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Nicolas Delaporte, DSN du CHU de Toulouse : « Nous traçons un avenir numérique consolidé par les usages »


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 15 Janvier 2025 à 09:48 | Lu 1714 fois


Portant une stratégie dynamique en matière d’innovation, le CHU de Toulouse l’a fait essaimer dans tous ses pôles, y compris au sein de la Direction des services numériques (DSN). Celle-ci multiplie ainsi les actions et projets autour des nouveaux usages et de la donnée, associant étroitement les professionnels de santé à ses travaux. Le point avec Nicolas Delaporte, directeur des services numériques de cette institution totalisant 2 371 lits et 604 places.



Pourriez-vous, pour commencer, nous présenter la DSN du CHU de Toulouse ? 

Nicolas Delaporte : Celle-ci regroupe une équipe à hauteur de 135 équivalents temps plein, répartis entre plusieurs secteurs. Parmi ceux-ci, nous pouvons évoquer le « centre de solutions et d’expertise », dédié à la construction des solutions et qui rassemble notamment des chefs de projet, des architectes applicatifs et des architectes d’infrastructures, pour apporter une expertise technique et fonctionnelle dans tous les domaines concernés – ingénierie, management de projet, accompagnement à la formation... Ou encore le « centre des opérations », chargé de la production et de l’exploitation des volets infrastructure et applicatifs, ainsi que du service de proximité qui comprend, par exemple, tout un volet sur l’intégration des outils métiers et la gestion des postes de travail. 

Pourriez-vous citer d’autres secteurs ?

D’autres composantes de la DSN s’intéressent plus particulièrement à la qualité, à la sécurité des systèmes d’information ou à la donnée. Sur ce dernier point, notre direction comporte un service spécifiquement dédié à la Gestion de la donnée, entièrement tourné vers la data et dans lequel l’on retrouve, notamment, l’entrepôt de données de santé et la gestion des enjeux d’interopérabilité. À savoir également, nous disposons d’un centre d’expertise et de compétences médico-soignant. Des professionnels de santé – médecins, pharmaciens, infirmiers… – y animent des sujets en lien avec la transition numérique, pour que les solutions déployées soient au plus près de leurs attentes, besoins et usages.

Quelle est la politique du CHU en matière d'innovation numérique ? 

Cela fait plusieurs années que l’institution a pris à bras le corps les enjeux en matière de transformation numérique, en rédigeant une feuille de route du numérique divisée en six axes, pour un total de 93 projets identifiés. L’innovation y occupe naturellement une place centrale, avec notamment toute une stratégie autour de la donnée pour la rendre plus pertinente, utile et utilisable. L’objectif étant ici de qualifier efficacement la donnée pour l’exploiter de manière beaucoup plus simple, ce qui implique un gros travail autour de la standardisation et de la mise en place de référentiels.

Quid des usages en matière de e-santé ? Quelle place occupent-ils au sein de votre stratégie ?

Le centre d'expertise métier que j’évoquais plus haut est également rattaché à l'Unité médicale transverse de télésanté (UMTT), une commission que j’anime et qui regroupe aussi les soignants participant aux réflexions au sein de la DSN, ainsi que des médecins référents. Leur mission : porter les sujets en lien avec la télémédecine, pour justement travailler sur leur standardisation et leurs usages. Lorsque nous envisageons d’intégrer des outils de télémédecine, l’UMTT fait ainsi office de premier filtre, en étudiant l’opportunité d’un déploiement et en évaluant la pertinence de la solution considérée, puis en rédigeant une préconisation d’outillage. Une fois cette étape passée, le projet revient dans un cycle plus classique au sein de la DSN qui, en fonction de la situation, va effectivement déployer l’outil ou lancer l’instruction d’un nouveau projet à l’échelle du CHU.  

Quelles tendances observez-vous aujourd’hui quant à l'utilisation de ces solutions ?

Depuis la sortie de la crise sanitaire, nous assistons à une accélération des usages en matière de téléconsultation, télé-expertise et télésurveillance. Cette transformation des soins par le numérique n’est pas sans impact sur nos infrastructures, soumises à une forte montée en charge. Il y a d’ailleurs de réelles attentes des professionnels de santé en ce sens, et c’est aussi pour cette raison que j’ai souhaité créer une proximité entre la DSN et les métiers du soin – d’où, d’ailleurs, la constitution du centre d’expertise médico-soignant. Dans cette même optique, nous avons noué des liens forts avec notamment la sous-commission de la CME dédiée au dossier patient. En nous rapprochant de ceux qui soignent, nous traçons un avenir numérique consolidé par leurs visions et leurs usages. 

Quel avenir imaginez-vous à l'hôpital ? Pensez-vous que les outils numériques y occuperont une place toujours plus importante ?

Le soin sera toujours le métier premier de l’hôpital. Mais je suis convaincu que les technologies numériques peuvent apporter une aide indéniable aux professionnels hospitaliers, pour leur redonner du temps et renforcer le lien soignant-soigné. Alors certes, certains points restent encore à améliorer, notamment sur l’ergonomie des outils métiers, mais je suis persuadé que le numérique jouera effectivement un rôle de plus en plus fort dans l’hôpital de demain. Et nous sommes déjà témoins de cette dynamique : le management et le pilotage des activités de soins par le numérique sont déjà une réalité, et devraient s’accentuer encore dans les années à venir.  

Quid de la place future des DSN au sein des établissements de santé ?

En tant que DSN, je serais tenté de dire que nous aurons un rôle central. Mais il ne faut pas oublier que nous œuvrons, d’abord et avant tout, pour les soignants. Cela étant dit, le numérique est déjà devenu un outil stratégique. À l’origine « simple » technologie support, il participe désormais pleinement à la production des soins et à la transformation des institutions. Notre place demain sera, in fine, dans la continuité de ce qu’elle est aujourd’hui : venir en appui aux instances pour assurer une parfaite corrélation entre la stratégie à déployer, et les outils numériques pour l’accompagner. 

Un mot, pour finir, sur les enjeux que vous identifiez en matière de santé numérique ?

La question des moyens financiers et de l’attractivité de nos métiers à l’hôpital sont des enjeux importants, dont nous devons nous emparer. Mais au-delà de ces problématiques, l’écosystème est aussi à interroger. Nous devons aller vers des solutions plus ergonomiques, plus efficientes et plus standardisées. Les politiques nationales de ces dernières années ont ici initié une dynamique forte, mais nous devons aller plus loin encore, en uniformisant et en labellisant les outils métiers. Les éditeurs doivent certes rester indépendants, mais les systèmes informatiques hospitaliers ne doivent pas être fragilisés par l’éparpillement des solutions disponibles sur le marché. Il en est de même au sein des GHT, où les chantiers actuels de convergence cherchent justement à atteindre cette uniformisation car elle participe à une amélioration de la qualité des systèmes numériques de santé.  

> Article paru dans Hospitalia #67, édition de décembre 2024, à lire ici  
 






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