Hospitalia : Quels sont, aujourd’hui, les principaux enjeux auxquels sont confrontés les ingénieurs biomédicaux ?
Marc Pommier : Outre le suivi des avancées technologiques et des évolutions d’équipements, qui concerne les ingénieurs biomédicaux tous secteurs confondus, les confrères exerçant dans le secteur hospitalier public doivent faire face à un autre défi de taille : la mise en place des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), ces recompositions visant à améliorer la qualité et l’efficience des soins et qui s’articulent autour de plusieurs enjeux – technologiques, scientifiques, politiques, organisationnels, etc. L’AFIB réfléchit donc au positionnement des ingénieurs biomédicaux hospitaliers en lien avec ces nouvelles dynamiques territoriales. Ces professionnels exerçaient jusque-là dans un isolement relatif, tout en étant tenus de couvrir un vaste champ de domaines et de compétences. Leur fédération au sein d’équipes territoriales devrait dès se traduire par une spécialisation des différents acteurs, mais aussi par leur repositionnement sur des missions stratégiques, par exemple pour réfléchir aux évolutions de prise en charge et aux technologies associées. Ces travaux ont notamment été abordés lors des 23èmesJournées d’ingénierie biomédicale.
Hospitalia : Cette édition 2018 s’est articulée autour d’un fil rouge : « Innover pour mieux soigner ». Pouvez-vous nous en parler ?
Marc Pommier : Les innovations auxquelles cet intitulé fait référence sont aussi bien d’ordre technique et technologique qu’architectural ou culturel. Elles sont d’ailleurs étroitement liées au changement de paradigme auquel est actuellement confronté notre système de santé : les prises en charges évoluent, ce qui n’est pas sans impacts sur l’architecture hospitalière et sur les technologies déployées au sein des établissements de santé, la recherche de performance représente désormais un enjeu structurant, tandis que le développement exponentiel du numérique appelle une approche renouvelée.
Hospitalia : Ces problématiques étaient au cœur d’une session plénière, qui a également abordé les grands défis de l’hôpital de demain.
Marc Pommier : Un volet du plan « Ma santé 2022 » récemment dévoilé par les pouvoirs publics porte par exemple sur l’accélération du virage numérique. Or, entre la généralisation de la télémédecine, la montée en puissance de l’Internet des Objets et l’arrivée d’équipements biomédicaux connectés se pose la question de l’interopérabilité des systèmes d’information hospitaliers et de la sécurisation de leurs données. Ce sont là des enjeux qu’il nous faut anticiper, en lien avec nos partenaires industriels. La création des GHT appelle, pour sa part, une réflexion autour de la mutualisation des plateaux techniques afin d’y intégrer des technologies toujours plus avancées. Certains territoires sont ici plus avancés que d’autres et ont pu faire bénéficier les congressistes de leur expérience.
Hospitalia : Justement, quelles étaient à votre sens les attentes des congressistes ?
Marc Pommier : Événement phare de la profession, les Journées de l’ingénierie biomédicale leur ont permis d’effectuer une veille technologique et organisationnelle, d’aborder les enjeux au cœur de notre actualité, d’échanger sur un environnement en mutation et de rencontrer une centaine de partenaires industriels. Les quelques 250 congressistes présents ont donc pu y trouver de nombreuses réponses, d’autant que l’AFIB est très attentive aux demandes de ses adhérents. L’enquête de satisfaction réalisée à l’issue de l’édition 2017 nous a par exemple permis d’identifier une préoccupation partagée par de nombreux confrères : les établissements de santé sont-ils prêts à faire face à un afflux massif des patients ? Comment organiser les locaux et la disponibilité des équipements biomédicaux pour l’anticiper au mieux ? Deux tables rondes ont donc adressé cette problématique, l’une en se penchant sur la prise en charge et le suivi médical en situation extrême, et l’autre sur la coordination médicale en situation de crise majeure.
Hospitalia : Tous ces thèmes font écho aux actuels axes de réflexion de l’AFIB.
Marc Pommier : L’Association travaille en effet sur de nombreux sujets structurants pour l’avenir de notre profession. Présidé par Geneviève Gaschard-Wahart, ancienne présidente de l’AFIB, le comité d’organisation des 23èmesJournées a donc construit le programme en lien avec ces travaux, tout en les articulant avec les besoins identifiés sur le terrain et les demandes formulées par nos adhérents. C’est également sur la base de ces constats que l’AFIB ambitionne désormais d’être plus active sur le champ de la formation. Nous lançons par exemple des bourses afin de mieux accompagner des élèves ingénieurs sur des thématiques porteuses. Une enquête est actuellement en cours pour déterminer les sujets prioritaires pour nos adhérents, avec pour objectif de toujours mieux anticiper l’impact organisationnel des évolutions technologiques.
> Découvrez les 23èmeJournées de l’ingénierie biomédicale ici.
> Suivez l’actualité de l’AFIB sur son site ou son fil Twitter @AssoAFIB.
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