Le 12 mars, alors que le confinement se mettait en place en France, le gouvernement appelait à « la déprogrammation immédiate des interventions chirurgicales non urgentes ». Suivie dans tous les établissements hospitaliers, cette décision a, de facto, diminué l’utilisation de matériel stérile. « L’activité des stérilisations s’est effondrée », confie le Docteur Christophe Lambert, praticien au sein du Centre Hospitalier Métropole Savoie de Chambéry et président de la Société Française des Sciences de la Stérilisation (SF2S). Néanmoins, partout en France, les équipes ont mis leur savoir-faire à disposition des autres services hospitaliers, en testant de nouveaux protocoles de stérilisation ou en développant des modèles de masques alternatifs.
Création de masques « SMS »
« Suite à la baisse de notre activité, nous nous sommes retrouvés avec des stocks importants de feuilles de type SMS [Spunbound-Metblown-Spunbound - NDLR], raconte Christophe Lambert.La SF2S, voyant la pénurie de masques se profiler, a mis au point un protocole pour confectionner des masques alternatifsà partir de ces produits ». Habituellement utilisées pour l’emballage des dispositifs médicaux et leur maintien à l’état stérile, ces feuilles en polypropylène non-tissé, qui possèdent donc des propriétés barrières contre les micro-organismes, se sont ainsi transformées en masques de soins – et non en masques chirurgicaux, du fait de leur absence de normalisation ; ils n’en ont pas moins permis de réduire temporairement la pénurie de matériel*.« À Chambéry, six agents, soit un quart de l’équipe, étaient dédiés à la confection de ces masques d’un nouveau genre », confie le praticien. Largement relayée, l’initiative a même fait l’objet d’un avis commun de la SF2S et de la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H) le 21 mars. « Pendant la crise, notre lien avec la SF2H a été plus fort encore qu’à l’accoutumée. Nous avons travaillé main dans la main, que ce soit pour les masques SMS ou pour la diffusion de recommandations adaptées au contexte Covid », poursuit Christophe Lambert, qui regrette l’absence de concertation au niveau international.
Stériliser le matériel pour pallier les pénuries
« Il y a certes eu des échanges avec nos confrères dans d’autres pays, et plusieurs publications en fonction des expérimentations des uns et des autres. Mais une coordination internationale, notamment sur le retraitement du matériel à usage unique, aurait bénéficié à tous », précise-t-il. Outre la confection de masques, les services de stérilisation des établissements de santé ont en effet travaillé activement sur les possibilités de retraitement des équipements et dispositifs à usage unique, qu’il s’agisse des sur-blouses, des casaques et même du matériel d’anesthésie. Ces essais, parfois couronnés de succès, ont ainsi permis de pallier certains manques. « La situation a surtout montré notre vulnérabilité face à l’usage unique. Cette crise pose la question de notre autonomie »,continue le président de la SF2S qui propose la création, dans chaque établissement d’un « stock de guerre » : des équipements de protection individuelle textiles, pour « parer ce genre de situation » si jamais elle venait à se reproduire.
*La SF2S a publié sur son site internet un tutoriel ainsi qu’un référentiel des différentes feuilles non-tissées en cellulose utilisables dans la confection des masques SMS.
La société savante a également réalisé une vidéo explicative, disponible sur sa chaîne Youtube.
*La SF2S a publié sur son site internet un tutoriel ainsi qu’un référentiel des différentes feuilles non-tissées en cellulose utilisables dans la confection des masques SMS.
La société savante a également réalisé une vidéo explicative, disponible sur sa chaîne Youtube.
Article publié sur le numéro de juin d'Hospitalia à consulter ici : https://www.hospitalia.fr/Hospitalia-49-Special-Covid-19-MERCI-_a2230.html