Avec votre expérience des réseaux de Santé nationaux et régionaux dans le monde entier, vous êtes au plus près des initiatives de coordination des soins dans les grandes villes comme New York, Londres et peut-être Paris. Quels sont les défis auxquels sont confrontées ces mégalopoles?
« Les grandes villes sont confrontées à des problèmes complexes quand il s’agit d’améliorer la santé de toute une population et de garantir une meilleure qualité et efficacité des soins pour leurs concitoyens. À certains égards, bien sûr, les grandes villes ont des avantages énormes. Elles sont bien desservies par d'excellents médecins et des hôpitaux de renommée mondiale. Dans le même temps, elles doivent fournir des soins à de nombreux endroits différents, à une population très nombreuse, mobile et diversifiée sur le plan économico-social, ce qui se traduit souvent par des soins fragmentés et mal coordonnés.
En règle générale, les grandes villes subissent une pression économique plus importante que leurs homologues plus petites. Elles doivent composer avec des salaires et des coûts opérationnels plus élevés - à un moment où les systèmes de santé du monde entier cherchent à contenir les coûts - tout en offrant les meilleurs soins possibles ».
En règle générale, les grandes villes subissent une pression économique plus importante que leurs homologues plus petites. Elles doivent composer avec des salaires et des coûts opérationnels plus élevés - à un moment où les systèmes de santé du monde entier cherchent à contenir les coûts - tout en offrant les meilleurs soins possibles ».
Que peuvent faire les systèmes de santé des grandes métropoles pour améliorer les soins ?
« L’ironie de la situation est que la plupart des systèmes de santé ne sont pas du tout des ‘systèmes’, du moins pas dans le sens étymologique. En effet, on ne parle pas ici de mécanismes, avec des pièces finement calibrées, bien ajustées entre elles, déroulant un processus prévisible qui fonctionne bien du début à la fin. C’est beaucoup moins coordonné que cela… ».
Est-ce la technologie qui pose problème ?
« Les défis de Santé auxquelles ces villes sont confrontées reviennent toujours à un sujet central : le partage d'informations. Cela va au-delà du défi technique de transfert électronique de l'information du point A au point B, qui est la partie relativement facile. A un niveau plus profond, il s’agit de la coordination de l'activité humaine, afin que les médecins, les patients et toutes les personnes impliquées dans les soins agissent de concert ».
Pourquoi partager l’information est-il si important ?
« C’est essentiel pour le double objectif d’améliorer la coordination des soins et de renforcer l’implication et la participation des patients. Il ne s’agit pas uniquement d’avoir des médecins efficaces, bien informés et prenant les bonnes décisions, mais aussi de permettre aux patients d’être concernés, afin qu'ils respectent mieux leurs plans de soins et deviennent des participants actifs dans leurs propres traitements ».
Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
« Nous avons un vrai retour d’expérience de plusieurs années sur New York. InterSystems fournit la plate-forme technologique pour Healthix, un réseau d’échange d'informations de santé publique desservant plus de 12 millions de personnes dans la ville et la région environnante. Healthix montre qu'il ne suffit pas de connecter les hôpitaux et les cabinets de médecins. Le continuum de soins est beaucoup plus large. Healthix fournit le tissu de connexion reliant les hôpitaux, les plans de santé, les cabinets de médecins, les organismes de services sociaux et même le domicile du patient.
Grâce à cette infrastructure de soins connectés, chaque médecin est alerté quand un de ses patients reçoit des soins d'urgence, lorsqu’il est admis ou sort d’un hôpital. Cela lui permet d'être plus proactif dans le suivi de ses patients et d'aider à l’observance de leurs plans de soins.
Lorsque les patients se conforment à leurs plans de soins, cela réduit les réadmissions inutiles à l'hôpital. Dans un cas, nous avons constaté une réduction de 17% des réadmissions hospitalières à 30 jours lorsque les médecins reçoivent ces alertes cliniques ».
