Concerto a vu le jour en 2016, à l’issue du premier hackathon auquel ont participé les HUG. Pourriez-vous nous conter sa naissance ?
Helena Bornet dit Vorgeat : Cette toute première participation à un hackathon a été l’élément déclencheur pour lancer notre désormais traditionnel hackathon annuel, et avait lancé le challenge : comment améliorer le vécu des patients au cours de leur hospitalisation ? C’est de cette réflexion qu’est issue Concerto, qui entend à la fois rendre le patient acteur de son parcours de soins et améliorer ses échanges avec les professionnels médico-soignants. La première génération de l’application était uniquement destinée aux patients hospitalisés et exclusivement mise à leur disposition sur des tablettes institutionnelles, mais cette organisation a rapidement montré ses limites. Non seulement nous devions disposer d’un parc suffisant de tablettes – et de modèles désinfectables –, mais il nous fallait en outre systématiquement désinstaller et réinstaller Concerto entre deux patients pour assurer la sécurité et la confidentialité des données. En 2019, nous avons donc lancé une nouvelle version de la plateforme. Couvrant, cette fois-ci, le parcours patient dans sa totalité – avant, pendant et après l’hospitalisation –, elle est en outre directement disponible sur le Smartphone, la tablette ou l’ordinateur du patient via un mécanisme d’authentification forte, et propose un accès direct à notre système d’information hospitalier (SIH).
Il s’agissait alors d’une première européenne…
Helena Bornet dit Vorgeat : C’était effectivement la première fois qu’un établissement de santé donnait aux patientes et aux patients des possibilités de lecture et d’écriture au sein de son SIH ! Ceux-ci se sont d’ailleurs rapidement saisis de cette opportunité. La fonctionnalité la plus utilisée aujourd’hui est ainsi celle offrant une visibilité sur l’agenda de soins, suivie par celle permettant de visualiser son équipe médico-soignante – et donc de mieux savoir qui sont les « blouses blanches » croisées au cours du séjour hospitalier. En troisième position se trouvent les atlas médicaux vulgarisés, utilisés à des fins d’éducation thérapeutique, et en quatrième place la possibilité de choisir son menu de manière ludique et interactive. Nous qualifions d’ailleurs cette dernière fonctionnalité de « killer fonction », car elle constitue une porte d’entrée majeure dans Concerto et favorise l’adhésion à la plateforme aussi bien par la patientèle que les professionnels.
Vous décrivez Concerto comme une plateforme d’innovation numérique. Pourquoi ce choix terminologique ?
Helena Bornet dit Vorgeat : Car, outre sa dimension avant-gardiste, Concerto est innovante à bien des égards ! Sur le plan technique d’abord, avec une architecture modulaire en micro-services optimisant l’interopérabilité des systèmes et le développement rapide de nouveaux applicatifs. Mais aussi culturellement par sa démarche participative, renforçant ainsi la capacité d’innovation de toutes les parties prenantes et leur adaptation au changement. Cette initiative représente donc, à mon sens, une avancée significative dans la digitalisation des soins en santé.
Antoine Berger : Le développement de Concerto, dans sa version actuelle disponible depuis 2019, a d’ailleurs constitué un réel bond en avant technologique. Le SIH des Hôpitaux Universitaires de Genève a en effet été entièrement créé en interne il y a plus de 35 ans. Ce qui était déjà, en soi, particulièrement avant-gardiste. Mais son architecture est très classique, avec un empilement de briques et de fonctionnalités. En choisissant de développer Concerto sur une base en micro-services, les équipes informatiques ont réinventé l’architecture technique pour pouvoir exploiter la plateforme dans les autres applicatifs institutionnels. Concerto a donc permis de faire évoluer le socle technique historique de notre dossier patient informatisé, ce qui était un réel tour de force ! Nous avons, depuis, capitalisé sur ces travaux, puisqu’une seconde plateforme, pour sa part destinée aux professionnels de santé externes, a été développée sur cette même architecture en micro-services.
