Management « transversal » ou « horizontal », qualité de vie au travail, équilibre vie privée - vie professionnelle… Les problématiques liés à la gestion des ressources humaines ne cessent d’évoluer, en témoigne l’arrivée, remarquée, de plusieurs concepts encore peu connus il y a seulement quelques années. Et la tendance est loin de s’arrêter : la société évolue, entraînant dans son sillage ceux qui la composent. Le monde de la santé ne fait pas exception, comme le montrent les ajustements constants des politiques RH mises en œuvre à destination des professionnels de santé et des étudiants.
Dans cette dernière catégorie, ce sont surtout les internes qui font régulièrement entendre leur voix. Bien que leurs conditions de travail aient évolué ces dernières décennies – il faut dire qu’il y avait une marge de manœuvre –, certaines thématiques, comme le temps de travail, les conditions d’accueil, la qualité de l’hébergement ou encore l’intégration dans les instances décisionnaires restent des sujets sensibles. « Seuls 23 % des internes déclarent vouloir rester dans le secteur public au terme de leurs études », a indiqué Gaëtan Casanova, président de l’ISNI (InterSyndicale Nationale des Internes), dans une conférence SantExpo Live qui s’était tenue en mars dernier. « La dynamique actuelle de l’hôpital public peut faire peur et empêcher les internes de se projeter », complète Léonard Corti, porte-parole de l’intersyndicale.
Dans cette dernière catégorie, ce sont surtout les internes qui font régulièrement entendre leur voix. Bien que leurs conditions de travail aient évolué ces dernières décennies – il faut dire qu’il y avait une marge de manœuvre –, certaines thématiques, comme le temps de travail, les conditions d’accueil, la qualité de l’hébergement ou encore l’intégration dans les instances décisionnaires restent des sujets sensibles. « Seuls 23 % des internes déclarent vouloir rester dans le secteur public au terme de leurs études », a indiqué Gaëtan Casanova, président de l’ISNI (InterSyndicale Nationale des Internes), dans une conférence SantExpo Live qui s’était tenue en mars dernier. « La dynamique actuelle de l’hôpital public peut faire peur et empêcher les internes de se projeter », complète Léonard Corti, porte-parole de l’intersyndicale.
« On sait que certains font 70 à 80 heures par semaine ! »
Pourtant, le malaise actuel des jeunes générations ne s’explique pas uniquement au travers des politiques publiques ou du rôle qu’elles ont joué dans les maux actuels de l’hôpital. L’augmentation du nombre d’internes, le manque de liens avec leurs référents et l’amplitude de travail demandée sont également en cause et ce, quel que soit le type d’établissement. « On sait que certains font 70 à 80 heures par semaine ! Pour rappel, le maximum légal est de 48 heures », souligne Léonard Corti, rappelant par là-même que cet état de fait, ancien et bien connu du grand public, « nuit à l’attractivité du secteur médical ». Pour pallier et surtout limiter les abus, les internes demandent une utilisation systématique du tableau de service qui, « souvent peu ou pas rempli, engendre une méconnaissance du temps de travail », explique Morgan Caillaut, président de l’ISNAR-IMG (InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale). Pour lui, « un contrôle » est plus que jamais nécessaire, en faisant par exemple en sorte « que les facultés puissent avoir accès au tableau de service ».
Vers un exercice mixte ?
Toutes ces demandes ont clairement pour but d’améliorer les conditions de travail des internes, mais aussi d’attirer les jeunes médecins car, comme le rappelle Maxime Morin, directeur du Centre Hospitalier de Roubaix, « beaucoup d’établissements recrutent les médecins qui y sont passés lors de l’internat. Alors que les services et les établissements devraient plutôt faire des efforts pour être choisis et gardés ». Portant eux aussi ce message, les internes exigent par exemple une meilleure formation des référents pédagogiques aux techniques de management. Certains en appellent même à la création d’exercices mixtes entre la ville et l’hôpital. « L’exercice mixte n’est pas simple à mettre en place, mais on observe une réelle attente des jeunes générations, qui ont envie de mobilité et de carrières moins rectilignes », constate Maxime Morin. Le directeur le concède : « Beaucoup de temps partiel existe déjà, au sein des directions d’établissement et du personnel non-médical. Nous savons donc le faire ». « Si nous voulons garder des praticiens à l’hôpital public, nous devrons nous adapter », résume Cyprien Huet, directeur adjoint aux Affaires Médicales et Hospitalo-Universitaires du CHRU de Lille.
