Bruno Cazabat, président de l’association IHF et directeur des affaires techniques pour les Hospices Civils de Lyon. ©DR
Cette édition 2022 signera le retour de vos Journées en présentiel, après deux années passées sous le signe du Covid.
Bruno Cazabat : En effet, après l’annulation de l’édition 2020 et le format 100 % numérique de l’édition 2021, les Journées 2022 se tiendront à Paris, au Palais des Congrès de la Porte Maillot pour le congrès en tant que tel, et à l’Arche de la Défense pour la traditionnelle soirée de gala. Nous sommes heureux de pouvoir nous retrouver avec nos confrères ingénieurs hospitaliers et nos partenaires techniques, de pouvoir échanger autour de leurs projets, bénéficier de leurs retours d’expériences et tester les nombreuses innovations qui seront présentées par les exposants. Plus d’une centaine de congressistes est attendue pour ces Journées qui, rappelons-le, s’inscrivent dans un parcours de formation DataDocké et certifié QUALIOPI.
Comment se positionnent les Journées 2022 ?
Elles s’attacheront à faire le point sur l’accélération des mutations du monde hospitalier, qui sera le fil conducteur des différents exposés. Nous observons en effet des tendances et évolutions qui sont, in fine, des effets différés de la crise Covid, comme la modification des pratiques, les nouveaux besoins en sécurité, la prise en compte des nouveaux enjeux sanitaires et environnementaux, les investissements immobiliers dans le cadre du Ségur de la santé, etc. Naturellement, les fondamentaux du métier de l’ingénieur hospitalier seront largement abordés, mais mettront l’accent sur ces nouvelles dynamiques, avec des retours d’expériences et des exposés d’experts afin de nourrir la réflexion et favoriser le débat.
Quels seront les temps forts ?
L’un des principaux fils rouges, qui sera au cœur de la première conférence plénière tout en irriguant les différents ateliers techniques, aura trait au développement durable et à la décarbonation. Il s’agit là d’un enjeu sociétal majeur, et dont les établissements de santé sont en train de se saisir. Mais il ne sera pas sans impact sur leur conception et leur exploitation technique, et donc sur les pratiques des architectes et des ingénieurs hospitaliers. Plusieurs réflexions sont en cours sur, par exemple, la bioconstruction et l’usage de matériaux innovants, ou encore le biosourcing des composants. Cette plénière s’articulera donc plus particulièrement autour de trois interventions complémentaires consacrées à l’hôpital bas carbone.
Qu’en est-il de la seconde plénière ?
Elle portera elle aussi sur une exigence sociétale incontournable : la prise en compte des usagers et des utilisateurs dès la phase de conception, afin de les associer à l’élaboration des espaces dans lesquels ils seront amenés à vivre et à exercer. Plusieurs méthodes et outils technologiques permettent d’y répondre, comme la réalité augmentée pour « visiter » un projet avant qu’il ne se matérialise et suggérer, le cas échéant, des modifications utiles pour la pratique quotidienne. Cette approche, qui passe entre autres par le BIM, représente à mon sens l’avenir de la conception bâtimentaire, a fortiori pour les établissements de santé qui concentrent des contraintes techniques et fonctionnelles complexes et en évolution perpétuelle. Là aussi, nous ferons le point à travers trois interventions, qui mêleront réflexion philosophique, retour d’expérience et innovations numériques.
Sur quelles thématiques porteront plus particulièrement vos ateliers techniques ?
Nous reviendrons sur les problématiques au cœur de notre métier au quotidien. C’est par exemple le cas de l’hôpital smart, véritable ligne de fond que nous évoquerons à travers le recours à la réalité virtuelle, tout en mettant en lumière deux initiatives notables inscrites dans une démarche de mutualisation des connaissances et qui contribueront sans doute à vulgariser le concept de Smart Hospital. Un atelier sera par ailleurs plus particulièrement consacré au BIM, le Building Information Modeling ou la Modélisation des informations du bâtiment, qui commence à se banaliser au sein du secteur hospitalier. Sa mise en œuvre a été longue, car il impose de correctement formaliser un projet en amont, ce qui nécessite un travail collaboratif entre des métiers très différents. Mais le mouvement semble désormais bien engagé. Il reste toutefois encore des points à travailler, notamment en matière de formation, afin de disposer de véritables BIM managers. Cela dit, l’interfaçage du BIM avec la GMAO (gestion de la maintenance assistée sur ordinateur) représente de réels gains de productivité, sous réserve, naturellement, que les spécifications techniques des maquettes aient dès le départ été correctement effectuées.
