« Le printemps 2020 a été une période particulièrement difficile pour les professionnels de santé, qui n’a pas été sans impacts sur leur santé physique et psychique. Le service de santé au travail devait les aider à faire face à cette crise sanitaire d’une ampleur sans précédent », explique le Dr Carline Amiel. Dès le mois de mars 2020 est donc créée la permanence téléphonique « Psycho Foch » sous l’impulsion de Sabrine Berrada. « Certains soignants avaient besoin d’être soutenus, écoutés et accompagnés durant cette période face à un sentiment d’impuissance, de culpabilité et de déshumanisation », souligne-t-elle. Cette plateforme, à laquelle ont collaboré les psychologues de l’établissement, a traité 157 appels entre le 30 mars et le 9 juin 2020. Rapidement, l’augmentation des troubles musculo-squelettiques dans les unités Covid – liés à la manipulation des malades en décubitus ventral – attire également l’attention du service de santé au travail.
Lutter contre les troubles musculo-squelettiques
« Nous travaillions depuis déjà trois ans avec un ostéopathe. Mais il nous fallait aller plus loin. En avril 2020, nous avons donc créé ”Ostéo Flash”, des consultations d’ostéopathie de 20 minutes, accessibles sans rendez-vous et directement réalisées dans les services Covid. Près de 180 salariés en ont bénéficié entre avril et fin mai 2020 », précise le Dr Amiel. Quelques mois plus tard, alors que la deuxième vague déferle sur le pays, s’y ajoutent des séances « flash » de massages assis et de sophrologie. Ces trois premières activités, qui constituent le point de départ du programme « Prév’Action », ont séduit près des deux tiers des effectifs de Foch. Portées par ce succès, Carline Amiel et Sabrine Berrada continuent d’aller à la rencontre des soignants pour identifier de nouveaux besoins, d’autant que se profile la troisième vague épidémique. « En mars 2021, tout était fermé : les restaurants, les salles de sport, les cinémas… Une fois leur service terminé, les soignants n’avaient donc aucune soupape pour décompresser et évacuer le stress accumulé. Cette situation nécessitait de réagir en proposant aux salariés des activités inédites », soulignent-elles.
La « salle des Bahamas »
En un week-end, elles imaginent de nouvelles activités plus innovantes les unes que les autres. Aucune n’avait auparavant été mise en œuvre dans un établissement de santé. Jacques Léglise, le directeur général de l’établissement, donne son feu vert sans hésiter. « Cette marque de confiance montre l’importance de trouver des solutions rapides face à cette crise épidémique. Partout en France, des soignants quittaient l’Hôpital, éreintés par la crise sanitaire. Or leurs compétences sont précieuses ! », note Carline Amiel. Sabrine Berrada abonde : « Nous voulions les soutenir au quotidien dans ce marathon engagé depuis mars 2020 et tenter de leur permettre de passer ce cap ». À proximité immédiate du self, une salle est dédiée et mise à leur disposition par l’établissement. Toujours à l’avant-garde, nos deux professionnelles créent un espace de détente immersif. Les salariés peuvent venir se détendre, allongés sur un transat, à l’ombre d’un palmier face à un lagon bleu turquoise : évasion assurée ! La conception de ce lieu a été soutenue par Valérie Moulins, la directrice de la communication et de l’expérience patient. Rapidement renommé « la salle des Bahamas », entre autres par les équipes de la réanimation, cet univers complètement dépaysant favorise le lâcher-prise et permet de renforcer une cohésion d’équipe qui s’étiole. « La salle des Bahamas » est aussi là où se déroule « Let’s Move », une activité permettant l’évasion et la détente en trois minutes chrono, dans une ambiance musicale funky. Les salariés ont pu improviser quelques pas de danse en compagnie d’un flamand rose géant. Ces moments de déconnexion ont notamment été immortalisés par des selfies que les salariés ont partagés avec leurs collègues d’autres établissements.
« Tout le monde a joué le jeu »
D’autres actions sont créées, comme l’Archery tag, une activité de tir à l’arc similaire au paint-ball, organisée en extérieur sous la tente du self. En deux jours et deux nuits, un peu moins de 300 salariés équipés d’un arc et de flèches munies d’une extrémité en mousse relèvent le défi en équipes. « Chaque session dure une quinzaine de minutes, soit l’équivalent d’une pause-café. Tout le monde a joué le jeu, y compris l’équipe de direction, qui a partagé ce moment avec celle de médecine interne, en cette période difficile », raconte le Dr Amiel. Loin de s’arrêter en si bon chemin, le service de santé au travail acquiert des casques de réalité virtuelle pour proposer de courtes activités en immersion. « En quelques jours, nous avons acquis des casques de réalité virtuelle de dernière génération, dans lesquels nous avons téléchargé des jeux de simulation réalistes tels que Jurassic Parc, Mission espace ISS, mais aussi des jeux sportifs et musicaux. Plus de 250 salariés ont tenté l’expérience », explique Sabrine Berrada. En collaboration avec un coach sportif, « Let’s Jump » voit également le jour : des séances de renforcement musculaire de 20 minutes dans une ambiance musicale sont proposées aux équipes de jour et de nuit. Avec plus de 230 participants, le succès est une fois de plus au rendez-vous.
Une attention particulière portée aux salariés de nuit
« Toutes ces activités sont naturellement ouvertes aux salariés de jour comme de nuit. Nous avons néanmoins souhaité développer des actions ciblées sur ces derniers, en allant à leur rencontre deux à trois fois par mois », précisent Carline et Sabrine. Une attention particulière est ici portée aux troubles de l’alimentation, de prise de poids et de perturbations du sommeil, intensifiés par la crise sanitaire. Entre fin mai et début juin 2021, des « Tours vitaminés » sont mis en place : assistées par Edmond, une mascotte Playmobil géante, nos deux professionnelles parcourent les services la nuit pour évaluer l’aspect nutritionnel et la qualité du sommeil des salariés. À cette occasion, des blenders et presse-agrumes sont distribués pour les salles de repos – une donation avait en effet été obtenue par Valérie Moulins. « Cette approche ludique permet une communication dynamique et renforce un lien de confiance déjà existant », souligne Sabrine Berrada.
La mise en place de ces différentes activités avait pour objectif la prévention des risques psycho-sociaux ainsi que celle des troubles musculo-squelettiques, en permettant, l’espace d’un instant, de créer une bulle dynamisante et de favoriser la cohésion d’équipe durant les vagues successives de cette pandémie éreintante. Une dynamique que toutes deux comptent bien poursuivre. « Nous avons voulu montrer aux salariés que nous sommes résolument engagées à leurs côtés. Nous avons semble-t-il réussi ce pari, comme en témoignent les nombreux remerciements reçus », concluent Carline Amiel et Sabrine Berrada.
Article publié dans l'édition de septembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.
La mise en place de ces différentes activités avait pour objectif la prévention des risques psycho-sociaux ainsi que celle des troubles musculo-squelettiques, en permettant, l’espace d’un instant, de créer une bulle dynamisante et de favoriser la cohésion d’équipe durant les vagues successives de cette pandémie éreintante. Une dynamique que toutes deux comptent bien poursuivre. « Nous avons voulu montrer aux salariés que nous sommes résolument engagées à leurs côtés. Nous avons semble-t-il réussi ce pari, comme en témoignent les nombreux remerciements reçus », concluent Carline Amiel et Sabrine Berrada.
Article publié dans l'édition de septembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.