Dans quel contexte vous êtes-vous intéressé aux technologies algorithmiques ?
Docteur Wilfrid Graff : Tout est parti d’un constat de terrain : dans notre établissement, il fallait parfois compter jusqu’à deux ans d’attente pour obtenir un rendez-vous avec certains chirurgiens orthopédistes ! Or, 30 à 40% des patients se présentant en consultation pour des douleurs au pied ou à la cheville ne relevaient pas d’un traitement chirurgical – leur problème pouvait en effet être résolu médicalement, ou alors ils étaient à la recherche d’un avis spécialisé. Il faut dire qu’un patient, seul, peut rarement savoir s’il lui faut consulter un rhumatologue, un podologue, ou se faire opérer. Et, par défaut, beaucoup ont le réflexe de prendre rendez-vous avec un chirurgien orthopédiste... ce qui ne peut que rallonger les délais d’attente, y compris pour les personnes nécessitant un traitement chirurgical ! Pour désengorger les consultations de chirurgie orthopédique, il fallait impérativement intervenir en amont de la chaîne et donc améliorer l’orientation des patients avant la prise de rendez-vous.
Docteur Wilfrid Graff : Tout est parti d’un constat de terrain : dans notre établissement, il fallait parfois compter jusqu’à deux ans d’attente pour obtenir un rendez-vous avec certains chirurgiens orthopédistes ! Or, 30 à 40% des patients se présentant en consultation pour des douleurs au pied ou à la cheville ne relevaient pas d’un traitement chirurgical – leur problème pouvait en effet être résolu médicalement, ou alors ils étaient à la recherche d’un avis spécialisé. Il faut dire qu’un patient, seul, peut rarement savoir s’il lui faut consulter un rhumatologue, un podologue, ou se faire opérer. Et, par défaut, beaucoup ont le réflexe de prendre rendez-vous avec un chirurgien orthopédiste... ce qui ne peut que rallonger les délais d’attente, y compris pour les personnes nécessitant un traitement chirurgical ! Pour désengorger les consultations de chirurgie orthopédique, il fallait impérativement intervenir en amont de la chaîne et donc améliorer l’orientation des patients avant la prise de rendez-vous.
Surtout que les bénéfices interviendraient à plusieurs niveaux…
En effet, la finalité réelle d’une réduction des délais d’attente, c’est de pouvoir accélérer la prise en charge des patients et donc d’améliorer la qualité des soins. Les bénéfices seraient également d’ordre financier : un patient mal orienté multiplie les consultations « inutiles », ou du moins non pertinentes eu égard à ses besoins réels, ce qui se traduit par des coûts plus importants pour la collectivité. La question qui se posait était donc : comment présélectionner les patients avant la prise de rendez-vous pour identifier ceux pour lesquels une intervention chirurgicale, et donc une consultation de chirurgie orthopédique, était justifiée ?
Comment avez-vous procédé ?
Dès 2013, j’ai développé un questionnaire assez simple, selon un mode en « si… alors » : pour chaque question, le patient avait le choix entre cinq réponses ; son orientation vers la question suivante était fonction de la réponse sélectionnée. J’ai ensuite travaillé avec l’équipe informatique de l’hôpital pour créer un programme, une sorte de coquille vide dont la structure est basée sur des interrelations pour aller au-delà de la logique en « si… alors ». Ce schéma permet de modifier les questions posées pour transposer le programme à d’autres spécialités médicales elles aussi confrontées à un problème d’orientation des patients. Je pense notamment à la gynécologie, en particulier pour les patientes souffrant d’endométriose, ou à la chirurgie de la hanche et du genou. Toujours est-il qu’il a fallu beaucoup de travail pour aboutir à la version actuelle d’Algopied, le premier outil de pré-consultation en cas de douleur du pied ou de la cheville !
En effet, la finalité réelle d’une réduction des délais d’attente, c’est de pouvoir accélérer la prise en charge des patients et donc d’améliorer la qualité des soins. Les bénéfices seraient également d’ordre financier : un patient mal orienté multiplie les consultations « inutiles », ou du moins non pertinentes eu égard à ses besoins réels, ce qui se traduit par des coûts plus importants pour la collectivité. La question qui se posait était donc : comment présélectionner les patients avant la prise de rendez-vous pour identifier ceux pour lesquels une intervention chirurgicale, et donc une consultation de chirurgie orthopédique, était justifiée ?
Comment avez-vous procédé ?
