine. Les soignants sont formés à sauver et à guérir, mais pas à exprimer ni à ressentir leurs émotions. Pourtant, la mort est là, toujours là. Elle se sent, se ressent, mais l’accepter en tant que soignant reste difficile. Ce déni conduit souvent à la fuir, à mal la vivre, à ne pas l’annoncer, à ne pas la préparer, et à se laisser surprendre, tout comme les patients et leurs familles. Certains décès laissent un traumatisme, car le pré-deuil n’a pas pu se faire. J’en ai fait l’expérience personnelle ; Il est temps d’admettre que les soignants ressentent des émotions, qu’elles sont réelles, nécessaires, et qu’elles méritent d’être comprises pour prévenir ou guérir ces traumatismes et mieux accompagner la mort. Ne rien faire, c’est accepter qu’ils s’épuisent en silence dans leur solitude et qu’ils transmettent, malgré eux, ces blessures à leurs collègues, aux futurs patients et à leurs familles." explique le Professeur Thibaud Damy.

Briser le tabou de l’impact de la mort sur les soignants

Pendant plusieurs semaines, le Pr. Thibaud Damy arpentera les chemins de grande randonnée pour rencontrer soignants, patients et familles, partager son expérience personnelle et ouvrir le dialogue et le partage sur un sujet encore trop tabou : l’impact émotionnel de la mort sur ceux qui y sont confrontés quotidiennement et ces conséquences individuelles, organisationnelles et de santé publique.

Les objectifs de cette marche engagée à travers le territoire :
  • Briser le silence autour de l’impact de la mort sur les soignants et ses conséquences en partageant son expérience personnelle,
  • Recueillir et partager les conséquences de l’impact de la mort sur les citoyens des territoires l’ayant vécu,
  • Créer un espace d’échange pour libérer les témoignages des soignants et que la mort soit moins un tabou,
  • Cartographier la santé en France : documenter les besoins et les innovations locales,
  • Marcher un bout de chemin, échanger lors des réunions ou entretiens et partager ou développer des solutions concrètes pour améliorer leur bien-être et mieux prendre en charge les patients et les familles,
  • Créer une dynamique collective : encourager l’échange et le partage entre hôpitaux, soignants et citoyens : « les SÛRvivants. »,
  • Intégrer la compréhension et gestion de toutes les situations de décès dans les formations médicales et en post universitaire.

Les étapes du Tour de France hospitalier à pied :

30 mars – A Dampierre - Agnès Farrugia, directrice de l’association française contre l’amylose
3 avril – CHG Chartres : Réunion débat avec les soignants du cœur puis conférence
9 avril – CH Vendôme : Partages avec soignants dans une EPHAD puis avec le CH de Vendôme
14 avril – CHU Tours : Réunion débat avec les soignants du CHU puis Conférence et échanges à l’université.
17 avril – CHU Poitiers et Polyclinique Elsan : Réunion débat avec les soignants puis conférence avec  les sciences humaines et sociales.
29 avril – CH Saintes : Impact individuel et organisationnel de la mort.
6 mai – CHU Bordeaux-Pellegrin : Réunion débat avec les soignants et Table ronde sur l’impact de la mort sur les soignants.
12 mai – CHU Toulouse-Rangueil : Réunion débat avec les soignants et Conférence en fin d’après midi.

Un plan d’action concret pour un changement durable

Pour transformer cette mobilisation en avancées concrètes, plusieurs mesures phares seront mises en place : 
  • Création d’un « collectif » : les SÛRvivants regroupant les soignants qui ont franchi le pas et comprennent l’enjeu d’accompagner la vie jusqu’au bout en étant en vérité avec eux-mêmes et avec leurs patients et leur famille,
  • Lancement d’un Diplôme Inter-Universitaire (DIU) dès 2025 sur la gestion de la mort dans la pratique médicale,
  • Création d’une plateforme de ressources sur internet pour les soignants et les familles (www.lessurvivants.org) et diminuer l’impact de la mort,
  • Rompre l’isolement et partager et développer des outils pour mieux prend en charge en équipe le sujet de la mort et renforcer l’importance du soutien psychologique individuel et des équipes,
  • Lancement de trois enquêtes nationales pour évaluer l’impact de la mort sur les soignants et recueillir des témoignages,
  • Formaliser l’action par un plaidoyer auprès des institutions de santé publique pour intégrer ces problématiques aux politiques de santé hospitalières.

Un enjeu de santé publique trop longtemps ignoré par les soignants eux-mêmes

Chaque année, plus de 600 000 Français décèdent, dont 60 % à l’hôpital. Pourtant, la gestion émotionnelle et psychologique de la mort demeure un angle mort du système de soins et des soignants eux-mêmes. Soumis à des contraintes de performance et à un rythme effréné, les soignants n’ont plus le temps de se réparer mais également d’annoncer ni de préparer la mort. La mort est reléguée à une incongruité hospitalière. Résultat : une souffrance tue qui se vit dans l’isolement, une pression constante et des équipes à bout de souffle…et qui s’est traduit par la fermeture de nombreux lits à la suite de la pandémie COVID19 à la suite de la désertion de nombreux soignants.

Une crise silencieuse

Une enquête nationale sur les soignants du cœur révèle que :
✔ 45 % des soignants présentent des signes de burn-out sévère.
✔ 33 % souffrent d’un syndrome de stress post-traumatique.
✔ Plus de 37 % montrent des niveaux élevés d’anxiété et de dépression.
✔ 17 % consomment des médicaments ou substances toxiques pour gérer leur détresse.
✔ Seulement 12 % bénéficient d’un suivi psychologique adapté.






Nouveau commentaire :
Facebook Twitter






CONTACT

HOSPITALIA

Immeuble Newquay B / B35
13 rue Ampère
35800 Dinard 
Tél : 02 99 16 04 79
Email : contact@hospitalia.fr

Abonnement :
abonnement@hospitalia.fr