La crise financière est due à la volonté des gouvernements successifs de contraindre un peu plus chaque année le budget hospitalier.
Ce sont 3 milliards d’économie qui sont à nouveau demandés aux hôpitaux d’ici 2019.
Les directeurs d’hôpitaux en déficit devront prendre les mesures nécessaires pour assurer le retour à l’équilibre : geler les investissements, supprimer des activité non rentables, réduire les emplois, utiliser de plus en plus des personnels sous contrats temporaires et demander aux personnels sous statut de travailler plus sans gagner plus, alors même que la « productivité » hospitalière a augmenté selon les sources officielles de 2% par an depuis 2003 et que des journées travaillées et non payées s’accumulent sur des comptes épargne-temps.
La crise de mutation est la conséquence du progrès médical et de l’épidémie de maladies chroniques. Le progrès des prises en charge hospitalière ambulatoire de moins d’une journée ou d’hospitalisations brèves intensifie le travail des soignants qui doivent en faire toujours plus, toujours plus vite. Le raccourcissement du temps de séjour hospitalier nécessite une parfaite coordination entre la ville et l’hôpital et au sein de l’hôpital entre les professionnels médicaux et non médicaux.
Toute activité médicale hospitalière, nécessite de penser et d’organiser l’amont et l’aval, l’avant et l’après. C’est parce qu’on n’a pas su construire un service public de la médecine de proximité assurant la permanence des soins qu’il y a 20 millions de passage aux urgences par an. Et c’est le défaut d’aval des urgences qui explique le temps passé par les urgentistes à « trouver un lit ».
De même le vieillissement de la population et l’augmentation épidémique des maladies chroniques nécessitent une médecine globale de la personne où le patient et / ou son entourage deviennent des partenaires de soins.
Là encore, l’hôpital se retrouve trop souvent en première ligne, sans coordination satisfaisante avec les soignants exerçant en ville. Le cloisonnement des soins entre la ville et l’hôpital et au sein de l’hôpital lui-même a été aggravé par les réformes décidées depuis 15 ans : mise en place des 35 heures hebdomadaires inapplicable faute d’embauches suffisantes et ayant entraîné l’octroi de jours de repos supplémentaires (RTT) variable selon les établissements, tarification à l’activité(T2A) conduisant à une recherche permanente d’augmentation des activités « rentables » et suscitant des pratiques égoïstes non coopératives, mise en place d’une « gouvernance d’entreprise verticale » et d’un « management » d’inspiration taylorienne, obsédés par la fragmentation des tâches et par la « flexibilité » des personnels.
Tout doit désormais être quantifié et mesuré.
Le temps « administratif » dévore le temps soignant, transformant un travail choisi en un exercice subi. Ces réformes mettant en œuvre « l’hôpital-entreprise » entraînent une perte de sens du métier de soignant et sont responsables de l’amertume et de la démotivation que beaucoup ressentent. Adaptées aux gestes techniques standardisés programmés pour des pathologies de gravité moyenne, soit environ 30% de l’activité hospitalière, ces réformes ont hélas été généralisées à toutes les activités et appliquées indistinctement à tous les personnels.
Plutôt que de corriger leurs erreurs, les décideurs politiques ont persévéré en empilant les réformes déstabilisant l’hôpital public, Cette instabilité finit par détruire ce qui est une des conditions essentielles de la qualité des soins et de la satisfaction au travail : le travail en équipe.
C’est pourquoi nous médecins des hôpitaux appelons à redonner du temps et de la liberté aux équipes soignantes en desserrant l’étau actuel qui empêche ou retarde l’adaptation du fonctionnement hospitalier.
Ce sont 3 milliards d’économie qui sont à nouveau demandés aux hôpitaux d’ici 2019.
Les directeurs d’hôpitaux en déficit devront prendre les mesures nécessaires pour assurer le retour à l’équilibre : geler les investissements, supprimer des activité non rentables, réduire les emplois, utiliser de plus en plus des personnels sous contrats temporaires et demander aux personnels sous statut de travailler plus sans gagner plus, alors même que la « productivité » hospitalière a augmenté selon les sources officielles de 2% par an depuis 2003 et que des journées travaillées et non payées s’accumulent sur des comptes épargne-temps.
La crise de mutation est la conséquence du progrès médical et de l’épidémie de maladies chroniques. Le progrès des prises en charge hospitalière ambulatoire de moins d’une journée ou d’hospitalisations brèves intensifie le travail des soignants qui doivent en faire toujours plus, toujours plus vite. Le raccourcissement du temps de séjour hospitalier nécessite une parfaite coordination entre la ville et l’hôpital et au sein de l’hôpital entre les professionnels médicaux et non médicaux.
