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ARTLH : « L’innovation, la RSE et la collaboration sont des enjeux majeurs pour l’hôpital »


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 18 Décembre 2024 à 08:52 | Lu 343 fois


Réunissant les professionnels de la logistique hospitalière, l’Association nationale des responsables des transports et de la logistique à l’hôpital (ARTLH) offre tout un service de mise en réseau et de formation pour ce métier indispensable à l’hôpital. Le point avec Lionel Wack, responsable des fonctions logistiques au Centre hospitalier de Saint-Quentin et président de cette association comptant des adhérents dans plus de 150 centres hospitaliers.



ARTLH : « L’innovation, la RSE et la collaboration sont des enjeux majeurs pour l’hôpital »
Quelles sont les missions de l’ARTLH ? 

Lionel Wack : Créée en 1986 à Nancy, par des responsables du transport souhaitant développer un réseau d’échanges autour de leurs pratiques, l’ARTLH se dénommait au départ ARTH, pour Association nationale des responsables des transports à l’hôpital. Elle s’est ensuite peu à peu ouverte à la logistique hospitalière, tout en gardant sa vocation initiale, celle de réunir les professionnels du secteur pour favoriser les échanges. Ainsi, chaque année, l’ARTLH organise des Journées d’études et de formation qui font la part belle au retour d’expériences sur des avancées concrètes. De la même manière, tout au long de l’année, elle permet aux responsables d’avoir accès à son réseau et, s’ils en font la demande, à un accompagnement pour la conduite de projets, qu’il s’agisse d’une construction d’un cahier des charges, ou d’une adaptation de l'approche technique, humaine ou organisationnelle. Le plus souvent réalisé en distanciel – bien qu’il soit également possible en présentiel –, cet appui est un réel atout pour les établissements et les professionnels concernés, qui ont parfois besoin d’une expertise et d’un regard extérieur pour trouver une solution et avancer dans la bonne direction. 

L’ARTLH propose également des formations…

L’association est effectivement aussi un centre de formation, certifié Qualiopi. Six formations métier sont aujourd’hui à notre catalogue, et trois autres devraient s’y ajouter prochainement. Nous travaillons ici avec l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP) et le Réseau des acheteurs hospitaliers (Resah) pour créer des modules répondant aux attentes actuelles. C’est notamment le cas de la logistique d’étage qui devrait, par exemple, être traitée à travers cette nouvelle offre. Ceci dit, cela fait déjà plusieurs années que l’ARTLH s’intéresse à cette pratique, qui permet de réduire, voire de supprimer, des tâches logistiques jusque-là dévolues aux soignants. 

Vous avez évoqué les Journées d’études et de formation de l’ARTLH. Pourriez-vous nous donner plus de détails ?

Tous les ans, pendant le mois de mai ou de juin, nous organisons un événement de deux jours, proposant plusieurs tables rondes et sessions techniques autour d’une thématique centrale. Ces échanges sont adossés à un salon de prestataires accueillant nos partenaires industriels, pour assurer une veille technologique et permettre à nos collègues et confrères de découvrir de nouvelles solutions. Et, pour que nous puissions toucher tous les hospitaliers au fil des années, ces journées sont itinérantes. En 2024, nous étions par exemple à Béziers, en 2025 nous serons à Nancy, et en 2026 nous nous arrêtons dans le Centre-Val de Loire. 

En 2024, la thématique des journées de Béziers était « Optimiser la santé de demain : les enjeux de la logistique hospitalière à l’ère de l’innovation, de la RSE et de la collaboration ». Pourquoi avoir retenu ces sujets ? 

Parce que ces trois dimensions que sont l’innovation, la RSE et la collaboration, sont des enjeux majeurs pour l’hôpital. La politique RSE, par exemple, a un impact fort sur les pratiques. Les établissements sanitaires doivent s’adapter, et sont déjà d’ailleurs parfois en retard sur certaines exigences, comme la gestion des déchets alimentaires, car, en vertu de la loi « Anti-gaspillage pour une économie circulaire » (AGEC) de 2020, le tri des biodéchets devrait s’être généralisé depuis le 1er janvier 2024, pour les professionnels comme les particuliers. Au niveau des ambulances, la mutualisation des transports sanitaires, votée dans le cadre de la LFSS 2024, a également eu un impact important sur les établissements de santé, particulièrement les CHU qui possèdent des flottes intégrées. Cette évolution impose de revoir certaines modalités de régulation des demandes de transport sanitaire. L’ARTLH travaille bien sûr sur le sujet : Olivier Pinguet, membre de l’association et technicien supérieur au service Transport patient du CHU Dijon Bourgogne, participe à plusieurs groupes de travail avec l’Anap autour de cette problématique, qui nécessite une meilleure gestion des flottes, mais aussi – et cela vaut également pour les établissements dont les flottes sont externalisées –, une meilleure coordination avec les ambulanciers et les transporteurs sanitaires. 

