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"Les fake news sont un véritable problème de santé publique"


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Lundi 18 Juillet 2022 à 15:20 | Lu 2413 fois


Professeur des universités - praticien hospitalier (PU-PH) à l’hôpital Bichat - Claude Bernard de Paris, Boris Hansel s’est très tôt spécialisé en endocrinologie et nutrition. Très actif, il multiplie les projets académiques avec, notamment, l’obtention d’un nouveau diplôme universitaire en e-santé, tout en animant sur YouTube des émissions de vulgarisation scientifique.



Médecin, endocrinologue, nutritionniste et professeur d’université, le Pr Boris Hansel a un parcours qu’il qualifie lui-même de « classique ». Chef de clinique spécialisé en risque cardiovasculaire pendant quatre ans à la Pitié-Salpêtrière, il a pourtant rapidement choisi de diversifier ses activités. « J’ai ressenti le besoin de monter des projets, de créer des structures », confie-t-il. Une dimension « touche-à-tout » qui se poursuit, et s’accélère, à la fin de son clinicat en 2008. De l’exercice libéral à l’Hôpital Américain de Paris à la réalisation de chroniques pour France 5, en passant par le suivi de projets au sein de l’Institut Hospitalo-Universitaire Cardiométabolique et Nutrition (ICAN), « j’ai toujours appris de ces expériences », poursuit Boris Hansel qui rejoint, en 2012, les équipes de l’hôpital Bichat Claude Bernard de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Devenu désormais professeur des universités - praticien hospitalier (PU-PH), il intervient au sein du service de diabétologie, endocrinologie et nutrition, qui accueille chaque semaine une quarantaine de patients. « Parmi nos activités, nous réalisons bien sûr de la chirurgie bariatrique, mais ce n’est pas le seul procédé, loin de là. Nous proposons tout un panel de solutions plus ou moins innovantes, par exemple l’embolisation gastrique ou incluant le recours aux outils de e-santé », indique le professionnel qui voit dans ces technologies l’occasion « d’adapter la prise en charge à chaque patient ». Par nature multidisciplinaire, cette démarche « s’intègre également au territoire », insiste le médecin : « Nous travaillons beaucoup avec la ville pour assurer un suivi maximal des patients, partout en France ».
 

La santé connectée au centre de plusieurs projets

Ardent défenseur de la e-santé, le Pr Boris Hansel promeut ces technologies depuis déjà plusieurs années. Il codirige d’ailleurs, aux côtés du Pr Patrick Nataf, chirurgien cardiaque, le Centre de responsabilité « Santé connectée » de l’hôpital Bichat - Claude Bernard – une structure qui, en 2018, a créé un Diplôme Universitaire (DU) « Enseignement pratique multidisciplinaire de santé connectée ». « Au fil des années et de mes différentes activités, j’ai été amené à m’intéresser à la santé connectée : la télémédecine, les applications mobiles, le parcours de soins numérique… Une fois revenu à l’hôpital, j’ai souhaité développer l’enseignement de ces technologies, et ma rencontre avec le Pr Patrick Nataf a permis de créer ce DU », raconte-t-il.

Le succès est rapidement au rendez-vous : dès la première année, le diplôme affiche complet. « Les étudiants étaient alors principalement des jeunes startuppers. La situation est aujourd’hui différente, nous intégrons beaucoup de personnes en reconversion professionnelle et qui ont pour projet d’intégrer des structures préexistantes », constate le Pr Hansel. Soucieux de continuer à attirer ces premiers profils de créateurs, il envisage d’ailleurs de développer un nouveau diplôme centré sur « le numérique en santé de demain », et qui inclurait les concepts de métavers, de jumeau numérique, d’avatar, de réalité augmentée… « Ces technologies sont déjà en train de se mettre en place et auront un impact certain sur le monde de la médecine. Il est essentiel que des formations existent dans le domaine », note Boris Hansel, qui coordonne déjà deux DU : celui sur la santé connectée et un autre dédié à la nutrition.
 

Un diplôme en nutrition…

Ne se substituant en rien à un diplôme de diététicien, ce dernier est avant tout « le lieu de diffusion d’une information fiable dans le domaine de la nutrition », insiste le médecin. Confrontée à une diffusion massive et continue d’informations variées, la nutrition est en effet, depuis longtemps, le terreau de fake news. « Le but de ce DU est de mettre enfin un peu de science dans l’enseignement de la nutrition », explique le professeur qui expose ici son « combat ». Il explique : « Les fake news sont un véritable problème de santé publique, qui aboutit à des pertes de chance pour certains patients ». Partant de ce constat, les équipes du diplôme universitaire ont donc souhaité élargir leur champ d’action. En 2019, ils ont ainsi intégré, au sein du projet pédagogique, la création d’un média de vulgarisation scientifique.
 

… contre la désinformation

Intitulée « Pour une Meilleure Santé » (PuMS), l’initiative se distingue par sa forme : celle d’une chaîne YouTube combinée à un site internet, une page Facebook, un compte Instagram et un TikTok. « Le grand public retient majoritairement les informations qui circulent dans ces médias. Les professionnels de la santé doivent donc les investir pour diffuser une information fiable », estime le médecin. Toutes les deux semaines, PuMS publie ainsi une émission d’une heure environ sur un thème précis. Un travail de fond complété par d’autres vidéos plus courtes, des extraits, des prises de vues effectuées à l’hôpital, ou des formats ultra-courts réalisés sur smartphone. Et les résultats sont au rendez-vous : la chaîne YouTube, accompagnée depuis le début de l’année par YouTube France, compte aujourd’hui plus de 50 000 abonnés, le TikTok presque 188 000 et le compte Instagram 17 000. « Notre meilleur score est de 900 000 vues en deux mois sur une vidéo », annonce fièrement le praticien.

Animant les émissions, le professeur s’implique activement dans ce projet qu’il qualifie de « fascinant ». « L’intégration des codes inhérents aux différents réseaux sociaux, le choix des sujets, la création d’une équipe médicale et scientifique, la production de contenu vérifié… Toutes les étapes de la création d’une vidéo sont propices à l’apprentissage », confie-t-il en insistant sur la nécessité du travail « coordonné » en équipe. « Située à l’intersection de l’université et du monde de la santé, cette initiative rassemble des médecins et des paramédicaux qualifiés qui s’investissent pour transmettre les bonnes informations de la manière la plus pédagogique possible », résume le Pr Boris Hansel, qui espère faire de PuMS « la référence en santé sur YouTube ».

> Plus d’informations sur https://pums.fr/pums/
 
Article publié dans l'édition de mai 2022 d'Hospitalia à lire ici.
 
 






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