Autre fondamental de l’ingénierie hospitalière, la planification patrimoniale fera également l’objet d’un atelier.
Nous présenterons notamment ici le témoignage des Hospices Civils de Lyon sur l’élaboration d’un schéma directeur immobilier. C’est là une mission à la fois lourde et très structurante, puisqu’elle impose de formaliser le projet médical à moyen terme et de faire le lien avec les évolutions bâtimentaires et techniques destinées à l’accueillir. J’évoquerai également l’atelier autour de la conception architecturale et technique, qui mettra en exergue certains facteurs de réussite. Les HCL seront une fois de plus de la partie avec la construction, l’an dernier, d’un bâtiment pour abriter le tout premier déploiement français d’une IRM LINAC, qui couple radiothérapie et imagerie IRM 1,5 Tesla. Le CHU lyonnais reviendra également sur la mise en œuvre d’une nouvelle technologie qui permet de transformer rapidement une unité d’hospitalisation classique en unité de maladies infectieuses. Ce système est installable en quelques heures, par exemple lors d’une crise épidémique comme celle que l’on vient de vivre, puis peut être aisément désinstallé et stocké jusqu’à la crise suivante.
Pourriez-vous également évoquer l’atelier Gestion énergétique ?
C’est une problématique toujours centrale en ingénierie hospitalière, et d’autant plus aujourd’hui avec les enjeux relatifs à la décarbonation et au numérique. Il nous semblait donc difficile de ne pas en parler. La très large majorité des établissements de santé a déjà adressé les principales sources d’économies énergétiques, et travaille désormais aux économies bâtimentaires. L’étape suivante consistera à mon sens à améliorer la finesse des mesures, en utilisant les technologies modernes de captation, de calcul et de traitement des données : l’intelligence artificielle et l’internet des objets nous offrent de nouvelles perspectives pour une gestion énergétique plus fine et plus optimisable, mais aussi des ressources mieux maîtrisées et potentiellement mutualisables. L’atelier Développement durable et résilience s’inscrit d’ailleurs dans la continuité de cette thématique mais va plus loin encore, avec un rappel des enjeux en termes de changement climatique et la présentation du nouveau référentiel HQE Bâtiment Durable pour les établissements de santé, qui devrait paraître très prochainement. Je citerai pour finir les ateliers Conduite de projet et Management, deux autres fondamentaux pour notre métier, qui exposeront à chaque fois des problématiques transversales – recherche de financement, méthode de calcul des surfaces – et des retours d’expériences issus du terrain – reconstruction sur site existant, modification de l’organisation d’un service technique.
Le mot de la fin ?
Nous vous attendons nombreux à ce rendez-vous majeur pour notre métier, avant l’édition 2023 qui devrait également faire date, puisqu’elle sera organisée sous l’égide de la fédération européenne des ingénieurs hospitaliers. En parallèle, et pour faire suite aux thématiques abordées durant les Journées 2022, l’association IHF compte créer un groupe de travail afin de recenser et capitaliser sur les initiatives intéressantes en matière de développement durable et de décarbonation. C’est là une véritable tendance de fond, à l’hôpital comme dans le reste de la société. Et les établissements de santé ont ici de réelles marges de manœuvre, comme l’a d’ailleurs récemment souligné le rapport du SHIFT Project. « Décarboner la santé pour soigner durablement ». D’après cette enquête, la majeure partie des émissions carbone provient des achats de médicaments et de dispositifs médicaux, ce qui n’est pas du ressort des ingénieurs hospitaliers. Mais nous pouvons intervenir sur le bâtimentaire, les transports ou encore la logistique, et c’est ce que nous nous attacherons à formaliser ces prochains mois.