Dès 2013, j’ai développé un questionnaire assez simple, selon un mode en « si… alors » : pour chaque question, le patient avait le choix entre cinq réponses ; son orientation vers la question suivante était fonction de la réponse sélectionnée. J’ai ensuite travaillé avec l’équipe informatique de l’hôpital pour créer un programme, une sorte de coquille vide dont la structure est basée sur des interrelations pour aller au-delà de la logique en « si… alors ». Ce schéma permet de modifier les questions posées pour transposer le programme à d’autres spécialités médicales elles aussi confrontées à un problème d’orientation des patients. Je pense notamment à la gynécologie, en particulier pour les patientes souffrant d’endométriose, ou à la chirurgie de la hanche et du genou. Toujours est-il qu’il a fallu beaucoup de travail pour aboutir à la version actuelle d’Algopied, le premier outil de pré-consultation en cas de douleur du pied ou de la cheville !
Comment fonctionne concrètement Algopied ?
Le principe est simple : une dizaine de questions en ligne, avec une interface ergonomique pour rendre les réponses les plus instinctives possibles. Ce questionnaire permet de récupérer des données relatives à la douleur elle-même (localisation, fréquence, …) et aux raisons qui amènent le patient à consulter (douleur chronique, gêne pour se chausser, …). Algopied traite toutes ces données et fournit au patient une information capitale : quel professionnel de santé il doit consulter, entre le podologue, le rhumatologue ou le chirurgien orthopédique. La version bêta a été testée à l’été 2019, et un pilote devra être initié dès le début de l’année 2020 : les patients qui appelleront pour une consultation seront informés de l’existence d’Algopied et de la possibilité d’obtenir plus rapidement un rendez-vous en passant par l’algorithme. Un numéro leur sera en effet attribué à l’issue du questionnaire, ce qui leur permettra de bénéficier de plages horaires réservées. Les professionnels de santé auront, eux, accès aux réponses du patient pour pouvoir mieux préparer la consultation – mais aussi pour bénéficier d’une traçabilité du processus d’orientation, notamment à des fins médico-légales.
Quelles seront les prochaines étapes ?
Avant la généralisation de l’outil aux autres chirurgiens orthopédistes, ou sa diffusion à d’autres spécialités et d’autres établissements, il nous faudra d’abord évaluer son efficacité et la pertinence des questions posées. Nous pourrons alors identifier d’éventuelles failles, par exemple si Algopied est détourné pour obtenir un rendez-vous de consultation chirurgicale alors que celui-ci n’est pas justifié. Il nous semble également essentiel de l’évaluer d’un point de vue médico-économique, afin de quantifier les économies potentielles. Sur un autre registre, nous souhaiterions, à terme, que le document généré par Algopied et recensant les réponses du patient, soit automatiquement injecté dans notre Dossier Médical Informatisé, dans l’idéal sous un format structuré. Nous pouvons également envisager d’élargir Algopied au parcours postopératoire, avec un système de questions/réponses personnalisées et la genèse d’alertes en cas de symptômes potentiellement inquiétants.
Le recours à de telles technologies est encore relativement récent dans les établissements de santé. Quels écueils avez-vous identifié ?
Les technologies algorithmiques et, plus globalement, l’intelligence artificielle, ont assurément un rôle à jouer dans les prises en charge de demain. Mais il faudrait, pour cela, que les établissements de santé disposent de compétences informatiques spécialisées en interne, qu’ils sachent les attirer et surtout les fidéliser. Il faudrait également qu’ils puissent mieux protéger la propriété intellectuelle des logiciels qu’ils développent eux-mêmes, et pour lesquels ils ont mobilisé des ressources humaines et financières. Or, en France, la protection d’un logiciel se fait par le droit d’auteur et non par le droit des brevets. Ce qui limite la possibilité, pour un établissement, de capitaliser sur ses travaux… et peut donc freiner son investissement dans ce type de technologies. Pourtant, celui-ci est essentiel pour que les outils algorithmiques et autres solutions d’intelligence artificielle soient véritablement en adéquation avec les problématiques sur le terrain !
