« Faire la liaison entre le savoir scientifique et les politiques publiques ». Tel serait le fil rouge du parcours d’Antoine Malone. Installé en France depuis 2004, et plus encore depuis 2008, ce Québécois est aujourd’hui pleinement impliqué auprès du monde de la santé. Pourtant rien ne l’y prédisposait. Ses études se sont concentrées sur les sciences politiques et l’économie, se concluant par un master en affaires publiques obtenu cum laude à Sciences Po Paris. Il a ensuite travaillé dans le champ des politiques publiques, par exemple pour le Centre d’analyse stratégique, devenu depuis France Stratégie, où il s’est consacré au déploiement et à la mise en place des études d'impact des projets de loi.
« Tous mes travaux tendaient vers un même objectif : amener l'État à réfléchir et à expliciter sa stratégie en amont, pour des politiques publiques qui s'appuieraient davantage sur des données scientifiques », explique celui qui, dès novembre 2009, dispense à Sciences Po Paris un cours autour des stratégies de réforme. S’intéressant aux changements d’ampleur, le Canadien se penche alors tout naturellement sur le domaine de la santé, qu’il qualifie de « champ énorme avec de très gros enjeux, et notamment en matière d'équité ». En juillet 2010, il rejoint alors la Délégation générale du Québec à Paris, où il est attaché aux affaires politiques et à la coopération en santé. Un poste qu’il occupera six ans.
« Tous mes travaux tendaient vers un même objectif : amener l'État à réfléchir et à expliciter sa stratégie en amont, pour des politiques publiques qui s'appuieraient davantage sur des données scientifiques », explique celui qui, dès novembre 2009, dispense à Sciences Po Paris un cours autour des stratégies de réforme. S’intéressant aux changements d’ampleur, le Canadien se penche alors tout naturellement sur le domaine de la santé, qu’il qualifie de « champ énorme avec de très gros enjeux, et notamment en matière d'équité ». En juillet 2010, il rejoint alors la Délégation générale du Québec à Paris, où il est attaché aux affaires politiques et à la coopération en santé. Un poste qu’il occupera six ans.
Le monde de la santé à l’international
En mai 2016, Antoine Malone ouvre une nouvelle page en intégrant la Fédération Hospitalière de France (FHF) pour y créer une fonction nouvelle : celle de Directeur de projet pour la connaissance et l’étude des systèmes de santé au niveau mondial. Il prend ensuite la tête du pôle Prospective, Europe, International, poursuivant ses travaux pour « faire la liaison entre les savoirs acquis sur les sujets de fond auprès des systèmes de santé mondiaux, et leurs implications pour les hôpitaux et le système de santé français ». Travaillant en lien étroit avec la communauté de chercheurs qui, à l’échelle internationale, réfléchissent à l'organisation et la gestion des systèmes de santé, le pôle a notamment mené une grande étude prospection autour des principaux axes de développement dans des systèmes de santé avancés, tels qu’au Québec, au Royaume-Uni, en Belgique ou encore aux États-Unis.
« Ce tour d’horizon, qui a duré près d’un an et demi, nous a permis de tirer plusieurs conclusions, la principale étant que, dans tous ces pays, le “choc” des pathologies chroniques et le vieillissement de la population transforment fondamentalement les systèmes de santé », raconte Antoine Malone. En effet, ces systèmes ont partout été conçus pour prendre en charge une population jeune et des problèmes de santé aigus. Une situation ayant depuis grandement évolué, constate le responsable qui en tire une leçon : « Il est nécessaire de maintenir ces populations vieillissantes et ces malades chroniques dans le meilleur état de santé possible ». Pour cela, trois objectifs ont été identifiés : « une meilleure santé pour une population définie, une meilleure prise en charge de chaque patient au sein de cette population, et une meilleure utilisation des ressources du système de santé ». « L’équilibre entre ces trois objectifs, et même quatre objectifs car l’on y ajoute aujourd’hui la santé des soignants eux-mêmes, permet à terme d'aboutir à un système de santé soutenable », insiste Antoine Malone qui en appelle aussi à « un système de santé moins fragmenté ».
« Ce tour d’horizon, qui a duré près d’un an et demi, nous a permis de tirer plusieurs conclusions, la principale étant que, dans tous ces pays, le “choc” des pathologies chroniques et le vieillissement de la population transforment fondamentalement les systèmes de santé », raconte Antoine Malone. En effet, ces systèmes ont partout été conçus pour prendre en charge une population jeune et des problèmes de santé aigus. Une situation ayant depuis grandement évolué, constate le responsable qui en tire une leçon : « Il est nécessaire de maintenir ces populations vieillissantes et ces malades chroniques dans le meilleur état de santé possible ». Pour cela, trois objectifs ont été identifiés : « une meilleure santé pour une population définie, une meilleure prise en charge de chaque patient au sein de cette population, et une meilleure utilisation des ressources du système de santé ». « L’équilibre entre ces trois objectifs, et même quatre objectifs car l’on y ajoute aujourd’hui la santé des soignants eux-mêmes, permet à terme d'aboutir à un système de santé soutenable », insiste Antoine Malone qui en appelle aussi à « un système de santé moins fragmenté ».
