Dans quel contexte l’OMS vous a-t-elle confié le lancement, en 2005, du programme mondial « Un soin propre est un soin plus sûr » ?
Pr Didier Pittet : Ce programme, qui représente le premier défi mondial en faveur de la sécurité du patient, a permis de concrétiser des années de recherche conduites aux Hôpitaux Universitaires de Genève. Tout démarre dans les années 90, avec le développement d’une solution hydro-alcoolique (SHA) pour la désinfection des mains. En octobre 2000, mon équipe et moi-même publions dans The Lancet les résultats d’une première expérience2 démontrant une amélioration durable de l’hygiène des mains suite à une campagne de promotion multimodale, comprenant l’usage approprié d’une solution hydro-alcoolique selon les 5 indications3 de l’hygiène des mains, l’enseignement de ces indications à l’ensemble du personnel soignant, la surveillance de l’observance des pratiques et le retour d’expérience, ainsi que la promotion d’une culture de sécurité au plan institutionnel. Le taux d’observance est alors passé de 48% en 1994 à 66% en 1997, et a coïncidé avec une réduction de moitié des infections nosocomiales et de la transmission des staphylocoques dorés résistants à la méticilline (SARM). La dynamique était lancée. Entre 2001 et 2003, de nombreux hôpitaux ont visité les HUG pour mieux comprendre la stratégie mise au point par le service PCI - ce qui nous a permis de valider sa reproductibilité au sein d’autres structures. Nous avons alors été approchés par l’OMS pour porter un programme mondial en ce sens.
Ce programme est lancé le 13 octobre 2005 au siège de l’OMS, à Genève.
En mai 2004, la 57ème Assemblée de l’OMS soutient la création d’une Alliance Mondiale pour la Sécurité des Patients, concrétisée en octobre de la même année et dont les travaux s’articulent notamment autour du programme « Défi mondial pour la sécurité des patients ». Le premier de ces défis, pour 2005-2006, porte sur la prévention des Infections Associées aux Soins (IAS), et l’une de ses actions essentielles consiste à promouvoir l’hygiène des mains pour les soins de santé à l’échelle mondiale. Une première consultation a eu lieu le 3 décembre 2004 à Genève puis, le 13 octobre 2005, le Programme « Un soin propre est un soin plus sûr » est officiellement lancé. Cette journée, particulièrement marquante, a associé les ministres de la santé de l’ensemble des pays représentés à l’OMS. Ils ont tous été invités à signer une Charte de Convention entre leur pays et l’OMS, où il leur était notamment demandé de réaffirmer l’existence des IAS – une omerta règne en effet dans certains pays, par exemple en Europe de l’Est ou en Asie –, de reconnaître la stratégie de lutte portée par l’OMS, elle-même basée sur le protocole mis au point par les HUG, et d’accepter d’échanger sur leur expérience nationale afin que cette stratégie puisse être adaptée aux conditions économiques, structurelles et culturelles de chaque pays.
Pr Didier Pittet : Ce programme, qui représente le premier défi mondial en faveur de la sécurité du patient, a permis de concrétiser des années de recherche conduites aux Hôpitaux Universitaires de Genève. Tout démarre dans les années 90, avec le développement d’une solution hydro-alcoolique (SHA) pour la désinfection des mains. En octobre 2000, mon équipe et moi-même publions dans The Lancet les résultats d’une première expérience2 démontrant une amélioration durable de l’hygiène des mains suite à une campagne de promotion multimodale, comprenant l’usage approprié d’une solution hydro-alcoolique selon les 5 indications3 de l’hygiène des mains, l’enseignement de ces indications à l’ensemble du personnel soignant, la surveillance de l’observance des pratiques et le retour d’expérience, ainsi que la promotion d’une culture de sécurité au plan institutionnel. Le taux d’observance est alors passé de 48% en 1994 à 66% en 1997, et a coïncidé avec une réduction de moitié des infections nosocomiales et de la transmission des staphylocoques dorés résistants à la méticilline (SARM). La dynamique était lancée. Entre 2001 et 2003, de nombreux hôpitaux ont visité les HUG pour mieux comprendre la stratégie mise au point par le service PCI - ce qui nous a permis de valider sa reproductibilité au sein d’autres structures. Nous avons alors été approchés par l’OMS pour porter un programme mondial en ce sens.
Ce programme est lancé le 13 octobre 2005 au siège de l’OMS, à Genève.
