Que ce soit au travers de la télémédecine, du traitement des données patient ou du développement de l’intelligence artificielle, ces derniers mois ont porté aux yeux de tous les changements majeurs qui sont en train de s’opérer dans le monde médical. D’une importance structurelle pour bon nombre de parcours sanitaires, l’imagerie ne fait pas exception à la règle. « Le numérique change l’hôpital dans sa globalité », déclarait en décembre dernier Jean Olivier Arnaud, directeur général de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM), lors d’une conférence dédiée aux nouveaux paysages de la radiologie*. RGPD, cyber-sécurité, usages, transfert et stockage de données… Toutes ces évolutions transforment l’exercice médical « mais aussi la relation avec le patient, qui devient plus courte et plus directe », poursuit-il.
Vers une hyperspécialisation encore plus forte ?
S’il n’échappe pas à ces changements, le monde de l’imagerie a néanmoins une longueur d’avance. Cela fait en effet plusieurs décennies qu’il bénéficie d’avancées majeures impliquant, de facto, une plus grande diversité des outils mais aussi une plus forte segmentation de l’expertise. « La recherche en médecine et en imagerie connaît une évolution mondiale fascinante, qui conduit à la spécialisation des médecins et paramédicaux », constate le Pr Jean de Kervasdoué, économiste de la santé. Pour lui, l’hyperspécialisation de tous les acteurs du secteur est donc « inéluctable » et pourrait bien s’intensifier.
Ce changement devrait néanmoins s’opérer de façon linaire car, comme le rappelle le Pr Vincent Dousset, chef de service de radiologie et de neuro-imagerie diagnostique et thérapeutique au CHU de Bordeaux, « en termes de technologies, nous n’avons plus affaire à des innovations de rupture mais à des évolutions constantes ». Les premières imposent des changements de pratiques brusques, comme ceux survenus lors de l’invention de l’IRM ou de l’échographie ; l’impact des secondes est plus progressif. L’exemple le plus caractéristique est ici l’intelligence artificielle (IA), déjà utilisée depuis quelques années en imagerie médicale et qui ne cesse de passer des paliers et d’étendre son développement au reste du monde de la santé.
Ce changement devrait néanmoins s’opérer de façon linaire car, comme le rappelle le Pr Vincent Dousset, chef de service de radiologie et de neuro-imagerie diagnostique et thérapeutique au CHU de Bordeaux, « en termes de technologies, nous n’avons plus affaire à des innovations de rupture mais à des évolutions constantes ». Les premières imposent des changements de pratiques brusques, comme ceux survenus lors de l’invention de l’IRM ou de l’échographie ; l’impact des secondes est plus progressif. L’exemple le plus caractéristique est ici l’intelligence artificielle (IA), déjà utilisée depuis quelques années en imagerie médicale et qui ne cesse de passer des paliers et d’étendre son développement au reste du monde de la santé.
L’IA, une avancée technique majeure…
« Il existe trois niveaux d’IA », résume le Pr Frédéric Ricolfi, chef du service de neuroradiologie et d’imagerie des urgences au CHU de Dijon : « le traitement du signal de l’image pour en améliorer la qualité tout en diminuant la dose de rayonnement » ; « le traitement de l’image à des fins d’interprétation diagnostique avec, notamment, le ciblage des anormalités par l’ordinateur » et « le diagnostic en tant que tel, avec l’intégration de toutes les données du patient – biologiques, cliniques, antécédents… – et la production de conseils pour affiner encore la précision du diagnostic ». Toujours en développement, ces applications marqueront assurément le futur de la médecine et ce, partout dans le monde : l’augmentation de la population globale, couplée à la démocratisation des soins dans les pays en développement, devraient en effet jouer un rôle majeur dans la montée en puissance de l’IA, qui pourra ainsi bénéficier d’un volume accru de données. « De plus en plus d’images seront interprétées. En automatisant plusieurs tâches et en augmentant la qualité des images, l’IA jouera un rôle fondamental dans les développements futurs », estime le Pr Vincent Dousset.