Helena Bornet dit Vorgeat : Cette toute première participation à un hackathon a été l’élément déclencheur pour lancer notre désormais traditionnel hackathon annuel, et avait lancé le challenge : comment améliorer le vécu des patients au cours de leur hospitalisation ? C’est de cette réflexion qu’est issue Concerto, qui entend à la fois rendre le patient acteur de son parcours de soins et améliorer ses échanges avec les professionnels médico-soignants. La première génération de l’application était uniquement destinée aux patients hospitalisés et exclusivement mise à leur disposition sur des tablettes institutionnelles, mais cette organisation a rapidement montré ses limites. Non seulement nous devions disposer d’un parc suffisant de tablettes – et de modèles désinfectables –, mais il nous fallait en outre systématiquement désinstaller et réinstaller Concerto entre deux patients pour assurer la sécurité et la confidentialité des données. En 2019, nous avons donc lancé une nouvelle version de la plateforme. Couvrant, cette fois-ci, le parcours patient dans sa totalité – avant, pendant et après l’hospitalisation –, elle est en outre directement disponible sur le Smartphone, la tablette ou l’ordinateur du patient via un mécanisme d’authentification forte, et propose un accès direct à notre système d’information hospitalier (SIH).
Il s’agissait alors d’une première européenne…
Helena Bornet dit Vorgeat : C’était effectivement la première fois qu’un établissement de santé donnait aux patientes et aux patients des possibilités de lecture et d’écriture au sein de son SIH ! Ceux-ci se sont d’ailleurs rapidement saisis de cette opportunité. La fonctionnalité la plus utilisée aujourd’hui est ainsi celle offrant une visibilité sur l’agenda de soins, suivie par celle permettant de visualiser son équipe médico-soignante – et donc de mieux savoir qui sont les « blouses blanches » croisées au cours du séjour hospitalier. En troisième position se trouvent les atlas médicaux vulgarisés, utilisés à des fins d’éducation thérapeutique, et en quatrième place la possibilité de choisir son menu de manière ludique et interactive. Nous qualifions d’ailleurs cette dernière fonctionnalité de « killer fonction », car elle constitue une porte d’entrée majeure dans Concerto et favorise l’adhésion à la plateforme aussi bien par la patientèle que les professionnels.
Vous décrivez Concerto comme une plateforme d’innovation numérique. Pourquoi ce choix terminologique ?
Helena Bornet dit Vorgeat : Car, outre sa dimension avant-gardiste, Concerto est innovante à bien des égards ! Sur le plan technique d’abord, avec une architecture modulaire en micro-services optimisant l’interopérabilité des systèmes et le développement rapide de nouveaux applicatifs. Mais aussi culturellement par sa démarche participative, renforçant ainsi la capacité d’innovation de toutes les parties prenantes et leur adaptation au changement. Cette initiative représente donc, à mon sens, une avancée significative dans la digitalisation des soins en santé.
Antoine Berger : Le développement de Concerto, dans sa version actuelle disponible depuis 2019, a d’ailleurs constitué un réel bond en avant technologique. Le SIH des Hôpitaux Universitaires de Genève a en effet été entièrement créé en interne il y a plus de 35 ans. Ce qui était déjà, en soi, particulièrement avant-gardiste. Mais son architecture est très classique, avec un empilement de briques et de fonctionnalités. En choisissant de développer Concerto sur une base en micro-services, les équipes informatiques ont réinventé l’architecture technique pour pouvoir exploiter la plateforme dans les autres applicatifs institutionnels. Concerto a donc permis de faire évoluer le socle technique historique de notre dossier patient informatisé, ce qui était un réel tour de force ! Nous avons, depuis, capitalisé sur ces travaux, puisqu’une seconde plateforme, pour sa part destinée aux professionnels de santé externes, a été développée sur cette même architecture en micro-services.
Vous évoquiez également la démarche participative au cœur de Concerto. Pourriez-vous nous en parler ?
Helena Bornet dit Vorgeat : Il s’agit en effet d’une dimension centrale. Concerto favorise la participation des professionnels de santé à la digitalisation des parcours de soins, en leur permettant d’être force de proposition en fonction des besoins et des axes d’amélioration identifiés sur le terrain. Par exemple, les pharmaciens et les professionnels des unités de soins ont exprimé le souhait de pouvoir expliciter les traitements distribués au sein de l’établissement, pour à la fois augmenter le niveau de littéracie des patients et renforcer l’adhésion médicamenteuse. Une « carte des traitements » est donc disponible dans Concerto depuis septembre 2023, et elle s’est rapidement imposée dans le top 5 des fonctionnalités les plus utilisées. Les patients ne sont bien sûr pas en reste : les HUG disposent d’une plateforme de patients partenaires, à travers laquelle les usagers peuvent suggérer de nouvelles fonctionnalités ou services – nous avons ainsi reçu plus de 400 propositions en un an seulement !
Vous l’aviez souligné, l’architecture en micro-services permet justement de faire évoluer Concerto rapidement et à moindre coût. Quelles sont les dernières fonctionnalités proposées ?