En mai 2004, la 57ème Assemblée de l’OMS soutient la création d’une Alliance Mondiale pour la Sécurité des Patients, concrétisée en octobre de la même année et dont les travaux s’articulent notamment autour du programme « Défi mondial pour la sécurité des patients ». Le premier de ces défis, pour 2005-2006, porte sur la prévention des Infections Associées aux Soins (IAS), et l’une de ses actions essentielles consiste à promouvoir l’hygiène des mains pour les soins de santé à l’échelle mondiale. Une première consultation a eu lieu le 3 décembre 2004 à Genève puis, le 13 octobre 2005, le Programme « Un soin propre est un soin plus sûr » est officiellement lancé. Cette journée, particulièrement marquante, a associé les ministres de la santé de l’ensemble des pays représentés à l’OMS. Ils ont tous été invités à signer une Charte de Convention entre leur pays et l’OMS, où il leur était notamment demandé de réaffirmer l’existence des IAS – une omerta règne en effet dans certains pays, par exemple en Europe de l’Est ou en Asie –, de reconnaître la stratégie de lutte portée par l’OMS, elle-même basée sur le protocole mis au point par les HUG, et d’accepter d’échanger sur leur expérience nationale afin que cette stratégie puisse être adaptée aux conditions économiques, structurelles et culturelles de chaque pays.
Un autre événement marquant a lieu en 2009, avec le lancement de la première Journée Mondiale pour l’hygiène des mains. Pouvez-vous nous en parler ?
Organisée le 5 mai de chaque année, cette Journée permet d’élargir les actions menées dans le cadre du Programme « Un soin propre est un soin plus sûr », en impliquant plus étroitement les acteurs sur le terrain. La participation des soignants nous a d’ailleurs permis de mieux affiner notre stratégie afin qu’elle soit véritablement adoptée par ces professionnels, selon le principe du « adapt to adopt »4. En 2009, à l’occasion de la Journée Mondiale de l’hygiène des mains, les soignants de mon équipe aux HUG ont créé une chorégraphie de la friction des mains basée sur ses 7 étapes successives5. La vidéo a fait le tour du monde et cette chorégraphie a été reprise, répétée, adaptée, réinventée, des milliers de fois. Et, même dans les versions n’ayant plus grand chose à voir avec notre danse initiale, nous retrouvons un geste introduit dans la campagne de l’OMS dès 2006 et désormais mondialement connu : la friction de la pointe des doigts dans la paume de la main opposée. La dynamique se poursuit encore aujourd’hui6, et montre que la prévention des IAS peut être associée à de la bonne humeur, qu’elle peut se faire en rythme et avec un sourire. Cette danse a incontestablement facilité l’adhésion des soignants à la stratégie globale de l’OMS pour améliorer la sécurité des patients.
À partir de là, le Web est devenu un outil majeur pour poursuivre la mobilisation des soignants.
La montée en puissance des réseaux sociaux nous permet en effet de toucher toujours davantage de monde. Il serait dommage de nous en passer ! En 2015, nous avons donc imaginé une Charte Individuelle : les soignants sont invités à se prendre en photo avec un message soulignant leur engagement en faveur de l’hygiène des mains, et à diffuser cette photo sur les réseaux sociaux avec le hashtag #safeHANDS. L’opération est, depuis, répétée chaque année à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Hygiène des Mains ; les thèmes et hashtag diffèrent chaque année, et nous recevons, à chaque fois, plusieurs dizaines de milliers de photos. Ces campagnes, de même que la chorégraphie du lavage des mains, ont permis à l’OMS de passer d’une stratégie descendante, donc portée par les autorités sanitaires, à une stratégie ascendante qui trouve sa source sur le terrain.
Organisée le 5 mai de chaque année, cette Journée permet d’élargir les actions menées dans le cadre du Programme « Un soin propre est un soin plus sûr », en impliquant plus étroitement les acteurs sur le terrain. La participation des soignants nous a d’ailleurs permis de mieux affiner notre stratégie afin qu’elle soit véritablement adoptée par ces professionnels, selon le principe du « adapt to adopt »4. En 2009, à l’occasion de la Journée Mondiale de l’hygiène des mains, les soignants de mon équipe aux HUG ont créé une chorégraphie de la friction des mains basée sur ses 7 étapes successives5. La vidéo a fait le tour du monde et cette chorégraphie a été reprise, répétée, adaptée, réinventée, des milliers de fois. Et, même dans les versions n’ayant plus grand chose à voir avec notre danse initiale, nous retrouvons un geste introduit dans la campagne de l’OMS dès 2006 et désormais mondialement connu : la friction de la pointe des doigts dans la paume de la main opposée. La dynamique se poursuit encore aujourd’hui6, et montre que la prévention des IAS peut être associée à de la bonne humeur, qu’elle peut se faire en rythme et avec un sourire. Cette danse a incontestablement facilité l’adhésion des soignants à la stratégie globale de l’OMS pour améliorer la sécurité des patients.