Le principe est simple : une dizaine de questions en ligne, avec une interface ergonomique pour rendre les réponses les plus instinctives possibles. Ce questionnaire permet de récupérer des données relatives à la douleur elle-même (localisation, fréquence, …) et aux raisons qui amènent le patient à consulter (douleur chronique, gêne pour se chausser, …). Algopied traite toutes ces données et fournit au patient une information capitale : quel professionnel de santé il doit consulter, entre le podologue, le rhumatologue ou le chirurgien orthopédique. La version bêta a été testée à l’été 2019, et un pilote devra être initié dès le début de l’année 2020 : les patients qui appelleront pour une consultation seront informés de l’existence d’Algopied et de la possibilité d’obtenir plus rapidement un rendez-vous en passant par l’algorithme. Un numéro leur sera en effet attribué à l’issue du questionnaire, ce qui leur permettra de bénéficier de plages horaires réservées. Les professionnels de santé auront, eux, accès aux réponses du patient pour pouvoir mieux préparer la consultation – mais aussi pour bénéficier d’une traçabilité du processus d’orientation, notamment à des fins médico-légales.
Quelles seront les prochaines étapes ?
Avant la généralisation de l’outil aux autres chirurgiens orthopédistes, ou sa diffusion à d’autres spécialités et d’autres établissements, il nous faudra d’abord évaluer son efficacité et la pertinence des questions posées. Nous pourrons alors identifier d’éventuelles failles, par exemple si Algopied est détourné pour obtenir un rendez-vous de consultation chirurgicale alors que celui-ci n’est pas justifié. Il nous semble également essentiel de l’évaluer d’un point de vue médico-économique, afin de quantifier les économies potentielles. Sur un autre registre, nous souhaiterions, à terme, que le document généré par Algopied et recensant les réponses du patient, soit automatiquement injecté dans notre Dossier Médical Informatisé, dans l’idéal sous un format structuré. Nous pouvons également envisager d’élargir Algopied au parcours postopératoire, avec un système de questions/réponses personnalisées et la genèse d’alertes en cas de symptômes potentiellement inquiétants.
Le recours à de telles technologies est encore relativement récent dans les établissements de santé. Quels écueils avez-vous identifié ?
Les technologies algorithmiques et, plus globalement, l’intelligence artificielle, ont assurément un rôle à jouer dans les prises en charge de demain. Mais il faudrait, pour cela, que les établissements de santé disposent de compétences informatiques spécialisées en interne, qu’ils sachent les attirer et surtout les fidéliser. Il faudrait également qu’ils puissent mieux protéger la propriété intellectuelle des logiciels qu’ils développent eux-mêmes, et pour lesquels ils ont mobilisé des ressources humaines et financières. Or, en France, la protection d’un logiciel se fait par le droit d’auteur et non par le droit des brevets. Ce qui limite la possibilité, pour un établissement, de capitaliser sur ses travaux… et peut donc freiner son investissement dans ce type de technologies. Pourtant, celui-ci est essentiel pour que les outils algorithmiques et autres solutions d’intelligence artificielle soient véritablement en adéquation avec les problématiques sur le terrain !
Trois Questions à Anne Fabrègue, Directrice Générale du GHDCSS
Pouvez-vous nous présenter rapidement le Groupe Hospitalier ?
Anne Fabrègue : Cet Établissement de Santé Privé d’Intérêt Collectif (ESPIC) est très bien implanté dans l’Est parisien. Tous nos médecins sont salariés, nous ne pratiquons aucun dépassement d’honoraires et proposons de nombreuses spécialités médicales. Certains de nos services comptent d’ailleurs parmi les plus reconnus en France, notamment en chirurgie orthopédique, digestive, gynécologique et mammaire, en médecine interne, oncologie, maternité, soins palliatifs, urgences,… Nous sommes un établissement à la fois à taille humaine et à forte dimension technique, puisque nous avons très tôt intégré la robotique chirurgicale et commençons par exemple déjà à travailler sur l’intelligence artificielle.
Quels sont vos principaux atouts ?
Depuis notre création, nous cultivons des valeurs humaines fortes, associées à une prise en charge de pointe. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’être considérés par nos patients comme un hôpital où la prise en charge est techniquement et humainement de grande qualité, car pour nous l’un ne peut aller sans l’autre. Notre gouvernance, privée mais non lucrative, nous donne également l’agilité et la souplesse nécessaires pour développer des offres de soins nouvelles : par exemple, nous mettons en place des filières pluridisciplinaires, faisant intervenir ensemble des médecins, des chirurgiens, des radiologues et des biologistes, parce que nos professionnels savent et veulent travailler ensemble. Ces coopérations étroites dépassent d’ailleurs les murs de notre établissement pour associer les partenaires privilégiés que sont nos maisons mères, et d’autres ESPIC du territoire.