Grâce à cette infrastructure de soins connectés, chaque médecin est alerté quand un de ses patients reçoit des soins d'urgence, lorsqu’il est admis ou sort d’un hôpital. Cela lui permet d'être plus proactif dans le suivi de ses patients et d'aider à l’observance de leurs plans de soins.
Lorsque les patients se conforment à leurs plans de soins, cela réduit les réadmissions inutiles à l'hôpital. Dans un cas, nous avons constaté une réduction de 17% des réadmissions hospitalières à 30 jours lorsque les médecins reçoivent ces alertes cliniques ».
Qu’en est-il à Londres ?
« Un exemple intéressant à Londres est ‘Coordinate My Care’, ou CMC, un programme ambitieux avec un accent initial sur les plans de soins de fin de vie. CMC a été lancé par la Royal Marsden NHS Foundation Trust, un hôpital majeur de traitement du cancer. CMC travaille avec InterSystems pour mettre en œuvre des solutions pour la coordination des soins d'urgence, afin que les patients souffrant de maladies chroniques graves reçoivent le traitement qu’ils ont personnellement approuvé en partenariat avec leurs médecins ou des infirmières.
CMC fournit des plans de soins d'urgence pour les patients de toute la métropole de Londres. Ces plans collectent les souhaits du patient, y compris des instructions de fin de vie (le cas échéant). Ces informations sont partagées dans tout le continuum de soins, y compris les services d'urgence et d'ambulance, les soins infirmiers et les équipes à domicile, les hospices et les soins infirmiers communautaires. Sans un tel système, les patients risquent des hospitalisations non désirées et contraires à leurs plans de soins. CMC étudie déjà l'utilisation du système pour une grande variété d'autres besoins de coordination des soins et de parcours ».
CMC fournit des plans de soins d'urgence pour les patients de toute la métropole de Londres. Ces plans collectent les souhaits du patient, y compris des instructions de fin de vie (le cas échéant). Ces informations sont partagées dans tout le continuum de soins, y compris les services d'urgence et d'ambulance, les soins infirmiers et les équipes à domicile, les hospices et les soins infirmiers communautaires. Sans un tel système, les patients risquent des hospitalisations non désirées et contraires à leurs plans de soins. CMC étudie déjà l'utilisation du système pour une grande variété d'autres besoins de coordination des soins et de parcours ».
Et à Paris ?
« Tout comme New York et Londres, Paris cherche à coordonner les soins pour une très vaste population, et notamment pour les patients atteints de maladies chroniques. La région de Paris est en plein processus de décision. Elle a de vraies ambitions et un projet très construit avec un calendrier resserré pour commencer la mise en œuvre cette année. D’après notre compréhension, l’approche est sensiblement identique à ce que nous avons réalisé à New-York : il s’agit d'abord de mettre en place une plate-forme ouverte et puissante, pour permettre le partage d'informations et la coordination des soins, puis d’utiliser cette plate-forme pour des services à valeur ajoutée autour de parcours de soins bien définis, à commencer par trois ou quatre maladies chroniques.
Tout comme dans la situation de Londres, chaque parcours est associé à un ensemble de rendez-vous (tests, examens, traitements, etc…) qui doivent être réalisés à des intervalles définis et en phase avec les protocoles particuliers. En coordonnant ces processus de planification à l’échelle de la Région, il sera plus facile pour les patients de suivre leur plan de soins et pour les médecins de superviser cette coordination des soins ».
Tout comme dans la situation de Londres, chaque parcours est associé à un ensemble de rendez-vous (tests, examens, traitements, etc…) qui doivent être réalisés à des intervalles définis et en phase avec les protocoles particuliers. En coordonnant ces processus de planification à l’échelle de la Région, il sera plus facile pour les patients de suivre leur plan de soins et pour les médecins de superviser cette coordination des soins ».
En résumé, qu’est-ce que les villes de New-York, Londres et Paris ont-elles en commun ?
