De gauche à droite : le Pr. Patrick Callier, en charge du laboratoire (GCM) du CHU Dijon Bourgogne, le Dr. Davide Callegarin, médecin et ingénieur bio-informatique au sein du laboratoire et Tristan Moro, également membre de l’équipe IA du laboratoire. ©DR
« L’avenir de la médecine passera par l’intelligence artificielle et l’IoT [Internet of Things, ou internet des objets, NDLR] ». De cela, le Professeur Patrick Callier en est convaincu. En charge du laboratoire de génétique chromosomique et moléculaire (GCM) du CHU Dijon Bourgogne, ce spécialiste de la cytogénétique participe depuis plusieurs années au développement de ces technologies au sein de son établissement. Il a, notamment, créé le projet DIAD (Développement de l’Intelligence Artificielle au CHU Dijon Bourgogne) dont « le Docteur Callegarin est un maillon essentiel », estime-t-il. Intégré depuis un an au sein du laboratoire GCM, le Dr. Davide Callegarin a un parcours pour le moins atypique. Premier médecin nommé spécialiste de l’intelligence artificielle en France, ce professionnel a effectué une grande partie de ses études en Italie, dans la région de Trieste, dont il est originaire. Après une année de formation en ingénieur informatique et un diplôme de médecine en poche, il s’installe en France et effectue un master de bio-informatique à l’Université Claude Bernard de Lyon.
Plusieurs applications en seulement quelques mois
Après avoir validé sa thèse en intelligence artificielle appliquée à la santé en octobre 2019, le Dr. Davide Callegarin rejoint, quelques jours plus tard, l’équipe du laboratoire Génétique chromosomique et moléculaire (GCM) du Pr. Callier. « En général, ce type de profil est recruté par le privé et part à l’étranger. Pouvoir compter sur quelqu’un avec de telles compétences au quotidien est d’une rareté précieuse. C’est un atout majeur pour le CHU et tous ses services », confie le chef du laboratoire. En quelques mois à peine, l’expertise du Dr. Davide Callegarin a déjà permis aux professionnels de santé de bénéficier de nouveaux outils, notamment pour traiter les données génétiques des patients. « En permettant de mettre au point des systèmes automatisés de traitement des données, l’IA fait gagner un temps précieux aux équipes. Il nous fallait habituellement une journée d’étude, à reprendre chaque ligne d’un tableau Excel, pour repérer une anomalie génétique. Avec le logiciel créé par le Dr. Callegarin, nous pouvons désormais traiter ces données en quelques minutes seulement », explique le Pr. Callier.
Une nouvelle formation dédiée à l’IA en santé
Né d’une forte collaboration pluridisciplinaire entre acteurs hospitalo-universitaires, académiques et experts d’entreprises, eux-mêmes issus de l’écosystème biomédical dijonnais ainsi que de réseaux nationaux et internationaux reconnus, le développement de ces outils innovants s’accompagne aussi, depuis peu, par la création d’une formation destinée à tous les acteurs du secteur, qu’ils soient professionnels de santé, enseignants-chercheurs, cadres, ingénieurs des industries du numérique, étudiants… Forts de leur coopération au quotidien, le Pr. Callier et le Dr. Callegarin, accompagnés du Pr. Olivier Sandel, directeur-adjoint et responsable pédagogique du campus de Strasbourg CESI – une école d’ingénieurs également implantée à Dijon –, se sont en effet lancés un nouveau défi : mettre sur pieds un diplôme universitaire (DU) dédié à l’intelligence artificielle en santé. Porté par les trois professionnels et l’université de Bourgogne, celui-ci est opérationnel depuis cet automne, en mode distanciel « ce qui a permis la participation d’étudiants canadiens et d’outre-mer », précise le Pr. Callier. Avec ses six modules d’une durée de deux jours chacun, il revient sur les sujets propres au monde du numérique en santé. « L’idée première de ce DU est de démystifier l’IA, et donc de permettre à tous les participants de prendre conscience du potentiel et des limites de cette technologie, mais aussi de l’énergie et du temps nécessaires au développement des solutions qui l’intègrent »,explique le Dr. Callegarin pour qui cette méthode permet avant tout d’aller « contre les idées reçues ». Les organisateurs, qui s’étaient donnés pour objectif d’accueillir au moins 20 apprenants, ont en tous cas réussi leur pari : la première édition du DU, qui s’est entièrement tenue en ligne, a réussi à mobiliser 26 participants. « Même si beaucoup d’étudiants ont un lien direct ou indirect avec la médecine, force est de constater que les profils et les âges sont très variés », constate le Dr. Callegarin qui anime d’ailleurs l’un des modules consacrés à l’analyse des données médicales. Mais tout un panel d’interventions pluridisciplinaires est également proposé, allant de la robotisation à la création d’un algorithme, en passant par le décryptage du cadre législatif. « Le but de cette formation est en premier lieu d’ouvrir des portes, de faire connaître le monde de l’IA appliqué à la santé, pour qu’à terme tous prennent conscience du rôle prépondérant de cette technologie – tout en ayant aussi en tête ses limites afin de proposer des outils véritablement pertinents », conclut le Dr. Callegarin.
*Cette formation est le premier volet de la filière de formation en IA Santé soutenue par Dijon Métropole dans le cadre du Technopole Santé.
**En partenariat avec CESI École d’ingénieurs, le CHU Dijon Bourgogne, le Centre Georges-François Leclerc (CGFL) et le Pôle BFCare.
*Cette formation est le premier volet de la filière de formation en IA Santé soutenue par Dijon Métropole dans le cadre du Technopole Santé.
**En partenariat avec CESI École d’ingénieurs, le CHU Dijon Bourgogne, le Centre Georges-François Leclerc (CGFL) et le Pôle BFCare.
Article publié sur le numéro de décembre d'Hospitalia à consulter ici.
Un Datathon dédié à la lutte contre le SARS-CoV-2
Dans le cadre du Datacare-Covid-19, les équipes du CHU Dijon Bourgogne ont organisé le 1erDatathon IA Santé 100 % Online, mis en place avec le soutien de Dijon Métropole dans le cadre du Technopole Santé. Sponsorisée par Microsoft, cette initiative a permis à une cinquantaine de participants, scientifiques, professionnels de santé, innovateurs en numérique ou étudiants, de travailler ensemble sur trois « défis ». « Le Pr. Callier a organisé cet évènement en quelques jours à peine, avec notamment le soutien opérationnel de Dijon Métropole, du CESI Ecole d’ingénieurs et de laboratoires de l’Université de Bourgogne », souligne le Dr. Davide Calagarin. Après une première phase d’explication et de coordination des équipes, tous les participants ont pu, deux jours durant – du 17 au 19 avril 2020 – réfléchir à distance sur les différents projets. « Ce délai, très court, a permis une réelle émulation des idées et des équipes, c’était vraiment très intéressant », se souvient le médecin. Au terme de ces 48 heures, les différentes équipes ont pu se consacrer au développement des projets « ScanCovid-IA » pour l’imagerie médicale, « CoIoT-19 » pour la biométrie et « COVIDrug-19 » pour le drug design, soit la conception de médicaments. « ScanCovid-IA a même été utilisé par certains centres d’imagerie pour détecter les cas Covid+ de façon automatisée », raconte le Dr. Callegarin. Fortes de cette première expérience, les équipes du CHU Dijon Bourgogne envisagent déjà de la renouveler dans les prochains mois, « en fonction de la situation sanitaire et des priorités qui en découleront », estime Davide Callegarin.