Toute activité médicale hospitalière, nécessite de penser et d’organiser l’amont et l’aval, l’avant et l’après. C’est parce qu’on n’a pas su construire un service public de la médecine de proximité assurant la permanence des soins qu’il y a 20 millions de passage aux urgences par an. Et c’est le défaut d’aval des urgences qui explique le temps passé par les urgentistes à « trouver un lit ».
De même le vieillissement de la population et l’augmentation épidémique des maladies chroniques nécessitent une médecine globale de la personne où le patient et / ou son entourage deviennent des partenaires de soins.
Là encore, l’hôpital se retrouve trop souvent en première ligne, sans coordination satisfaisante avec les soignants exerçant en ville. Le cloisonnement des soins entre la ville et l’hôpital et au sein de l’hôpital lui-même a été aggravé par les réformes décidées depuis 15 ans : mise en place des 35 heures hebdomadaires inapplicable faute d’embauches suffisantes et ayant entraîné l’octroi de jours de repos supplémentaires (RTT) variable selon les établissements, tarification à l’activité(T2A) conduisant à une recherche permanente d’augmentation des activités « rentables » et suscitant des pratiques égoïstes non coopératives, mise en place d’une « gouvernance d’entreprise verticale » et d’un « management » d’inspiration taylorienne, obsédés par la fragmentation des tâches et par la « flexibilité » des personnels.
Tout doit désormais être quantifié et mesuré.
Le temps « administratif » dévore le temps soignant, transformant un travail choisi en un exercice subi. Ces réformes mettant en œuvre « l’hôpital-entreprise » entraînent une perte de sens du métier de soignant et sont responsables de l’amertume et de la démotivation que beaucoup ressentent. Adaptées aux gestes techniques standardisés programmés pour des pathologies de gravité moyenne, soit environ 30% de l’activité hospitalière, ces réformes ont hélas été généralisées à toutes les activités et appliquées indistinctement à tous les personnels.
Plutôt que de corriger leurs erreurs, les décideurs politiques ont persévéré en empilant les réformes déstabilisant l’hôpital public, Cette instabilité finit par détruire ce qui est une des conditions essentielles de la qualité des soins et de la satisfaction au travail : le travail en équipe.
C’est pourquoi nous médecins des hôpitaux appelons à redonner du temps et de la liberté aux équipes soignantes en desserrant l’étau actuel qui empêche ou retarde l’adaptation du fonctionnement hospitalier.
Nous estimons :
1) qu’il faut en finir au plus vite avec la dictature du « tout T2A » et utiliser conjointement les 3 modes de financement possibles (T2A, dotation et prix de journée) en fonction des activités. La dotation de service, modulée chaque année en fonction de l’activité (la D2A) permettrait par exemple aux professionnels prenant en charge des patients atteints de maladies chroniques de développer les prises en charge alternatives à l’hospitalisation classique et de mettre en place de nouvelles conditions de travail, y compris avec de nouvelles modalités d’application des 35 heures.
2) qu’il faut définir par établissement et par unité de soins les conditions de travail permettant un travail d’équipe stable. Le travail d’équipe doit être coordonné par un médecin et un cadre de santé co-décidant avec l’administration et non seulement chargés d’appliquer les décisions prises par les « manageurs ». Il faut définir au niveau de chaque établissement pour chaque unité de soin, le nombre minimal de soignants permettant d’assurer la qualité et la sécurité des soins.
3) qu’ il faut donner aux hôpitaux la liberté de s’organiser comme ils le souhaitent pour réaliser leurs missions : liberté pour constituer ou non des pôles de gestion ou des départements médicaux, l’unité de base de l’hôpital restant les structures où travaillent les équipes de soins : services ou unités fonctionnelles.
4) que les lits hospitaliers ne doivent pas être supprimés mais redistribués avec plus de lits pour l’aval des urgences et pour les soins de suite.
5) que l’hôpital doit aider les professionnels de ville partenaires à construire un service public de la médecine de 1er recours.
6) que l’évaluation du système de santé ne peut pas se limiter à la somme d’indices portant sur les procédures qui conduisent chaque professionnel et chaque établissement à soigner les chiffres plutôt que le malade, et à ignorer l’aval et l’amont de sa propre activité. Elle doit se faire par pathologie et porter sur les résultats de santé globaux et de qualité de vie incluant la ville et l’hôpital et impliquant les patients et leur entourage.
