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Le magazine de l'innovation hospitalière
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Les établissements s’organisent pour apporter une réponse transversale


Rédigé par Rédaction le Jeudi 11 Mars 2021 à 09:48 | Lu 869 fois


Mouvement de fond initié il y a déjà plusieurs années au sein des établissements de santé, l’intégration de l’innovation numérique prend désormais une place croissante, poussant plusieurs structures à se doter d’une direction dédiée. Entre choix technologiques et accompagnement des utilisateurs, cette nouvelle fonction a surtout un rôle fédérateur, pour que la transformation numérique devienne une dynamique véritablement transversale.



Julie Valette, responsable du développement de l’innovation numérique au sein de la direction des Systèmes d’Information du Groupe Hospitalier Paris Saint-Joseph. ©DR
Julie Valette, responsable du développement de l’innovation numérique au sein de la direction des Systèmes d’Information du Groupe Hospitalier Paris Saint-Joseph. ©DR
« Mon rôle est de centraliser les informations et les demandes en matière d’innovation numérique. D’être, en quelque sorte, un guichet unique pour les projets internes mais aussi pour les acteurs externes à notre structure ». Responsable du développement de l’innovation numérique au sein de la direction des Systèmes d’Information du Groupe Hospitalier Paris Saint-Joseph (GHPSJ), Julie Valette fait partie de ces nouveaux profils qui sont peu à peu intégrés aux établissements de santé. Véritable experte dans le domaine du digital, elle a déjà occupé les postes de responsable du marketing et digital dans le secteur de l’événementiel, et de coordonnatrice des projets e-santé pour le Groupe Hospitalo-Universitaire (GHU) Centre-Université de Paris. Un parcours bien particulier qui lui permet aujourd’hui d’apporter une vision globale sur l’intégration des technologies numériques au sein de l’établissement.

Mikaël Azoulay, directeur de la transformation numérique et des systèmes d’information de l’Institut Gustave Roussy. ©DR
Mikaël Azoulay, directeur de la transformation numérique et des systèmes d’information de l’Institut Gustave Roussy. ©DR

« Le profil des DSI connait une véritable évolution »

Ce choix, qui va dans le sens d’une stratégie élargie au bénéfice de la transformation numérique, d’autres établissements l’ont réalisé il y a plusieurs années, en intégrant au périmètre de la Direction des Systèmes d’Information (DSI) les projets de transformation numérique. L’Institut Gustave Roussy (IGR) a ainsi créé un poste de directeur de la transformation numérique et des systèmes d’information, occupé par Mikaël Azoulay. En fonction depuis bientôt trois ans, celui-ci a réalisé son parcours professionnel dans le champ sanitaire, ayant notamment travaillé pour l’ASIP Santé, devenue depuis l’Agence du Numérique en Santé (ANS), pour le ministère de la Santé et dans des entreprises de conseils.« Le profil des DSI connait une véritable évolution. Il convient désormais d’être un bon généraliste pour accompagner l’ensemble des volets de projets qui nous sont confiés : infrastructure technique, data-management, développement, interopérabilité, protection des données, cybersécurité, valorisation de partenariats industriels… »,détaille Mikaël AzoulayL’intéressé conçoit d’ailleurs la transformation numérique comme « un ensemble de domaines connexes à envisager dans une logique systémique, en y intégrant plusieurs expertises techniques mais aussi organisationnelles et humaines ». Une position à laquelle souscrit également Julie Valette : « La transformation digitale et numérique porte sur des thèmes différents par rapport à l’expertise technique informatique, avec notamment des volets supplémentaires tels que l’expérience utilisateurs ou la mobilitéNous coordonnons ces projets de façon transversale et nous sommes, pour cela, totalement complémentaires avec lesDSI ».

