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Usages numériques : le CHU de Nice accélère sa mutation


Rédigé par Joëlle Hayek le Mercredi 13 Mars 2024 à 12:11 | Lu 1520 fois


Implanté dans l’une des principales smart cities mondiales, le CHU de Nice est, par essence, très tourné vers l’innovation, en particulier numérique. Il porte à cet égard une stratégie ambitieuse à l’horizon 2030, dont nous découvrons les grandes lignes avec Rodolphe Bourret, directeur général de cet établissement qui fait référence bien au-delà des Alpes-Maritimes.



Usages numériques : le CHU de Nice accélère sa mutation
Comment le CHU de Nice se positionne-t-il par rapport au virage numérique ?

Rodolphe Bourret : L’innovation numérique a toujours été un pilier fort de notre établissement. Ces technologies se retrouvent désormais à tous les niveaux de l’activité hospitalière, pour offrir de nouvelles réponses aux enjeux métiers, mieux accompagner les patients et renforcer le partage des informations à l’échelle territoriale, régionale et nationale. Elles infusent d’ailleurs tous les segments de notre projet d’établissement, en cours d’écriture pour la période 2024-2030.

Pourriez-vous nous en parler ?

Celui-ci s’articule autour de cinq axes majeurs. D’abord, la promotion de la responsabilité populationnelle, avec déjà la mobilisation des outils de traitement des données pour identifier les actions de prévention les plus pertinentes. Ensuite, la mise en place de filières de référence, en cancérologie, dermatologie, gériatrie, maladies chroniques, etc., pour lesquelles le partage rapide de l’information médicale est un enjeu structurant. Troisième grand axe, l’engagement territorial à l’échelle du GHT des Alpes-Maritimes, dont le CHU de Nice est l’établissement support : il nous faut ici disposer d’outils partagés, pour la production des soins comme pour les fonctions support et les activités administratives. En quatrième position, l’inclusivité des personnes à mobilité réduite ou en situation d’invalidité, auxquelles le numérique permettra de garantir une égalité des chances dans l’accès à nos services. Enfin, la recherche et l’innovation, notamment matérialisées par le projet d’Entrepôt de données de santé (EDS) Méditerranée.

Celui-ci a été retenu dans le cadre du deuxième appel à projet France 2030, pour la constitution de réseaux d’EDS hospitaliers coordonnés avec le Health Data Hub. 

Le Groupement de coopération sanitaire (GCS) CARES, qui rassemble le CHU de Nice, la Fondation Lenval, le Centre de lutte contre le cancer Antoine-Lacassagne et l’Université de Nice Côte d’Azur, s’est en effet allié avec l’Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille et l’Institut Paoli-Calmette, pour créer une plateforme commune. Piloté par le Dr Marc-Olivier Gauci, chirurgien orthopédique au CHU de Nice, l’EDS Méditerranée entend faciliter la mise en commun de l’ensemble des données, structurées comme non structurées, produites par ses établissements fondateurs, et promouvoir leur réutilisation à des fins de recherche. Les perspectives sont très prometteuses !

Ce projet va de pair avec le développement d’algorithmes intelligents puissants. Quelle place occupe l’intelligence artificielle au sein de votre stratégie d’établissement ?

Au CHU de Nice, l’IA est déjà au cœur de plusieurs initiatives innovantes. Je pense notamment ici au projet de recherche hospitalo-universitaire (RHU) REBONE du Dr Marc-Olivier Gauci, portant sur la reconstruction 3D préopératoire en temps réel, pour une meilleure réflexion dans la réparation osseuse. Lauréat de l’appel à projets national, il a obtenu, fin 2023, un financement à hauteur de 8,2 millions d’euros de la part de l’Agence nationale de la recherche (ANR), pour un coût global de 25 M€. Il s’agit, plus concrètement, de développer des processus de modélisation, avec l’appui des technologies d’intelligence artificielle, pour améliorer l’accès aux voies d’abord lors des interventions de chirurgie orthopédique, et personnaliser la création des prothèses grâce à l’impression 3D. Mais c’est loin d’être le seul projet de recherche mobilisant de l’IA ! Nous pouvons également évoquer l’ophtalmologie, la dermatologie, la neurochirurgie, la pharmacie, etc. Cette technologie est aujourd’hui embarquée dans pratiquement toutes les spécialités médicales, d’autant que nous sommes à proximité de l’Institut interdisciplinaire d’intelligence artificielle (3IA) Côte d’Azur, avec lequel nous entretenons de nombreux échanges.

Comment mieux soutenir l’intégration de l’innovation numérique dans les pratiques hospitalières ?

Le levier majeur réside à mon sens dans l’autonomisation des pôles, qui elle-même est facteur de créativité. À cet égard, le CHU de Nice a adopté, début janvier, un nouveau modèle de gouvernance polaire médicalisée : les chefs de pôle se trouvent en responsabilité de gérer l’ensemble des ressources, avec le soutien de services administratifs intégrés. Ils disposent ainsi d’outils de pilotage financier et budgétaire, afin d’engager des projets répondant aux enjeux locaux et co-construits avec leurs équipes. Cette approche favorise une dynamique vertueuse, dont nous constatons déjà les effets positifs en réanimation, où un projet d’informatisation est conduit avec une grande énergie, mais aussi dans les blocs opératoires et dans les laboratoires de biologie médicale. Pour garantir l’adéquation de ces projets avec notre stratégie d’établissement, nous avons mis en place un processus décisionnel structuré, dans le cadre d’une Commission SIH rattachée à la Commission médicale d’établissement, et où ne siègent que des médecins en voie votante. Chaque projet est évalué selon un certain nombre de critères, qualitatifs et médico-économiques, mais aussi techniques avec l’appui de la DSI, pour garantir une cohérence d’ensemble et en particulier avec le schéma directeur des systèmes d’information.

Comment voyez-vous le CHU de Nice de demain ?

Comme un établissement 100 % numérique, avec une informatique agile et adaptable, offrant la possibilité de mobiliser des supports multiples pour mettre rapidement les informations utiles à disposition des médecins, des soignants, des patients et des usagers. Ces derniers doivent en effet également bénéficier de la transformation numérique, avec des services facilitant leur accès aux soins et à l’information médicale. Nous sommes déjà en train de construire ce CHU de demain, et sommes désormais dans une phase de croissance accélérée pour véritablement entrer dans l’ère des usages numériques et des pratiques innovantes.

> Article paru dans Hospitalia #64, édition de février 2024, à lire ici 
 






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