> Informations, inscriptions et programme : www.journees-ihf.com
Article publié dans l'édition de mai 2022 d'Hospitalia à lire ici.
Bruno Cazabat : En effet, après l’annulation de l’édition 2020 et le format 100 % numérique de l’édition 2021, les Journées 2022 se tiendront à Paris, au Palais des Congrès de la Porte Maillot pour le congrès en tant que tel, et à l’Arche de la Défense pour la traditionnelle soirée de gala. Nous sommes heureux de pouvoir nous retrouver avec nos confrères ingénieurs hospitaliers et nos partenaires techniques, de pouvoir échanger autour de leurs projets, bénéficier de leurs retours d’expériences et tester les nombreuses innovations qui seront présentées par les exposants. Plus d’une centaine de congressistes est attendue pour ces Journées qui, rappelons-le, s’inscrivent dans un parcours de formation DataDocké et certifié QUALIOPI.
Comment se positionnent les Journées 2022 ?
Elles s’attacheront à faire le point sur l’accélération des mutations du monde hospitalier, qui sera le fil conducteur des différents exposés. Nous observons en effet des tendances et évolutions qui sont, in fine, des effets différés de la crise Covid, comme la modification des pratiques, les nouveaux besoins en sécurité, la prise en compte des nouveaux enjeux sanitaires et environnementaux, les investissements immobiliers dans le cadre du Ségur de la santé, etc. Naturellement, les fondamentaux du métier de l’ingénieur hospitalier seront largement abordés, mais mettront l’accent sur ces nouvelles dynamiques, avec des retours d’expériences et des exposés d’experts afin de nourrir la réflexion et favoriser le débat.
Quels seront les temps forts ?
L’un des principaux fils rouges, qui sera au cœur de la première conférence plénière tout en irriguant les différents ateliers techniques, aura trait au développement durable et à la décarbonation. Il s’agit là d’un enjeu sociétal majeur, et dont les établissements de santé sont en train de se saisir. Mais il ne sera pas sans impact sur leur conception et leur exploitation technique, et donc sur les pratiques des architectes et des ingénieurs hospitaliers. Plusieurs réflexions sont en cours sur, par exemple, la bioconstruction et l’usage de matériaux innovants, ou encore le biosourcing des composants. Cette plénière s’articulera donc plus particulièrement autour de trois interventions complémentaires consacrées à l’hôpital bas carbone.
Qu’en est-il de la seconde plénière ?
Elle portera elle aussi sur une exigence sociétale incontournable : la prise en compte des usagers et des utilisateurs dès la phase de conception, afin de les associer à l’élaboration des espaces dans lesquels ils seront amenés à vivre et à exercer. Plusieurs méthodes et outils technologiques permettent d’y répondre, comme la réalité augmentée pour « visiter » un projet avant qu’il ne se matérialise et suggérer, le cas échéant, des modifications utiles pour la pratique quotidienne. Cette approche, qui passe entre autres par le BIM, représente à mon sens l’avenir de la conception bâtimentaire, a fortiori pour les établissements de santé qui concentrent des contraintes techniques et fonctionnelles complexes et en évolution perpétuelle. Là aussi, nous ferons le point à travers trois interventions, qui mêleront réflexion philosophique, retour d’expérience et innovations numériques.
Sur quelles thématiques porteront plus particulièrement vos ateliers techniques ?
Nous reviendrons sur les problématiques au cœur de notre métier au quotidien. C’est par exemple le cas de l’hôpital smart, véritable ligne de fond que nous évoquerons à travers le recours à la réalité virtuelle, tout en mettant en lumière deux initiatives notables inscrites dans une démarche de mutualisation des connaissances et qui contribueront sans doute à vulgariser le concept de Smart Hospital. Un atelier sera par ailleurs plus particulièrement consacré au BIM, le Building Information Modeling ou la Modélisation des informations du bâtiment, qui commence à se banaliser au sein du secteur hospitalier. Sa mise en œuvre a été longue, car il impose de correctement formaliser un projet en amont, ce qui nécessite un travail collaboratif entre des métiers très différents. Mais le mouvement semble désormais bien engagé. Il reste toutefois encore des points à travailler, notamment en matière de formation, afin de disposer de véritables BIM managers. Cela dit, l’interfaçage du BIM avec la GMAO (gestion de la maintenance assistée sur ordinateur) représente de réels gains de productivité, sous réserve, naturellement, que les spécifications techniques des maquettes aient dès le départ été correctement effectuées.
