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Le magazine de l'innovation hospitalière
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La réalité virtuelle au service de la formation continue


Rédigé par Joëlle Hayek le Mercredi 1 Décembre 2021 à 15:30 | Lu 1403 fois


Situé à Avranches, dans la Manche, l’Hôpital Privé de la Baie – une clinique du Groupe VIVALTO SANTÉ – est le tout premier établissement de santé français à avoir conçu une vidéo 360° en réalité virtuelle pour la formation continue. Bruno Bouhourd, directeur des soins et de l’IFAS, et Agnès Michelle, cadre des blocs et de l’ambulatoire, nous présentent le « bloc des erreurs », un module de simulation 3D permettant d’identifier les erreurs possibles au bloc opératoire.



Bruno Bouhourd, directeur des soins et de l’IFAS de l’Hôpital Privé de la Baie. ©DR
Bruno Bouhourd, directeur des soins et de l’IFAS de l’Hôpital Privé de la Baie. ©DR
Dans quel contexte ce projet a-t-il vu le jour ?
Bruno Bouhourd : Tout a commencé en 2016, à mon arrivée à l’Hôpital Privé de la Baie. J’avais auparavant eu l’occasion de tester la formation par simulation, et ai souhaité me nourrir de cette expérience pour développer la formation professionnelle in situ. Nous avons donc construit un programme de formation par simulation, avec une chambre dédiée et équipée d’un mannequin haute-fidélité et des vitres espion. Par la suite, nous avons aussi pu assister au congrès international du « Laval Virtual », où nous avons découvert plusieurs projets innovants faisant appel aux technologies de réalité virtuelle et de réalité augmentée. Nous avons alors imaginé une chambre des erreurs virtuelle et avons répondu à un appel à projet FEDER. Nous avons alors obtenu une subvention des fonds européens avec l’aide du Conseil Régional de Normandie pour mener à bien ce projet. 

Pourriez-vous nous en parler ?
Bruno Bouhourd : Nous avions l’habitude des chambres des erreurs, en particulier lors de la semaine de la sécurité des patients. Un local était alors mobilisé, et plusieurs scénarios construits pour une mise en situation des professionnels. Toutefois, malgré son intérêt pédagogique indéniable, cette approche imposait un important travail préparatoire et des modalités d’évaluation quelque peu fastidieuses. En la virtualisant, nous pouvions disposer d’un outil non seulement aisément reproductible, mais aussi et surtout accessible à tous, au moment où ils le souhaitent, ce qui ne manquera pas d’optimiser le temps de formation au profit de l’ensemble de nos professionnels. Nous nous sommes donc rapprochés de la start-up caennaise VRV-Prod pour donner corps à ce projet.

Agnès Michelle : Nous avons dès le départ identifié le bloc opératoire comme l’environnement le plus exposant à des risques pour la sécurité des soins et des processus techniques, et avons donc constitué quatre groupes de travail associant les métiers paramédicaux concernés – IBODE, IDE de bloc et de salle de réveil, aides-soignants, brancardiers, etc. Chacun a produit un scénario, transformé en quatre sphères virtuelles couvrant l’accès au sas/couloir, l’accès aux deux salles de bloc, et l’accès à la salle de réveil. Les risques, eux, ont porté sur l’hygiène, l’identitovigilance, la check-list opératoire, le contrôle du nombre de compresses, les interruptions de tâches, l’utilisation des amplificateurs de brillance, etc. Il faut dire qu’il y a ici beaucoup de matière !

Agnès Michelle, cadre des blocs et de l’ambulatoire de l’Hôpital Privé de la Baie. ©DR
Agnès Michelle, cadre des blocs et de l’ambulatoire de l’Hôpital Privé de la Baie. ©DR
Quelle a été l’étape suivante ?
Agnès Michelle : VRV-Prod a ensuite mis tout cela en images, avec des photos et surtout des scénettes vidéo en 360° filmées dans nos locaux. Tout le monde y a participé, les équipes de bloc qui ont joué leur rôle, les élèves aides-soignants qui se sont habillés en patients… L’outil pédagogique ainsi créé appelle à l’observation, exactement comme dans une chambre des erreurs classique, mais avec une approche plus ludique et plus flexible qui représente un véritable levier motivationnel.

Bruno Bouhourd : Il nous fallait toutefois encore inscrire ce bloc opératoire virtuel dans un parcours de formation certifiant, ce qui a peut-être été l’étape la plus longue. Nous avons fini par rencontrer la start-up rennaise Simango, spécialisée dans le développement de formations par réalité virtuelle dédiées à la santé. Nous avons ici été fortement soutenus par le comité pédagogique du groupe Vivalto Santé, et avons pu, à l’été 2020, nouer une convention de partenariat avec Simango pour que notre outil soit reconnu comme formation qualifiante dans le cadre du développement professionnel continu (DPC), et qu’il soit gratuitement accessible à l’ensemble des professionnels de bloc du groupe Vivalto. Cela dit, et bien avant que nous ne trouvions cette solution avec Simango, il était déjà utilisé par les établissements du groupe, en particulier lors de la semaine de sécurité des patients.

Quels sont, à votre sens, les principaux avantages d’une telle approche pédagogique ?
Bruno Bouhourd : Ils sont nombreux ! J’évoquerai notamment sa dimension évolutive puisqu’il nous suffit de modifier les photos pour intégrer de nouvelles erreurs, sans toucher au « socle » représenté par la vidéo à 360°. Le recours à la réalité virtuelle permet par ailleurs de former rapidement plus de professionnels et à moindre frais, puisqu’il n’y a pas de coûts annexes liés aux déplacements. Par exemple, pendant la troisième vague épidémique, nous avons notamment fait appel à cette technologie pour former les professionnels de santé venus en renfort dans les services de réanimation du groupe Vivalto. Autre force, et non des moindres, de ces outils pédagogiques : ils permettent d’offrir des formations individualisées à mon sens plus efficaces, sur le plan mnémonique, que les traditionnels cours collectifs. Chacun peut y chercher les informations dont il a besoin, à travers des parcours courts et ludiques favorisant la concentration.

Agnès Michelle : Notre bloc opératoire virtuel bénéficie aujourd’hui à plusieurs catégories de professionnels. Ceux « installés », qui peuvent se mettre en immersion dans un environnement connu pour engager un travail réflexif sur leurs pratiques, acquérir de nouvelles compétences et analyser leurs interactions avec les autres métiers du bloc, ce qui leur permet d’ailleurs de prendre conscience que la maîtrise des risques représente une démarche collective. Les nouveaux arrivants, eux, y trouvent également un outil précieux pour s’adapter à leur nouvel environnement. Nous le leur proposons donc systématiquement. Sur un autre registre, cette solution permet de mieux faire connaître les métiers du bloc, par exemple auprès des étudiants en soins infirmiers, tout en valorisant notre établissement et en renforçant son attractivité.

Le mot de la fin ?
Bruno Bouhourd : Nous envisageons désormais d’élargir notre catalogue de formations par réalité virtuelle, avec des chambres des erreurs « circuit du médicament », « identitovigilance », « bientraitance », « transfusion sanguine », etc. Il nous faudra, pour cela, nous équiper de plus de casques de réalité virtuelle et de fauteuils pivotants à 360°, afin que nos professionnels puissent suivre et valider leurs parcours certifiants en toute autonomie. Nous pourrons alors renforcer la dynamique globale en faveur de l’amélioration continue des pratiques et surtout de son corollaire, la qualité et la sécurité des soins.

Article publié dans l'édition de septembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.
 






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