7) que les pistes d’économies sont connues et doivent être empruntées. Les médicaments génériques sont 2 fois moins prescrits et 2 fois plus chers en France qu’en Angleterre avec un gain possible de 2 milliards d’euros par an pour la Sécurité sociale. Le coût des transports sanitaires ne cesse de croître pour dépasser les 4 milliards par an. Les frais de gestion du système de santé français avec ses 500 mutuelles et compagnies d’assurances privées et ses 18 agences d’Etat coûtent plus de 16 milliards. Le fonctionnement bureaucratique de l’hôpital est coûteux La liste est longue des lobbys privés et publics puissants qui s’opposent aux réformes utiles.
Il appartient aux pouvoirs publics de défendre l’intérêt général au lieu de choisir la solution de facilité : réduire le déficit de la Sécurité sociale en augmentant celui de l’hôpital public, qui n’a plus les moyens d’assurer ses missions. »
2) qu’il faut définir par établissement et par unité de soins les conditions de travail permettant un travail d’équipe stable. Le travail d’équipe doit être coordonné par un médecin et un cadre de santé co-décidant avec l’administration et non seulement chargés d’appliquer les décisions prises par les « manageurs ». Il faut définir au niveau de chaque établissement pour chaque unité de soin, le nombre minimal de soignants permettant d’assurer la qualité et la sécurité des soins.
3) qu’ il faut donner aux hôpitaux la liberté de s’organiser comme ils le souhaitent pour réaliser leurs missions : liberté pour constituer ou non des pôles de gestion ou des départements médicaux, l’unité de base de l’hôpital restant les structures où travaillent les équipes de soins : services ou unités fonctionnelles.
4) que les lits hospitaliers ne doivent pas être supprimés mais redistribués avec plus de lits pour l’aval des urgences et pour les soins de suite.
5) que l’hôpital doit aider les professionnels de ville partenaires à construire un service public de la médecine de 1er recours.
6) que l’évaluation du système de santé ne peut pas se limiter à la somme d’indices portant sur les procédures qui conduisent chaque professionnel et chaque établissement à soigner les chiffres plutôt que le malade, et à ignorer l’aval et l’amont de sa propre activité. Elle doit se faire par pathologie et porter sur les résultats de santé globaux et de qualité de vie incluant la ville et l’hôpital et impliquant les patients et leur entourage.
7) que les pistes d’économies sont connues et doivent être empruntées. Les médicaments génériques sont 2 fois moins prescrits et 2 fois plus chers en France qu’en Angleterre avec un gain possible de 2 milliards d’euros par an pour la Sécurité sociale. Le coût des transports sanitaires ne cesse de croître pour dépasser les 4 milliards par an. Les frais de gestion du système de santé français avec ses 500 mutuelles et compagnies d’assurances privées et ses 18 agences d’Etat coûtent plus de 16 milliards. Le fonctionnement bureaucratique de l’hôpital est coûteux La liste est longue des lobbys privés et publics puissants qui s’opposent aux réformes utiles.
Il appartient aux pouvoirs publics de défendre l’intérêt général au lieu de choisir la solution de facilité : réduire le déficit de la Sécurité sociale en augmentant celui de l’hôpital public, qui n’a plus les moyens d’assurer ses missions. »
Signatures