Antoine Berger : Début septembre 2024, nous avons dévoilé « le Petit Poucet », un service visant à faciliter la navigation interne au sein des HUG qui, rappelons-le, totalisent 420 000 m2, avec neuf bâtiments sur le site principal et plusieurs sites annexes. Désormais, il suffit au patient de scanner le QR code reçu avec sa convocation pour accéder à une carte interactive, tracer des itinéraires ou partager la localisation de sa chambre avec ses proches. Nous lancerons en outre, dans les prochaines semaines, un service dit de « Parcours chirurgical » pour mieux comprendre les différentes séquences, connaître les examens complémentaires à réaliser, anticiper la rééducation, etc. Nous travaillons également sur une fonctionnalité qui permettra de visualiser le temps d’attentes aux urgences des HUG et dans les autres urgences hospitalières genevoises, pour une meilleure répartition des flux, ainsi que sur une mise en visibilité des résultats de laboratoire et d’imagerie ; en somme, de nombreuses fonctionnalités verront encore le jour dans les prochains mois.
Helena Bornet dit Vorgeat : Sans oublier le développement en cours de deux autres fonctionnalités majeures, que je qualifierais aussi de « killer fonctions » pour les patients et les professionnels de santé, dans le sens où elles contribueront à renforcer encore l’adhésion à Concerto. D’une part, les questionnaires patients de mesure des résultats de soins (PROMs), des échelles cliniques et expérientielles autocomplétées par le patient tout au long de son parcours. Ces informations seront directement encodées dans le DPI et croisées avec nos propres données pour affiner le suivi médico-soignant et améliorer la qualité des prises en charge. Et d’autre part, une fonctionnalité permettant au patient de compléter son anamnèse calmement et à partir de son domicile, avec ses habitudes de vie, ses allergies, son historique vaccinal, ses antécédents, etc. Un tel service fait écho aux deux objectifs premiers de Concerto en tirant pleinement profit des apports du numérique, qui devient alors un outil mis au service du colloque singulier et favorisant l’autonomisation du patient.
Helena Bornet dit Vorgeat : Il s’agit en effet d’une dimension centrale. Concerto favorise la participation des professionnels de santé à la digitalisation des parcours de soins, en leur permettant d’être force de proposition en fonction des besoins et des axes d’amélioration identifiés sur le terrain. Par exemple, les pharmaciens et les professionnels des unités de soins ont exprimé le souhait de pouvoir expliciter les traitements distribués au sein de l’établissement, pour à la fois augmenter le niveau de littéracie des patients et renforcer l’adhésion médicamenteuse. Une « carte des traitements » est donc disponible dans Concerto depuis septembre 2023, et elle s’est rapidement imposée dans le top 5 des fonctionnalités les plus utilisées. Les patients ne sont bien sûr pas en reste : les HUG disposent d’une plateforme de patients partenaires, à travers laquelle les usagers peuvent suggérer de nouvelles fonctionnalités ou services – nous avons ainsi reçu plus de 400 propositions en un an seulement !
Vous l’aviez souligné, l’architecture en micro-services permet justement de faire évoluer Concerto rapidement et à moindre coût. Quelles sont les dernières fonctionnalités proposées ?
Antoine Berger : Début septembre 2024, nous avons dévoilé « le Petit Poucet », un service visant à faciliter la navigation interne au sein des HUG qui, rappelons-le, totalisent 420 000 m2, avec neuf bâtiments sur le site principal et plusieurs sites annexes. Désormais, il suffit au patient de scanner le QR code reçu avec sa convocation pour accéder à une carte interactive, tracer des itinéraires ou partager la localisation de sa chambre avec ses proches. Nous lancerons en outre, dans les prochaines semaines, un service dit de « Parcours chirurgical » pour mieux comprendre les différentes séquences, connaître les examens complémentaires à réaliser, anticiper la rééducation, etc. Nous travaillons également sur une fonctionnalité qui permettra de visualiser le temps d’attentes aux urgences des HUG et dans les autres urgences hospitalières genevoises, pour une meilleure répartition des flux, ainsi que sur une mise en visibilité des résultats de laboratoire et d’imagerie ; en somme, de nombreuses fonctionnalités verront encore le jour dans les prochains mois.