À partir de là, le Web est devenu un outil majeur pour poursuivre la mobilisation des soignants.
La montée en puissance des réseaux sociaux nous permet en effet de toucher toujours davantage de monde. Il serait dommage de nous en passer ! En 2015, nous avons donc imaginé une Charte Individuelle : les soignants sont invités à se prendre en photo avec un message soulignant leur engagement en faveur de l’hygiène des mains, et à diffuser cette photo sur les réseaux sociaux avec le hashtag #safeHANDS. L’opération est, depuis, répétée chaque année à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Hygiène des Mains ; les thèmes et hashtag diffèrent chaque année, et nous recevons, à chaque fois, plusieurs dizaines de milliers de photos. Ces campagnes, de même que la chorégraphie du lavage des mains, ont permis à l’OMS de passer d’une stratégie descendante, donc portée par les autorités sanitaires, à une stratégie ascendante qui trouve sa source sur le terrain.
En 2015 est lancé le concours mondial « Hand Sanitizing Relay », ou Relais pour l’Hygiène des Mains. En quoi consiste-t-il, plus concrètement ?
Cette initiative est née en 2014 au Hong Kong Baptist Hospital. Reconnue dès 2012 comme un Hôpital d’Excellence pour l’hygiène des mains, cette institution avait atteint un certain niveau de saturation en matière d’observance (plus de 80%) et cherchait à relancer la dynamique. Elle a donc, en 2014, organisé une chaîne de soignants qui se sont frictionnés les mains à tour de rôle, en se passant un flacon de solution hydro-alcoolique – une prouesse alors retenue par le Livre Guinness des Records. Six mois plus tard, l’observance repartait à la hausse. En préparant le relais, les soignants ont en effet activement répété les bonnes pratiques de l’hygiène des mains, ce qui a renouvelé leur intérêt pour ce geste standard – toute erreur aurait en effet vu la chaîne s’interrompre. Cette expérience a démontré, une fois de plus, qu’inscrire l’hygiène des mains dans un cadre ludique permettait d’améliorer les pratiques. L’OMS s’en est donc inspirée pour créer un concours mondial dès 2015, alors que le Programme « Un soin propre est un soin plus sûr » fêtait ses 10 ans d’existence. Ce fut un événement majeur : plus de 130 hôpitaux dans 43 pays se sont mobilisés, et certaines chaînes ont associé plus de 800 personnes ! Les établissements participants ont été invités à mesurer l’observance de l’hygiène des mains avant et après le concours. Et à chaque fois, cette observance s’était améliorée à l’issue du relais. L’émulation a donc fait émerger une véritable dynamique collective.
Cette initiative est née en 2014 au Hong Kong Baptist Hospital. Reconnue dès 2012 comme un Hôpital d’Excellence pour l’hygiène des mains, cette institution avait atteint un certain niveau de saturation en matière d’observance (plus de 80%) et cherchait à relancer la dynamique. Elle a donc, en 2014, organisé une chaîne de soignants qui se sont frictionnés les mains à tour de rôle, en se passant un flacon de solution hydro-alcoolique – une prouesse alors retenue par le Livre Guinness des Records. Six mois plus tard, l’observance repartait à la hausse. En préparant le relais, les soignants ont en effet activement répété les bonnes pratiques de l’hygiène des mains, ce qui a renouvelé leur intérêt pour ce geste standard – toute erreur aurait en effet vu la chaîne s’interrompre. Cette expérience a démontré, une fois de plus, qu’inscrire l’hygiène des mains dans un cadre ludique permettait d’améliorer les pratiques. L’OMS s’en est donc inspirée pour créer un concours mondial dès 2015, alors que le Programme « Un soin propre est un soin plus sûr » fêtait ses 10 ans d’existence. Ce fut un événement majeur : plus de 130 hôpitaux dans 43 pays se sont mobilisés, et certaines chaînes ont associé plus de 800 personnes ! Les établissements participants ont été invités à mesurer l’observance de l’hygiène des mains avant et après le concours. Et à chaque fois, cette observance s’était améliorée à l’issue du relais. L’émulation a donc fait émerger une véritable dynamique collective.
Vous avez mentionné un Hôpital d’Excellence. De quoi s’agit-il, plus exactement ?