La santé populationnelle à l’essai
Pour élargir cette réflexion, qui porte déjà dans ses germes les concepts de santé intégrée et de responsabilité populationnelle, les membres de la FHF se saisissent de cette dernière notion dès 2017, l’inscrivant dans leur plateforme de proposition 2017-2022 pour transformer le monde de la santé. Ils en appellent ainsi à « engager une révolution dans l’organisation de notre système, en le fondant désormais sur le principe de la responsabilité populationnelle pour l’ensemble des acteurs d’un territoire ». Une approche développée au Québec à partir de 2010, et qui entend justement fédérer les acteurs de santé territoriaux autour d’une problématique sanitaire.
Les équipes de la FHF décident aussitôt de l’expérimenter. Et, si le projet occupe désormais une grande partie des journées d’Antoine Malone, c’est qu’il a depuis beaucoup grandi. Avec cinq territoires volontaires – l’Aube et le Sézannais, la Cornouaille, le Douaisis, les Deux-Sèvres et la Haute-Saône –, le concept de santé populationnelle appliqué à la France s’est structuré, adoptant un modèle, une méthodologie et des outils communs. Deux pathologies ont été retenues pour ces premiers essais : le diabète de type 2 et l’insuffisance cardiaque.
À chaque fois, une pyramide, développée en partenariat avec les sociétés savantes, stratifie les populations cibles depuis les personnes à risque jusqu’à celles gravement atteintes. Utilisée dans les cinq territoires expérimentateurs, elle s’accompagne de recommandations de prise en charge pour chaque strate. Puis chaque territoire élabore son programme d'action local, réunissant à cette fin tous ceux impliqués dans la prévention et la prise en charge des pathologies adressées – des professionnels de santé à l’Assurance Maladie en passant par les associations de patients et les collectivités territoriales. Et c’est là justement l’une des grandes spécificités de la responsabilité populationnelle en santé.
Les équipes de la FHF décident aussitôt de l’expérimenter. Et, si le projet occupe désormais une grande partie des journées d’Antoine Malone, c’est qu’il a depuis beaucoup grandi. Avec cinq territoires volontaires – l’Aube et le Sézannais, la Cornouaille, le Douaisis, les Deux-Sèvres et la Haute-Saône –, le concept de santé populationnelle appliqué à la France s’est structuré, adoptant un modèle, une méthodologie et des outils communs. Deux pathologies ont été retenues pour ces premiers essais : le diabète de type 2 et l’insuffisance cardiaque.
À chaque fois, une pyramide, développée en partenariat avec les sociétés savantes, stratifie les populations cibles depuis les personnes à risque jusqu’à celles gravement atteintes. Utilisée dans les cinq territoires expérimentateurs, elle s’accompagne de recommandations de prise en charge pour chaque strate. Puis chaque territoire élabore son programme d'action local, réunissant à cette fin tous ceux impliqués dans la prévention et la prise en charge des pathologies adressées – des professionnels de santé à l’Assurance Maladie en passant par les associations de patients et les collectivités territoriales. Et c’est là justement l’une des grandes spécificités de la responsabilité populationnelle en santé.
Un modèle adaptable aux pathologies et aux territoires
« Dans les cinq territoires, plus de 700 professionnels et 70 patients partenaires participent au modèle, pour plus de 2 000 patients suivis dans les différentes strates », détaille Antoine Malone en ajoutant qu’au mois de décembre 2022, 750 actions de prévention primaire et de dépistage avaient été menées. « L’impact de cette approche est déjà perceptible. Partout, on constate un recours moindre aux urgences, un développement accéléré des circuits ambulatoires et une augmentation des admissions programmées pour ces pathologies », se félicite-t-il.
La France semble donc être sur la bonne voie pour étendre, à terme, la santé populationnelle à d’autres pathologies et à d’autres territoires. « Pour résumer, l’objectif de ce modèle réside dans l'exécution systématique des meilleures pratiques médicales pour chaque patient, en fonction de ses besoins et quel que soit son point de contact avec le monde de la santé », conclut Antoine Malone qui poursuit inlassablement ses travaux pour servir l’évolution vers un système de santé intégré.
Article publié dans l'édition de mai 2023 d'Hospitalia à lire ici.
La France semble donc être sur la bonne voie pour étendre, à terme, la santé populationnelle à d’autres pathologies et à d’autres territoires. « Pour résumer, l’objectif de ce modèle réside dans l'exécution systématique des meilleures pratiques médicales pour chaque patient, en fonction de ses besoins et quel que soit son point de contact avec le monde de la santé », conclut Antoine Malone qui poursuit inlassablement ses travaux pour servir l’évolution vers un système de santé intégré.
Article publié dans l'édition de mai 2023 d'Hospitalia à lire ici.