Autre fondamental de l’ingénierie hospitalière, la planification patrimoniale fera également l’objet d’un atelier.
Nous présenterons notamment ici le témoignage des Hospices Civils de Lyon sur l’élaboration d’un schéma directeur immobilier. C’est là une mission à la fois lourde et très structurante, puisqu’elle impose de formaliser le projet médical à moyen terme et de faire le lien avec les évolutions bâtimentaires et techniques destinées à l’accueillir. J’évoquerai également l’atelier autour de la conception architecturale et technique, qui mettra en exergue certains facteurs de réussite. Les HCL seront une fois de plus de la partie avec la construction, l’an dernier, d’un bâtiment pour abriter le tout premier déploiement français d’une IRM LINAC, qui couple radiothérapie et imagerie IRM 1,5 Tesla. Le CHU lyonnais reviendra également sur la mise en œuvre d’une nouvelle technologie qui permet de transformer rapidement une unité d’hospitalisation classique en unité de maladies infectieuses. Ce système est installable en quelques heures, par exemple lors d’une crise épidémique comme celle que l’on vient de vivre, puis peut être aisément désinstallé et stocké jusqu’à la crise suivante.
Pourriez-vous également évoquer l’atelier Gestion énergétique ?
C’est une problématique toujours centrale en ingénierie hospitalière, et d’autant plus aujourd’hui avec les enjeux relatifs à la décarbonation et au numérique. Il nous semblait donc difficile de ne pas en parler. La très large majorité des établissements de santé a déjà adressé les principales sources d’économies énergétiques, et travaille désormais aux économies bâtimentaires. L’étape suivante consistera à mon sens à améliorer la finesse des mesures, en utilisant les technologies modernes de captation, de calcul et de traitement des données : l’intelligence artificielle et l’internet des objets nous offrent de nouvelles perspectives pour une gestion énergétique plus fine et plus optimisable, mais aussi des ressources mieux maîtrisées et potentiellement mutualisables. L’atelier Développement durable et résilience s’inscrit d’ailleurs dans la continuité de cette thématique mais va plus loin encore, avec un rappel des enjeux en termes de changement climatique et la présentation du nouveau référentiel HQE Bâtiment Durable pour les établissements de santé, qui devrait paraître très prochainement. Je citerai pour finir les ateliers Conduite de projet et Management, deux autres fondamentaux pour notre métier, qui exposeront à chaque fois des problématiques transversales – recherche de financement, méthode de calcul des surfaces – et des retours d’expériences issus du terrain – reconstruction sur site existant, modification de l’organisation d’un service technique.
Le mot de la fin ?
Nous vous attendons nombreux à ce rendez-vous majeur pour notre métier, avant l’édition 2023 qui devrait également faire date, puisqu’elle sera organisée sous l’égide de la fédération européenne des ingénieurs hospitaliers. En parallèle, et pour faire suite aux thématiques abordées durant les Journées 2022, l’association IHF compte créer un groupe de travail afin de recenser et capitaliser sur les initiatives intéressantes en matière de développement durable et de décarbonation. C’est là une véritable tendance de fond, à l’hôpital comme dans le reste de la société. Et les établissements de santé ont ici de réelles marges de manœuvre, comme l’a d’ailleurs récemment souligné le rapport du SHIFT Project. « Décarboner la santé pour soigner durablement ». D’après cette enquête, la majeure partie des émissions carbone provient des achats de médicaments et de dispositifs médicaux, ce qui n’est pas du ressort des ingénieurs hospitaliers. Mais nous pouvons intervenir sur le bâtimentaire, les transports ou encore la logistique, et c’est ce que nous nous attacherons à formaliser ces prochains mois.
> Informations, inscriptions et programme : www.journees-ihf.com
Article publié dans l'édition de mai 2022 d'Hospitalia à lire ici.