L’égalité femme-homme…
Ces organisations repensées, ces nouvelles attentes pour des postes plus flexibles mais aussi, et surtout, plus autonomes, sont peut-être le réel changement à venir. Pour autant, le monde de la santé n’est pas le premier à être confronté à ces problématiques car, comme le rappelle Maxime Morin, « les revendications des jeunes médecins et soignants ne sont pas très éloignées de celles des autres professionnels de cette génération ». La question d’une égalité totale entre femmes et hommes est à ce titre au cœur de plusieurs débats, en particulier dans le secteur hospitalier auparavant connu pour son humour « carabin ».
« Une étudiante appelée “pupute” par son chef de service, ce n’est pas drôle ! », s’est indignée Morgane Gode-Henric, présidente de l’ANEMF (Association Nationale des Étudiants en Médecine de France), lors d’une autre conférence Santexpo Live. « Il ressort d’une de nos enquêtes que 39 % des étudiants ont subi des violences sexuelles à l’hôpital. C’est réellement alarmant », a ajouté la jeune femme. Les professionnels de santé s’organisent d’ailleurs aujourd’hui pour alerter sur de tels comportements, créant par exemple, en 2020, le collectif « Donner des elles à la santé » qui œuvre pour l’égalité femme-homme. « On doit former, inciter, dire, parler… L’hôpital fait partie de la société et doit avancer avec elle », analyse le Dr Thierry Godeau, président de la conférence des présidents de CME de CH.
« Une étudiante appelée “pupute” par son chef de service, ce n’est pas drôle ! », s’est indignée Morgane Gode-Henric, présidente de l’ANEMF (Association Nationale des Étudiants en Médecine de France), lors d’une autre conférence Santexpo Live. « Il ressort d’une de nos enquêtes que 39 % des étudiants ont subi des violences sexuelles à l’hôpital. C’est réellement alarmant », a ajouté la jeune femme. Les professionnels de santé s’organisent d’ailleurs aujourd’hui pour alerter sur de tels comportements, créant par exemple, en 2020, le collectif « Donner des elles à la santé » qui œuvre pour l’égalité femme-homme. « On doit former, inciter, dire, parler… L’hôpital fait partie de la société et doit avancer avec elle », analyse le Dr Thierry Godeau, président de la conférence des présidents de CME de CH.
… un enjeu d’attractivité
Les demandes des étudiants, dont la majorité sont des femmes, sont donc claires : améliorer l’équité, supprimer les discriminations, notamment sur la grossesse, et « abaisser les barrières mentales qui existent dans les deux sens », ajoute Bleuenn Laot, présidente de la FNESI (Fédération Nationale des Étudiant.e.s en Soins Infirmiers). Et ce, « le plus vite possible ». Les étudiants en appellent donc à une augmentation du temps de formation sur le sujet ainsi qu’à une généralisation des référents à l’égalité. « Ceux-ci peuvent être un moyen de faire avancer le dossier, mais ils doivent être connus et être indépendants vis-à-vis de l’hôpital ou du service », insiste Morgane Gode-Henric.
« L’attente qui s’exprime autour de tels dispositifs montre que l’on peut agir », résume Quentin Henaff, responsable adjoint au pôle Ressources Humaines de la Fédération Hospitalière de France (FHF). Pour lui, le problème qui se pose, pour les soignants comme pour les médecins, « bénéficie d’une double dynamique » qui permettra peut-être d’accélérer les démarches. À terme, celles-ci s’élargiront d’ailleurs sûrement car, comme le rappelle Bleuenn Laot, « on parle d’hommes et de femmes mais on peut aussi parler d’une pluralité de genres, et c’est une ouverture formidable vers laquelle nous devons aller pour que nos métiers restent attractifs ».
« L’attente qui s’exprime autour de tels dispositifs montre que l’on peut agir », résume Quentin Henaff, responsable adjoint au pôle Ressources Humaines de la Fédération Hospitalière de France (FHF). Pour lui, le problème qui se pose, pour les soignants comme pour les médecins, « bénéficie d’une double dynamique » qui permettra peut-être d’accélérer les démarches. À terme, celles-ci s’élargiront d’ailleurs sûrement car, comme le rappelle Bleuenn Laot, « on parle d’hommes et de femmes mais on peut aussi parler d’une pluralité de genres, et c’est une ouverture formidable vers laquelle nous devons aller pour que nos métiers restent attractifs ».