Le Prix d’Excellence pour l’hygiène des mains7 est né en 2009. L’OMS a développé un outil permettant à chaque institution d’auto-évaluer sa capacité à promouvoir l’hygiène des mains. Celle-ci est en effet souvent perçue comme une initiative individuelle, alors qu’il s’agit bien qu’un projet institutionnel : pour que les bonnes pratiques d’hygiène des mains soient adoptées, il faut que les soignants soient sensibilisés aux 5 moments de l’hygiène des mains, qu’ils trouvent des distributeurs de solution hydro-alcoolique aux lits des patients, que les 7 étapes de la friction des mains soient clairement affichées, que le taux d’observance soit régulièrement mesuré et restitué, et que le climat de sécurité institutionnelle contribue à promouvoir cette hygiène des mains. Ce sont là 5 paramètres mesurables, sur un score total de 500 points. Quand un hôpital obtient plus de 420 points, il peut candidater au Prix d’Excellence pour sa région8 : jusqu’à 10 hôpitaux par région sont visités chaque année par un binôme d’experts, qui prime deux établissements remarquables. L’Asie du Sud-Est et le Pacifique Occidental comptent aujourd’hui le plus grand nombre d’Hôpitaux d’Excellence ; l’Afrique, où les ressources sont notoirement rares, en compte le moins. Quant à la France, aucun hôpital n’y a, à ce jour, été primé.
Les pratiques s’améliorent toutefois globalement à travers le monde.
Une première enquête mondiale sur la base de cet outil d’auto-évaluation a en effet été menée en 2009 : plus de 2 000 hôpitaux dans 69 pays y ont participé, afin d’effectuer un état des lieux de l’hygiène des mains dans le milieu hospitalier. Cette même enquête a été répétée en 2015. La comparaison des résultats nous a permis de constater que l’observance s’améliorait partout dans le monde. Nous devons donc poursuivre nos actions pour qu’elle continue de se renforcer. Nous sommes toutefois heureux de constater que la mobilisation va crescendo : ainsi, en analysant les publications relatives à l’hygiène des mains sur Twitter, nous nous sommes rendus compte qu’il y a eu 55 millions d’occurrences autour du 5 mai 2015, puis 98 millions (5 mai 2016), et 240 millions (5 mai 2017). Ces chiffres sont importants : le budget alloué par l’OMS à la campagne mondiale pour l’hygiène des mains a baissé entre 2005 et aujourd’hui. Il nous a donc fallu adapter notre stratégie de communication et, grâce aux réseaux sociaux, nous arrivons à mobiliser toujours plus de professionnels.
Le Prix d’Excellence pour l’hygiène des mains7 est né en 2009. L’OMS a développé un outil permettant à chaque institution d’auto-évaluer sa capacité à promouvoir l’hygiène des mains. Celle-ci est en effet souvent perçue comme une initiative individuelle, alors qu’il s’agit bien qu’un projet institutionnel : pour que les bonnes pratiques d’hygiène des mains soient adoptées, il faut que les soignants soient sensibilisés aux 5 moments de l’hygiène des mains, qu’ils trouvent des distributeurs de solution hydro-alcoolique aux lits des patients, que les 7 étapes de la friction des mains soient clairement affichées, que le taux d’observance soit régulièrement mesuré et restitué, et que le climat de sécurité institutionnelle contribue à promouvoir cette hygiène des mains. Ce sont là 5 paramètres mesurables, sur un score total de 500 points. Quand un hôpital obtient plus de 420 points, il peut candidater au Prix d’Excellence pour sa région8 : jusqu’à 10 hôpitaux par région sont visités chaque année par un binôme d’experts, qui prime deux établissements remarquables. L’Asie du Sud-Est et le Pacifique Occidental comptent aujourd’hui le plus grand nombre d’Hôpitaux d’Excellence ; l’Afrique, où les ressources sont notoirement rares, en compte le moins. Quant à la France, aucun hôpital n’y a, à ce jour, été primé.
Les pratiques s’améliorent toutefois globalement à travers le monde.
Une première enquête mondiale sur la base de cet outil d’auto-évaluation a en effet été menée en 2009 : plus de 2 000 hôpitaux dans 69 pays y ont participé, afin d’effectuer un état des lieux de l’hygiène des mains dans le milieu hospitalier. Cette même enquête a été répétée en 2015. La comparaison des résultats nous a permis de constater que l’observance s’améliorait partout dans le monde. Nous devons donc poursuivre nos actions pour qu’elle continue de se renforcer. Nous sommes toutefois heureux de constater que la mobilisation va crescendo : ainsi, en analysant les publications relatives à l’hygiène des mains sur Twitter, nous nous sommes rendus compte qu’il y a eu 55 millions d’occurrences autour du 5 mai 2015, puis 98 millions (5 mai 2016), et 240 millions (5 mai 2017). Ces chiffres sont importants : le budget alloué par l’OMS à la campagne mondiale pour l’hygiène des mains a baissé entre 2005 et aujourd’hui. Il nous a donc fallu adapter notre stratégie de communication et, grâce aux réseaux sociaux, nous arrivons à mobiliser toujours plus de professionnels.