Comment se positionne votre établissement en matière de e-santé ?
Développement de la téléradiologie, sécurisation des informations médicales, traitement personnalisé des données, intégration de l’intelligence artificielle, … Nos projets, actuels et à venir, sont nombreux sur le versant de la e-santé ! Nous faisons par exemple partie des établissements ayant eu la validation des Archives de Paris pour détruire nos dossiers papier après numérisation, et pourrons ainsi passer au 100% numérique dès 2020. Nous développons également un portail patient informatisé, qui permettra à chacun de gérer son parcours de soin chez nous (prise de RDV, consultations, hospitalisation) de façon beaucoup plus intuitive. Des bornes digitales seront d’ailleurs à terme installées pour fluidifier les admissions et les passages en caisse, pour ceux qui le souhaitent. Nous travaillons en outre avec de plus en plus de centres de santé des villes avoisinantes, pour traiter leurs données biologiques via le laboratoire hébergé dans nos murs, ou leurs images radio via notre service d’imagerie médicale – une organisation qui a nécessité la mise en place de réseaux informatiques sécurisés et puissants. Enfin, nous sommes partie prenante de plusieurs grands projets visant à développer de nouvelles techniques de soins à travers l’intégration de l’intelligence artificielle, afin de gagner en précision et en fiabilité dans nos approches thérapeutiques.
Pouvez-vous nous présenter rapidement le Groupe Hospitalier ?
Anne Fabrègue : Cet Établissement de Santé Privé d’Intérêt Collectif (ESPIC) est très bien implanté dans l’Est parisien. Tous nos médecins sont salariés, nous ne pratiquons aucun dépassement d’honoraires et proposons de nombreuses spécialités médicales. Certains de nos services comptent d’ailleurs parmi les plus reconnus en France, notamment en chirurgie orthopédique, digestive, gynécologique et mammaire, en médecine interne, oncologie, maternité, soins palliatifs, urgences,… Nous sommes un établissement à la fois à taille humaine et à forte dimension technique, puisque nous avons très tôt intégré la robotique chirurgicale et commençons par exemple déjà à travailler sur l’intelligence artificielle.
Quels sont vos principaux atouts ?
Depuis notre création, nous cultivons des valeurs humaines fortes, associées à une prise en charge de pointe. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’être considérés par nos patients comme un hôpital où la prise en charge est techniquement et humainement de grande qualité, car pour nous l’un ne peut aller sans l’autre. Notre gouvernance, privée mais non lucrative, nous donne également l’agilité et la souplesse nécessaires pour développer des offres de soins nouvelles : par exemple, nous mettons en place des filières pluridisciplinaires, faisant intervenir ensemble des médecins, des chirurgiens, des radiologues et des biologistes, parce que nos professionnels savent et veulent travailler ensemble. Ces coopérations étroites dépassent d’ailleurs les murs de notre établissement pour associer les partenaires privilégiés que sont nos maisons mères, et d’autres ESPIC du territoire.
Comment se positionne votre établissement en matière de e-santé ?
Développement de la téléradiologie, sécurisation des informations médicales, traitement personnalisé des données, intégration de l’intelligence artificielle, … Nos projets, actuels et à venir, sont nombreux sur le versant de la e-santé ! Nous faisons par exemple partie des établissements ayant eu la validation des Archives de Paris pour détruire nos dossiers papier après numérisation, et pourrons ainsi passer au 100% numérique dès 2020. Nous développons également un portail patient informatisé, qui permettra à chacun de gérer son parcours de soin chez nous (prise de RDV, consultations, hospitalisation) de façon beaucoup plus intuitive. Des bornes digitales seront d’ailleurs à terme installées pour fluidifier les admissions et les passages en caisse, pour ceux qui le souhaitent. Nous travaillons en outre avec de plus en plus de centres de santé des villes avoisinantes, pour traiter leurs données biologiques via le laboratoire hébergé dans nos murs, ou leurs images radio via notre service d’imagerie médicale – une organisation qui a nécessité la mise en place de réseaux informatiques sécurisés et puissants. Enfin, nous sommes partie prenante de plusieurs grands projets visant à développer de nouvelles techniques de soins à travers l’intégration de l’intelligence artificielle, afin de gagner en précision et en fiabilité dans nos approches thérapeutiques.