… qui ne sera pas la seule
Pourtant, l’IA ne sera certainement pas la seule innovation technologique majeure des prochaines décennies. Depuis plusieurs années déjà, de nouvelles structures et innovations se mettent en place dans nos hôpitaux. Parmi elles, les salles hybrides dont l’essor semble se confirmer et qui pourraient même se développer sous de nouvelles formes, en imaginant de nouvelles hybridations et en y intégrant les progrès de l’IA et de la robotique.
Le déploiement prochain de la 5G sur la majorité du territoire français devrait lui aussi jouer un rôle dans le développement d’une imagerie de nouvelle génération. Ainsi, pour le Pr Vincent Dousset, cette technologie offrira « une meilleure capacité de flux d’images envoyés à grande vitesse », ce qui devrait bénéficier au développement de la télé-radiologie, en particulier dans les régions confrontées à des problématiques de démographie médicale. « Plus rapides et plus fluides, ces transferts de données pourront, par exemple, aider à la création de plateforme décentralisées », indique ainsi le Pr Frédéric Ricolfi.
Le déploiement prochain de la 5G sur la majorité du territoire français devrait lui aussi jouer un rôle dans le développement d’une imagerie de nouvelle génération. Ainsi, pour le Pr Vincent Dousset, cette technologie offrira « une meilleure capacité de flux d’images envoyés à grande vitesse », ce qui devrait bénéficier au développement de la télé-radiologie, en particulier dans les régions confrontées à des problématiques de démographie médicale. « Plus rapides et plus fluides, ces transferts de données pourront, par exemple, aider à la création de plateforme décentralisées », indique ainsi le Pr Frédéric Ricolfi.
L’innovation passe aussi par l’organisation
Outre ces avancées techniques qui ne seront pas sans impacts sur le futur de l’imagerie, d’autres types d’innovations se mettent également en place. On pourrait ainsi citer le programme Imagerie Avenir Marseille/AP-HM, un projet unique en Europe qui prévoit la délégation du parc des équipements de radiologie et de médecine nucléaire à des partenaires retenus pour une période de douze ans, à travers des contrats de location-maintenance.
À l’image de cette nouvelle approche, plusieurs établissements de santé ont d’ailleurs repensé l’articulation de leurs services de radiologie avec le parcours patient, en créant des services dédiés aux urgences. « La structure autonome est plus pratique. Elle permet d’organiser la prise en charge des urgences sans avoir à déplacer les rendez-vous programmés », explique le Pr Frédéric Ricolfi, mettant l’accent sur la nouvelle fluidité du parcours patient. Un enjeu primordial dans la construction de l’hôpital de demain, qui révèle un constat partagé de tous : l’évolution du monde de l’imagerie est structurelle et ne se limite pas aux nouvelles technologies.
*À revoir sur www.youtube.com/watch?v=ZLwrAFOyGZI
** Voir l’article dédié au programme dans l’édition de décembre 2020 d’Hospitalia, pages 74 à 76.
Article publié dans le numéro de mai d'Hospitalia à consulter ici
À l’image de cette nouvelle approche, plusieurs établissements de santé ont d’ailleurs repensé l’articulation de leurs services de radiologie avec le parcours patient, en créant des services dédiés aux urgences. « La structure autonome est plus pratique. Elle permet d’organiser la prise en charge des urgences sans avoir à déplacer les rendez-vous programmés », explique le Pr Frédéric Ricolfi, mettant l’accent sur la nouvelle fluidité du parcours patient. Un enjeu primordial dans la construction de l’hôpital de demain, qui révèle un constat partagé de tous : l’évolution du monde de l’imagerie est structurelle et ne se limite pas aux nouvelles technologies.
*À revoir sur www.youtube.com/watch?v=ZLwrAFOyGZI
** Voir l’article dédié au programme dans l’édition de décembre 2020 d’Hospitalia, pages 74 à 76.
Article publié dans le numéro de mai d'Hospitalia à consulter ici