Quels sont, à votre sens, les prochains enjeux en matière d’hygiène des mains ?
Il faut, encore et toujours, poursuivre cette mobilisation mondiale. Selon les estimations, la campagne de l'OMS « Un soin propre est un soin plus sûr » sauve la vie de 5 à 8 millions de personnes par an. Mais tous les établissements de santé n’y ont pas encore adhéré : il nous reste donc du chemin à parcourir. Nous devons, en parallèle, poursuivre les actions menées auprès des hôpitaux participant au programme, afin que l’observance de l’hygiène des mains continue de s’améliorer – ce qui nécessite de l’adapter toujours mieux aux pratiques sur le terrain. Par ailleurs, bien que nous ayons, à maintes reprises, démontré l’efficacité de notre stratégie, il nous faut mieux mettre en lumière son coût modeste, qui constitue un argument de taille auprès des directions hospitalières. Il nous faut enfin continuer de rappeler que ce geste, qui sauve des vies, est l’affaire de tous – médecins comme soignants. Véritable indicateur de la qualité des soins, il doit continuer à être intégré aux pratiques jusqu’à devenir un automatisme à l’instar, par exemple, de la ceinture de sécurité lorsqu’on prend le volant.
Il faut, encore et toujours, poursuivre cette mobilisation mondiale. Selon les estimations, la campagne de l'OMS « Un soin propre est un soin plus sûr » sauve la vie de 5 à 8 millions de personnes par an. Mais tous les établissements de santé n’y ont pas encore adhéré : il nous reste donc du chemin à parcourir. Nous devons, en parallèle, poursuivre les actions menées auprès des hôpitaux participant au programme, afin que l’observance de l’hygiène des mains continue de s’améliorer – ce qui nécessite de l’adapter toujours mieux aux pratiques sur le terrain. Par ailleurs, bien que nous ayons, à maintes reprises, démontré l’efficacité de notre stratégie, il nous faut mieux mettre en lumière son coût modeste, qui constitue un argument de taille auprès des directions hospitalières. Il nous faut enfin continuer de rappeler que ce geste, qui sauve des vies, est l’affaire de tous – médecins comme soignants. Véritable indicateur de la qualité des soins, il doit continuer à être intégré aux pratiques jusqu’à devenir un automatisme à l’instar, par exemple, de la ceinture de sécurité lorsqu’on prend le volant.
1 - Une aventure relatée en 2014 par Thierry Crouzet dans “Le Geste qui Sauve” (éditions L’Âge d’Homme, 172 pages). Disponible en e-book. Traduit en 18 langues (2017).
2 - Pr Didier Pittet, Stéphane Hugonnet, Stephan Harbarth, Philippe Mourouga, Valérie Sauvan, Sylvie Touveneau, Thomas V. Perneger, “Effectiveness of a hospital-wide programme to improve compliance with hand hygiene”, The Lancet, Volume 356, N°9238, pages 1307-1312, October 2000.
http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(00)02814-2/abstract
3 - Ces indications se rapportent aux cinq moments où il est recommandé de pratiquer l’hygiène des mains : avant un contact patient, avant un geste aseptique, après une exposition à des liquides biologiques, après le contact patient, après être sorti de la zone patient.
4 - « Adapter pour adopter » ou, en d’autres termes, adapter les bonnes pratiques relatives à l’hygiène des mains aux pratiques réelles des professionnels sur le terrain, pour faciliter leur adoption par le plus grand nombre ; voir aussi www.tinyurl.com/AdaptToAdopt.
5 - www.youtube.com/watch?v=5qWM9JyVUQ4.
6 - En 2012, le CClin Sud Ouest a lancé l’opération
« Danse du SHA », à laquelle 55 établissements de santé ont participé (www.youtube.com/watch?v=_rrajnETiBA). En 2013, c’est au tour de la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H) d’organiser un Flash Mob « Danse du SHA », à découvrir sur www.youtube.com/watch?v=oBG34lrzQ2k.
7 - www.hhea.info/en.html (en anglais)
8 - Il s’agit des 6 régions au sens de l’OMS : l’Afrique, les Amériques, l’Asie du Sud-Est, l’Europe, la Méditerranée Orientale, le Pacifique Occidental.
Par Joëlle Hayek. Article publiée dans le numéro 39 d'Hospitalia, magazine à consulter en intégralité ici.