L’étude PERSÉE, un projet innovant de recherche en chirurgie urologique
Autre projet marquant du GHDCSS, l’étude PERSÉE, qui évalue actuellement une technologie dont les développements futurs, couplés à la robotique et l’intelligence artificielle, pourraient indiquer en temps réel au chirurgien si le geste qu’il réalise est optimal. Explications du Docteur Alexandre Colau, chirurgien urologue : « La chirurgie du cancer de la prostate est complexe : il faut passer au plus près de la prostate pour optimiser les chances de guérison du patient, mais aussi préserver les fonctions de continence et d’érection. La décision d’augmenter les marges chirurgicales peut parfois être aisée à prendre, sur la base de critères pronostiques connus. Mais les situations intermédiaires, plus floues, sont fréquentes. La décision ultime du chirurgien au moment de l’intervention repose ici sur son expérience, et peut mettre à profit l’examen de données objectives issues de l’imagerie. L’étude Persée vise justement à évaluer la faisabilité per-opératoire de la captation d’images et de leur interprétation en direct ».
Il s’agit, plus concrètement, de recourir à une nouvelle technique microscopique confocale, mise au point par Mauna Kea, pour transmettre les images des marges de la prostate au service d’anatomopathologie, qui les analyse en temps réel afin de guider le geste chirurgical. Six patients en ont bénéficié à ce jour. « L’étude devrait concerner une cinquantaine de patients afin de valider la première étape, qui porte donc sur la faisabilité in vivo. Les bénéfices cliniques et fonctionnels, notamment en termes de récupération de la continence urinaire et du recouvrement de la fonction érectile, seront évalués dans un second temps. Toujours est-il que cette approche est doublement innovante : sur le plan technique, bien sûr, mais aussi au niveau organisationnel, puisqu’il faut une coordination étroite entre le chirurgien urologue et un pathologiste formé à la sémiologie des images – notre équipe avait d’ailleurs constitué, en amont, un atlas de sémiologie. L’intelligence artificielle pourrait avoir ici un rôle à jouer, en automatisant l’analyse des images et la reconnaissance des cellules tumorales. Il serait alors possible de ne recourir aux anatomopathologistes que pour les cas complexes », conclut le Dr Colau.
Financement : cette étude est financée par BPI France et la société Mauna Kea Technologies - #I0911038W dans le cadre du projet PERSÉE
Autre projet marquant du GHDCSS, l’étude PERSÉE, qui évalue actuellement une technologie dont les développements futurs, couplés à la robotique et l’intelligence artificielle, pourraient indiquer en temps réel au chirurgien si le geste qu’il réalise est optimal. Explications du Docteur Alexandre Colau, chirurgien urologue : « La chirurgie du cancer de la prostate est complexe : il faut passer au plus près de la prostate pour optimiser les chances de guérison du patient, mais aussi préserver les fonctions de continence et d’érection. La décision d’augmenter les marges chirurgicales peut parfois être aisée à prendre, sur la base de critères pronostiques connus. Mais les situations intermédiaires, plus floues, sont fréquentes. La décision ultime du chirurgien au moment de l’intervention repose ici sur son expérience, et peut mettre à profit l’examen de données objectives issues de l’imagerie. L’étude Persée vise justement à évaluer la faisabilité per-opératoire de la captation d’images et de leur interprétation en direct ».
Il s’agit, plus concrètement, de recourir à une nouvelle technique microscopique confocale, mise au point par Mauna Kea, pour transmettre les images des marges de la prostate au service d’anatomopathologie, qui les analyse en temps réel afin de guider le geste chirurgical. Six patients en ont bénéficié à ce jour. « L’étude devrait concerner une cinquantaine de patients afin de valider la première étape, qui porte donc sur la faisabilité in vivo. Les bénéfices cliniques et fonctionnels, notamment en termes de récupération de la continence urinaire et du recouvrement de la fonction érectile, seront évalués dans un second temps. Toujours est-il que cette approche est doublement innovante : sur le plan technique, bien sûr, mais aussi au niveau organisationnel, puisqu’il faut une coordination étroite entre le chirurgien urologue et un pathologiste formé à la sémiologie des images – notre équipe avait d’ailleurs constitué, en amont, un atlas de sémiologie. L’intelligence artificielle pourrait avoir ici un rôle à jouer, en automatisant l’analyse des images et la reconnaissance des cellules tumorales. Il serait alors possible de ne recourir aux anatomopathologistes que pour les cas complexes », conclut le Dr Colau.
Financement : cette étude est financée par BPI France et la société Mauna Kea Technologies - #I0911038W dans le cadre du projet PERSÉE