L’arrêt immédiat des réseaux de protoxyde d’azote dans les établissements de soins est un impératif écologique, sanitaire et réglementaire.
Devant la constatation de consommations stagnantes de N₂O mural, de fuites majeures décrites sur les réseaux [1] et de la persistance d’un nombre très élevé de circuits muraux toujours en activité en France (environ 500), la SFAR, CERES (Collectif d’Ecoresponsabilité en Santé) et le Synprefh (Syndicat National des Pharmaciens des Etablissements de Santé) appelle à nouveau à l’arrêt immédiat de l’approvisionnement des réseaux de protoxyde d’azote (N₂O) dans tous les établissements de soins avant la fin 2025.
En effet, si cette démarche s’inscrit pleinement dans la Feuille de route Planification écologique du système de santé (PESS) qui vise à réduire l’impact environnemental du secteur hospitalier, l’utilisation du N₂O en réseau pose aujourd’hui également des risques sanitaires et de sécurité au travail (incendie) nous imposant de mettre fin à ces infrastructures obsolètes et coûteuses.
Il est désormais impératif que chaque établissement de santé prenne ses responsabilités et arrête l’approvisionnement de ces réseaux avant la fin de l’année 2025 pour les raisons suivantes :
Devant la constatation de consommations stagnantes de N₂O mural, de fuites majeures décrites sur les réseaux [1] et de la persistance d’un nombre très élevé de circuits muraux toujours en activité en France (environ 500), la SFAR, CERES (Collectif d’Ecoresponsabilité en Santé) et le Synprefh (Syndicat National des Pharmaciens des Etablissements de Santé) appelle à nouveau à l’arrêt immédiat de l’approvisionnement des réseaux de protoxyde d’azote (N₂O) dans tous les établissements de soins avant la fin 2025.
En effet, si cette démarche s’inscrit pleinement dans la Feuille de route Planification écologique du système de santé (PESS) qui vise à réduire l’impact environnemental du secteur hospitalier, l’utilisation du N₂O en réseau pose aujourd’hui également des risques sanitaires et de sécurité au travail (incendie) nous imposant de mettre fin à ces infrastructures obsolètes et coûteuses.
Il est désormais impératif que chaque établissement de santé prenne ses responsabilités et arrête l’approvisionnement de ces réseaux avant la fin de l’année 2025 pour les raisons suivantes :
1. Un potentiel danger sanitaire et professionnel
Alors même que la loi protège désormais la population des effets sanitaires de l’addiction au protoxyde d’azote, l’exposition potentielle des professionnels de santé au protoxyde d’azote par les fuites des réseaux muraux constitue un risque difficilement acceptable. Les articles R4412-1 et suivants, et R4222-1 et suivants du Code du travail imposent à l’employeur d’assurer la protection de ses salariés face aux substances dangereuses et des obligations en matière d’aération et d’assainissement des locaux.
Or, les fuites des réseaux de N₂O, souvent invisibles et diffuses le long des réseaux, entraînent une potentielle exposition des soignants à des risques encore peu probables mais aux effets documentés : la fiche toxicologique de l’INRS (FT 267, juillet 2018) souligne par exemple des risques de troubles irritatifs lors d’intoxications aiguës et des troubles neurologiques, hématologiques et reproductifs lors d’une exposition chronique et renforce l’argument d’un abandon rapide de ces infrastructures.
Or, les fuites des réseaux de N₂O, souvent invisibles et diffuses le long des réseaux, entraînent une potentielle exposition des soignants à des risques encore peu probables mais aux effets documentés : la fiche toxicologique de l’INRS (FT 267, juillet 2018) souligne par exemple des risques de troubles irritatifs lors d’intoxications aiguës et des troubles neurologiques, hématologiques et reproductifs lors d’une exposition chronique et renforce l’argument d’un abandon rapide de ces infrastructures.
2. Un risque d’incendie sous-estimé
Le protoxyde d’azote est un comburant qui peut favoriser la combustion en cas de fuite importante. L’arrêté du 25 juin 1980 relatif aux risques incendie dans les établissements recevant du public, et ses articles U63 et U64, soulignent la nécessité de maintenir et entretenir constamment en bon état de fonctionnement les installations de gaz médicaux et de traiter les fuites dès leur constatation.