Lutter contre « l’effet silo »

Dématérialisation, cybersécurité, réseaux, mais aussi retours des utilisateurs, gestion des budgets et des ressources humaines… Les domaines de compétences liés à la transformation et à l’innovation numériques sont effectivement variés, d’où l’image de « guichet unique »évoquée par Julie Valette. Elle y revient d’ailleurs en décrivant son rôle de « liant » entre les différentes directions fonctionnelles (juridique, communication, achats, systèmes d’information…) et les professionnels de santé de l’hôpital. « Le poste de responsable du développement de l’innovation numérique permet de porter une vision globale pour, entre autres, mutualiser les projets similaires développés dans les différents services », explique-t-elle. Nos deux interlocuteurs sont une fois de plus d’accord : le travail en transversalité représente « une tâche de fond quotidienne »pour une intégration efficace et pérenne des outils numériques. « J’échange régulièrement avec les cliniciens, les soignants, les chercheurs, les professionnels techniques et administratifs afin de tenir compte de leurs demandes tout en veillant à garder le cap des orientations stratégiques de Gustave Roussy », raconte Mikaël Azoulay qui intervient régulièrement en Comité de direction et en Commission médicale d’établissement afin de partager l’avancement des projets en cours, comme la refonte du réseau informatique, la généralisation du télétravail, la généralisation de la reconnaissance vocale, la mise en service d’un nouveau portail patient ou encore le déploiement d’un système de gestion de laboratoire de génomique. Des chantiers en nombre important, qui devraient encore se multiplier dans les années à venir. « Gustave Roussy est le premier centre de lutte contre le cancer en Europe, sa transformation digitale est sans fin », sourit-il.

Comprendre et accompagner les besoins du terrain

Bien qu’elle soit en cours depuis déjà plusieurs années, force est de constater que la transformation numérique des établissements de santé s’est encore accélérée ces derniers mois. En cause, la crise sanitaire et les confinements successifs, qui ont fait émerger de nouveaux besoins et donc de nouvelles réponses. Ainsi, à Gustave Roussy, Mikaël Azoulay et son équipe ont généralisé les systèmes de télétravail, alors en expérimentation. Au GHPSJ, Julie Valette a, en quelques jours, dû mettre en place un système pour proposer des cours de préparation à la naissance en ligne. « Cela a eu un certain succès ! Il a même été décidé de garder cette option en ligne et d’offrir à l’avenir un format mixte, avec des sessions en présentiel et à distance », raconte-t-elle. C’est que Julie Valette, comme son confrère, sont très attentifs à la prise en compte de l’expérience utilisateur.« L’innovation par l’usage représente à mon sens l’approche la plus adaptée pour identifier les freins potentiels et disposer ainsi d’un outil répondant au mieux aux besoins et aux attentes des utilisateurs, professionnels de santé comme patients », détaille la responsable du GHPSJ. 
Ce travail, qui nécessite des échanges fréquents et réguliers avec les utilisateurs, impose aussi de dialoguer avec les développeurs, et notamment les start-ups si nombreuses dans le secteur de la santé. « Une partie de mon travail est d’informer ces start-ups sur nos objectifs et nos contraintes techniques, mais aussi de faciliter leurs interactions avec nos équipes », poursuit-elle. Pour aller plus loin dans cette démarche, le GHPSJ devrait d’ailleurs bientôt proposer aux professionnels de l’hôpital qui le souhaitent une formation en codage informatique, propriété intellectuelle et protection des données, ainsi qu’un datachallenge. « L’idée ici est de permettre à ceux qui le souhaitent d’acquérir une vision technique et juridique qui leur permettront d’être mieux sensibilisés à ce domaine, confie Julie Valette. En étant formés et informés, ces médecins pourront à terme mieux dialoguer avec les différents acteurs techniques du numérique en santé ». Avec peut-être, en ligne de mire, une meilleure préparation de la communauté médicale aux enjeux du numérique en santé et aux nouvelles dynamiques que les avancées technologiques ne manqueront pas de susciter.


 
Article publié dans le numéro de décembre d'Hospitalia à consulter ici.






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