L’innovation est un autre enjeu identifié dans le cadre des journées d’étude 2024. Quels champs ont été plus spécifiquement abordés ? 

Les interventions étaient, cette année, très marquées par la robotique, ou du moins par le recours à la machine pour remplacer l'humain sur des tâches récurrentes. Un chariot repas sortant d’une cuisine centrale pèse, par exemple, entre 150 et 280 kilos, ce qui n’est pas sans risque pour le soignant qui doit le pousser tous les jours dans les couloirs du service de soins. On peut donc tout à fait imaginer l’emploi de chariots autonomes, accompagnés par le soignant qui délivre les repas. Ce type d’innovation est intéressant pour faciliter la vie de tous à l’hôpital. Et ce sont loin d’être les seules avancées en cours ! Des systèmes automatiques peuvent aussi être déployés pour gérer plus facilement les produits livrés au sein des services.

Ce qui rejoint la thématique de la logistique d’étage… 
Celle-ci vise en effet le même objectif, celui de livrer au plus près des soignants. De nombreux établissements travaillent déjà en ce sens, par exemple en s’équipant de logiciels permettant de connaître les besoins de chaque unité de soins et de gérer les stocks déportés. Nul doute que ces solutions sont encore appelées à évoluer à l’avenir pour mieux prendre en charge les derniers mètres. Les logiciels de brancardage suivront à mon sens une trajectoire similaire, car la finalité est une fois de plus la même : faciliter la vie au quotidien. À cet égard, le brancardage nécessite une réelle expertise pour optimiser le travail et le déplacement des équipes. Tous ces exemples mettent aussi en lumière l’importance de la collaboration interprofessionnelle, qui s’impose donc comme un autre enjeu fort pour l’hôpital de demain. 

Quelle est votre vision à long terme de toutes ces innovations ? 

Je tiens tout d’abord à rappeler que les robots ne feront pas tout ! Et que pour les entretenir, il faudra aussi se doter de techniciens spécialisés. C’est un point parfois négligé dans les services s’équipant d’outils automatisés, alors même que la présence de ces techniciens est indispensable au bon fonctionnement des automates sur le long terme. Au Centre hospitalier de Saint-Quentin, où je suis en poste, la blanchisserie compte par exemple trois techniciens électromécaniciens, chargés de l’entretien et de la maintenance des équipements sur site. Cette présence est primordiale. Certes, les fournisseurs proposent parfois un contrat de suivi, mais se pose ici la question de la sous-traitance, avec tout ce que cela implique : le contrôle des actes effectués, la réactivité en cas de panne…

La logistique et le transport hospitalier peuvent d’ailleurs eux-mêmes être parfois sous-traités…

L’Hôpital a effectivement tout testé ! D’ailleurs, en fonction de la direction d’un établissement, les orientations prises sur le sujet peuvent changer du tout au tout. Beaucoup de structures font des « allers-retours », alors même que ce sont ces revirements qui coûtent le plus cher. À titre personnel, je suis plutôt favorable à la gestion internalisée car il peut y avoir de la productivité au sein de la fonction publique hospitalière. La mise en place d’un véritable management opérationnel peut être ici utile, notamment le recours à des tableaux de bord et des indicateurs indiquant les objectifs de manière concrète, mais aussi les limites à respecter pour ne pas rompre l’équilibre du système. 

Lionel Wack

Après avoir travaillé pendant plusieurs années dans des multinationales privées, Lionel Wack a, en 2002, intégré le CHU de Reims en tant qu’ingénieur responsable des fonctions hôtelières comprenant, entre autres, les repas, le linge, la plate-forme logistique, le magasin, le transport et la gestion des déchets. Après dix années au sein de cet établissement, le Picard décide de revenir chez lui, dans l’Aisne, pour prendre le poste de chef de projet qualité et gestion des risques dans un établissement psychiatrique. En 2013, il rejoint le centre hospitalier de Saint-Quentin pour être ingénieur responsable des fonctions logistiques, avec des missions allant de la gestion des espaces verts à celle du garage, en passant par la blanchisserie, le transport et les fonctions hôtelières. Depuis 2022, Lionel Wack est aussi président de l’ARTLH, une fonction qu’il devrait quitter l’année prochaine, au terme de son mandat. « Arrivant en fin de carrière, j’espère passer la main, même si je resterai adhérent et participerai naturellement à la vie de l’association », confie-t-il. 

> Article paru dans Hospitalia #66, édition de septembre 2024, à lire ici 






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