La présence de réseaux de N₂O, en particulier dans les murs des bâtiments anciens, représente un danger latent, surtout en cas de dégradation des canalisations. Le maintien de ces infrastructures va donc à l’encontre des principes fondamentaux de sécurité incendie et de prévention des accidents.
La présence de réseaux de N₂O, en particulier dans les murs des bâtiments anciens, représente un danger latent, surtout en cas de dégradation des canalisations. Le maintien de ces infrastructures va donc à l’encontre des principes fondamentaux de sécurité incendie et de prévention des accidents.
3. Un impact environnemental catastrophique
Le N₂O est un gaz à effet de serre 265 à 300 fois plus puissant que le CO₂, avec une durée de vie atmosphérique plus de 100 ans. Chaque année, l’utilisation des réseaux muraux (90 % de fuites) en milieu hospitalier génère l’équivalent de 100 000 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de 500 millions de kilomètres parcourus en voiture. Cette pollution est d’autant plus préoccupante que les fuites (80 à 90 %) dépassent largement les quantités de gaz réellement utilisées pour les soins anesthésiques (10 à 20 %) : même la réduction ou l’arrêt de l’utilisation ne réduit pas significativement la pollution si les réseaux continuent à être approvisionnées [1,3].
L’urgence climatique impose d’éliminer ces réseaux inefficaces et polluants, d’autant plus que des alternatives existent. L’arrêt total du N₂O mural a déjà été réalisé dans de grands CHU, y compris en anesthésie pédiatrique. En cas de désir de poursuite de l’utilisation du N₂O par les équipes soignantes (hors recommandations [4]) l’utilisation de bouteilles est une alternative extrêmement simple à mettre en place permettant une diminution de la pollution (97 % !) [1] ainsi que des risques d’incendie et d’exposition des soignants.
L’urgence climatique impose d’éliminer ces réseaux inefficaces et polluants, d’autant plus que des alternatives existent. L’arrêt total du N₂O mural a déjà été réalisé dans de grands CHU, y compris en anesthésie pédiatrique. En cas de désir de poursuite de l’utilisation du N₂O par les équipes soignantes (hors recommandations [4]) l’utilisation de bouteilles est une alternative extrêmement simple à mettre en place permettant une diminution de la pollution (97 % !) [1] ainsi que des risques d’incendie et d’exposition des soignants.
4. Un mouvement déjà en marche en France et à l’international
De nombreux pays, à commencer par le Royaume-Uni avec le « Nitrous Oxide Project » du NHS, ont engagé une réduction massive des émissions de N₂O en milieu hospitalier [9]. En France, la SFAR recommande depuis plusieurs années l’arrêt des réseaux de protoxyde d’azote, et la Feuille de route nationale PESS prévoit déjà l’interdiction de leur installation dans les nouvelles constructions hospitalières dès 2025. Plusieurs établissements ont d’ailleurs déjà mis un terme à leur utilisation du N₂O : AP-HM, HCL, CHU de Grenoble, CHU de Clermont-Ferrand, Monaco, Toulon, CHU Poitiers, CHU de Rouen, l’institut Gustave Roussy, CH de Lisieux, Hôpital Nord Franche-Comté, le CHU de Nice et le CH de Cannes…
Il est donc essentiel d’anticiper cette évolution et d’arrêter d’alimenter dès aujourd’hui les réseaux existants.
Il est donc essentiel d’anticiper cette évolution et d’arrêter d’alimenter dès aujourd’hui les réseaux existants.
5. Une démarche facile à réaliser et sans conséquence
Pour prévenir les risques précédemment cités, la procédure est simple et connue des industriels et prestataires du secteur. Il suffit de suspendre l’approvisionnement des circuits en enlevant la ou les bouteilles centrales. Sur demande expresse du chef de service d’anesthésie, et en lien avec la direction chargée des achats et du biomédical et le pharmacien, une solution alternative par bouteille individuelle de N₂O pur peut être mise en place par le prestataire sur les ventilateurs concernés. La loi autorise par ailleurs la négociation de gré à gré pour interrompre d’un commun accord le contrat avant son échéance. Enfin, la SFAR a rédigé une fiche pratique récapitulant les étapes nécessaires à l’arrêt de l’approvisionnement des réseaux de N₂O.
Au total, l’arrêt des réseaux de protoxyde d’azote est une nécessité sanitaire, sécuritaire et environnementale. Cette action s’inscrit dans une dynamique déjà largement engagée en France et à l’international.