Nadine Ajzenberg, Jérémy Allary, Zahïr Amoura, Frabrizio Andreelli, Daniel Annequin, Konstantinos Arapis, Jean Yves Artigou, Elisabeth Aslangul, Bernard Augereau, Marie-Claude Aumont, Michel Azizi, Brigitte Bader-Meunier, Dora Bachir, Jean Marc Baleyte, Claude Balhmeyer, Patrick Barbet, André Baruchel, Thierry Baubet, Hakim Bêcheur, Karim Belhadj, Nadia Belmatoug, Karielle Benistan, Amine Benyamina, Etienne Bérard, Jean-François Bergmann, Laureline Bertheloot, Nicole Beydon, Hervé Bideault, Jacques Boddaert, Raphaël Borie, Clara Bouché, Véronique Boussaud, Marie Germaine Bousser, Pierre-Henri Bréchat, Ghislaine Brefort, François Bricaire, Eric Brochet, Valentine Brousse, Eric Bruckert, Jean-Claude Buzzi, Olivier Canceil, Jacqueline Capeau, Nicole Casadevall, Eric Caumes, Dominique Cazals, Hugues Chabriat, Pierre Charbonneau, François Chast, Pierre Chedin, Laurent Chouchana, Davis Cohen, Jean-Philippe Collet, Paul Coppo, Catherine Cordonnier, Yves Coulomb, Béatrice Crickx, Sophie Crozier-Mortreux, Malika Daoud, Roland Dardennes, Cédric Daubin, Eric Daugas, Stéphane Dauger, Christian Dauzac, Loïc De Pontual, Antoine Dereux, Jean-Pascal Devailly, Jean-Charles Deybach, Sophie Dimicoli-Salazar, Dalia Dimitri-Boulos, Marie-Christine Dombret, Bruno Donadille, Jean-Luc Donaty, Brigitte Dorémus, , Didier Dreyfuss, Danièle Dubois-Laforgue, Nicola Dufour, François Dulac, Laurent Dupic, Jean Dupouy-Camet, Anne Dutour, Gilles Edan, Sylvie Epelboin, Marc Espié, Thierry Faillot, Gilles Fénelon, Claire Foeschi, Olivier Gagey, Lionel Galicien Olivier Gall, Noël Garabédian, Joël Gaudelus, Alain Gaudric, Frédéric Gauthier, Laurence Gérard, Anne Gervais, Jacques Gilquin, Pierre-Marie Girard, Guillaume Girard, Violaine Giraud, Christian Gisselbrecht, Jean-Marie Gomas, Anne Gompel, Bernard Granger, Jules Grégory, André Grimaldi, Christian Guy Coichard, Julien Harroche, Agnès Hartemann, Georges Ha-Van, Christophe Hennequin, Olivier Henry, Patrick Henry, Josselin Houenou, Stéphane Jaureguiberry, Gilles Jébrak, Xavier Jeunemaître, Jean Jouquan, Jean-Pierre Kahn, Tania Kharitonnoff, Bertrand Knelbelmann, Matthieu Lafaurie, Amina Lahlou, Bruno Landi, Christophe Lançon, Etienne Larger, Caroline Lascoux-Combe, Philippa Lavallée, Véronique Leblond, Eric Le Bihan, Pierre Lecomte, Laurence Leenhardt, Antoine Leenhardt, Antoine Legendre, Marc Lejay, Julien Lenglet, Jacques Lepercq, Jean-Pierre Lépine, Pascale Le Pors-Lemoine, Jean-Laurent Le Quintrec, Fabrice Lesage, Philippe Lévy, François Lionnet, Damien Logeart, Francis Louarn, Catherine Lubetzki, Radia Mahamdia, Marion Malphette, Laurent Mandelbrot, Emmanuel Mandonnet, Jean- Paul Marie, Xavier Mariette, Donata Marra, François Martin, Jean Marzelle, Emmanuel Masméjean, Rafik Masmoudi, Philippe Massin, Dominique Mazier, Bruno Mégarbane, Vincent Meininger, Jean-Claude Melchior, Jean-Jacques Mercadier, Laurent Mesnard, Jean-Philippe Metzger, Nadine Meunier, Florence Michard Noël Milpied, Emmanuel Mortier, Sophie Moulias, Simon Msika, Isabelle Nègre, Jean-Marc Naccache, Maie-Pia d’Ortho, Bernard Page, Thomas Papo, Philippe Passa, Claire Patry, Juliette Pavie, Sebastian Pease, Antoine Pelissolo, Julie Peltier, Pauline Penot, Sophie Périé, Georges Picherot, Jean-François Pinel, Claire Pintado, Aurélie Plessier, Emmanuel Raffoux, Yolaine Raffray, Delphine Rea, Sylvain Renolleau, Jean Paul Richalet, Jean-Pierre Riveline, Laura Robel-Galli, Jean-Jacques Robert, Carole Rosenberg, Mathias Rossignol, Ronan Roussel, Elisabeth Rouveix, Antoine Roux, Sophie Ruaux, Rémi Salomon, Marc Samama, Georges Sebbane, Frédéric Selle, Daniel Sibertin-Blanc, François Simon, Gérard Slama, Nicole Smolski, Renaud Snanoudj, Alain Sobel, Valérie Soussan-Banini, Felipe Suarez, Laurent Sutton, Antoine Tabarin, Pierre Taboulet, Dimitri Tchernitchko, Eric Thervet, Nicolas Thiounn, Sandra Timsit, Julie Timsit, José Timsit, Christophe Trivalle, Roland Tubiana, Dominique Valla, Patrice Valleur, Bruno Varet, Jean-Paul Vernant, Bernard Vialettes, Jean-Paul Viard, Corinne Vigouroux, Agnès Villemant, Francis Vrtovsnic, Laurence Weiss, Delphine Zenaty, Michel Zerah.