« Ces 3 métropoles sont à la pointe de la coordination des soins pour de vastes populations et elles ont un focus particulier sur les problèmes de santé chroniques. Et plus la population est grande, plus la tâche est immense. Les réussites les plus significatives ont été mesurées là où le patient se sent une connexion - un sentiment d’appartenance à une équipe ou une communauté - avec les prestataires de soins.
Une des grandes leçons que nous avons apprise est que, d'une façon ou une autre, vous devez trouver les moyens de développer ce sens de la communauté. Il peut se concentrer sur un problème de santé particulier, ou sur un certain groupe d'âge, ou sur une région géographique. Quand une grande région métropolitaine peut créer une communauté autour d’une maladie chronique comme le diabète, les patients inscrits à ces programmes perçoivent cette démarche de manière positive comme quelque chose de personnalisé, à laquelle ils pourraient adhérer volontairement pour participer plus activement à leur santé.
Le sentiment d’appartenance est également construit sur la communication. Les patients veulent interagir de partout et facilement avec leurs fournisseurs de soins et rendre les interactions utiles et productives. L'objectif ultime doit être une communication bidirectionnelle, facilitée par ces plates-formes régionales.
La valeur de la participation des patients et la coordination des soins va au-delà en donnant au patient l'accès à son propre dossier médical, ainsi qu’en facilitant la collaboration avec leurs fournisseurs de soins. InterSystems se concentre sur ce point : apporter la technologie qui permet la collaboration et l'engagement, transformant des métropoles tentaculaires et hyper complexes, en communautés de soins humaines et connectées.
Au final, ce que ces trois métropoles ont en commun est probablement leur taille et leur complexité, comme toutes ces grandes villes dont la taille peut dépasser celle de certains pays.
En ce sens, atteindre une masse critique de patients et de médecins engagés dans ces programmes dans un court laps de temps est la clé du succès. De vastes territoires et des systèmes hétérogènes comme ceux-ci nécessitent un «quick win» pour établir la valeur ajoutée pour le patient lui-même, mais aussi pour l'ensemble du territoire, afin de stabiliser et de valider les modèles économiques et de refinancement ».
Une des grandes leçons que nous avons apprise est que, d'une façon ou une autre, vous devez trouver les moyens de développer ce sens de la communauté. Il peut se concentrer sur un problème de santé particulier, ou sur un certain groupe d'âge, ou sur une région géographique. Quand une grande région métropolitaine peut créer une communauté autour d’une maladie chronique comme le diabète, les patients inscrits à ces programmes perçoivent cette démarche de manière positive comme quelque chose de personnalisé, à laquelle ils pourraient adhérer volontairement pour participer plus activement à leur santé.
Le sentiment d’appartenance est également construit sur la communication. Les patients veulent interagir de partout et facilement avec leurs fournisseurs de soins et rendre les interactions utiles et productives. L'objectif ultime doit être une communication bidirectionnelle, facilitée par ces plates-formes régionales.
La valeur de la participation des patients et la coordination des soins va au-delà en donnant au patient l'accès à son propre dossier médical, ainsi qu’en facilitant la collaboration avec leurs fournisseurs de soins. InterSystems se concentre sur ce point : apporter la technologie qui permet la collaboration et l'engagement, transformant des métropoles tentaculaires et hyper complexes, en communautés de soins humaines et connectées.
Au final, ce que ces trois métropoles ont en commun est probablement leur taille et leur complexité, comme toutes ces grandes villes dont la taille peut dépasser celle de certains pays.
En ce sens, atteindre une masse critique de patients et de médecins engagés dans ces programmes dans un court laps de temps est la clé du succès. De vastes territoires et des systèmes hétérogènes comme ceux-ci nécessitent un «quick win» pour établir la valeur ajoutée pour le patient lui-même, mais aussi pour l'ensemble du territoire, afin de stabiliser et de valider les modèles économiques et de refinancement ».