Les directeurs d’établissements de santé, en tant que garants de la gestion des risques, ont aujourd’hui la responsabilité de protéger leurs équipes, de limiter l’impact écologique de leurs établissements et d’optimiser leurs ressources. Opter pour l’arrêt définitif des réseaux de N₂O est une décision rationnelle, bénéfique, alignée avec les engagements nationaux et la littérature scientifique.
Au total, l’arrêt des réseaux de protoxyde d’azote est une nécessité sanitaire, sécuritaire et environnementale. Cette action s’inscrit dans une dynamique déjà largement engagée en France et à l’international.
Les directeurs d’établissements de santé, en tant que garants de la gestion des risques, ont aujourd’hui la responsabilité de protéger leurs équipes, de limiter l’impact écologique de leurs établissements et d’optimiser leurs ressources. Opter pour l’arrêt définitif des réseaux de N₂O est une décision rationnelle, bénéfique, alignée avec les engagements nationaux et la littérature scientifique.
Références
1-Chesebro BB, Gandhi S. Mitigating the systemic loss of nitrous oxide: a narrative review and data-driven practice analysis. Br J Anaesth. 2024 Dec;133(6):1413-1418
2-Seglenieks R, Wong A, Pearson F, McGain F. Discrepancy between procurement and clinical use of nitrous oxide: waste not, want not. Br J Anaesth. 2022 Jan;128(1):e32-e34. doi: 10.1016/j.bja.2021.10.021. Epub 2021 Nov 19. PMID: 34802695.
3-Hafiani EM, Teilhet M, Camus F, El Maleh Y, Burey J, Taconet C, Quesnel C. Evaluation of a protocol to reduce the environmental impact of anaesthetic gases. Br J Anaesth. 2024 Dec;133(6):1489-1491. doi: 10.1016/j.bja.2023.10.026. Epub 2023 Nov 18. PMID: 37980181.
4-Pauchard JC, Hafiani EM, Bonnet L, Cabelguenne D, Carenco P, Cassier P, Garnier J, Lallemant F, Pons S, Sautou V, De Jong A, Caillard A. Guidelines for reducing the environmental impact of general anaesthesia. Anaesth Crit Care Pain Med. 2023 Oct;42(5):101291. doi: 10.1016/j.accpm.2023.101291. Epub 2023 Aug 9. PMID: 37562688.
5-Southall P, Shelton C, Chakera A. Consensus on decommissioning piped nitrous oxide from UK and Ireland operating theatre suites: a rational approach to an increasingly ignoble gas. Anaesthesia. 2024 Dec;79(12):1274-1279. doi: 10.1111/anae.16407. Epub 2024 Aug 7. PMID: 39108217.
1-Chesebro BB, Gandhi S. Mitigating the systemic loss of nitrous oxide: a narrative review and data-driven practice analysis. Br J Anaesth. 2024 Dec;133(6):1413-1418
2-Seglenieks R, Wong A, Pearson F, McGain F. Discrepancy between procurement and clinical use of nitrous oxide: waste not, want not. Br J Anaesth. 2022 Jan;128(1):e32-e34. doi: 10.1016/j.bja.2021.10.021. Epub 2021 Nov 19. PMID: 34802695.
3-Hafiani EM, Teilhet M, Camus F, El Maleh Y, Burey J, Taconet C, Quesnel C. Evaluation of a protocol to reduce the environmental impact of anaesthetic gases. Br J Anaesth. 2024 Dec;133(6):1489-1491. doi: 10.1016/j.bja.2023.10.026. Epub 2023 Nov 18. PMID: 37980181.
4-Pauchard JC, Hafiani EM, Bonnet L, Cabelguenne D, Carenco P, Cassier P, Garnier J, Lallemant F, Pons S, Sautou V, De Jong A, Caillard A. Guidelines for reducing the environmental impact of general anaesthesia. Anaesth Crit Care Pain Med. 2023 Oct;42(5):101291. doi: 10.1016/j.accpm.2023.101291. Epub 2023 Aug 9. PMID: 37562688.
5-Southall P, Shelton C, Chakera A. Consensus on decommissioning piped nitrous oxide from UK and Ireland operating theatre suites: a rational approach to an increasingly ignoble gas. Anaesthesia. 2024 Dec;79(12):1274-1279. doi: 10.1111/anae.16407. Epub 2024 Aug 7. PMID: 39108217.