Helena Bornet dit Vorgeat : Sans oublier le développement en cours de deux autres fonctionnalités majeures, que je qualifierais aussi de « killer fonctions » pour les patients et les professionnels de santé, dans le sens où elles contribueront à renforcer encore l’adhésion à Concerto. D’une part, les questionnaires patients de mesure des résultats de soins (PROMs), des échelles cliniques et expérientielles autocomplétées par le patient tout au long de son parcours. Ces informations seront directement encodées dans le DPI et croisées avec nos propres données pour affiner le suivi médico-soignant et améliorer la qualité des prises en charge. Et d’autre part, une fonctionnalité permettant au patient de compléter son anamnèse calmement et à partir de son domicile, avec ses habitudes de vie, ses allergies, son historique vaccinal, ses antécédents, etc. Un tel service fait écho aux deux objectifs premiers de Concerto en tirant pleinement profit des apports du numérique, qui devient alors un outil mis au service du colloque singulier et favorisant l’autonomisation du patient.
Comment confirmez-vous l’adéquation des nouvelles fonctionnalités avec les attentes des utilisateurs ?
Antoine Berger : Ceux-ci sont associés dès les premières étapes du processus de développement, pour la création et la validation des maquettes. Chaque nouveau service est ensuite directement testé auprès des patients présents au sein de l’établissement : les développeurs montent dans les chambres pour observer la manière dont une fonctionnalité est utilisée et évaluer son adoption, ce qui est plutôt atypique dans le monde du développement informatique. Nous ne nous en tenons donc pas uniquement à la réalisation de ce qui est demandé, nous testons nous-mêmes le résultat sur le terrain ce qui nous permet, d’ailleurs, de mieux cerner les usages des patients et de mettre ces enseignements à profit pour les développements suivants.
Helena Bornet dit Vorgeat : En tout état de cause, Concerto nous montre que les patients ont une réelle appétence pour le numérique. Pendant la crise Covid, nous avions mené deux enquêtes auprès des patients hospitalisés et avions constaté que plus de 87 % d’entre eux disposaient d’outils compatibles avec Concerto. Bien sûr, nous n’ignorons pas les 13 % restants : nous continuons de maintenir une version dégressive – au format papier – de chaque fonctionnalité proposée à travers la plateforme, et tenons plus de 150 tablettes numériques à disposition des patients non équipés. Toujours est-il que les usagers des HUG se sont aujourd’hui pleinement saisis de Concerto, et qu’ils perçoivent la plateforme comme un environnement qui leur appartient – c’est pour cette même raison que sa charte graphique a été différenciée de celle des HUG. Les derniers chiffres sont d’ailleurs éloquents : en deux ans, depuis le mois d’août 2022, Concerto a accueilli plus de 2 millions de visiteurs uniques et a totalisé plus de 140 000 connexions ! C’est le fruit du travail de plus d’une dizaine de professionnels passionnés et engagés pour l’engagement et le partenariat avec les patients.
> Article paru dans Hospitalia #66, édition de septembre 2024, à lire ici
Antoine Berger : Ceux-ci sont associés dès les premières étapes du processus de développement, pour la création et la validation des maquettes. Chaque nouveau service est ensuite directement testé auprès des patients présents au sein de l’établissement : les développeurs montent dans les chambres pour observer la manière dont une fonctionnalité est utilisée et évaluer son adoption, ce qui est plutôt atypique dans le monde du développement informatique. Nous ne nous en tenons donc pas uniquement à la réalisation de ce qui est demandé, nous testons nous-mêmes le résultat sur le terrain ce qui nous permet, d’ailleurs, de mieux cerner les usages des patients et de mettre ces enseignements à profit pour les développements suivants.
Helena Bornet dit Vorgeat : En tout état de cause, Concerto nous montre que les patients ont une réelle appétence pour le numérique. Pendant la crise Covid, nous avions mené deux enquêtes auprès des patients hospitalisés et avions constaté que plus de 87 % d’entre eux disposaient d’outils compatibles avec Concerto. Bien sûr, nous n’ignorons pas les 13 % restants : nous continuons de maintenir une version dégressive – au format papier – de chaque fonctionnalité proposée à travers la plateforme, et tenons plus de 150 tablettes numériques à disposition des patients non équipés. Toujours est-il que les usagers des HUG se sont aujourd’hui pleinement saisis de Concerto, et qu’ils perçoivent la plateforme comme un environnement qui leur appartient – c’est pour cette même raison que sa charte graphique a été différenciée de celle des HUG. Les derniers chiffres sont d’ailleurs éloquents : en deux ans, depuis le mois d’août 2022, Concerto a accueilli plus de 2 millions de visiteurs uniques et a totalisé plus de 140 000 connexions ! C’est le fruit du travail de plus d’une dizaine de professionnels passionnés et engagés pour l’engagement et le partenariat avec les patients.
> Article paru dans Hospitalia #66, édition de septembre 2024, à lire ici